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duction dans la liste civile, qui s'élevait alors à 25,000,000. Mais bientôt le roi lui-même voulut quitter la France, et Camus fut un de ceux qui en montrèrent le plus d'indignation; il accusa tour à tour les ministres, Bailly, M. de La Fayette, et même les intentions du roi. Mais si Camus n'épargnait pas les grands, il ne pardonnait pas davantage à ceux qui ne voyaient, dans le nouvel ordre de choses, qu'un moyen de rapines, et qui feignaient de s'attacher aux principes, dans l'espo de l'impunité. Camus était un homme droit; il désirait surtet le soulagement des maux publics et particuliers. Latude, victime de la haine de Mme de Pompadour, et d'autres infortunés qui avaient rendu des services à l'état, trouvèrent en lui un soutien. Il avait été secrétaire, et ensuite président de la première assemblée; il ne fit point partie de la seconde, mais on le nomma, vers cette époque, conservateur des archives nationales, et bibliothécaire du corps-législatif. Lorsque le département de la HauteLoire le choisit pour la convention nationale, il était exaspéré par le sentiment des maux que préparait, depuis long-temps, la continuelle hésitation du gouvernement; et d'autres députés partageaient cette disposition d'esprit, qui devait avoir elle-même des suites funestes. Secrétaire de la convention, Camus obtient une commission pour la conservation des monumens, des sciences et des arts, et une augmentation de solde pour la garnison de Paris; il provoque la mise en

T. IV.

accusation des ministres dilapidateurs; il sollicite la vente du mobilier des émigrés, ainsi que des communautés religieuses; il obtient le rejet d'une exception demandée par le duc d'Orléans, en faveur de sa fille émigrée; enfin il propose de déclarer Louis XVI coupable, et ennemi de la nation. Immédiatement après, au mois de décembre 1792, Camus est envoyé dans la Belgique, pour examiner le fondement des réclamations de Dumouriez contre le ministre de la guerre, et contre les commissaires du trésor. Dans le compte qu'il rendit de sa mission, Camus insista sur le danger de ne pas laisser, entre les mains des généraux, les moyens de mettre à exécution leurs plans de campagne. Après un second voyage dans la Belgique, où il était chargé de suivre les opérations de l'armée, il entra au comité de salut public. C'est durant cette seconde mission qu'il envoya, diton, de Bruxelles, son adhésion au jugement de Louis XVI: circonstance qui du reste n'eut aucune influence sur le sort du monarque, puisque Camus n'assista pas aux appels nominaux. Bientôt le comité le chargea de demander à la convention que Dumouriez fût appelé à la barre. Il retourna ensuite dans la Belgique, avec trois autres commissaires de la convention, Quinette, Bancal et Lamarque ; ils étaient accompagnés du général Beurnonville, ministre de la guer. re, et ils avaient ordre de suspendre et de mettre en arrestation les généraux suspects. C'est Camus qui se charge de signifier

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à Dumouriez le décret de la convention, et de lui enjoindre de se présenter devant elle pour rendre compte de sa conduite. Mais Dumouriez, dont on se défie avec raison, et qui se propose de marcher sur la capitale avec ses trou pes, pour y opérer une sorte de révolution concertée avec l'étranger, l'imprudent Dumouriez, dont la position est déjà difficile, et qui pourtant n'abandonne pas ses desseins à la fois perfides et mal concertés, répond ironiquement aux envoyés de la convention, et même il leur fait entendre que les dangers sont surtout pour eux. Camus, que n'intimident ni les menaces du général, ni les murmures des officiers de son état-major, lui demande expressément s'il veut, ou ne veut pas obéir. Dumouriez fait encore une réponse évasive; mais Camus lui déclare qu'il le suspend de ses fonctions, et il donne l'ordre de s'emparer de lui. Alors le général fait un signe, et quelques hussards, à qui il parle en allemand, saisissent Camus et ses trois collègues, dont Beurnonville veut absolument partager le sort; ils sont remis entre les mains des Autrichiens, et conduits au fond de la Moravie, après avoir été traînés dans les prisons de Maëstricht et de Coblentz. C'est dans Olmutz, où ils furent détenus long-temps, que Camus, inébranlable dans cette sorte de fierté républicaine qui le caractérisait, refusa de se découvrir devant un prince souverain d'Allemagne. Ce ne fut que le 25 décembre 1795 que Čamus, ainsi que ses collègues, et les citoyens

