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ve et neveu du précédent, naquit en décembre 1775. Il entra de bonne heure dans la marine, et n'avait que 25 ans lorsqu'il fut fait capitaine de frégate. Marchant sur les traces de son oncle, il fut plus destructeur que brave; il était l'un des chefs et l'exécuteur de l'épouvantable machine infernale de l'île d'Aix, du 12 avril 1809. Quinze cents barils de poudre, 400 bombes chargées de fusées à la Congrève, et plus de 3000 grenades, furent employés à cet horrible artifice. Jamais explosion n'avait été aussi terrible, et jamais tant de bruit ne fit si peu d'effet; lord Cochrane voulait incendier d'un seul coup la flotte française, et son but fut manqué. Alors l'Amiral Gambier, qui commandait l'escadre anglaise, donna l'ordre d'attaquer; lord Cochrane regagna son bord, furieux d'avoir vu son projet réduit en fumée ; il lança des Congrèves sur les vaisseaux français, et parvint à en brûler trois. Cette victoire fut célébrée, à Londres, d'une manière éclatante; le courage de Cochrane et le génie de Congrève étaient élevés jusqu'aux nues, et le gouvernement, pour récompenser dignement lord Alexandre, le nomma chevalier du Bain. Élu précédemment membre de la chambre des communes par la cité de Westminster, il n'y avait fait aucun discours, ni aucune motion remarquables; les discussions parlementaires n'étaient point assez bruyantes pour le fulminant lord Cochrane.

COCHRANE (THOMAS, dit LORD), de la même famille que les précédens, n'a guère de ressem

blance avec eux que le nom. Capitaine de vaisseau, chevalier du Bain et membre du parlement, il se disposait à s'embarquer sur le Tonnant, lorsqu'il fut arrêté et traduit devant la cour du banc du roi. Il était accusé d'avoir répandu de fausses nouvelles, en annonçant de grandes victoires remportées sur Napoléon par les armées coalisées; ce bruit ayant fait hausser les fonds à la bourse, il en avait vendu une quantité considérable achetée la veille à trèsbas prix. Les ruses employées par le noble lord, pour obtenir le résultat qu'il en espérait, ayant été couronnées du succès, furent jugées criminelles, et il fut condamné à un emprisonnement d'un an, à l'exposition publique au pilori, pendant une heure sur la place de la bourse, et à 1000 livres sterling d'amende. Le roi lui fit grâce de l'exposition, mais il n'en fut pas moins dégradé de sa qualité de chevalier et chassé du parlement. Il parvint à s'échapper de sa prison, au mois de mars 1815, sans avoir payé l'amende. La ville de Westminster ne jugeant lord Thomas que sous le rapport de ses opinions et non sous celui de son prétendu crime, le renomma son représentant au parlement. Il se rendait à la chambre des communes, six jours après son évasion, lorsqu'il fut arrêté de nouveau et traduit aux assises de Guilfort, au mois d'août 1816. Sir Francis Burdett, son collègue, l'accompagnait. Lord Cochrane fut condamné, et les jurés l'ayant recommandé à la clémence royale: « Je demande justice, et non pas grâce, leur

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» dit-il.» Assigné à comparaître encore devant la cour du banc du roi, et condamné une seconde fois à une amende qu'il ne put ou ne voulut pas payer, on le conduisit en prison. Cette amende fut néanmoins payée par le produit d'une souscription où chaque contribuable ne pouvait pas apporter plus de 2 pences (2 sols). Fatigué du régime constitutionnel de l'Angleterre, lord Cochrane est allé chercher en Amérique la liberté qu'il paraît tant aimer. Il y sert la cause des indépendans, de sa bourse, de son épée et de ses conseils.

