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quis et presque organisé la Tunisie, le Tonkin. Quand l'histoire nous parle de géographie, il est juste que celle-ci à son tour lui fasse accueil. Je marquerai chez l'auteur une tendance excellente qui s'accuse vers la fin de l'ouvrage. Il réclame la « discussion courtoise, le respect de toutes les convictions, l'impartialité ». Qu'il se rappelle bien que l'impartialité, en nous délivrant d'une foule d'inexactitudes et de légendes, a le grand mérite de ne soumettre à notre analyse de géographe historien que des faits prouvés, les seuls dignes d'être expliqués. Pour tous nos contemporains, explications et appréciations, s'il y a lieu, mises à part, l'Histoire de quinze ans sera un bon memento.

Que viennent faire Racine et Victor Hugo, par M. Paul Stapfer, professeur à la Faculté des lettres de Bordeaux 1, dans une revue de géographie? Prouver ceci (nous citons notre auteur, p. 101): « Le théâtre classique français ignore ou méconnaît l'influence de la nature sur l'homme et cette solidarité mystėrieuse des choses célestes et des choses humaines, qui a si souvent et si grandement inspiré non seulement la poésie de Shakespeare, mais celle de Sophocle et toute la tragédie antique. Le vers insignifiant de Racine sur les petits oiseaux que le bon Dieu nourrit, peut-il entrer en balance avec le concert de rossignols qui chantent pour le vieil Edipe, aveugle, dans le bois sacré de Colone, ou avec le duo du rossignol et de l'alouette, rassurant et alarmant tour à tour Juliette et Roméo, comme la voix caressante de l'ombre et la fanfare de l'aurore? » Quelle est pour nous la vraie cause de ce fait si bien noté, abstraction faite de Descartes, de Boileau et de Louis XIV? Nos classiques français, au lieu de regarder la terre, n'étudiaient que les classiques grecs et latins, qui eux (surtout les grecs), avaient bien vu la terre. Les classiques français ne nous parlent donc de la terre et des rapports de l'homme avec elle que par ouï-dire, les rares fois qu'ils nous en parlent. Le chef des romantiques qui, à ce point de vue, n'a pas assez fait école, perçoit admirablement tout ce qui est terrestre et le rend avec une variété et souvent une justesse d'expression qu'avec un peu d'attention on constatera aisément. Comme le demande un excellent critique, « l'homme apparaît dans les œuvres de Victor Hugo entouré de la création, prête à l'associer à ses joies et à ses douleurs; l'homme ne s'y montre pas seul, il a devant lui et derrière lui autre chose que les parois d'une antichambre ou d'un salon ». Disons le mot : Victor Hugo est géographe comme un poète « objectif » peut et doit l'être 3. Mais a-t-il le génie dramatique dans sa plénitude? Nous croyons avec M. Stapfer, si neuf et si exact en ceci, que Racine est, sous ce rapport, mieux doué que Victor Hugo et que Corneille lui-même. Semper ad eventum festinat. Cet art de se mouvoir, d'aller droit au but, la géographie elle aussi nous l'apprend, non pas la géographie contemplative et descriptive, mais celle qu'un de nos collaborateurs a si bien appelée la géographie cinématique, à laquelle nous devons nos plus célèbres capitaines, grands dramaturges eux aussi à leur manière. LUDOVIC DRAPEYRON.

1. Armand Colin et C, 1887.

2. Est-il dès lors étonnant que notre éducation classique n'ait pas inspiré davantage aux Français le goût de la géographie?

3. M. Stapfer dit très bien page 235: « Où finit l'idée? où commence l'image? Ne sont-ce pas deux noms différents d'une seule et même chose, puisque le mot idée dérive d'un verbe qui a le sens de voir (w). » On voit quelle part le monde extérieur, la terre, la géographie,a dans l'élaboration des idées de l'homme.

NOUVELLES GÉOGRAPHIQUES

Le 23 décembre 1886, M. l'amiral Aube, ministre de la marine et des colonies, a fait l'accueil le plus chaleureux à la Commission d'organisation de l'École de géographie, et lui a développé ses vues sur la colonisation. Il a bien voulu accepter de faire partie du Comité de patronage de l'École.

-M. le Dr E. Verrier, secrétaire général de la Société d'ethnographie, a commencé une série de leçons sur la médecine et l'hygiène chez les peuples jaunes, le vendredi 24 décembre 1886 à 2 heures, au siège de la Société, 28, rue Mazarine. Par suite des vacances du nouvel an, la deuxième leçon aura lieu le vendredi 7 janvier 1887, et ainsi de suite tous les vendredis suivants à la même heure.

- M. E. Levasseur, nembre de l'Institut, a ouvert son cours au Collège de France le jeudi 9 décembre, à une heure et demie. Le professeur traite cette année de la Population de la France comparée aux autres populations de la terre dans ses leçons du jeudi, et dans ses leçons du lundi, à onze heures et demie, des Sources de l'étude de la démographie >.

