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rête à la porte de Cadet. Un homme décoré en sort, et se fait re

noncé par contumace. M. Cadet, membre de la société de bienfai

connaître pour le malade si géné-sance, l'un des fondateurs du ly

reusement écouté le matin : c'é tait le duc de Crillon; il embrasse Cadet, et lui demande son amitié. Cette demande n'était point une vaine démonstration; le duc, à compter de ce jour, fut et demeura toute sa vie l'ami intime de Cadet. Ses derniers travaux chimiques ont eu pour objet l'examen du métal des cloches. L'académie des sciences l'en avait chargé conjointement avec Darcet et Fourcroy. Depuis cette époque, il se renferma dans ses consultations journalières et dans la pratique de son état. Après plus de soixante années de travaux utiles, Cadet succomba à la suite d'une opération douloureuse qu'il supporta avec beaucoup de courage. Il mourut le 25 vendémiaire an 8 (17 octobre 1799), laissant un fils unique, héritier de ses sentimens et de ses talens, auxquels il en réunit d'autres. (Voyez l'article ci-après.)

CADET-GASSICOURT, fils du précédent, est né à Paris le 23 janvier 1769. Il exerça d'abord la profession d'avocat, et l'abandonna en 1799, après la mort de son père, pour se faire recevoir pharmacien. L'étude des sciences, des lettres et de la saine philosophie occupa ses premières années. A l'époque du 13 vendémiaire an 4 (10 octobre 1795), il était président de la section du Mont-Blanc, qui marcha contre la convention. Il fut condamné à mort, mais le jury du tribunal criminel du département de la Seine annula ce jugement pro

cée républicain, membre de la société des belles-lettres, était, avant la restauration, pharmacien de l'empereur. C'est en cette qualité qu'il fut, en 1809, appelé à Schoenbrün, où Napoléon le nomma chevalier de l'empire. Témoin des principaux événemens de cette mémorable campagne, et s'étant trouvé à même de rassembler des anecdotes curieuses, M. Cadet les fit paraître dans un ouvrage fort piquant, intitulé Voyage en Autriche, en Moravie et en Bavière, 1 vol. in-8°. Il figura comme témoin à décharge dans le procès dirigé, en 1819, contre une prétendue réunion dite des amis de la liberté de la presse. Interrogé sur l'organisation intérieure de cette assemblée : Celui qui nous faisait les honneurs de la soirée, répondit M. Gassicourt, n'était pas plus un président élu que le roi de l'Épiphanie n'est un roi légitime. M. Cadet est un pharmacien savant et un homme d'esprit; et à ces deux titres, il ne fait pas moins pour la guérison que pour l'amusement de ses malades. Excellent patriote, il a souvent quitté son laboratoire pour s'occuper d'objets politiques. Auteur de plusieurs brochures sur des questions d'intérêt général, il s'est livré simultanément au culte de la science et à celui de la liberté. M. Cadet, docteur de la faculté des sciences, est membre des académies de Turin, de Florence, de Madrid, et de l'académie royale de médecine de Paris, dont il est un des secrétaires.

C'est à lui que l'on doit la création du conseil de salubrité, institution si utile aux arts et à l'hygiène publique. Indépendamment de l'ouvrage dont nous avons parlé ci-dessus, M. Gassicourt en a publié plusieurs autres, et s'est distingué en plus d'un genre. On a de lui Lettres en prose et en vers sur la Normandie, suivies de pièces fugitives; le Tombeau de Jacques Molay, ou Histoire secrète des templiers, francs-maçons, illuminės, etc., etc. Il donna au Vaudeville, en 1794, le Souper de Molière, et quelques années après, au théâtre des Troubadours, la Visite de Racan. Il publia successivement un Formulaire magistral, 1 vol. in-12; un Dictionnaire de chimie, 4 vol. in-8°; une petite Pharmacie domestique à l'usage des personnes qui habitent la campagne, 1 vol., in-18. Dans un autre genre il fit paraître: Observations sur les peines infamantes, ouvrage adressé à l'assemblée constituante. En 1800, une Théorie des élections, sous le titre de Raisons d'un bon choix; une autre brochure ayant pour titre Cahier de réformes. En 1817, il critiqua finement l'organisation de la garde nationale, dans une brochure intitulée: Confidence de l'hôtel de Bazancourt. Peu après il fit paraître les quatre Ages de la garde nationale. La même année et les deux suivantes, il publia une Analyse raisonnée des listes d'électeurs et d'éligibles; et deux brochures intitulées: Candidats présentés aux électeurs de Paris pour la session de 1819, et Qui nommerons-nous? (1820). Les autres ouvrages de M. Cadet

