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ne, par Banow, 3 vol. in-8°; d'un voyage fait par l'ordre de l'impératrice Catherine II, dans le nord de la Russie, par le comodore Billings, 2 vol. in-8°; et d'un roman de Marshall, intitulé Edmond et Éléonore, ce qui fait, dans l'espace d'environ quinze années, près de quarante volumes. M. Castera a coopéré, en 1773, à la rédaction du Mercure de France; il publia, en 1785, un recueil d'odes. Le plus célèbre de ses ouvrages, est l'Histoire de Catherine II, impératrice de Russie, en 3 vol. in-8°. Dans son rapport sur les livres admis au concours pour le prix décennaux, en 1810, l'institut signala cette histoire comme un ouvrage estimable, par une narration élégante et facile, mais en même temps comme peu exact et souvent partial. Les circonstances politiques ont dû influer sur ce jugement. Il est difficile de justifier, sous le rapport des mœurs, Catherine, surnommée la Grande. N'est-ce pas assez que, par l'avantage de leur position, les auteurs de ces grands attentats politiques soient hors de l'atteinte de la justice contemporaine, et leur mémoire du moins ne doit-elle pas rester justiciable de la postérité ?

CASTEX (LE BARON BERTRANDPIERRE), lieutenant-général, commandant de la légion-d'honneur, l'un des bons et braves officiersgénéraux de l'armée française, naquiten Languedoc le 29juin 1771. Sa carrière militaire commença avec la révolution. Entré fort jeune encore comme simple soldat dans le régiment de chasseurs à cheval, sa bonne condui

te, ses talens, le poussèrent successivement jusqu'au grade de major. Les brillantes charges qu'il exécuta à la bataille d'Iéna, à la tête de son régiment, l'ayant fait remarquer, Napoléon le nomma colonel du 20 régiment de la même arme, où il venait de s'illustrer par sa bravoure. Le baron Castex ne se distingua pas moins aux batailles d'Eylau et de Friedland; ce fut là qu'il mérita les titres d'officier et de commandant de la légion d'honneur. Nommé général de brigade en 1808, il donna des preuves réitérées de sa valeur dans la campagne de Russie, en 1812, notamment à Ostrowno et à Polotsk. Le général Castex rendit de nouveaux services devant Dresde, les 26 et 27 août 1813; les bulletins d'alors le signalèrent de la manière la plus honorable. Il se trouva encore à la fameuse journée de Leipsick, d'où, après avoir vaillamment combattu, il se retira sur Anvers. Il défendit vivement les abords de cette place contre la cavalerie ennemie, jusqu'au moment où it fut contraint de s'y renfermer. Castex rentra en France avec la garnison d'Anvers; il ne fut point compris dans le nombre des généraux employés par Louis XVIII, il en reçut néanmoins la croix de Saint-Louis. Lorsque Napoléon reparut en 1815, le lieutenant-général Castex eut le commandement d'une division du corps d'armée du Jura sous les ordres de Lecourbe il établit son quartiergénéral dans la petite ville de Mulhausen. Le général Castex commande depuis trois ans le département du Haut-Rhin.

CASTI (JEAN-BAPTISTE). Après avoir fait ses études au séminaire de Montefiascone, il y fut professeur, et il ne tarda pas à être nommé chanoine de la cathédrale de cette ville. Dans un voyage à Florence, il se lia étroitement avec le duc de Rosemberg, le gouverneur du prince Léopold, qui fut depuis empereur d'Autriche. Cette circonstance engagea l'abbé Casti à se rendre à Vienne, où l'empereur Joseph II l'accueillit honorablement, et l'admit plusieurs fois à des entretiens particuliers. L'abbé Casti songeait peu à s'élever, mais il était jaloux de s'instruire; il profita de la faveur que lui obtenait déjà son mérite pour visiter diverses cours de l'Europe. Sans fonctions, sans titres particuliers, il y était introduit comme attaché à l'ambassade de Vienne. Son unique intention était d'étudier les hommes, d'observer les intrigues des courtisans, et les tristes ressorts de la politique des cabinets: il rassemblait ainsi les matériaux du poëme qui a fait sa célébrité. Après avoir vu, entre autres cours, celles de Pétersbourg et de Berlin, et même le divan; après avoir reçu de Catherine II des témoignages d'estime, il revint à Vienne, où le duc de Rosemberg obtint pour lui une place qui existait alors, et qui donnait un titre bizarre, celui de poëte de l'empereur, Poeta Cesareo. Casti succédait à Métastase. Après la mort de Joseph II, il demanda sa retraite; il se retira à Florence, où il commença son grand poëme, et acheva une partie de ses autres ouvrages. En 1798, il vint à Pa

