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assez peu différentes de tiva et de supe; et je m'arrêterois volontiers à cette idée: mais, quel que soit l'auteur de la faute, elle n'en paroît pas moins suffisamment établie; et c'étoit là le point important.

En corrigeant donc le premier passage de Strabon par le second, on trouve qu'il signifie: « Car, selon Hipparque, le rapport de l'ombre au » gnomon, que Pythéas dit exister à Marseille, existe aussi à Byzance, » dans le même temps de l'année. » De cette manière, il n'y a plus fa moindre difficulté: on voit seulement qu'Hipparque s'en est rapporté à une latitude de Byzance conclue, soit soit par lui-même, par par d'autres géographes avant lui, de quelque combinaison de mesures itinéraires ; et c'est également l'opinion de M. Gossellin (1), qui a même montré de quelle nature a pu être la combinaison d'où l'erreur est résultée.

Je dois faire remarquer ici que cette opinion sur la latitude de Byzance, bien loin de remonter jusqu'à Pythéas, est postérieure même à Eratosthène.

En effet, bien qu'on ne sache pas au juste à quelle latitude Ératosthène plaçoit Byzance, on sait du moins qu'il ne mettoit pas cette ville si haut que les géographes d'une époque postérieure. Strabon nous apprend qu'Eratosthène croyoit la Propontide sous le même parallèle que l'Hellespont (2) cette opinion est remarquable, et prouve, comme l'a déjà remarqué M. Gossellin, qu'Eratosthène connoissoit la vraie direction de la Propontide (3). Ce fait résulte encore d'un autre passage où Strabon dit qu'Eratosthène plaçoit la Mysie et la Paphlagonie sur le même parallèle que Lysimachia, ville de la Chersonèse, située à l'extrémité orientale de l'Hellespont (4); nouvelle preuve qu'il connoissoit le gisement des côtes de la Propontide. Comme la fausse direction de la Propontide est la cause principale qui a obligé les géographes postérieurs de porter si haut la latitude de Byzance (5), il est clair que, dans les idées d'Eratosthène, Byzance devoit se trouver peu au nord du parallèle de Lysimachia, lequel, selon lui, étoit fort peu au nord de celui d'Alexandria Troas (6): or le parallèle de Lysimachia et de la Mysie n'étoit, selon Eratosthène, qu'à 28,800 stades ou 41° 8' 34" de l'équateur; on a donc la certitude qu'il n'a pu placer Byzance à 43, 3′ 37′′, comme Hipparque. Ainsi, dans la table des latitudes d'Eratosthène, dressée par M. Gossellin, Byzance ne se trouve portée qu'à 42° 34′ 17" (7). C'est donc après Eratosthène, que les géo

sive

(1) Gossellin, notes sur Strabon, t. I, p. 158, not. 1. —(2) Strab. II, p. 68 C, 119 A.-(3) Gossellin, Géogr. des Gr. anal, p. 11.-(4) Strab. II, p. 134 C, sive 197 A.(5) Gossellin, Géogr. des Gr. anal. p. 86. — (6) Strab. L. 1.(7) Gossellin, Géogr. des Gr, anal. tabl. n.o 1.

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graphes ont changé la direction de la Propontide, et ont accru l'erreur qui pouvoit exister déjà, du temps d'Eratosthène, sur la latitude de Byzance. Ces derniers rapprochemens confirment la conclusion que j'avois tirée du passage de Strabon, et sont encore une preuve que la Iatitude de Byzance n'appartient point à Pythéas.

Cette fausse latitude, doit-on l'attribuer à Hipparque lui-même, ou bien aux autres géographes dont parle Strabon! c'est ce que je ne déciderai point. Mais il n'y auroit rien d'étonnant à ce qu'Hipparque eût fait ici une de ces fausses combinaisons géographiques, au moyen desquelles il a plusieurs fois dérangé des positions qu'Eratosthène avoit déterminées ou connues avec plus d'exactitude (1).

Quelque parti qu'on prenne à cet égard, je ne pense pas qu'on puisse contester les deux propositions suivantes :

1.° Pytheas n'a point donné la latitude de Byzance;

2. Cette latitude, et conséquemment la fausse direction donnée aux côtes de la Propontide, sont dues à une combinaison qui appartient peut-être à Hipparque, mais qui bien certainement est postérieure à Eratosthène.