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COCKBURN (SIR GEORGES), amiral anglais. Le nom d'Erostrate est parvenu jusqu'à nous; celui de Georges Cockburn arrivera de même aux générations futures, qui, sans doute, n'apprendront pas sans horreur que, dans la 14 année du 19 siècle, cet amiral anglais incendia les principaux édifices de la ville de Washington, et notamment la bibliothèque du congrès des États-Unis d'Amérique. Sir Georges Cockburn n'était pas seul dans cette déplorable expédition:il avait pour compagnon d'armes un autre sir anglais, Alexandre Fonester Cochrane (voyez son nom). Sir Georges a un titre plus honorable à la célébrité : c'est celui d'avoir commandé le vaisseau qui porta Napoléon à Sainte-Hélène, et de n'avoir point exagéré, comme sir Hudson Lowe, le rôle odieux et cruel de geôlier. Sir Georges Cockburn a publié la relation de son voyage à Sainte-Hélène.

CODRIKA (PANAGIOTIS), né à Athènes, vint à Paris vers l'année 1800, avec le titre de secré

taire-interprète de la légation ottomane. Quoique rappelé par sa cour, il resta à Paris et reçut du gouvernement français une pension de 6,000 francs, qui lui a été continuée. M. Codrika est connu par une traduction en grec moderne des Mondes de Fontenelle (Vienne, 1794); par des Observations sur l'opinion de quelques hellénistes, touchant le grec moderne (in-8°, 1803), et des Observations sur le Voyage en Grèce de Bartholdy (insérées dans le Magasin encyclopédique). Mais M. Codrika est plus connu encore par son inconcevable persévérance à attaquer le savant et respectable M. Coray (voyez COBAY), qui jouit en France, comme parmi ses compatriotes, d'une estime bien méritée. M. Codrika a publié contre M. Coray plusieurs pamphlets, où il cherche à prouver que M. Coray ne sait pas sa langue, et que ses opinions sont celles d'un jacobin. Mais l'ouvrage dans lequel M. Coray est le plus violemment maltraité a pour titre : Étude du dialecte commun de la langue grecque, écrit en grec moderne et dédié à l'empereur Alexandre (un gros vol. in-8°, 1818). Dans cet ouvrage M. Codrika ne se contente pas

de donner à M. Coray le titre de jacobin, et le titre non moins insultant de philosophe, il l'appelle encore apostat, hérésiarque, et le compare à Arius. Cette disposition passionnée lui a porté malheur dans la composition de son ouvrage, que ses compatriotes lettres ont jugé un fatras pédantesque, une compilation sans ordre, écrite dans un style guin

dé et déclamatoire. Parmi ses juges nationaux on remarque les éditeurs du Mercure grec, de l'Abeille grecque, et l'auteur d'un excellent mémoire sur les différens peuples de la Turquie d'Europe (inséré dans les Annales des Voyages de M. Eyriès, cahiers de 1820). M. Codrika s'est fait le principal collaborateur d'une feuille publique (la Calliope), écrite en grec moderne; et publiée à Vienne en Autriche, sous les auspices des amis de la sublime Porte. Dans un des cahiers de 1819, il a eu l'inexcusable tort d'outrager la nation grecque en général, d'insulter M. Coray en particulier, et d'avancer que « la » SOCIÉTÉ PHILANTROPIQUE de Pa» ris est un club démagogique qui » a pour caractère la fureur, et » pour résultat le désordre.......» Il est assez singulier que M. Codrika, qui habite Paris depuis 1800, ne connaisse pas mieux une société uniquement consacrée à la bienfaisance, une société mère de toutes les sociétés de charité de la France.

COEHORN (LOUIS-JACQUES, BARON DE), général de brigade, commandant de la légion-d'honneur, et commandant de l'ordre royal militaire de Bavière, naquit à Strasbourg le 13 janvier 1771. Il entra au service, en 1783, et fut nommé sous-lieutenant l'année suivante. Coehorn, l'un des plus intrépides soldats de l'armée française, officier à 13 ans, aurait dû sans doute parvenir aux grades les plus élevés; mais plus jaloux de sa gloire que de sa fortune, ce brave savait mériter des récompenses, et ne connaissait

