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let1793,près de l'armée desArdennes. Bientôt rappelé, M. Calès ne prit aucune part aux horreurs de cette malheureuse époque, et reçut, après la chute de Robespierre, l'honorable mission d'aller rétablir le règne des lois dans le département de la Côte-d'Or. Il s'y conduisit avec la plus sage modération, et mérita les mêmes éloges au comité de sûreté générale, dont il fit partie lors de son retour à la convention. Au 13 vendémiaire, il se déclara çontre les -sections rebelles, et fit, à la tête de la force armée, évacuer la salle, où se réunissait la section du Théâtre-Français. Élu membre du conseil des cinq-cents, avec les deux tiers conventionnels, M. Calès fit partie de la commission des inspecteurs pendant la révolution du 18 fructidor, sortit de l'assemblée en 1798, et vécut dans la retraite sous le gouvernement de Napoléon. Au mois de mai 1815, la nation, libre dans ses choix, se fit en général représenter par des citoyens vertueux, que les faveurs des souverains n'avaient point corrompus. M. Calès fut de ce nombre; aussi peu de temps après, compris dans la loi d'amnistie du 16 janvier 1816, il fut contraint de se retirer en Suisse.

CALLEJAS (DON FÉLIX), général espagnol, commandait, en 1810, dans le Mexique, la garnison établie à San-Louis du Potose, lorsque Hidalgo souleva les peuples de ces contrées. Ce chef redoutable, à la tête d'une armée de 80,000 hommes, composée d'Indiens, de Créoles, et de quelques troupes réglées, après s'être emparé, à la suite de divers suc

cès, de la place de Toluca, marchait sur Mexico, où régnait déjà la plus grande fermentation; et il était prêt à donner l'assaut à cette ville, lorsqu'il fut lui-même attaqué dans son camp, par Callejas. Ce général n'avait que 7,000 hommes, dont la moitié seulement était européenne. Cependant il parvint, par la supériorité de ses manœuvres, à mettre en fuite les patriotes, dont il fit un grand carnage. Il se mit à leur poursuite, s'empara d'un défilé qu'ils avaient fortifié, et leur prit 25 pièces de canon. Bientôt il les attaqua dans Guanaxoato, où ils s'étaient retranchés ; la place fut emportée d'assaut, malgré la plus vigoureuse résistance. Mais Callejas ternit l'éclat de ces brillans faits d'armes, par l'atrocité de sa conduite. Pendant deux heures il mit la ville au pillage, et donna l'ordre de fusiller une foule d'officiers prisonniers, et de citoyens. Au nombre de ces derniers, se trouvait le célèbre minéralogiste Chovel. Il publia un décret, portant peine de mort, contre tous les individus qui se rassembleraient plus de trois, ou qui ne rendraient pas leurs armes dans les vingt-quatre heures. Ces mesures cruelles furent loin d'atteindre le but que le général royaliste se proposait; elles ne firent au contraire que fortifier le parti républicain. Hidalgo parvint à rallier son armée, et se retira en bon ordre à Guadalaxara, ville immense, située à 50 lieues de Mexico. Plusieurs provinces se soulevèrent en même temps, et particulièrement la ville de Somblai, de laquelle les