LETRONNE.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT ROYAL DE FRANCE.

LE 2 octobre, l'académie des inscriptions et belles-lettres a élu M. Jomard, en remplacement de feu M. Visconti. Le 26 du même mois, elle a élu M. Dureau de Lamalle, pour remplir la place vacante par le décès de M. Millin.

Le 3 octobre, l'académie royale des beaux-arts a tenu sa séance publique annuelle. M. Quatremère de Quincy, secrétaire perpétuel, a lu des notices historiques sur la vie et les ouvrages de MM. Dejoux et le Comte, sculpteurs, et de M. Monsigny, musicien. M. Garnier a lu un rapport sur les ouvrages des pensionnaires du Roi à l'académie de France à Rome. Ces notices et ce rapport ont été imprimés, depuis, chez M. Firmin Didot, imprimeur de PInstitut; 48 pages in-4. La distribution des prix de peinture, sculpture, architecture, gravure en taille-douce, et composition musicale, a eu lieu ainsi qu'il suit :

Grand prix de peinture. Le sujet donné par l'académie étoit Philémon et Baucis. «Jupiter et Mercure, parcourant la Phrygie sous la forme de mortels, » reçurent de Philemon et Baucis l'hospitalité, que les autres habitans leur

(1) Gossellin, Recherches, tom. 1, p. 53.

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> avoient refusée. Les vieux époux prodiguèrent aux deux étrangers les soins » les plus empressés. Après leur avoir lavé les pieds, Philémon étendit une »étoffe grossière sur le lit de la cabane, et les dieux s'y placèrent, tandis que » Baucis apprêtoit la table chancelante. Pendant le repas,, ils s'aperçoivent que » le vin augmente dans le vase à mesure qu'on y puise. Etonnés du prodige, » ils prient leurs hôtes de les excuser sur leur pauvreté. Cependant une oie leur >> restoit; ils vont en faire le sacrifice pour augmenter le repas. Mais l'oiseau se » réfugie près des d'vinités, qui défendent de le tuer, et, reprenant leur forme, » disent à Philémon et Baucis: Nous sommes des dieux; vos voisins impies vont »subir le châtiment qu'ils meritent; abandonnez ces lieux et sauvez-vous. (Métam. d'Ovid. liv 8.) Le premier grand prix a été remporté par M. Nicolas-Auguste HESSE, de Paris, âgé de vingt-deux ans, et élève de M. Gros, membre de l'Ins titut; et le second grand prix, par M. Amable-Paul COUTAN, de Paris, âgé de vingt-six ans, aussi élève de M. Gros. « L'académie a arrêté de consigner dans » son procès-verbal une mention d'intérêt en faveur des tableaux n.os 14 et 18. » ouvrages de MM. LANCRENON et DUBOIS, qui ont déjà obtenu un second >> prix. Ces deux concurrens, quoiqu'ils n'aient pu parvenir cette année au » premier, ne lui ont pas paru avoir pour cela démérité, ni être restés en ar»rière de l'opinion qu'ils ont déjà donnée de leur talent. »>

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Grand prix de sculpture. Sujet du concours, l'exil de Cléombrote. « Cléom» brote, gendre de Léonidas, roi de Sparte, s'étoit emparé de la royauté. » Léonidas étant rentré dans Sparte, Cléombrote se réfugia dans le temple de Neptune. Léonidas, accompagné d'amis et de soldats, le suivit dans cet asile, » résolu de le faire mourir. Mais Chélonis, femme de Cléombrote, et fille de » Léonidas, intercédoit pour son époux. Elle l'avoit auparavant quitté lors» qu'il s'étoit emparé de la royauté, pour se joindre à Léonidas, parce qu'elle pensoit que Cléombrote faisoit une injustice; elle avoit été suppliante et avoit » porté le deuil tant que son père avoit été exilé : mais, comme la fortune avoit » changé, elle vint trouver son mari, èt parut dans le même habit de sup» pliante auprès de Cléombrote. Elle le tenoit embrassé avec le bras droit, et de » l'autre elle embrassoit ses deux enfans. Les assistans fondoient en larmes, tant >> ils étoient touchés de la vertu et de la tendresse de Chélonis, qui, tenant » un pan de son voile, et montrant ses cheveux en désordre et sans ornement, » adressoit la parole à son père. » (Sujet de bas-relief.) Le premier grand prix a été remporté par M. Bernard-Gabriel SEURRE, de Paris, â é de vingt trois ans, élève de M. Cartellier, membre de l'Institut; et le second grand prix, par . Théophile-François-Marcel BRA, natif de Douai, département du Nord, âgé de vingt-un ans, élève de M. Bridan, et de M. Stouf, membre de P'Institut; le deuxieme second grand prix, par M. Louis Denis CAILLOUIT, de Paris, âgé de vingt-sept ans, élève de feu M. Rolland et de M. Cartellier. « L'académie a arrêté de témoigner dans sa séance publique sa satis» faction sur le concours de cette année. »