cesse,

Maret et Semonville, furent échangés, à Bâle, contre la prin fille de Louis XVI. Camus fut un des députés qui passèrent de droit, de la convention au conseil des cinq-cents. Il en eut la présidence, le 23 janvier 1796, et le 28 il refusa le portefeuille des finances, que lui destinait le directoire. Il donna de nouvelles preuves de son zèle, dans toutes les discussions susceptibles de quelqu'intérêt général, ou dans les travaux de la commission des finances, dont il fut un des membres les plus laborieux. Le 20 mai 1797, il quitta le corps-législatif, et, cessant de s'occuper des affaires publiques, il se livra aux occupations littéraires, dont la révolution l'avait détourné. Membre de l'institut dès la formation de ce corps, il se chargea de recueillir, dans les départemens réunis, des matériaux pour l'histoire. Il avait conservé sa place à la tête des archives, et la crainte de la perdre ne lui fit pas abandonner ses principes, lorsque des registres furent ouverts pour manifester le vœu public sur la question du consulat à vie. Son vote républicain fut connu du premier consul, qui ne lui en fit pas un crime. Quelques années après, un accident abrégea ses jours; une attaque d'apoplexie à la suite d'une fracture, les termina le 2 novembre 1804. Camus avait, dans les intentions, toute la rectitude de l'honnête homme; mais son humeur sévère, et son caractère inflexible jusqu'à la dureté, altérèrent l'estime que lui méritaient ses qualités, lui suscitèrent beaucoup d'ennemis, et l'empê

chèrent souvent d'opérer le bien qu'il eût voulu produire. Il a réuni, avec constance, des inclinations dont l'accord paraît difficile. Il était républicain avec enthousiasme, et il était pieux avec bonhomie. Ouvertement opposé aux prétentions de la cour de Rome, il lui fit perdre et les annates, et le comtat Venaissin, qu'au reste elle ne pouvait conserver long-temps. Mais il passait chaque jour des heures entières au pied d'un grand crucifix de bois, suspendu dans sa chambre. Il parlait avec une grande facilité; cependant il s'est distingué bien plus dans les délibérations particulières sur les lois, que dans la discussion des principes politiques. Travailleur infatigable, il a laissé de nombreux ouvrages qui méritent du moins d'être consultés. Les principaux sont : Lettres sur la profession d'avocat, et Bibliotheque choisie des livres de droit, 1772, 1777, et 1805, 2 vol. in-12; 2° Histoire des animaux d'Aristote, avec le texte en regard, 2 vol. in-4°, 1785; 3° Code judiciaire, ou Recueil des décrets de l'assemblée nationale et constituante, sur l'ordre judiciaire, 1792; 4° Manuel d'Epictète, et Tableau de Cébès, présent d'un père captif à ses enfans, 1796 et 1803, 2 vol. in-18; 5° Mémoires sur la collection des grands et petits voyages, et sur la collection des voyages de Melchisédec Thévenot, in-4°, 1802; 6° Histoire et procédés du polytypage et du stéréotypage, in-8°, 1802; 7° Voyages dans les départemens nouvellement réunis. La littérature doit à Camus la

conservation des mémoires laissés par les corporations; il a aussi eontribué à la rédaction du Journal des savans, et à celle de la Bibliothèque historique de France.

CANAVERI (JEAN-BAPTISTE), savant évêque de Verceil, fils du premier magistrat de Borgomaro, naquit le 25 septembre 1753. A 18 ans, l'université de Turin le jugea digne d'être reçu docteur. Ses connaissances embrassaient toutes les sciences, et à l'âge de 25 ans il se voyait recherché des savans les plus distingués. Éloquent prédicateur, il improvisait ses sermons. En 1797, il fut nom→ mé à l'évêché de Bielle, et sacré à Rome le 15 juillet de la même année. En 1804, d'après l'invitation du pape, il donna sa démission, comme le firent alors tous les évêques du Piémont, à cause de la nouvelle organisation des diocèses, nécessitée par l'incorporation de ce pays à l'empire français. En 1805, Canaveri obtint le siége de Verceil, auquel son ancien évêché se trouvait réuni il y mourut le 13 janvier 1811, avec le titre d'aumônier de Madame, mère de l'empereur Napoléon. Il avait publié des Mandemens, des Lettres pastorales, des Panégyriques de plusieurs saints; mais le plus important de ses ouvrages est: Notizia compendiosa dei monasteri della Trappa fondati dopo la rivoluzione di Francia, Turin, 1794, in8°. Toutes les productions de Canaveri, en latin et en italien, sont recommandables sous le rapport du style; plusieurs sont restées manuscrites.

CANCELLIERI (L'ABBÉ FRAN

çois), est l'un des biographes les plus patiens et les plus minutieux que l'on puisse citer. Le nombre des notices qu'il a publiées est effrayant. On compte de lui une douzaine d'éloges, une foule d'articles publiés dans les journaux, et des traités sans nombre, qui contiennent les titres de tout ce qui a été écrit depuis le commencement du monde, sur les sujets bizarres qu'il a choisis. Il a fait les éloges de beaucoup de gens obscurs et de quelques gens célèbres, de l'écrivain Amaduzzio et du cardinal Borgia, etc., etc.; de Giovenazzi, Guattani, Renazzi, etc. Il a donné une Histoire universelle des Cloches, en 1 vol. in4°, 1806, et celle de tous les Saints qui ont exercé la médecice; celle des Secrétaires du Vatican, in-4°, Rome, 1788; et celle du Vatican lui-même et de toutes ses chapelles (en plusieurs volumes et sous plusieurs titres différens); de Christophe Colomb et de la Place Navone. On peut regarder comme les plus curieux de ses ouvrages, ceux qu'il a publiés le plus récemment; l'un intitulé : Les sept Choses fatales de l'ancienne Rome, in-12, 1813; et l'autre, consacré à donner l'histoire des Hommes doués d'une grande mémoire, 1813, in-8°, Le premier de ces ouvrages est dédié à l'archéologue Millin, dont tous les écrits sont rangés en forme de catalogue à la fin du volume; on dirait que, dans la pensée de l'auteur, les travaux des antiquaires modernes sont une des sept choses fatales de la vieille Rome; et que c'est l'une des infortunes attachées à la destinée de la ville éter

nelle, que les discussions obscures des savans qui se disputent sur ses ruines. L'abbé François Cancellieri, né à Novare, en 1746, a suivi dans ces dernières années

les tristes variations de l'Église, sans que son ardeur pour l'étude s'affaiblit un seul instant. Il est aujourd'hui à Rome.