guère les moyens de les obtenir. Il était lieutenant au commencement de la révolution. On ne se battait point encore en Europe; il permuta avec un officier de son régiment, pour aller faire dans la Guiane les campagnes de 1792 et 1793. Le relâchement de la discipline, pour laquelle il s'est montré constamment sévère, excita son indignation; il s'éleva contre les agitateurs, qui le firent destituer. Renvoyé en France Coehorn ne s'amusa point à perdre le temps en vaines réclama→ tions; à son arrivée à Brest il alla rejoindre l'armée des côtes de l'Ouest, où il servit pendant six mois comme simple volontaire. Tant d'héroïsme ne pouvait être méconnu : le général en chef Hoche fit réintégrer Coehorn dans son grade de capitaine, et l'employa comme adjoint aux adjudans-généraux. Il passa l'année suivante, et l'an 3, à l'armée de Rhin-et-Moselle; à celle du Rhin en l'an 4, et il trouva les occasions de se distinguer dans toutes les affaires de cette campagne difficile. Coehorn avait reçu un sabre d'honneur du général Moreau; en l'an 5, il fut nommé chef de bataillon, et passa en l'an 6 à l'are mée des côtes de Cherbourg, comme aide-de-camp du général Decaen, qu'il suivit en l'anà l'armée du Danube. Il se fit remarquer dans cette campagne à l'affaire d'Osterach, où il sauva un bataillon et une compagnie de dragons, et se signala le 5 germinal à celle de Lephingen, où il fut grièvement blessé. Nommé chef de brigade et adjudant-général le 3 fructidor, il fut chargé du commandement

de la ligne du Rhin depuis Strasbourg jusqu'à New-Brisack. Dans la campagne de l'an 8, il commanda l'avant-garde de la division Delmas, rendit des services importans, à Engen, à Moeskirch, a Néresheim, où il culbuta la nombreuse cavalerie autrichienne; enfin à Neubourg, où il sauva la division Montrichard. En 1805, une nouvelle coalition se forma contre la France; Coehorn, dès l'ouverture de la campagne, à Nied, fit prisonniers avec 4 chasseurs seulement un officier et 60 Russes. A Lambach, il coupa la retraite à deux bataillons autri chiens, et servit utilement à Austerlitz le général commandant la division dont il faisait partie. De simples blessures ne suffisaient point pour faire abandonner à Coehorn le champ de bataille : à Iéna, il en reçut plusieurs sans le quitter; mais une balle qui l'atteignit au front à l'affaire du 13 décembre, le contraignit à se retirer, et à prendre quelque repos. Nommé le 21 mars 1807 général, avec le commandement d'une brigade de grenadiers et voltigeurs réunis, il se montra digne de commander ces premiers soldats du monde, à l'affaire du 5 mai et de Friedland. La paix de Tilsitt donna peu de repos à ces braves; bientôt ils marchèrent contre l'Autriche, qui venait de déclarer la guerre la plus injuste à la France. Coehorn s'immortalisa le 3 mai 1809 à l'affaire d'Ebersberg, où, à la tête de sa brigade, il força le passage de la Traun, défendu par 40,000 Autrichiens. Sur le champ de bataille même, l'empereur lui dit ces paroles flatteuses: Ce

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passage vaut celui du pont de Lodi. Le héros d'Ebersberg rendit des services importans aux batailles d'Esling et de Wagram. C'est le lendemain de cette journée mémorable que, pour exciter dans le cœur de son fils les nobles sentimens qui l'animaient, il écrivait : « Dites-lui que les soldats français sont les plus braves de l'univers. » A peine cette campagne terminée, le général Coehorn partit pour l'Espagne; mais sa santé, affaiblie par les fatigues et par de nombreuses blessures, ne lui permit pas d'aller au-delà de Pampelune. Il revint en France, où les douleurs les plus cuisantes le contraignirent de séjourner pendant les années 1811 et 1812; mais en 1813 il n'écouta que les dangers de la patrie, alla rejoindre à Erfurt l'empereur, qui l'accueillit avec toute la distinction que méritait sa bravoure, et lui donna le commandement des troupes de la marine, qu'il dirigea à la bataille de Lutzen. A Bautzen, il fit des prodiges avec une brigade de jeunes soldats, et reçut deux blessures sans ne s'éloigner du champ de bataille que le temps nécessaire pour les panser. A Leipsick, l'intrépide Coehorn, dont le courage s'était accru avec les périls, étonnait ceux qui le connaissaient le mieux, lorsque, vers la fin de la bataille, il fut frappé d'un boulet qui lui fracassa la jambe. Coehorn ne désirait point survivre à la gloire des armes françaises. Il supporta l'amputation avec fermeté, quoique avec répugnance; sa plaie fut même jugée très-belle quelques jours après l'opération: mais ce n'était