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républicains tirèrent 43 pièces de canon. Callejas fit aussitôt marcher sur Zamora le général Crux, qui battit un corps insurgé, et s'empara de la ville de Valladolid, où il mit à exécution le système sanguinaire du général en chef. Celui-ci se porta lui-même vers Guadalaxara, où Hidalgo s'était retranché sur un plateau défendu par 130 pièces de canon. L'intrépide Callejas se précipite, à la tête de sa cavalerie, les batteries, qu'il enlève à l'arme blanche. Le brave Hidalgo trouva la mort dans une charge, qu'il exécuta lui-même. Son armée fut mise en déroute, et le général espagnol remporta une victoire complète, qu'il déshonora encore par ses cruautés. Par suite de cette bataille, la forteresse de Zitaquaro fut bientôt attaquée ; elle fut prise d'assaut, et ses défenseurs furent tous passés au fil de l'épée. Un décret de Callejas acheva de soulever la nation entière, et dès-lors la liberté fut assurée. Quoique la conduite des Espagnols, pendant tout le temps de cette guerre, soit parfaitement connue, nous pensons qu'il ne sera pas inutile de rappeler les principales dispositions de ce décret. « Les Indiens du Zita>>quaro (portait-il) et de son dé»partement, seront privés de leurs » propriétés...... Ces propriétés confisquées, ainsi que celles des >> Américains méridionaux, qui » ont pris part à l'insurrection, qui » ont accompagné les rebelles dans » leur fuite, ou qui ont quitté la » ville à l'entrée des troupes du » roi, appartiendront au trésor » public. Si ceux qui sont com

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»pris dans ce décret veulent se présenter devant moi, donner »des preuves de leur repentir, et » travailler à la réparation des » routes, ils recevront leur par» don, mais leurs propriétés ne >> leur seront point rendues. Atten>> du que les habitans de cette vil»le criminelle détestent le gou>> vernement monarchique; qu'ils >> ont soutenu trois engagemens »avec les troupes du roi ; qu'ils >> ont planté sur des poteaux, à »>l'entrée de leurs murs, les têtes » de plusieurs de nos chefs morts >> en sacrifiant leur vie pour le >> bien public; tous les bâtimens » de Zitaquaro seront rasés, ou >> bien détruits par le feu..... Il >> est expressément défendu de ré» tablir la ville de Zitaquaro, ou >> toute autre qui pourra être dé>> truite à l'avenir, pour avoir » participé à la rébellion. » Le désespoir ranima les insurgés; partout ils se réunirent, et formèrent deux corps de guérillas, sous les ordres de Villagran, de Rayou, et de plusieurs autres officiers, avec lesquels ils firent un mal incalculable aux Espagnols. Bientôt ils eurent proclamé la liberté dans presque toutes les provinces du Midi; et ils avaient établi leur quartier-général à Quantla-Amilpan, à 25 lieues de Mexico, lorsqu'ils furent attaqués par Callejas, qui venait de recevoir du renfort de la métropole. L'intrépide prêtre Morelos, qui avait été nommé chef souverain du pouvoir-exécutif, défendit la place avec tant d'opiniâtreté, qu'après un assaut de six heures, il contraignit l'ennemi à se retirer. Callejas ne fut point rebuté par cet

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échec; il fit aussitôt ses dispositions pour assiéger régulièrement Quantla-Amilpan, et enfin il força par la famine les habitans et la garnison à abandonner la ville, après avoir donné les preuves de la fermeté la plus étonnante. <«< Leur enthousiasme, écrivait lui» même le général espagnol, pen»dant le siége, est sans exemple; »> nous les entendons continuelle>>ment jurer qu'ils s'enterreront » sous les ruines de la place, plu» tôt que de la livrer. Ils dansent >> autour des bombes qui viennent >> de tomber.... Morelos donne ses >> ordres d'un ton prophétique, et quels qu'ils soient, ils sont tou»jours ponctuellement exécutés. >>Quelque peine et quelque fa>>tigue qui puissent nous en coû»ter, ajoutait-il, nous précipite>> rons cette ville et ses habitans, >> dans le fond de l'enfer. » Tout en rendant justice à la valeur des républicains, le général espagnol n'en conserva pas moins sa férocité; il se mit à la poursuite des fugitifs, dès qu'il fut instruit de leur départ, et il en massacra un grand nombre, malgré les troupes réglées qui firent des prodiges de courage dans cette retraite. La guerre continuait avec des succès variés, et Callejas avait obtenu pour récompense de ses services la vice-royauté du Mexique, lorsqu'en octobre 1815, une division espagnole fit prisonnier, après l'avoir battu, le brave Morelos, qui était allé recevoir des munitions, que lui apportaient le colonel Toledo et l'exgénéral français Humbert. Insensible aux instances comme aux menaces du congrès, qui lui avait

