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certaine madame Tomson, royaliste, dont le bien se montait à deux cents livres sterling de rente. Cet appas était d'autant plus puissant sur son cœur que son père le chevalier Olivier Luke s'était ruiné, et quoique son fils, le héros de ce poëme, eût des places très-lucratives, il n'en souhaitait pas avec moins d'ardeur les biens de la veuve. Cette veuve ne passait point pour cruelle, cependant elle le fut pour le chevalier.

(181) De sorte que Pygmalion.

Pygmalion, fils de Cilex, devint amoureux d'une statue d'ivoire qu'il avait travaillée; Vénus la changea en femme, et il en eut un fils nommé Paphus. ( Voyez les Métamorphoses d'Ovide, liv. 10, v. 240, etc.)

(182) Le pater à son familier.

Le Spectator, n° 110, dit, en parlant des prières d'une sorcière, que dites d'un sens elles contiennent des malédictions, et de l'autre des bénédictions.

(183) La fortune aide l'intrépide.

Fortes fortuna adjuvat. Terent. phor. Act. 1, scène 4.

(184) Trois fois sa maîtresse il nomma.

Long-temps avant Butler, l'auteur de Don Quichotte avait tourné en ridicule ces romans, dont les héros, avant que de se battre, invoquent leurs maîtresses. Don Quichotte, prêt à attaquer l'écuyer biscayen, s'adresse à sa chère Dulcinée: Dame de mon ame,

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<< fleur de toute beauté, daignez secourir votre champion << dans ce dangereux combat entrepris pour faire pa<raître votre mérite dans tout son éclat. »

(185) Au croupion du pauvre Enée.

Enée voyant les ravages que faisait Diomède dans l'armée des troyens, s'avance avec Pandarus pour combattre ce héros. Diomède tue Pandarus d'un · coup de javelot; Enée saute en bas de son char pour défendre le corps. Diomède prend alors une pierre très - pesante, et que deux hommes tels qu'ils sont aujourd'hui ne pourraient porter. Il en frappe Enée au haut de la cuisse, dans l'emboîture. (Voyez Iliade, lib. 5, v. 305.)

(186) Où vont saints que deux fois on trempe. Les anabaptistes reçoivent le baptême par immersion..

(187) Et constamment gardant son feu.

C'était la méthode d'Olivier Cromwell, qui permettait rarement à ses soldats de faire feu, qu'ils ne fussent proche de l'ennemi.

(188) Comme corbeau qui sent la poudre.

On prétend que les corbeaux sentent la poudre d'assez loin. Le docteur Plot remarque, dans l'Histoire naturelle de la province d'Oxford, que lorsqu'on craint que les corbeaux ne fassent du tort aux blés, on creuse un trou étroit par le bas et large par le haut, qu'on remplit de poussière et de cendre mêlées d'un peu de poudre. Cette ruse réussit toujours, et l'on vient à bout par-là d'écarter ces oiseaux, qui détruiraient en très-peu de temps les espérances des laboureurs.

(189) Ou de Richard trois la carcasse.

Richard III, roi d'Angleterre, ayant été tué à la bataille de Bosworth, en Leicestershire, le 22 août 1485, par Henri VII, son successeur, on mit son corps nu en travers sur un cheval, qui le porta de cette manière ignominieuse à Leicester, où il fut inhumé.

(190) Deux fois, veni, vidi, vici.

César s'étant arrêté quelque temps en Syrie, en partit peu de temps après pour aller combattre Pharnace. Etant arrivé en présence de l'ennemi, il l'attaqua sur-le-champ sans se reposer et sans lui donner le temps de se reconnaître. Il remporta une victoire complète, et pour marquer la célérité avec laquelle tout s'était passé, il écrivit à un de ses amis ces trois mots si connus: Veni, vidi, vici.

(191) Mettre un citoyen à l'abri.

On accordait la couronne civique à celui qui dans une bataille avait sauvé la vie à un citoyen. De toutes les couronnes c'était la plus estimée, quoiqu'elle ne fût composée que de branches de chêne.

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(192) Du collier je suis assez franche.

L'héroïsme de Trulla me rappelle un trait de Charles XII, roi de Suède : « Le comte d'Albert ayant pris par capitulation le fort de Dunamunden sur les Saxons, après une vigoureuse résistance de la part • des assiégés, Charles XII voulait renvoyer la gar

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« nison dans le fort, pour qu'elle le défendît jusqu'à la « dernière extrémité, afin de se donner le barbare plaisir de le prendre d'assaut. »

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(193) Les grands héros se faisaient gloire. C'est imité des passages suivans d'Ovide :

Quo quisque est major, magis est placabilis ira,
Et faciles motus mens generosa capit.

Ovid. Trist. lib. 3. 5.

Corpora magnanimo satis est prostrasse leoni,
Pugna suum finem, cum jacet hostis, habet.

Idem.

Butler avait aussi en vue l'adresse que Cleveland présenta à Olivier Cromwell, après un long emprisonnement : « Les plus grands héros, dit Cleveland,

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chérissaient avec tant de tendresse leurs captifs, que « leurs épées taillaient de la besogne pour leur cour«toisie. Leur faveur relevait ceux que leur valeur

avait abattus, comme s'ils ne les avaient frappés «qu'afin de les faire rebondir plus haut. J'espère que « votre altesse étant le rival de leur gloire, ne le sera " pas moins de leur vertu. »

(194) Et de même que les Français.

Les Anglais firent la conquête d'une partie de la France, et gagnèrent sur les Français les batailles de Créci, de Poitiers, d'Azincourt, etc. Les Anglais prennent beaucoup de plaisir à rappeler la mémoire de ces temps si glorieux pour eux, où profitant de nos

divisions intestines, ils mirent le royaume à deux doigts

de sa perte.

(195) Nous donne la loi pour la mode.

Il y a long-temps que les Anglais prennent nos modes, comme on le peut voir par ces vers de Thomas Morus.

Ut quisquis iusulâ satus Britannicâ,
Sic patriam insolens fastidiet suam,
Ut more simiæ laboret fingere,
Et æmulari gallicas ineptias,

Et omni Gallo ego hunc opinor ebrium.
Ergo ex Britanno, ut Gallus esse nititur,
Sic Dii jubete, fiat ex Gallo capus.

(196) Et le lord maire avec son train.

Le lord maire de Londres ne reste qu'un an en place. Son temps expiré, le corps de ville procède à l'élection d'un autre. Le nouvel élu, escorté de quantité de barges magnifiques, se rend le matin à Westminster pour y prêter serment de fidélité entre les mains du roi. L'après-midi, il fait son entrée dans la cité dont il prend possession.

(197) Le monde était bien plus étroit.

Alexandre ayant entendu soutenir au philosophe Anaxagore qu'il y avait plusieurs mondes, pleura de ce qu'il n'avait pas encore fait la conquête d'un seul. Unus Pellæo juveni non sufficit Orbis, etc.

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