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M. Paul Leroy-Beaulieu, membre de l'Institut, professeur d'économie politique au Collège de France, a ouvert son cours le vendredi 10 décembre, à trois heures un quart. Il traite, les vendredis, de la « Distribution des richesses > (rente de la terre, intérêt du capital, salaires du travail), et il étudie, les mardis, les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, d'Adam Smith.

- Le 17 décembre, M. de Lesseps a présidé la seconde assemblée générale annuelle de la Société de géographie. M. Ch. Maunoir a lu son savant rapport sur les travaux de la Société et sur les progrès des sciences géographiques en 1886. M. D. Charnay a fait connaître sa dernière exploration au Yucatan, avec projections à la lumière oxhydrique.

-Le prochain Congrès des Sociétés françaises de géographie se tiendra au Havre en 1887. La Société de géographie du Havre, chargée de l'organisation de ces assises scientifiques, vient d'adresser à ce sujet une circulaire à la Société de topographie de France.

-

Il vient de se fonder à Toulon une Société de géographie qui a pour président M. le colonel Wendeling et compte une centaine de membres.

-M. Armand, secrétaire général de la Société de géographie de Marseille, nous annonce que M. Roux, membre de la Chambre de commerce, a été nommé président de cette importante association en remplacement de M. Rabaud, décédé il y a quelques mois.

- Dans la Revue politique et littéraire (4 décembre 1886), M. Guillaume Depping a retracé, d'après des documents anglais, l'Eruption volcanique dans la région des lacs chauds; une merveille du monde disparue. Cette merveille ce sont les fameuses terrasses du Rotomahana.

- La Revue du Cercle militaire a remplacé le Bulletin de la Réunion des officiers, à partir du 4 décembre 1886.

- Dans un supplément, l'Esplorazione commerciale donne la dernière lettre du capitaine Casati au capitaine Camperic, datée de Giuaia (Unyoro), résidence du roi Kabrega, et un croquis pour l'intelligence du projet d'expédition de secours (de Zanzibar à Wadilaï), sur le lac Albert en traversant l'Usagara, l'Uniamouési et l'Uganda). Des listes de souscriptions nous ont été adressées. -Le Mouvement géographique de Bruxelles, du 5 décembre, consacre une intéressante étude aux Prisonniers du Soudan (Emin-Bey, le docteur Junker et le capitaine Casati).

- Nous recevons le trente-cinquième fascicule du Nouveau Dictionnaire de géographie universelle de MM. Vivien de Saint-Martin et Louis Rousselet. Ce fascicule, le onzième du troisième volume, nous conduit de l'article Meredosia à l'article Minas Geraes, c'est-à-dire qu'il nous fait approcher de la fin de l'M, une des lettres les plus importantes de la nomenclature universelle. La notice la plus importante de ce fascicule est celle consacrée au Mexique, qui, avec ses annexes de la capitale et du golfe, ne tient pas moins de soixante-quinze colonnes de texte, ce qui fait une des plus complètes monographies existantes sur cette si intéressante contrée. Parmi les autres notices principales, nous citerons les mots : Merv, Métis, Meurthe, Meuse, Miao-tzé, Michigan, Michoacan, Middlesex et Milan.

M. Louis Guibert, l'infatigable historien du Limousin, vient de publier le Limoges d'autrefois, sa physionomie, ses habitants, ses mœurs, ses institutions (Congrès de Limoges, 31 mai-5 juin 1886). C'est une étude ethnographique en même temps qu'archéologique. L'auteur rappelle qu'à Limoges, la cité et la ville du Château, qu'on finit par appeler simplement la ville, restèrent séparées, et pour l'administration et pour la justice, jusqu'au 11 novembre 1792, en fait jusqu'au 10 juin de l'année suivante ».

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M. Vélain a ouvert le 20 novembre à la Faculté des sciences son cours de géographie physique, où il traitera principalement du relief terrestre, des rapports entre la forme et la nature du sol et des phénomènes qui modifient incessamment la surface du globe (tous les samedis à une heure). La Revue scientifique du 18 décembre a publié sa leçon d'ouverture, sous ce titre : La géologie et la géographie.

M. A. Vuillemin, l'éminent cartographe, vient de mourir. Collaborateur de la Revue de Géographie, il avait dressé pour elle l'excellente carte de l'île de Chypre qui accompagnait la savante étude de M. le marquis de Sassenay (novembre 1878).

Le 26 décembre, l'Académie maritime et coloniale de France, qui a pour président M. Rampont, questeur du Sénat, a tenu une assemblée générale dans le grand amphithéâtre des Arts et métiers. Le programme de la société a été développé par MM. Ch. Laroche et F. Jourde.