Grand prix d'architecture. Projet d'une promenade publique, pour une grande ville. « Cette promenade est située à l'extrémité des jardins du palais d'un » souverain, et sur les rives d'un fleuve, à-peu-près comme les Champs-Ely»sées à Paris. L'étendue totale du terrain est de douze cents mètres sur cinq » ou six cent mille mètres de superficie. On doit distinguer parmi les quin» conces et plantations qui sont ornées de fontaines, &c., 1. une naumachię

» pour des fêtes, des joutes et d'autres exercices sur l'eau; 2. un cirque pour » des courses de chevaux, de chars et de manoeuvres militaires; 3.o un jardin » particulier, à l'instar de celui du Colisée qui a existé à Paris dans les Champs» Elysées, &c. » L'académie a jugé qu'il n'y avoit pas lieu de décerner le pre mier grand prix. Le second grand prix a été remporté par M Félix-Emmanuel CALLET, de Paris, âgé de vingt-sept ans, élève de M. Delespine. L'académie a adjugé une mention honorable au projet de M. Antoine-Jean DESPLAN, de Paris, âgé de vingt-huit ans, éleve de M. Percier, membre de l'Institut.

Grand prix de gravure en taille-douce. Le sujet du concours étoit, 1° une figure dessinée d'après l'antique; 2.0 une figure dessinée d'après nature, et gravée au burin. Le premier grand prix a été remporté par M. André-Benoît TAURIL, de Paris, âgé de vingt-trois ans et demi, élève de M. Bervic, membre de l'Ins titut; et le second grand prix, par M. Constant-Louis-Antoine LORICHON, de Paris, âgé de dix-sept ans et demi, élève de M. Forster. L'académie a décerné une mention honorable à l'ouvrage de M. Louis-Pierre HÉRIQUET, dit DUPONT, de Faris, âgé de vingt ans, élève de MM. Guérin et Bervic, membres de l'Institut.

Grand prix de composition musicale. Le sujet du concours a été, conformément aux réglemens de l'académie royale des beaux - arts, 1.o un contrepoint à la douzième, à deux et quatre parties; 2. un contre-point quadruple à l'octave; 3.o une fugue à trois sujets et à quatre voix ; 4.° une cantate com posée d'un récitatif obligé, d'un cantabile, d'un récitatif simple, et terminé par un air de mouvement. Les paroles de la cantate (Jeanne d'Arc) sont de M. J. A. VINATY. L'académie a jugé qu'il n'y avoit pas lieu à décerner le premier grand prix Le second grand prix a été remporté par M. Aimé-AmbroiseSimon LI BORNE, natif de Bruxelles, âgé de vingt-un ans, élève de M. Chérubini, membre de l'Institut.

« L'Académie ayant accepté, sur la demande qui lui en a été faite par le président du comité administratif de la galerie métallique des grands hommes » français, d'être juge de la médaille qui mériteroit le prix annuel que cette » société desire accorder au graveur qui se seroit distingué par le meilleur » ouvrage, et ayant décidé en outre que le résultat de son jugement seroit proclamé dans la séance publique, immédiatement après la distribution des » grands prix, elle a arrêté de proclamer les noms de MM. GAYRARD et » GATEAUX, qui ont partagé le prix, le premier sur la médaille du président » de Thou, le second sur la médaille de Corneille. »

La séance a été terminée par l'exécution de la scène qui a obtenu le second grand prix de composition musicale; précédée de l'ouverture des Rigueurs du cloitre, de M. BERTON, membre de l'Institut.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Sous presse, pour paroître au mois de janvier 1819, Grammaire chinoise, on Principes du Kou wen ou style antique, du Wen tchang on style I ttéraire, et du Kouan hoa ou langue mandarinique; suivis de textes servant d'exemples de ces trois styles, et en particulier de celui du kan ing pian ou Livre des récompenses et des peines. Ouvrage rédigé d'après les leçons du collège royal de

France, par M. Molinier des Maynis. Un vol. in-8.° d'environ 13 feuilles. Les nombreux exemples que contient cet ouvrage, et tous les textes destinés à servir d'exercices aux étudians, seront imprimés avec les caractères qui ont servi à l'édition chinoise-mandchou et latine-française du livre intitulé, Invariable Milieu, donnée par M. Abel-Rémusat, membre de l'Institut, et professeur de chinois et de mandchou au collège royal de France.