CANCLAUX (JEAN-BAPTISTECAMILLE), comte, lieutenant-général, grand-officier de la légiond'honneur et pair de France, né à Paris en 1740, était major au régiment de Conti, cavalerie, en 1789. L'émigration d'un grand nombre d'officiers fut favorable à son avancement, et il devint successivement colonel, maréchal-de-camp et lieutenant-général. Il avait ce grade, en 1793, lorsqu'on le chargea du commandement en chef de l'armée de la république réunie sur les bords de la Loire, pour s'opposer aux progrès des royalistes. Rendu au quartier-général à Nantes, il y fut bientôt assailli par 60,000 Vendéens qui vinrent assiéger la ville; il les battit, les repoussa, les défit de nouveau à Saint-Symphorien, le 6 octobre 1793, et le jour même de cette victoire reçut l'arrêté du comité de salut public qui le rappelait, lui donnant pour successeurs les généraux Rossignol et Léchelle, dont l'incapacité fut depuis signalée. Après la chute de Robespierre, en 1794, il fut nommé de nouveau général en chef de l'armée de l'Ouest. Il établit la fameuse légion nantaise, qui se distingua en tant d'occasions, et accéléra par ses succès la pacification de la Vendée en 1795. Au commencement de 1796, il fut

chargé de se rendre dans le Midi pour y réunir les premiers élémens de cette invincible armée d'Italie qui, sous le commandement du général Bonaparte, s'est acquis une gloire immortelle. Nommé, en 1797, à l'ambassade d'Espagne, il resta un an dans ce pays, fut envoyé avec le même titre près du roi des Deux-Siciles, et représenta dignement la république française à Naples. A son retour en France, le général Canclaux fit partie du bureau militaire institué par le directoire. Nommé inspecteur-général de la cavalerie, et commandant de la 14 division après le 18 brumaire, il fut présenté par Napoléon au sénat-conservateur, qui l'admit au nombre de ses membres le 19 octobre 1804. Quelque temps après, l'empereur le décora du grand-aigle de la légion d'honneur. En 1813, lorsque l'invasion de la France se préparait, il fut chargé de se rendre aux frontières pour y prendre des mesures dont les circonstances ne permettaient guère d'attendre un résultat heureux; mais il remplit sa mission avec autant de modération que de zèle. Le 4 juin 1814, le roi le nomma pair de France: au mois de mars 1815, Napoléon, revenu de l'île d'Elbe, le maintint sur la liste des pairs, dont il fut rayé par l'ordonnance du roi du 24 juillet. Cependant comme il n'avait pas siégé à la chambre pendant l'interrègne, il fut quelque temps après réintégré dans ses fonctions. Le comte Canclaux est mort le 30 décembre 1817. Invariablement attaché à ses devoirs, il s'était montré dès

le commencement de la révolution patriote sans exagération, et avait donné l'exemple de tous les sacrifices dans l'ordre de la noblesse dont il faisait partie.

CANCRINUS (FRANÇOIS-LOUIS DE), né le 21 février 1738, à Breitenbach, dans le pays de Darmstadt. Il occupa d'abord les places de contrôleur de la monnaie et de contrôleur des bâtimens civils à Hanau; il fut ensuite professeur à l'école-militaire de Cassel, et enfin conseiller principal de la chambre dans la même ville. Il quitta ces dernières fonctions pour se rendre à Altenkirchen, dans le comté de Sagn, où il remplit celles de commissaire du gouvernement. L'année suivante, l'empereur de Russie lui donna les titres de directeur des mines, et de conseiller du collége impérial. En 1786, Cancrinus se retira dans la Hesse, à Giessen, où il resta jusqu'en 1793. Alors il fut nommé conseiller-d'état à Saint-Pétersbourg. Il a publié, en allemand, sur l'administration publique, la minéralogie et la métallurgie, de nombreux ouvrages qu'on estime, et dont plusieurs même sont devenus clas

siques. On regarde comme les plus importans: 1° Dissertation pratique sur l'exploitation et la préparation du cuivre, in-8°, Francfort, 1766; Description des principales mines situées dans la Hesse, dans le pays de Waldeen, dans le Harz, dans les districts de Mannsfeld et de Saalfeld, et en Saxe, in-4°, Francfort, 1767; 3° Principes élémentaires de la science des mines, 12 vol. in-8°, 1773-1791. Cet ouvrage pas

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