ris, où il termina sa carrière, cinq ans après, à l'âge de 82 ans. Il ne ressentait aucune des infirmités que donne ordinairement la vieillesse; mais un jour, au sortir du diner, il fut saisi par le froid, et frappé d'une attaque subite à·laquelle il succomba. Doué des qualités les plus précieuses, il fut regretté de tous ceux qui avaient eu avec lui quelque liaison. Une parfaite connaissance du monde ajoutait à l'amabilité de son esprit malin et de son caractère exempt de fiel. Vive, animée, spirituelle, sa conversation faisait les délices de la société. Dans un âge avancé, il conservait l'activité ou même la chaleur de la jeunesse, et lorsqu'il travaillait, il avait encore besoin de recourir à des moyens artificiels pour calmer le feu de son imagination. Il publia à Paris, en l'an 10, son principal ouvrage, le poëme des Animaux parlans, qui est surtout remarquable par une grande indépendance d'esprit. Des réflexions profondes s'y cachent sous un badinage agréable et soutenu, mais que des critiques d'une gravité sévère doivent trouver licencieux. Tantôt noble et élevé, tantôt simple jusqu'à la familiarité, le style en est toujours convenable au sujet. Les vices et les ridicules y sont peints avec une force et une vérité auxquelles se joint le charme d'une versification facile et brillante. Les complaisans du pouvoir absolu n'y sont pas épargnés, et l'imprudence des démagogues n'y est pas traitée avec beaucoup plus de ménagement. Les principes de l'auteur sont libres, mais sages; c'est un républicanisme sans passion

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comme sans préjugés. La Décade philosophique a donné une traduction en vers, attribuée à M. Andrieux, de quelques fragmens de ce poëme ; et en 1818, M. Paganel l'a publié, traduit en prose, Liége, 3 vol. in-18. Des autres ouvrages de Casti, le plus important est un recueil de Nouvelles. L'édition la plus complète en renferme quarante-huit; c'est celle qu'on fit à Paris, en trois voluun an après la mort de l'auteur. On remarque surtout parmi ces nouvelles l'Apothéose, la Papesse et l'Origine de Rome. La verve et l'originalité distinguent généralement ces compositions; le mélange des idées philosophiques et des peintures les plus libres leur donne beaucoup d'analogie avec quelques-uns des contes de Voltaire. Casti a fait un poëme satirique en douze chants, sous le titre de Poema Tartaro; il l'a composé à son retour de Russie, et la cour de Catherine en a fourni le sujet. On a aussi de lui trois opéras bouffons le roi Théodore à Venise rappelle un épisode de l'Optimiste de Voltaire, et effectivement il en est tiré : c'est Joseph II qui l'avait indiqué. Secondé par la musique de Paesiello, cet ouvrage, dont ce n'est pas le seul mérite, a eu beaucoup de succès en France. La Conjuration de Catilina est le second sujet bouffon destiné par Casti à la scène lyrique; le Quousque tandem de Cicéron ne paraissait pas absolument plaisant, et toutefois il a fourni à l'auteur des incidens pleins de gaieté jusqu'à la fin de la pièce. Le dernier de ces trois opéras est la Grotte de Trophonius. Casti

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CASTILHON (JEAN ET JEANLouis), frères, nés à Toulouse, de 1718 à 1720. Tous deux avocats et membres de l'académie des jeux floraux, ont enrichi la littérature française d'un grand nombre d'ouvrages. Le premier a publié, sous le voile de l'anonyme, la Bibliothèque bleue, le Spectateur français, et précis historique de la vie de Marie-Thérèse. Il a travaillé avec son frère au Journal encyclopédique et au Journal de Trévoux, et a été l'un des auteurs du Nécrologe des hommes célèbres de France. Il mourut en 1799. Son frère, Jean-Louis, a publié avec d'autres auteurs, le Dictionnaire universel des sciences morale, économique, politique et diplomatique. Il a coopéré à la traduction de l'Histoire universelle, par une société de gens de lettres, et a fourni beaucoup d'articles au supplément de l'Encyclopédie. Cet écrivain, philosophe et laborieux, dont l'érudition embrassait plusieurs genres est l'auteur des Essais sur les erreurs et les superstitions; de l'Histoire générale des dogmes et opinions philosophiques, depuis les plus anciens temps jusqu'à nos jours; il a imité Plutarque dans des essais de philosophie et de morale; il a composé, d'après l'ouvrage d'Espiar de La

borde, intitulé de l'Esprit des nations, les Considérations sur les causes physiques et morales de la diversité, du génie des mœurs, et du gouvernement des nations. La plume féconde et variée de Jean-Louis Castilhon a également produit un roman intitulé Zingha, reine d'Angola, histoire africaine; et enfin les dernières révolutions du globe, ou Conjectures physiques sur les tremblemens de terre, et sur la vraisemblance de leur cessation prochaine.

CASTILHON (PIERRE), négociant à Cette, fut nommé, en 1792, député à la convention nationale par le département de l'Hérault. Il vota, dans le procès de Louis XVI, pour la réclusion et le banissement à la paix. Il traversa les temps orageux qui suivirent la mort du roi, en se rendant utile dans les comités, où il s'occupait plus particulièrement d'économie politique. Castilhon avait des connaissances dans cette partie, et, lors de la disette de 1795, il fut chargé d'une mission importante pour les approvisionnemens de Paris. Devenu membre du conseil des cinqcents, il en sortit au renouvellement qui eut lieu le 20 mai 1797, et retourna dans ses foyers, où il se livra exclusivement à des spéculations commerciales.

