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hommes persécutés à cette époque trouvèrent asile et sûreté chez Cambon père, et l'on sait que ce n'était pas à l'insu de son fils. Celui-ci avait manifesté très-jeune les opinions et les principes qu'il a depuis si audacieusement professés, mais il n'exerçait aucune tyrannie sur les opinions des autres. L'une de ses sœurs voulut se consacrer au service des malades, et se faire sœur grise. Cambon se borna à des représenta tions comme chef de famille : elles furent sans effct. Dès lors il l'encouragea, l'aida dans l'exécution de son pieux dessein, et conserva avec elle les relations les plus amicales. Cette dame est aujourd'hui à la tête d'une maison de charité dans un département du Midi. Cambon était l'aîné d'une famille nombreuse (cinq garçons et deux filles), dans un pays où la faculté laissée aux pères de nommer un héritier avait force de loi. A l'époque où M. Cambon père quitta le commerce, il voulut avantager considérablement son fils aîné; mais celui-ci exigea que son père fit un partage égal entre tous ses enfans, sans aucune distinction de sexe ni d'âge. Il fut bon fils, bon père et bon époux. Après la convention, il se retira dans un petit domaine, dernier débris de sa fortune patrimoniale, et se livra sans relâche aux soins de l'agriculture, dans la seule vue d'augmenter la fortune de ses frères. Il ne quittait la campagne que pour faire de fréquentes visites à son père et à sa mère, dont il honora la vieillesse, et qui moururent dans un âge fort avancé.

CAMBOULAS (SIMON). Il était négociant lorsque la révolution commença; il en accueillit vivement les principes. Il exerça d'abord des fonctions municipales, et, en 1792, il fut nommé à la convention, par le département de l'Aveyron. Dans le procès de Louis XVI, il vota pour la mort, sans sursis, sans appel. Au 31 mai, il embrassa la cause des proscrits, et on admira l'énergie avec laquelle il parla contre les redoutables auteurs de cette journée. Le 2 juin, il fit décréter qu'on poursuivrait ceux qui avaient donné l'ordre de sonner le tocsin et de fermer les barrières; et le 6 du même mois, il reprocha au comité révolutionnaire des arrestations illégales. Il eut le bonheur d'échapper aux ressentimens qu'il avait bravés avec tant de courage; mais voyant que les événemens prenaient un autre cours, il garda le silence dans le conseil des cinq - cents, où il était entré avec les deux tiers conventionnels, et dont il sortit en 1797.

CAMBRIDGE (ADOLPHE-FRÉDÉRIC D'ANGLETErre duc de), est né le 24 février 1774. Comte de Tipperary, baron de Culloden, gouverneur-général du Hanovre, colonel, chancelier de l'université de Saint-André, sa vie offre un mélange bizarre d'actions, de titres, et de fonctions diverÉlevé pour le service de terre, il reçut, à 16 ans, sa commission d'enseigne, quitta la sévère discipline d'une éducation toute militaire, pour aller s'asseoir sur les bancs de Goettingue, apprit le grec, passa un hiver au milieu des dissipations de la cour de

ses.

Prusse, revint en Angleterre, siéger à la chambre des pairs, reçut son brevet de colonel, et fut, en 1794, mis en jouissance de tous les priviléges que la constitution accorde à son rang. C'est alors que le parti de Pitt, et celui de Fox, se disputèrent son appui ; et il faut le dire, à l'honneur singulier de la constitution anglaise, un prince du sang se déclara, sans hésitation, en faveur de la liberté, contre le ministère. Les ministres se vengèrent du prince, en lui refusant un service actif. Mais le duc de Cambridge fat noblement dédommagé de cette disgrace, par l'estime et les applaudissemens de toute la nation. Au reste, son nom seul fut de quelque utilité au parti de l'opposition. Les soins de l'administration et de la politique convenaient moins à son caractère que les périls et les travaux de la guerre. L'invasion du Ha-, novre par les Français lui donna bientôt une occasion brillante, mais trompeuse, de courir des dangers qui, jusque-là, avaient semblé le fuir. Il partit pour protéger l'électorat, trouva les esprits mal disposés, et un état de choses qui exigeait plus d'adresse encore que de bravoure, et plus de talens politiques que de talens militaires. C'est en vain qu'il fulmina d'ardentes proclamations; c'est en vain qu'il mit les troupes en mouvement: il n'eut aucun succès, devint un objet de risée, demanda inutilement son rappel, nc resta dans le Hanovre que pour dévorer de nouvelles humiliations, et retourna dans son pays, laissant au général Walmoden le soin de conclure une capi

