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petite rue Anne, et celui-ci de lui dire force injures, et de lui ajouter « que Sainte-Anne était une sainte * avant qu'il fût né, et qu'elle continuerait de l'être toujours après sa mort. » Telle était la fureur des deux partis, des têtes rondes et des cavaliers.

Voilà le canevas, le principal fonds des plaisanteries qui abondent dans le poëme de Butler, et dans les autres écrivains satiriques du même temps. C'est ici la courte analyse du commentaire de près de cent quarante pages, en petit caractère, mentionné au troisième alinéa de cet extrait. Dans les six cent quatrevingt-seize articles de ce commentaire, il y a bien, je l'avoue, une infinité de petites notes particulières qui n'ont pu, sans doute, entrer dans les sommaires précédents. Mais ces différentes notes ici omises dérivent, pour la plupart, des principaux articles dont nous avons pris à tâche de faire un ensemble historique et raisonné.

E. B. (9), l'auteur du Coup d'œil sur les courses de chevaux en Angleterre et en France, adressé au citoyen Baudin, du conseil des anciens.

(9) E. B. Ces deux initiales signifient Encyclopédie Britannique. C'est ainsi que l'auteur de cette clé, ( feu LOTTIN, dit le Jeune,) appelait un travail très-étendu qu'il avait fait sur la littérature anglaise, dont ce fragment est extrait, ainsi qu'il le dit lui-même au premier alinéa, page XIII.

TRADUCTEUR.

Extrait de l'Esprit des Journaux, janvier 1793, pages 83 à 96.

A la fin de l'extrait il y a (Appendix to the Critical Review (1).) HUDIBRAS, etc. Hudibras, poëme écrit dans le temps des troubles d'Angleterre, et traduit en vers français, avec des remarques et des figures, en trois volumes in-12, Londres, (Paris, 1757.)

ON pense généralement que l'on ne traduit jamais les ouvrages de génie, sans laisser évaporer dans leur passage d'une langue dans une autre, une grande partie de l'énergie, du sel, et de l'esprit qui les caractérisent. Cette opinion doit être la cause principale qu'on n'a jamais entrepris une traduction du poëme de Hudibras, qui pourrait rendre sensible aux nations étrangères l'originalité de cette composition.

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Voltaire, dans une de ses lettres écrites de Londres, dit: Je désespérerais de vous faire connaître le poëme anglais de Hudibras (2); c'est de tous les livres que j'aie jamais lus, celui où j'ai trouvé le plus d'esprit, << mais c'est aussi le plus intraduisible..... »

On ne doit donc pas être surpris qu'on se soit si peu occupé de traductions complètes de ce livre inimitable, puisqu'on ne pouvait pas même espérer la possibilité

(1) Toutes nos recherches n'ont pu nous faire trouver la partie du Critical Review, d'où cet extrait est traduit. Nous l'aurions desiré pour faire retraduire plusieurs phrases que nous avons essayé de franciser un peu. (2) Voir le paragraphe de citation, p. VII, dans la préface du traducteur (1757).

d'une entreprise heureuse, malgré de vains efforts pour le traduire en latin, en hollandais, et en plusieurs autres langues.

Nonobstant cette opinion généralement répandue, il existait une traduction française aussi exacte qu'elle était littérale, faite en vers burlesques, qui servait à présenter tout l'esprit particulier, tout le piquant de l'original, et qui substituait les plus heureux équivalents toutes les fois qu'on ne pouvait exprimer l'idée même dans les termes les plus appropriés. Nous ignorions cette traduction, lorsqu'un nouvel essai sur les principes de la traduction (3) en fit connaître quelques morceaux détachés. Ces passages excitèrent bientôt l'attention publique, et la complaisance d'un de nos correspondants nous procure la facilité de rendre compte de cet ouvrage, que malgré notre desir nous n'avions encore pu rencontrer. Nous trouvons enfin que cette traduction, d'un poëte vraiment anglais, fut publiée il y a plusieurs années; et la singularité de cette production rend peu nécessaire tout ce qu'on pourrait en dire de plus.

Cette entreprise est jugée aujourd'hui de la manière la plus flatteuse pour le traducteur. Il a donné un travail complet, qu'il avait d'abord commencé par fragments épars. Il a fait ce qu'on pourrait appeler plutôt une imitation qu'une traduction, mais par-tout égale aux parties choisies qu'on en a citées. A son honneur, et à la surprise de nos lecteurs, qu'on sache donc que c'est un gentilhomme anglais, qui, passant de bonne heure en France pour son éducation, entra au service de cette nation; et, pendant une très-longue résidence, se rendit maître de la langue française, non-seulement de la partie moderne, mais encore de celle en usage parmi les poëtes anciens, et particulièrement chez ceux qui se servirent du style macaronique, au point de

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(3) Essai on the principles of translation, (by lord Woodhouselee.) London, 1791, gr. in-8°.

voir rendre avec la plus grande facilité, et d'une manière analogue, les concetti et les fantaisies de notre poëte bizarre et singulier, qu'il possédait supérieurement, et qu'il a su en conséquence reproduire dans la langue qu'il venait de se rendre très-familière.