Elémens de la grammaire française, par L. M. B. V. Montenuis, maître de pension à Marquise 3. édit. Lille, Befort, 1818, in-12, 8 feuilles.

L'Odyssée, suivie de la Batracomyomachie, des Hymnes, de divers poèmes et fragmens attribués à Homere; traduction nouvelle, par M. Duga:-Montbel. Paris, imprimerie de P. Didot l'aîné, librairie d'Ant. Aug. Renouard, 1818, 2 vol. in-8.o, $7 feuilles, 12 fr. M. Dugas-Montbel a publié, en 1815, une traduction de PIliade, 2 vol. in-8.°

Génie du théâtre grec primitif, ou Essai d'imitations d'Eschyle en vers français; par M. Henri Terrasson. Paris, chez Delaunay, in-8.", 264 pages.

Théâtre de Marie-Joseph de Chénier, composé de toutes ses pièces représentées, imprimées et inédites, publié par les héritiers de l'auteur. Paris, chez Baudouin frères et chez Foulon et compagnie. 3 vol in-8., qui paroîtront en novembre: prix 21 fr., et par la poste 24. Cette collection contiendra, d'une part, les pièces de Chénier déjà imprimées, Azémire, Charles IX, Henri VIII, Calas, CaiusGracchus, Fénelon, Timoléon, le Camp de Grand-pré; de l'autre, plusieurs ouvrages inédits, savoir: Cyrus, Brutus et Cassius, Philippe II, Tibère, Edipe-roi, dipe à Colone, tragédies; Nathan le Sage, drame en trois actes; le premier acte d'Electre, tragédie, et des fragmens de deux comédies.

Du second Théatre français, ou Instruction relative à la déclamation dramatique; par Népom. L. Le Mercier, membre de l'institut. Paris, imprimerie de Le Normant, librairie de Nepveu, 1818, vj et 1 10 pages. L'auteur présente cet ouvrage comme un supplément à son Cours analytique de littérature. «< Mon » cours sur la tragédie et sur la comédie, dit-il, resteroit incomplet sans cette » nouvelle instruction, à laquelle tiennent les moyens de leur exécution et les » ressorts de leurs succès. » Aux conseils qu'il donne aux acteurs, il a joint des considérations qui tendent à montrer qu'il est à propos d'établir ou d'entretenir concurremment deux théâtres français dans la capitale.

Nouvelle Encyclopédie poétique, ou Choix de poésies dans tous les genres, par une société de gens de lettres; avec un discours sur chaque genre, des notes, &c., 18 vol. in-18. Prix de chaque vol. 2 fr. 50 cent., et 3 fr. par la poste; mais seulement de 2 fr., et par la poste 2 fr. 50 cent., pour les personnes qui souscriront avant le 1. décembre à Paris, chez les libraires Ferra, Delaunay et Mongie aîné.

Jérusalem délivrée, poème du Tasse, traduit en vers français par M. BaourLormian, membre de l'Institut. Paris, imprimerie de Firmin Didot, 3 vol. in-8., pour lesquels on souscrit, jusqu'au 15 décembre, chez l'imprimeur, et chez Eymery, Delaunay, l'Advocat, Corréard, Latour, Fantin et Louis Janet prix 21 francs, et en papier vélin, 42. Il sera tiré 25 exemplaires sur gr. pap. vélin, fig. avant la lettre, et eaux-fortes en regard. Prix, 100 fr.

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• Second Prospectus de la Bibliothèque tarine, ou Collection d'auteurs classiques latins, avec des commentaires dits perpétuels et des index; chez H. Nicole, chez Gide fils, et à la librairie grecque - latine - allemande, 16 pages. in-3. (Voyez Journal des Sayans, juin 1818, pag. 378.)

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