déclaré qu'il agirait de représailles sur sa personne, s'il tombait en leur pouvoir, le vice-roi, après avoir fait dépouiller Morelos des ordres ecclésiastiques, le fit sortir de la capitale, dont il craignait les habitans, et conduire à Šan-Christoval, où ce respectable chef fut lâchement fusillé par derrière. Une amnistie, que Callejas publia, n'empêcha point la guerre de continuer jusqu'en 1816, époque à laquelle l'Espagne, qui ne voyait d'autre résultat dans le système de destruction qu'elle avait adopté, que d'augmenter les forces du parti républicain, crut devoir confier la vice-royauté à un hom me plus modéré. D. Juan R. d'Apodaca remplaça dans ces fonctions Callejas, qui, en 1817, s'embarqua pour revenir en Espagne.

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CALLET (JEAN-FRANÇOIS), professeur d'hydrographie, naquit à Versailles le 25 octobre 1744, et mourut à Paris le 14 novembre 1798. D'excellentes études l'ayant mis à même de faire des progrès dans plusieurs sciences, il manifesta de bonne heure son goût pour les mathématiques. Venu à Paris en 1768, il y resta jusqu'en 1788, époque où il obtint une chaire d'hydrographie à Vannes. Pendant cet espace de temps, il avait formé, pour l'école du génie, un grand nombre d'élèves d'un mérite reconnu; avait remporté, en 1779, le prix sur les Echappemens, proposé par la société des arts de Genève, et avait terminé, en 1783, son édition des Tables de Gardiner. En 1792, Callet alla de Vannes à Dunkerque, en qualité de professeur des ingé

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nieurs-géographes. En 1795, il re vint de nouveau à Paris, où depuis il a constamment joui d'une grande considération comme professeur de mathématiques. Il conçut l'idée d'une langue télégraphique, dont les signes s'adaptefaient à douze mille mots français, dont il proposait de faire un dictionnaire, Il adressa ce plan à l'institut vers la fin de 1797. Bien que sa santé allât toujours en décroissant, il publia, peu de temps avant sa mort. son Supplemant à la Trigonomé trie sphérique et à la Navigation de Bezout.

CALOIGNE (N.), sculpteur célèbre parmi les élèves couronnés de l'académie de Bruges, est né dans cette ville. Caloigne étant venu à Paris pour terminer seg études, remporta le grand prix en 1806, ce qui lui fit obtenir la faveur d'aller à Rome aux frais du gouvernement. Ce fut dans cette ville, où il demeura plusieurs années, qu'il fit son 4phrodite, petite figure d'une correction parfaite, que ses formes élégantes et gracieuses rendent admirable. Ce chef-d'œuvre est l'un des ornemens du salon des arts à Gand. M. Caloigne, résidant à Bruges, y occupait encore, en 1819, la place d'inspecteur des travaux publics.

CALON(ÉDOUARD-NICOLAS DE), chevalier de Saint-Louis. Il était officier-général quand la révolution commença. Il accepta aussitôt la place d'administrateur dans le département de l'Oise, et, au mois de septembre 1791, il fut nommé à l'assemblée législative. Il se joignit dès lors aux adversaires de la cour, mais avec une mo

T. IV.

dération qu'il démentit plus tard: quelquefois cependant il se plaignait qu'on n'accueillît pas convenablement les rapports et les communications des ministres. Ce fut lui qui, le 10 août, dans la loge du logographe, où se trouvait Louis XVI, le conjura d'éloigner certains personnages qui l'avaient suivi : il disait que le peuple les regardait comme suspects, et qu'il pourrait recourir à la violence pour les arracher d'auprès du roi. Ce député sacrifia sa croix de Saint-Louis en faveur des veuves et des orphelins dont le malheur était une suite de la journée du 10 août. Élu membre de la convention, il fit partie du comité militaire. Il siégea du côté de la Montagne; et, dans le procès de Louis XVI, il vota la mort sans sursis et sans appel. Lorsque cette assemblée eut terminé ses séances, M. Calon reprit du service avec le titre d'adjudant-général ; mais depuis le 18 brumaire, il a vécu dans la retraite.