Gassicourt sont: 1° Un Essai sur la vie privée de Mirabeau; 2o un Éloge de Baume; 3° Saint-Géran, ou la nouvelle Langue française, suivi du Voyage au mont Valérien, etc., critique enjouée des ouvrages de Mme de Staël et de M. de Châteaubriand, 1 vol. in8°; 4° un Cours gastronomique, 1 vol. in-8°; 5° l'Esprit des sots passés, présens et à venir, ouvrage philologique, 1 vol. in-12; 6° l'Anti-novateur; 7° Projet d'institut nomade; 8° des Moyens de destruction et de résistance que les sciences physiques peuvent of frir dans une guerre nationale. Les recueils périodiques de sciences naturelles contiennent plusieurs mémoires intéressans de M. Cadet-Gassicourt, et il se propose de publier incessamment un ouvrage très-étendu sur la salubrité publique, considéré dans ses rapports avec l'administration de la police.

CADET-DE-VAUX (ANTOINEALEXIS), frère de Cadet-Gassicourt (L.C.), né à Paris le 13 septembre 1743, exerça quelque temps la pharmacie. Il traduisit les instituts de chimie de Spielman, 2 vol. in-8°, et les enrichit de notes. Ses liaisons avec Duhamel, Tillet et Parmentier, le portèrent vers l'étude de l'économie rurale et domestique. Il vendit sa pharmacie, et se livra tout entier aux objets intéressans que présente cette science. Cependant comme il avait peu de fortune, il conçut le projet de s'assurer d'abord une existence par la littérature, et il créa le Journal de Paris, dont le garde des sceaux Hue de Miroménil lui accorda le privilége, à la

charge de s'associer M. Suard, M. Corancez, etc. Le Journal de Paris, ce qui paraîtra incroyable à ses lecteurs actuels, eut, dans les premières années, le plus grand succès. Libre de se livrer à ses goûts et doué d'une grande philantropie, M. Cadet-de-Vaux proposa au gouvernement les moyens de prévenir l'asphyxie des fosses d'aisance; il demanda et obtint la prohibition des comptoirs de plomb chez les marchands de vin, des vases de cuivre pour les laitières, des balances de cuivre pour les détaillans de sel; enfin il provoqua la suppression du cimetière des Innocens. Ces travaux le firent nommer par M. Lenoir, lieutenant-général de police, inspecteur des objets de salubrité de la ville de Paris. Il créa, avec Parmentier, l'école de boulangerie, et professa gratuitement cet art, soit à Paris, soit dans plusieurs provinces où l'on ne faisait que de mauvais pain. Celui des prisons et des hôpitaux fut amélioré par les soins de ces deux philantropes. Il conçut le projet des comices agricoles, le ministre les adopta; et ces réunions des plus grands cultivateurs présidées par Broussonet, parM. Cadet-de-Vaux, firent faire de grands pas à l'agriculture. C'est dans ces conférences champêtres qu'il apprit aux fermiers à prévenir la carie des blés par un bon chaulage, qu'il fit proscrire l'emploi du veri-degris et de l'arsénic que quelques laboureurs mêlaient à leurs semences pour les préserver de carie, qu'il propagea la connaissance de la mouture économique. M. Cadet-de-Vaux publia un mé