CASTILLE (LE CHEVALIER EDOUARD DE), officier au 16" régiment des chasseurs à cheval. Une action vertueuse au sortir de l'enfance, et la mort des braves, terminant une carrière de 19 ans, méritent à ce jeune militaire la place que nous lui donnons dans

notre biographie. Né à Beaucaire, le 27 juillet 1789, Édouard Castille, élève du prytanée français, avait onze ans, lorsqu'un de ses camarades, savant et studieux, dont le père était mort aux armées, et qui ne pouvait être admis au prytanée, faute d'avoir les moyens de fournir son trousseau, dut aux soins ingénieux du jeune Castille, la possibilité de pourvoir à cette dépense. Ce dernier écrivit au consul Lebrun, auquel il était recommandé; et tout en sollicitant le secret le plus profond sur l'objet de sa démarche, le pria de venir au secours de son camarade; il ajoutait que, si cette demande ne pouvait être accueillie, il ferait vendre une portion de ce qu'il possédait, afin de procurer à son ami, pauvre et malheureux, le trousseau dont il avait besoin. Non-seulement la lettre en question fut favorablement reçue; mais l'empereur Napoléon, qui en eut connaissance, voulut récompenser le jeune Castille d'un acte de bienfaisance aussi louable, en l'admettant au nombre de ses pages. Au mois d'octobre 1807, il fut nommé lieutenant dans le 1er régiment de chasseurs à cheval, et servait, en 1809, dans le 16me de la même arme lorsqu'il fut tué d'un coup de canon, à la bataille d'Essling, avant d'avoir atteint sa 20me année.

CASTLEREAGH (ROBERT-STEWART LORD), est fils du comte de Londonderry; il est né en Irlande, en 1769, et c'est en grande partie à l'entier dévouement avec lequel il exécuta les desseins du gouvernement anglais sur ce malheureux pays,

qu'il doit les titres nombreux dont son nom est accompagné, le pouvoir dont il est investi, la renommée européenne de ses talens diplomatiques, et le crédit sans bornes dont il jouit à sa cour. Ses fonctions ministérielles embrassent ou atteignent sous différentes dénominations, les commerce, les colonies, les affaires étrangères, la marine et les finances; il est, pour ainsi dire, vivant dans toutes les branches de l'administration. 30,000 livres sterling, distribuées à propos, le firent élire, à 21 ans, membre de cette chambre des communes, qu'un assez bon plaisant de l'opposition qui a trouvé beaucoup d'échos, appelle aujourd'hui (house to be sold) maison à vendre. Ce jeune orateur débuta, selon l'usage, par un discours patriotique et populaire; il défendit, ainsi que Grattan et les autres orateurs irlandais, le droit incontestable qu'a l'Irlande, de trafiquer avec les Grandes - Indes. Une éloquence verbeuse, où de longues périphrases revêtent pompeusement une maigre série de pensées; mais d'un autre côté, le talent si précieux, pour le ministère, de ne montrer son opinion qu'à tra vers un jour mystérieux, où elle peut recevoir différentes formes, appelèrent sur cet orateur adroit et disert, l'attention des hommes d'état, habiles à recruter pour le séminaire ministériel. Lord Castlereagh se trouva bientôt enrôlé parmi les troupes parlementaires que le gouvernement tient toujours en réserve, pour comprimer les mouvemens de l'Irlande. Des mesures d'une é

pouvantable rigueur, qui souvent ont été qualifiées d'atroces, au sein même des deux chambres, furent proposées, et appuyées par l'Irlandais Castlereagh, aveo une ardeur qui étonna le ministère lui-même. Depuis ce temps, le noble lord ne parut plus occupé que du soin d'expier son origine, en s'armant contre ses compatriotes du glaive de la justice anglaise, qu'il promena luimême sur cette terre infortunée, où il avait reçu le jour, et où tant de barbarie et d'iniquités signalent sans cesse une affreuse oppression. Toujours gouvernée par la haine et par le mépris, cette contrée si misérable, et pourtant plus féconde en grands hommes que le reste de l'Angleterre, était passée des mains du furieux Lake, dans celles du stupide Cambden, lorsqu'elle fut enfin soumise à un homme implacable, mais habile; sévère, mais adroit, profond et dissimulé : c'était lord Castlereagh; il triompha au milieu du sang, mais son triomphe fut complet, et toute l'amertume dont la clameur publique dut empoisonner sa victoire, ne l'empêcha pas de poursuivre sa carrière. En vain il s'entendit accuser en plein parlement, d'avoir donné un bal dans son palais de gouverneur, pendant que les cris des malheureux qui passaient par les verges, se mêlaient au son des instrumens, comine si le supplice de quelques Irlandais unis ne devait pas être un motif de réjouissance de plus pour une réunion de bons et fidèles Anglais, et pour un agent de l'autorité, qui n'a jamais eu qu'un but, l'agran

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