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En fait de publications généalogiques et héraldiques, il a paru plusieurs bons livres: ainsi la première année d'un nobiliaire danois, par MM. LORENTZEN et THISET'. Outre des renseignements exacts sur tous les nobles vivants, cet ouvrage contient la liste de toutes les familles nobles; le volume de cette année va ainsi de la famille Abildgaard à celle des Baden. Les tables sont suivies de belles gravures qui représentent les armoiries des familles éteintes. Nous espérons que cette entreprise réussira. Les matières de ce livre sont recueillies avec beaucoup de soin, et l'ouvrage témoigne d'une grande connaissance de l'histoire des anciennes familles.

Le Dr. Henry PETERSEN a commencé un grand ouvrage in-folio intitulé Sceaux ecclésiastiques 2; nous espérons que ce sera un traité complet sur les sceaux du moyen âge. Les planches sont soigneusement dessinées, et la description est bonne. Le même savant auteur vient de nous donner des études intéressantes sur un pavillon danois suspendu à l'église Notre-Dame de Lubeck, et datant du commencement du xve siècle, antiquité assez rare pour un tel objet. L'auteur montre que ce drapeau a été pris aux Danois dans une bataille navale livrée devant Copenhague, et où les Danois furent d'ailleurs vainqueurs. Il examine aussi les formes, les figures et les couleurs du pavillon danois au moyen âge, ainsi que la signification des figures. A ce sujet, nous remarquons aussi que M. Loeffler, dans une étude publiée par l'Historisk Tidsskrift, vol. II, prouve que Danebrog s'est conservé jusqu'à ce jour tel qu'il était dans les armes de la ville de Reval, capitale de l'ancienne province danoise l'Esthonie.

M. HEISE a écrit l'histoire de la famille Rosenkrantz (vol. II); excellent ouvrage, qui traite aussi des questions d'une portée générale 3. M. USSING, professeur à l'université, a raconté ses souvenirs d'un voyage en Grèce et Asie-Mineure au printemps 18824. Il y décrit, sans aucun appareil d'érudition, les nouvelles trouvailles qu'on a faites dans ce pays. Il y mêle aussi des réflexions originales. Ainsi, il combat l'opinion de l'architecte Bohn, adoptée par le musée de Berlin, sur la construction de l'autel à Pergame. M. Bohn soutient que l'autel a été entouré d'un mur et en outre d'une colonnade érigée

1883. S. Birket Smith. Til Belysning af literære Personer i Slutningen af det 18de og Begyndelsen af det 19de Aarh. (A. F. Hast.)

1. Hiort Lorentzen og A. Thiset. Danmarks Adels Aarbog. 1884. (P. G. Philipsen.)

2. Henry Petersen. Danske geistlige Sigiller fra Middelalderen. 2 cahiers. Aux frais de la fondation Carlsberg. 1883. (Reitzel.)

3. A. Heise. Familien Rosenkrantzs Historie. Vol. II. 1882. (Reitzel.) 4. J. L. Ussing. Fra Hellas og Lilleasien i Foraaret 1882. 1883. (Gyldendal.)

sur la grande terrasse que décorait la célèbre frise de la gigantomachie; M. Ussing soutient au contraire qu'un pareil genre de construction n'a jamais été employé que dans des monuments funéraires, et que les autels ont toujours été élevés isolés ou devant un temple. Il nie aussi que les fouilles exécutées sur la terrasse aient montré les traces d'une colonnade.

M. ANDRE a écrit pour le grand public une description de la Via Appia'.

Un beau livre de vulgarisation, où l'on peut relever plusieurs points de vue originaux, est celui de M. JOERGENSEN, intitulé: Quarante narrations sur l'histoire du Danemark 2.

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Parmi les livres sur l'histoire de notre siècle, nous relèverons l'exact et solide récit du règne de Frédéric VII par THORSO3 et l'important ouvrage du capitaine SORENSEN: la guerre de 18644, écrit sur les documents officiels du ministère de la guerre. M. AHNFELT a publié le journal du prince Christian-Frédéric en Norvège en 1844 5. - Nous devons au pasteur PETERSEN une bonne biographie de Henrik Steffens 6. - Parmi les éditions de textes et de documents, nous signalerons Kr. ERSLEV. Aktstykker og Oplysninger til Rigsraadets og Stændermædernes Historie i Kristian IV's Tid. 4er cahier (documents pour servir à l'histoire du conseil et des États), 1883 (Klein). -H. ROERDAM. Monumenta Historia Danicæ. Historiske Kildeskrifter. Cahiers 1-3, 1882-84 (Gad). V. A. SECHER. Judicia Placiti Regis Dania Justitiarii. Samling af Kongens Rettertings Domme, 4595-1604, 1884-83 (Gad).-O. NIELSEN. Gamle jydske Tingsvidner (anciens témoignages rendus aux cours de Jutland), 1882. Voici les titres de quelques ouvrages topographiques: J. KINCH. Ribe Bys Historie (Gad), 1536-4660. H. D. LIND. Nyboder og dets Beboere, 1882 (Klewing-Evers). H. DAHLERUP. Mariager Klosters og Bys Historie, 1882 (Gyldendal). — Citons enfin un grand nombre d'autobiographies ou de livres sur des auteurs modernes, par exemple: Fr. VINKEL HORN. N. F. S. Grundtvigs Liv og Gjerning, 1883. — Grundtvig og Ingemann. Brevvexling, 1824-59. H. MARTENSEN. Af mit Levnet, vol. I-III.