moire sur la diminution des eaux opérée par la destruction des forêts; une instruction sur la méthode oenologique (l'art de fabriquer le vin) de Chaptal; une autre sur le blanchiment à la vapeur, et plusieurs écrits sur l'emploi de la gélatine extraite des os. En 1791 et 1792 il fut nommé président du. département de Seine-et-Oise. Il se fit chérir dans cette place par son activité et sa modération. Rendu à sa vie agricole, il s'occupa de chercher tous les produits que l'on pouvait tirer des pomires de terre, et il a publié sur cette substance alimentaire d'excellens écrits. Il a fait connaître aussi l'avantage offert par l'arcure ou courbure des branches dans les arbres fruitiers, qui, par cette opération, deviennent plus productifs sans s'épuiser; il a rédigé une petite histoire de la taupe ct des moyens de la détruire. Ce traité est plein de recherches et d'intérêt. M. Cadet-de-Vaux a 78 ans, et son zèle ne se ralentit point. Il vient de publier, par ordre du ministre de l'intérieur, une brochure pour prouver qu'il y a un avantage d'un cinquième à récolter le blé quinze jours avant sa complète maturation, et que la farine obtenue de ce blé est de meilleure qualité. M. Cadet-deVaux est membre de la Société royale d'agriculture, de l'académie royale de médecine, de celle des Curieux de la nature, et cor-/ respondant de plusieurs sociétés savantes étrangères. Ennemi juré de la goutte, M. Cadet-de-Vaux conçut, il y a quelques années, projet de la noyer dans 48 verres d'eau. On ne sache pas qu'un seul

le

goutteux ait fait en entier l'épreuve de ce spécifique, qui n'a jamais été à la mode malgré sa singularité. M. Cadet-de-Vaux est du petit nombre de ces hommes recommandables qui n'ont ambitionné d'autre gloire que celle d'être utiles; et il est impossible de citer, sans reconnaissance, les nombreux services qu'il a su rendre à la société.

CADET (JEAN-MARCEL), né à Metz le 4 septembre 1751, n'est point de la même famille que les précédens. Il a résidé pendant vingt-cinq années en Corse, où il a été subdélégué général et inspecteur des mines. Après avoir comparé entre elles et avec celles du continent les productions de cette île, qu'il a plusieurs fois parcourue dans tous les sens, M. Cadet s'est servi des rouleaux du cadastre pour la figurer en relief, avec les matières mêmes du sol. Cet ouvrage curieux et d'une grande patience, facilite l'intelligence de deux mémoires qu'il a publiés, l'un sur les Jaspes et autres pierres précieuses de la Corse; l'autre, sur les Stations de la mer, ά différentes distances du centre de la terre. L'importance des forêts de la Corse, et les coupes intempestives que l'on en faisait, ont déterminé M. Cadet à faire imprimer des Observations sur la nécessité de régler l'abbatage des arbres d'après la latitude et l'élévation du sol. Il est auteur du Système de l'Angleterre, publié aux yeux des nations, et de l'État de la Corse durant la révolution. On doit encore à M. Cadet le déroulement, le calque et la première gravure du plus beau des rouleaux

connus d'écritures en hieroglyphes; une collection de tarifs pour établir avec justesse et célérité les cottes proportionnelles sur les différens revenus; un mémoire sur l'emploi de ce qui est fait du cadastre pour répartir équitablement la somme de la contribution foncière sur les départemens du royaume; un précis des voyages entrepris pour se rendre aux Indes par le pôle-nord; un traité de la lenteur que mettent les substances aériformes, liquides et solides, à suivre les mouvemens de la terre, et des effets de cette lenteur sur la salubrité, les débordemens et les alluvions. M. Cadet avait été appelé, il y a vingt ans, à la place de directeur des contributions du département du. Bas-Rhin. Il résidait à Strasbourg, où il était en même temps secrétaire-général de la société des sciences, lorsqu'il a été admis à la retraite. Il s'occupe maintenant d'un ouvrage sur l'importance de la Corse, et d'un autre qui donnera l'explication des noms personnels symboliques.

