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APPENDIX.

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No. I.

JONESIUS REVICZKIO, S.

QUAM jucunda mihi fuit illa femihora, quâ tecum de poëtis Perficis, meis tuifque deliciis, fum collocutus: initium enim amicitiæ et dulciffimæ inter nos confuetudinis arbitrabar fuiffe. Quam fpem utriufque noftri importuna negotia fefellerunt. Ruri enim

diutiùs quàm vellem commorari, variæ me cogunt occupationes. Tu Germaniam, ut audivi, quàm citiffimè proficifci meditaris. Doleo itaque amicitiam in ipfo flore quafi decidere. Illud tamen tanquam lenimen doloris mei reftat, nempè ut, fi præfens te præfentem alloqui non poffim, liceat certè quidem per literas colloqui, et cum fermonis

faïques, lorsqu'ils s'apperceveront, que les langues Orientales, independamment de la rime, que eft de leur invention, ont de véritables quantités de fyllabes auffi bien que les Grecs, avec une variété de pieds plus abondantes encore, et par conféquent un vrai art métrique et profodique. Je prends la liberté de vous envoyer le cahier d'une de mes dernières traductions de Hafyz, dont je m'amufe quelquefois quand j'ai du loifir. Vous qui connoiffez le génie de la langue Perfanne, trouverez fans doute mon entreprise téméraire, auffi ne cherche-je point à faire fentir la beauté de l'original dans ma verfion, mais uniquement les penfées fimples et fans ornement, j'y joins auffi une paraphrase en vers, mais très libre. En quoi je me fuis le plus éloigné du texte, c'est en subftituant quelquefois au mignon une maîtreffe, foit pour donner une liaison aux vers, qui par la nature même du Ghazel, n'en ont point; foit pour me conformer en cela au gout de nos pays; d'autant plus que dans le premie vers, le Persan lui même parle de sa maîtresse.

Vous trouverez auffi à coté du texte Perfan, des expreffions analogues des poëtes Grecs et Latins, suivant que je m'en fouviens lorfque je lis Hafyz. J'efpère d'avoir l'honneur de vous voir ici avant mon départ, vous affurant que je compte parmi les plus grands avantages que j'ai eu en Angleterre, l'honneur de votre connoiffance.

Je fuis votre très humble Serviteur,

REVICZKI.

No. III.

REVICZKI à MONS. JONES.

Londres, le 24ème de Fevrier, 1768.

MONSIEUR,

Le jour même que j'ai expédié la mienne, j'ai reçu votre favante et obligeante lettre, que j'ai lû avec un plaifir infini, quoique j'aurois fouhaité qu'elle fût un peu moins flateuse fur mon compte, et moins modefte fur le vôtre. Toutefois je ne prends pas vos expreffions à la lettre, et malgré tout ce que yous puiffiez dire, je vois clairement par votre goût et jugement fur les paffages cités

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dans votre lettre, que vous avez fait un grand chemin dans la littérature Orientale. Je vous prie cependant, quelque grace pour le Grec et le Latin; car quoique je ne puiffe pas nier qu'il y a quelque genre de poésie, où les Orienteaux et particulièrement les Perfans ont atteint un degré de perfection et de fupériorité, je ne me ferois point de scrupule, de renoncer plutôt à la connoiffance de ces trois langues qu'à la feule langue Grecque. Je fuis bien aifé que votre ouvrage foit déjà fi avancé, et que je puiffe espérer de la voir bientôt rendu public. Je ferois fort embaraffé de vous donner quelque avis au fujet de votre livre, à caufe que je fuis actuellement depourvu de tout livre qui traite directement de cette matière, et que d'ailleurs, c'eft une mer à boire, que l'abondance et la variété du metre Oriental, et qu'il eft impoffible d'en favoir par cœur toutes les parties. Je ferois curieux de favoir, fous quel chapitre vous avez rangé Le Kafide, genre de poéfie très en vogue parmi les Arabes, et cultivé avec grand fuccès, que répond plus qu'aucun autre à l'élogie

Latine, mais qui par fa construction tient au Ghazel, avec cette différence, que le Ghazel, fuivant les règles, ne devroit jamais passer 13 distiques ou beits; et que le Kafide n'est borné à aucun nombre; 2do. que les beits du Ghazel doivent par leur nature comprendre en eux-mêmes, et terminer tout le sens, pendant que ceux du Kafide ont du rapport entre eux, en continuant le même sujet. Un exemple admirable de ce dernier eft celui sur la mort de Mahomet, célèbre dans tout l'Orient, et connu par cœur à tous les gens de lettres, dans une allégorie continuelle, mais admirable et très pathétique, dont le commencement est tel, fi je m'en fouviens:

امن تذكر جيران بذي سلم

مزجت دمعاً جري من

مقلة

بدم

Pour ce qui regarde vos doutes fur la prétendue allégorie de Hafyz, il y auroit beaucoup à dire, car il femble que le respect et la vénération que les Mahométans portent à la mémoire de ce grand génie, eft la véritable cause

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