J. STEENSTRUP.

1. Poul Andræ. Via Appia, dens Historie og Mindesmærker. Vol. I. 1882. P. Andræ. Seneca paa sin Villa ved den Appiske Vei. 1883. (Gyldendal.) 2. A. D. Jorgensen. Fyrretyve Fortællinger af Fædrelandets Historie. 1882. (Gad.)

3. Thorsæ. Kong Frederik den Syvendes Regering. Vol. I. 1882-84.

4. C. Th. Sorensen. Den anden Slesvigske Krig. 3 vol. 1881-83. (Gyldendal.) 5. A. Ahnfelt. Kong Christian VIII's Dagbog fra Regenttiden i Norge. 1883. (Gyldendal.)

6. Richard Petersen. Henrik Steffens, 1881.

COMPTES-RENDUS CRITIQUES.

Die rœmische Grundsteuer und das Vectigalrecht, par Bernhard MATTHIASS, 1882. Erlangen, Deichert, in-8° de 84 p.

Le livre de M. Matthiass se compose de deux parties bien distinctes. La dernière, consacrée au Vectigalrecht, est essentiellement juridique : l'auteur étudie surtout les rapports entre l'État et les particuliers au point de vue fiscal. Nous n'avons pas à examiner ici cette partie. Dans la première, il s'occupe de la Grundsteuer, du principe de l'impôt chez les Romains. Il admet que jusque sous Caracalla il y eut un double principe d'impôt l'impôt sur le sol, pour les provinciaux, l'impôt sur la fortune, pour les citoyens romains. « Les deux systèmes furent conservés, parallèlement l'un à l'autre, jusque sous Caracalla. A partir de son règne, on commença à appliquer aux provinces le système du tributum des citoyens romains (page 9). » Au Ive siècle, nous sommes en présence d'un système unique. Le principe est alors, dans tout l'empire, comme autrefois à Rome, l'impôt sur le capital. La théorie de M. M. est donc entièrement contraire à la théorie généralement adoptée, suivant laquelle l'impôt provincial (foncier et personnel) aurait été étendu, sous Dioclétien, à l'Italie et aux citoyens romains : suivant lui, c'est le tributum civium romanorum (sur le capital) qui aurait été introduit dans les provinces.

M. M. sait beaucoup de choses: il a lu infiniment d'auteurs, et il serait difficile de rêver une bibliographie plus riche que celle qui remplit les notes du livre. Mais il a trop étudié les dissertations, et pas assez les textes. Il en est résulté qu'il a été séduit et égaré par les théories d'un homme fort habile et de premier mérite d'ailleurs, Rodbertus Jagetzow. Rodbertus est dangereux ses idées ont toujours quelque chose d'attrayant, de nouveau, qui gagne au premier abord; mais elles sont loin d'être conformes à la vérité historique, à celle qui ressort des textes. Il en est de même de celles de M. M., qui en dérivent. Son histoire de l'impôt romain appartient au domaine de la théorie, on serait presque tenté de dire de l'allégorie. Elle est trop simple pour être vraie. Cette opposition primitive entre les deux systèmes n'a guère existé; les provinces n'ont jamais payé exclusivement l'impôt foncier; on ne l'a pas appliqué dans toutes les provinces; le tribut des citoyens romains n'existe plus au second siècle; les citoyens qui habitent la province sont soumis aux impôts provinciaux. Au Ive siècle, il y a une contribution foncière que les textes distinguent bien des autres c'est la terre qui paye et non les personnes; l'impôt est mis sur

le sol en tant que sol, non pas en tant qu'objet de propriété. Ce qu'il est très vrai de dire, et M. M. a eu raison de le faire remarquer, c'est que, dans le système financier d'alors, il y a beaucoup de points qui rappellent le système primitif. Mais ces points de contact viennent de ce que, dès l'origine, l'impôt provincial a ressemblé à l'impôt romain, parce que les Romains ont le plus souvent gardé le système qui existait avant la conquête, et que les régimes financiers des États antiques ne différaient guère les uns des autres.

C. J.

Dr M. Joël. Blicke in die Religionsgeschichte zu Anfang des zweiten christlichen Jahrhunderts; zweite Abtheilung. Der Conflict des Heidenthums mit dem Christenthum in seinen Folgen für das Judenthum. Breslau et Leipzig, Schottlaender, 1883. 1 vol. in-18, de 190 p.