Jean Towneley (4), écuyer, frère de feu Richard Towneley, né à Towneley, dans la province de Lancaster, fit cette entreprise singulière. Il y fut d'abord entraîné, parce qu'il avait particulièrement adopté ce poëme; ensuite, par le desir ardent qu'il avait d'en rendre les beautés sensibles à des gens de lettres qu'il affectionnait le plus. Il commença par traduire les passages les plus frappants qu'il leur communiqua. A mesure qu'ils les approuvèrent il leur en présenta d'autres, jusqu'à ce qu'en continuant fréquemment cet agréable exercice, il se trouva bientôt au terme de son opération. Il se mit alors à en lier les parties, et réussit bientôt à finir sa tâche. Pour satisfaire au desir de ceux qui s'intéressaient à l'ouvrage, il consentit à faire imprimer sa version. Pour cela, et pour la faire éclaircir par les notes nécessaires, il la confia à son ami l'abbé Tuberville-Needham. Ce dernier résidait alors à Paris, et il fut très-connu dans la république des lettres, principalement dans la partie de l'histoire naturelle. Il suivit le plan tracé par Z. Grey. Il tira (5), des remarques de ce commentateur, tout ce qui était le plus essentiel à l'éclaircissement d'un nombre de passages, et à expliquer les allusions qu'ils renfermaient. Ces notes ne sont pas imprimées au bas du texte, mais

(4) Indécis sur l'orthographe de ce nom propre, nous l'avons adoptée ainsi. Il existe une autre famille anglaise que l'on pourrait confondre avec celle-ci, mais elle écrit Townley.

(5) Nota. L'histoire littéraire attribue positivement ces uotes à feu Larcher, le savant traducteur d'Hérodote. Le journaliste s'est mépris dans le rapport qu'il a voulu établir entre le dernier alinéa de l'avertissement du libraire, (1757, voir page V ) et la phrase qui précède. L'alinéa désigne Larcher annotateur, et la phrase: "On m'a remis.... etc., indique Tuberville-Needham, éditeur.

placées collectivement à la fin de chaque volume. Dans cette édition, on a très-judicieusement opposé l'original anglais vis-à-vis la version française qui correspond respectivement, et nous fùmes surpris de voir que ce n'est, qu'en fort peu d'endroits, que celle-ci surpasse en longueur le texte anglais.

J. Towneley, en présentant son ouvrage au public, dit modestement, dans une courte préface qui le précède, qu'il ne prend pas sur lui d'oser offrir ce que Voltaire avait cru intraduisible; que c'était seulement une faible tentative pour fournir une bonne esquisse de son original aux étrangers, espérant qu'elle pourrait aider ceux qui, dénués d'une connaissance suffisante de la langue anglaise, seraient charmés de trouver une clé pour comprendre les nombreuses allusions contenues dans les passages les plus difficiles de cet ouvrage; qu'il s'était efforcé de l'expliquer dans les termes les plus clairs, avouant en même-temps que ce qu'on appelle humour, ne saurait être rendu d'une langue dans une autre, et que les équivalents qui affaiblissent toujours les idées, ne doivent être employés qu'à défaut de mieux. J. Towneley, envisageant la lettre d'Hudibras à Sidrophel comme un épisode, ne l'a pas traduite en français, mais il invite, à en faire l'essai, quelque amateur qui serait épris du même sujet, et à qui ses efforts auraient inspiré le desir de concourir avec lui à faire connaître aux nations étrangères les vives et plaisantes saillies de S. Butler, son auteur favori.

Après avoir ainsi donné un exposé sommaire de cette heureuse traduction, il pourra être agréable aux personnes qui ne s'en seraient pas procuré une copie, de rencontrer ici quelques passages de ce livre singulier, qui a fourni tant d'épigraphes aux titres et d'allusions bizarres sur toutes sortes de sujets.

Suivent treize citations, environ 250 vers. Voir tome 1er, pages 4 et 5 12 et 13 18 et 19

40 et 41

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54 et 55

88 et 89

26 et 27

120 et 121

Tome II, pages 152 et 153 — 252 356 et 357.

136 et 137.
et 253

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