tulation. Ses amis le défendirent faiblement; et les journaux ne l'épargnèrent point. Il reparut à la chambre des pairs pour déclamer violemment contre Bonaparte, et contre la France, cette prostituée de l'Europe (whore of the nations); il figura sans énergie sur les bancs de l'opposition; se fit remarquer par une tenue militaire, fort bizarre en temps de paix; et retomba de tout son poids dans cette nullité à laquelle la nature l'avait condamné, et dont il s'était vainement efforcé de sortir.

CAMBRONNE (LE BARON, PIERBE-JACQUES-ETIENNE), maréchalde-camp, commandant de la légion d'honneur, né, le 26 décembre 1770, à Saint-Sébastien, près de Nantes. Son père, honnête négociant, voulut d'abord le destiner au commerce; mais la mort de cet homme estimable laissant au jeune Cambronne le choix de sa profession, il se décida pour la carrière des armes. La révolution, qui promit tant de gloire à la France, ne pouvait manquer de trouver un partisan zélé dans un cœur jeune et ardent. Admis dans la garde nationale dès sa création, Cambronne y devint officier, puis s'enrôla comme grenadier dans les volontaires nationaux de Maineet-Loire, et fit, à l'âge de 20 ans, partie de la légion nantaise qui s'illustra par de grands succès contre les premières insurrections de la Vendée. D'utiles services lui méritèrent successivement les grades de sous-officier, d'officier et de capitaine, et l'on cite de lui des traits qui font honneur à son intrépidité. Comme tous les Fran

çais dignes de ce titre, l'officier Cambronne savait joindre l'humanité au courage : il cacha chez sa mère, pendant deux mois, le curé de Ville-l'Évêque, qui lui fut ainsi redevable de la vie. Capitaine dans la célèbre légion nantaise, sous les ordres du général Hoche, il arracha à la mort plusieurs émigrés pris les armes à la main lors de l'expédition fatale de Quiberon, en juillet 1795. Après la première pacification des départemens de l'Ouest, Cambronne entra dans les troupes réglées, et concourut à l'expédition d'Irlan de, où il donna de nouvelles preuves d'intelligence et de bravoure. Il fit ensuite les campagnes du Rhin dans le 46 de ligne. En 1799, dans la glorieuse campagne de Zurich, sous les ordres de Massé

na,

il contribua à la prise de cette ville, en enlevant une batterie russe avec sa compagnie de gre nadiers. Au combat de Paradis, où il n'avait que 80 hommes, il parvint à se faire jour à travers 3,000 Russes. En 1800, il commandait la compagnie de grenadiers dont faisait partie le brave La-Tour-d'Auvergne, qui venait d'être surnommé premier grenadier de France. Le 27 juin, ce héros ayant été tué d'un coup de lance à ses côtés, aussitôt ses camarades honorèrent Cambronne en voulant le nommer successeur au titre de premier grenadier de France, titre imposant qu'il eut le bon esprit de ne pas accepter. Lorsque la grande-armée passa le Rhin pour entreprendre la mémorable campagne qui a illustré le nom d'Austerlitz, Cambronne fut nommé chef de bataillon du 88me