La première partie du présent travail, parue en 1880, a été accueillie avec intérêt, comme offrant la preuve d'une curiosité élevée servie par une investigation abondante et exacte. Voici comment M. Joël justifie les recherches nouvelles dont il livre aujourd'hui les résultats au public.

La persécution contre le christianisme, qui a duré de la fin du Ier siècle jusque vers l'achèvement du 1o, a amené les Romains à faire entre chrétiens et Juifs une différence, que les chrétiens eux-mêmes ne faisaient pas encore, la rupture véritable entre ceux-ci et les Juifs n'ayant eu lieu qu'au e siècle. La littérature chrétienne a pris alors une attitude hostile à l'égard du judaïsme. Les témoignages sur ou contre les Juifs que l'on rencontre chez les écrivains chrétiens de cette époque ne doivent être accueillis qu'avec une extrême défiance. Les apologistes chrétiens du me siècle ont recours constamment à des procédés de fraude pieuse ou de dénigrement pour flatter les empereurs qui persécutaient leurs coreligionnaires et se concilier l'opinion publique. Les chrétiens essaient de faire croire qu'ils ont toujours été au mieux avec le pouvoir et que les empereurs leur ont, de tout temps, témoigne une vraie sympathie. Toutes les calomnies dont ils ont souffert en divers temps et lieux viennent des Juifs. M. Joël voudrait établir que le moyen åge a pris pour tâche de rendre aux Juifs tout le mal qu'ils passaient pour avoir fait autrefois aux chrétiens. Il croit pouvoir affirmer que cette loi du talion fut appliquée selon un programme méthodique. Ainsi les Juifs étaient assujettis à un impôt sur les dés à jouer, parce que les soldats avaient tiré au sort la robe de Jésus. Si on les accusait d'employer du sang chrétien pour les rites de leur religion, c'est qu'ils avaient accusé les premiers chrétiens de ce crime, etc.

Il est assez difficile de suivre M. Joël dans son excursion un peu irrégulière à travers les faits, les livres et les personnes. Sans tenir pour définitives ces opinions, dont bon nombre ont besoin d'être soumises à

un nouvel examen et dont quelques-unes frappent par leur caractère excessif, nous ne lui refuserons point le sérieux mérite d'avoir hardiment posé les termes d'un des problèmes les plus intéressants qui touchent aux origines mêmes de la société moderne.

M. VERNES.

Konrad von Marburg und die Inquisition in Deutschland, aus den Quellen bearbeitet, von Dr. Balthasar KALTNER. In-8°, x-198 p. Prag, 1882, Verlag von F. Tempsky.

Malgré tout l'appareil scientifique dont il a pris soin de l'entourer, le livre de M. K. n'est guère qu'une œuvre de polémique. Les premières lignes le donnent à penser tout de suite', et l'examen le plus rapide ne laisse aucun doute à ce sujet. Ces remarques préliminaires justifieront à tous les égards, nous l'espérons, le caractère du compte rendu que nous allons présenter.

Dans ce compte rendu, remarquons-le tout d'abord, nous laisserons de côté la biographie proprement dite de Conrad de Marbourg 2. Nous nous en tiendrons aux points qui, avec le rôle de ce personnage dans la persécution de l'hérésie, peuvent être considérés comme formant le corps même du travail que nous étudions, ou du moins en donnant le mieux l'esprit. Nous voulons dire les principes mêmes sur lesquels se fonda la justice inquisitoriale en Allemagne comme ailleurs, et surtout l'indication des doctrines hétérodoxes qu'elle eut à y combattre. Ces points suffiront, d'ailleurs, amplement à nous occuper, et à fournir aussi, nous le croyons, la preuve de l'assertion que nous avons émise en débutant.

Dans cette partie de son livre, comme dans celle que nous laissons de côté, M. K., il faut le reconnaître, tient ce qu'il a promis. Il remonte tou

1. Voir Vorwort, p. v.

2. Un point important de cette biographie est la question si controversée de savoir quelle fut la condition véritable de Conrad de Marbourg, s'il fut simplement prêtre séculier ou membre de quelque grand ordre religieux. M. K., au bout d'une discussion très complète, qui est assurément ce qu'il y a de meilleur dans son livre, arrive à conclure que Conrad fut certainement prêtre séculier, et, dans les derniers temps de sa vie, affilié probablement au tiers ordre de saint François. Cette conclusion semble fort juste. Voir 17: Konrads Stand, p. 72-82. Voir également, pour les rapports du même personnage avec la cour de Thuringe et avec sainte Élisabeth de Hongrie, qui l'eut, on le sait, pour confesseur, V. cap. : Konrad als Beichvater der hl. Elisabeth am Hofe von Thüringen, p. 97-111; VI. cap.: Konrads Thaetigkeit und seine Sorge für die heil. Elisabeth, p. 112-129. En ce qui concerne enfin le portrait beaucoup trop flatté, pour ne pas dire davantage, qu'a tracé de Conrad M. K., voir particulièrement 2 38: Konrads Ansichten über die Haeresie, p. 161-165; 39: Charakter Konrads von Marburg, p. 166-169.

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