- M. Venukoff nous transmet les nouvelles suivantes : le chemin de fer transcaspien est depuis le 12 décembre ouvert à l'exploitation jusqu'à Tchardjoui, sur l'Amou-Daria. MM. Bounghé et Toll sont de retour de leur voyage aux îles Kotelny et Liatkhov (archipel de la Nouvelle-Sibérie).

BOURLOTON.

Le Directeur-Gérant; L. DRAPEYRON.
Imprimeries réunies, B, rue Mignon, 2.

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M. VENUKOFF (le général): De la navigabilité des fleuves dans l'Eu-
rope orientale.

G.-H.-J. MEYNERS D'ESTREY (le D comte): Tribus aborigènes du
centre de Célèbes : Les Topantunuasu.

E. LEVASSEUR, de l'institut: L'Australasie (suite): la Nouvelle-Guinée.
H. DE LA MARTINIÈRE : Cartographie générale du Maroc (fin).
L. DRAPEYRON : L'autorité scientifique du Congrès de Nantes."

L. DELAVAUD: Le mouvement géographique.

H. MONIN : Une application de la méthode géographique à l'histoire. La
France et le ressort du Parlement de Paris en 1789 (fin).

Correspondances et comptes rendus critiques des Sociétés de géographie et
des publications récentes.

Nouvelles géographiques.

GRAVURES

Grande porte de Meknès.- Arabe de la secte des es-Senoussi. — Hadj-Abd-es-
Salem, chérif de Quezzann.

PARIS

INSTITUT GÉOGRAPHIQUE DE PARIS
CH. DELAGRAVE

15, rue soufflot, 15

Droits de traduction et de reproduction réservés

SUR

LA TURQUIE D'EUROPE

LA BULGARIE

LA ROUMÉLIE ORIENTALE, LA SERBIE, LA BOSNIE, L'ALBANIE
LA GRÈCE, LA ROUMANIE

PUBLIÉES

PAR LA REVUE DE GÉOGRAPHIE

Le traité de Berlin étant le principe de toutes les complications et la base de toutes les discussions actuelles concernant la question d'Orient, il convient de se référer aux études fondamentales que feu M. Ernest Dottain (des Débats) lui a consacrées dans nos livraisons d'août et de septembre 1878 (avec 3 cartes par M. Ch. Périgot). C'est M. G. Guibal, professeur d'histoire à la Faculté des lettres d'Aix, qui, le premier en France, attira, avec une profonde sympathie, l'attention publique sur les Bulgares (Revue de Geographie de septembre 1877). La Revue doit des articles fort intéressants sur la Serbie à M. Levasseur, de l'Institut, et à M. Louis Leger, professeur au Collège de France. M. J. Carlus a traité des Albanais; M. E. Ruelle, des Grecs. Le regretté M. A. Ubicini, celui de nos compatriotes qui connaissait le mieux les diverses populations de la péninsule des Balkans, a publié dans nos colonnes des études vraiment magistrales sur La Bosnie avant et après le traité de Berlin (septembre 1882, juillet et août 1883), et sur la Roumélie orientale (février et mars 1880). Enfin l'étude de M. J. Mourier sur Batoum et le Bassin du Tchorok (juillet-août 1886) fournit les renseignements les plus abondants et les plus précis sur une question tout récemment soulevée : « Batoum port franc ou port militaire ».

On voudra certainement relire le Grand dessein secret de Louis XIV contre l'Empire ottoman, texte inédit qu'a publié, avec commentaire, la Revue de Géographie (juin et juillet 1877), et le Voyage, également inédit, du comte d'Hauterive, en 1785, il y a juste un siècle, de Constantinople à Jassy, paru dans ce même recueil.

Librairie CH. DELAGRAVE, éditeur, 15, rue Soufflot, Paris

LA REVUE DE GÉOGRAPHIE

Paraît tous les mois, par livraisons de 5 à 6 feuilles grand in-8 raisin, format de nos grandes revues littéraires, et forme, à la fin de l'année, deux beaux volumes d'environ 500 pages chacun, imprimés sur beau papier en caractères neufs.

Nous donnons régulièrement des cartes exécutées avec soin. Le prix de l'abonnement est de 25 fr. par an pour Paris; de 28 fr. pour les départements et les pays faisant partie de l'Union générale des postes. Pour les autres pays, les frais de poste en sus.

Prix d'un numéro séparé : 3 fr.

Pour les abonnements, s'adresser à M. CHARLES DELAGRAVE, éditeur de la Revue de Géographie. Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé franco à M. L. Drapeyron, 55, rue Claude-Bernard, ancienne rue des Feuillantines.

Il sera rendu compte de tout ouvrage dont deux exemplaires seront envoyés au bureau de la Revue.

Les annonces sont reçues, 15, rue Soufflot.

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