régiment, sous les ordres du général Suchet, et justifia sa promotion par le courage et l'aptitude militaire qu'il déploya dans plusieurs circonstances aussi futil mis à la tête du corps des chasseurs de la garde impériale, après avoir fait les campagnes de Prusse et de Pologne. Il combattit aux batailles glorieuses d'Iéna et de Wagram, et passa de nouveau en Espagne, où la guerre de montagnes lui offrit encore de fréquentes occasions d'être utile. Ce ne fut qu'à cette époque que l'empereur, instruit du zèle et du courage de Cambronne, l'éleva au rang de colonel, et fut obligé d'employer une injonction formelle pour lui faire accepter un grade qu'une défiance exagérée de luimême lui faisait refuser. En 1813, revenu en Allemagne, il se distingua dans la campagne de Saxe, que la défection des Bavarois rendit aussi funeste que glorieuse pour la France. Après la bataille de Leipsick, il fit, dans les plaines de Hanau, une charge intrépide à la tête des chasseurs à pied de la vieille-garde. Aussi, dans la campagne de France, en 1814, Napoléon le chargea-t-il souvent, des entreprises les plus périlleuses. Il se fit remarquer, à la victoire de Craonne, où il fut blessé le 10 mars. Il contribua au gain de quelques autres affaires, et reçut plusieurs blessures dans les divers combats qui se donnèrent sous les murs de Paris. Le 12 avril, ces blessures le retenaient encore au lit, lorsqu'il apprit que Napoléon avait été contraint d'abdiquer, et allait se retirer dans l'île d'Elbe avec 400 hommes de la vieille

garde. Cambronne accepta le commandement de cette escorte, et fut,

son arrivée dans l'île, nommé gouverneur de Porto-Ferrajo. La police, l'instruction et le matériel de la garde, furent confiés à sa direction. Le 1er mars 1815, en débarquant au golfe Juan, Cambronne fut nommé commandant de l'avant-garde de l'armée Elboise, et le même jour il signa, en cette qualité, l'Adresse des géné raux, officiers et soldats de l'armée impériale, aux généraux, officiers et soldats de l'armée française. En s'emparant d'abord du bourg de Saint-Pierre, l'avantgarde publia, pour la première fois, cette adresse, qui produisit un effet si prodigieux partout où passait Napoléon à sa rentrée en France: elle entraînait sous ses drapeaux tous les militaires en corps ou même isolés qui se trouvaient sur sa route, ou dans les départemens qu'il traversait. Le 5 mars, Cambronne, à la tête de l'avant-garde, occupa Sisteron, puis Grasse, et quelques jours après, sans rencontrer le moindre obstacle, arriva à Lyon, où il entra au milieu des acclamations du peuple. En arrivant à Paris, Napoléon voulut récompenser le zèle de Cambronne, en lui conférant le grade de lieutenantgénéral. Mais il refusa encore une récompense qu'il ne croyait pas mériter, et n'accepta pas non plus le titre de comte que lui offrait l'empereur. Toutefois il fut élevé à la dignité de grand-officier de la légion-d'honneur, et accepta les fonctions de pair auxquelles il fut appelé le 2 juin. Cependant une armée française

s'apprêtait à repousser PEurope en armes, qui s'était coalisée pour envahir notre territoire. Cambronne partit le 13 pour Farmée, avec Napoléon, qui lui donna le commandement d'une division de la vieille-garde à pied. Dans la journée du 16, il combattit avec audace à Ligny sous Fleurus, où les Français restèrent maîtres du champ de bataille. Deux jours après, se donna la bataille de Waterloo, où la valeur de nos armées leur fut si funeste. Pendant toute la journée, les troupes commandées par Cambronne soutinrent le feu de l'ennemi et le choc impétueux des masses prussiennes et anglaises. Ce fut lorsque ces troupes, foudroyées de toutes parts vinrent à manquer de munitions, que Cambronne, sommé de se rendre pour sauver les débris de sa division, prononça ces mots, interprètes sacrés des sentimens et de la conduite de tant de braves La garde meurt, elle ne se rend pas. Cependant la trahison, devenue l'auxiliaire des étrangers, mit le désordre dans les rangs de l'armée française. Cambronne, blessé grièvement, tomba de cheval, et la perte de son sang lui ôtant la connaissance, il resta confondu parmi les morts. Revenu à lui, il fut enlevé avec les autres blessés pour être pansé on le transporta à Bruxelles, puis en Angleterre, où il demeura le temps nécessaire à sa guérison. Dès qu'il fut rétabli, désirant de rentrer dans sa patrie, et de revoir sa vicille et bonne mère, suivant ses propres expressions, il adressa au roi de France son adhésion et son serment de fidélité dans les termes sui