CADOUDAL(GEORGE), fils d'un meunier, naquit en 1769, à Brech, village, où était établi son père, à deux lieues d'Auray, département du Morbihan. Il fit ses études au college de Vannes, et prit part à la première insurrection royaliste, excitée en 1793, dans son département. Cette tentative de guerre civile n'ayant obtenu aucun succès, Cadoudal, à la tête · d'une cinquantaine de paysans bas-bretons, se joignit à un rassemblement de Vendéens, les suivit dans leurs opérations, et devint officier au siége de Gran

ville. Cadoudal, de concert avec un nommé Lemercier, s'occupa d'enrôler des matelots oisifs, des paysans privés de travail, et s'efforça ainsi de recruter le parti qui avait levé l'étendard de la guerre civile. Arrêté sur ces entrefaites par un détachement républicain, il fut conduit dans les prisons de Brest, et, après quelques mois de détention, se sauva, déguisé en matelot. Cependant l'armée royaliste, durant l'absence de George, avait reçu une organisation définitive: les chefs étaient choisis. George se fit nommer commandant de son canton, et ce fut sous ce titre qu'il commença cette guerre de chouannerie, à laquelle il dut son genre de célébrité. Une grande constance à braver les diverses espèces de périls attachés aux expéditions qu'il commandait, le rendit un personnage remarquable; et il se vit bientôt à la tête d'un rassemblement nombreux. En 1795 il se prononça contre la pacification de la Mabilais; s'entendit avec les chefs du débarquement de Quiberon, pour favoriser leurs entreprises; et après l'échec qu'ils éprouvèrent, rallia les chouans que les officiers émigrés, découragés par la mort de Tinteniac, voulaient licencier. Se trouvant, à cette époque, premier chef de l'insurrection de la Basse-Bretagne, -il essaya quelque temps de résister aux armes des troupes républicaines. La responsabilité du désastre de Quiberon lui semblant devoir peser sur M. de Puisaye, il le fit arrêter avec l'intention de le faire fusiller; et ce ne fut qu'à la suite d'un long entretien

et de prières réitérées, que celui-ci parvint à fléchir cette justice expéditivé. Malgré cette roideur Cadoudal savait cependant se plier aux circonstances, et dissimuler quand il y avait intérêt. On l'a vu, en 1796, se résoudre à une feinte soumission devant le général Hoche; licencier ses troupes; s'engager à opérer leur désasmement; et donner en secret les ordres les plus positifs pour que le traité, publiquement proclamé, ne s'accomplit pas. On l'á vu, en 1797, après le coup manqué par les royalistes, au 18 fructidor, tenter de rallumer la discorde en France, sous la protection du ministère anglais. Après deux ans d'inaction, on l'a vu accomplir ce projet en 1799; enfin à la suite des combats de Grand-Champ et d'Elven, qui eurent lieu les 25 et 26 janvier 1800, on l'a vu traiter près de Theix avec le général Brune; licencier ses troupes; jurer la paix; et se rendre à Londres pour concerter les moyens de rallumer la guerre. Cependant Cadoudal reçut en Angleterre le prix de son dévouement à la cause royale. Le cordon rouge et le grade de lieutenant-général lui furent accordés par monseigneur le comte d'Artois, et ces marques de faveur furent accompagnées des félicitations du ministère anglais. Revenu secrètement en Bretagne avec le commandement général du Morbihan et de plusieurs autres départemens, il fit de nouveaux efforts pour y organiser l'insurrection: il aspirait même à s'emparer de Belle-Ile et de Brest; mais la découverte de ce projet le fit échouer. Ce dernier com

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