point là qu'il avait reçu le coup mortel; il prévoyait tous les maux qui allaient accabler la France; son cœur en était déchiré; et l'amour de la patrie, plus que le feu de l'ennemi, termina une vie entièrement consacrée à la gloire, le 29 octobre 1813.

COFFINHAL (JEAN-BAPTISTE), naquit à Aurillac, département du Cantal, le 1 avril 1746. Il avait d'abord embrassé la profession de médecin; il l'abandonna pour la jurisprudence, et il était homme de loi à Paris lorsqu'il fut nommé vice-président du tribunal révolutionnaire créé le 11 mars 1793. Ce juge redoutable et cruel possédait la force et le regard d'un lion, il avait une haute stature, le caractère atrabilaire, les sourcils larges et noirs, et ne riait jamais, pas même quand il prononçait quelque sentence de mort; cependant il était rare alors qu'il n'adressât pas au condamné une plaisanterie ou un sarcasme accompagné d'un regard ironique. Le savant Lavoisier, condamné à mort, implore un sursis de quinze jours pour terminer un ouvrage précieux: le président Conffinhal le lui refuse, en disant que la république n'a plus besoin de savans ni de chimistes. Ce trait suffit pour peindre cet homme épouvantablement célèbre. Mis hors la loi aug thermidor, et se trouvant enfermé à l'Hôtel-de-Ville avec Henriot, commandant de la garde nationale, il eut dispute avec lui, et le jeta par les fenêtres. Coffinhal parvint à s'échapper d'entre les mains des soldats envoyés contre les conjurés; il trouva un refuge dans l'île des Cygnes; mais il n'y

trouva pas de pain. Après avoir passé deux jours sans manger, il en sortit tombant d'inanition, et prit le parti de s'adresser à un homme qu'il supposait son ami, parce que, dans d'autres temps, il l'avait obligé. L'ingrat mais utile citoyen, au lieu de secourir Coffinhal,lelivra à la justice. Conduit à la Conciergerie, le tribunal criminel ordinaire reconnut l'identité de la personne, prononça la condamnation à mort, ou plutôt confirma la mise hors la loi, et Coffinhal fut conduit à l'échafaud. Il y alla avec une impassibilité et une espèce de stoïcisme qui provenaient peut-être de l'anéantissement auquel le malaise et la faim, qu'il avait soufferts pendant deux jours, avaient réduit ses facultés physiques.

COFFINHAL-DUNOYER (JoSEPH, BARON), est autorisé, par une ordonnance royale, à ne plus porter le nom de Coffinhal, et à ne conserver, par conséquent, que celui de Dunoyer, ce qui prouve que, quoique frère du précédent, il n'a partagé ni ses erreurs ni ses crimes. Né à Aurillac, le 11 février 1757, il embrassa avec sagesse les principes de la révolution. Il se livra à l'étude des lois, et fut nommé juge à la cour de cassation, lors de la création de ce tribunal. M. Cof→ finhal a toujours joui de la considération et de l'estime des gens de bien l'empereur Napoléon lui a donné différentes preuves de sa confiance; il l'a nommé plusieurs fois président du collége électo al du département du Cantal, et l'avait chargé de l'organisation de la justice et des tri

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