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vans: « Sire, major au 1 régiment » de chasseurs à pied de la garde, » le traité de Fontainebleau m'im » posa le devoir de suivre l'empe >> reur à l'île d'Elbe. Cette garde n'existant plus, j'ai l'honneur de » prier V. M. de recevoir ma sou>> mission et mon serment de fidé»>lité. Si ma vie, que je crois sans >> reproche, me donne des droits à >> votre confiance, je demande mon >> régiment. En cas contraire, mes » blessures me donnent droit à lá > retraite, c'alors je solliciterai, >> regrettant d'être privé de servir »ma patrie. Je suis, etc. » A l'ins tant même où Cambronne faisait cet acte de soumission, les ministres dont la fatale adminis tration prépara les calamités de 1815, inscrivaient son nom sur la liste des dix-neufgénéraux ou officiers qui, d'après l'ordonnance du 24 juillet, devaient être traduits devant des conseils de guerre, pour avoir attaqué le gouverne ment royal à main armée. Lors que le traité de Paris du 20 novembre vint rendre la liberté à Cambronne, il aurait pu fixer sa demeure en Angleterre, ou se retirer aux États-Unis d'Amérique, afin d'éviter les chances au moins douteuses d'un jugement que l'époque désastreuse de 1815 pouvait lui rendre si fatal. Mais impatient de revoir la France, il prit la résolution hasardeuse dé venir y demander des juges. Parti d'Angleterre, il débarqua à Calais, où le commandant de la place lui donna un officier pour l'accompagner à Paris. Là il se présenta au général Despinois, qui le fit conduire à l'Abbaye, où il resta détenu plusieurs mois avec le gé

néral Drouot, ce brave sublime et modeste, qui ne s'est jamais démenti. Le 26 avril 1816, Cambronne, assisté de Me Berryer fils, avo cat, comparut devant le premier conseil de guerre, qui l'acquitta å l'unanimité. Le commissaire du roi, M. Duthuis, se fondant sur ce que le rapporteur, M. Delon, avait paru, contre l'usage, défendre lui-même l'accusé, crut devoir empêcher sà mise en liberté, et appeler dè ce jugement devant un conseil de révision. Mais, le 4 mai suivant, ce conseil confirma le jugement, et Cambronne devint libre. Dans le courant du même mois, on publia, in-8°, le Procès du général Cambronne, contenant toutes les pièces, interrógatoires, débats, etc. Le générat Cambronne commande la place de Lille en Flandre depuis deux

ans.

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CAMBRY (JACQUES), membre de plusieurs sociétés littéraires, fondateur et président de l'académie celtique, naquit à Lorient, en 1776, et mourut à Cachant, près de Paris, le 50 décembre 1807. Il occupa, pendant la révolution, diverses places, fut président du département du Finistère, après avoir été administrateur de celui de la Seine. Nommé, par le premier consul, préfet du département de l'Oise, en 1800, il resta dans ce pays l'espace de deux ans. Cambry a publié divers ouvrages, dont les plus remarquables sont : Voyages dans le Finistère, en Suisse et en Italie; les Monumens celtiques; Description du département de l'Oise.

CAMET - DE - LA - BONAR – DIÈRE (J. P. G.), nommé à la

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