CALONNE (CHARLES-ALEXANDRE DE), contrôleur-général des finances, naquit à Douai le 30 janvier 1734. Son père était premier président. Destiné à le remplacer à la tête du parlement de sa province, il fut envoyé trèsjeune encore à Paris, où il fit des études brillantes, présage des talens qu'on lui reconnut plus tard. Mais de tels succès, peu importans en eux-mêmes, doivent influer sur le caractère à l'entrée de la vie. Peut-être commencèrentils à inspirer au jeune de Calonne cette confiance en lui-même, qui devait un jour l'égarer dans l'administration des intérêts de

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l'état. Cet abus de la facilité de son esprit, cette audace imprévoyante hâta la catastrophe inévitable qui affligea la France en la régénérant, mais qui la couvrit de gloire dès que les autres cabinets eurent arrêté qu'elle serait rayée du nombre des grandes puissances. Peu de temps après s'être consacré au barreau, M. de Calonne avait été nommé avocatgénéral au conseil provincial d'Artois. Il fut ensuite procureurgénéral au parlement de Douai; et, sous le titre de maître-des-requêtes, il entra au conseil-d'état. Comme il s'était fait un nom dans les démêlés qui avaient eu lieu entre le parlement et le clergé, on le choisit pour remplir les fonctions de procureur-général de la commission nommée dans l'affaire du duc d'Aiguillon, commandant de la Bretagne et de La Chalotais, procureur-général du parlement de cette province. Il crut conforme aux intérêts de son ambition de prendre le parti du ministère, et ce dévouement alla même jusqu'à lui attirer le reproche d'avoir abusé de la confiance de La Chalotais, en communiquant au garde-des-sceaux une lettre dont il n'avait pas le droit de faire un semblable usage. M. de Calonne repoussa cette accusation, que d'ailleurs on oublia dès qu'on vit l'affaire jugée avec plus d'indulgence que ne l'avait prétendu la

cour.

Après avoir été durant 15 années intendant à Metz, puis à Lille, M. de Calonne remplaça, en 1783, M. d'Ormesson, au contrôle - général des finances. Soutenu par la cour, et par M. de Vergennes, ministre des affaires étrangères,

il l'emporta sur tout le parti de la magistrature, et sur le garde-dessceaux Miromesnil. Mais après avoir surmonté toutes ces difficultés, il en rencontra de plus grandes encore dans le ministère qu'il avait désiré si ardemment. Il parut entreprendre de se les déguiser à lui-même : se souciant peu des besoins du peuple, et se dispensant de soulager la détresse générale, il se proposa surtout de conserver sa place, et il voulut éblouir par la prospérité apparente du trésor, les hommes dont l'appui lui était nécessaire. Il trouva d'abord les moyens de satisfaire l'avidité de la cour: ne refusant ni pensions,ni gratifications, il n'entendit que des louanges. Il paya les dettes des princes. On solda l'arriéré; on acheta SaintCloud et Rambouillet, on soutint le cours des effets publics, et même on entreprit la refonte des

monnaies c'est avec cette vanité, c'est avec ce charlatanisme qu'on achève de renverser les empires. On cachait l'état des choses, mais on ne le change ait pas. On augmentait le mal qu'avaient fait d'année en année la faiblesse des monarques, l'égoïsme de la noblesse, et la connivence des ministres en un mot, on décidait la révolution. Bientôt il ne fut plus possible d'ajouter aux impôts; et quant au crédit, huit cents millions empruntés par un esprit si fécond en funestes ressources, en amenèrent la chute totale. Après quatre années d'administration, l'imprudent ministre se vit réduit à provoquer lui-même, non pas la convocation des états-généraux, mais celle d'une assemblée

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