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du roi étant réinstallé, Carnot, inscrit par Fouché sur une liste d'exil, se retira dans une campague à douze lieues de la capitale. Là il publia un mémoire où sa conduite durant les cent jours est expliquée. Bientôt la chambre de 1815 fit retentir des cris de rage et de proscription; Carnot, banni, quitta la France, et se retira à Varsovie, où le grand-duc Constantin le reçut avec beaucoup de considération. On assure même que des offres brillantes de service lui furent faites, mais que le général français les refusa. Depuis Carnot a fixé sa résidence à Magdebourg, où n'ayant, pour toute fortune, que les faibles revenus qu'il possédait avant d'entrer dans les affaires, il mène une vie consacrée à l'étude et environnée de l'estime publique. La renommée de Carnot est un de ces beaux titres de gloire que l'Europe envie à la France. Nous ne prétendons pas que sa longue carrière soit exempte de toute erreur politique; mais où est le cœur vraiment français qui ne se sent pas pénétré de reconnaissance au souvenir de tant de servi-ces rendus à la patrie ? Général, je vous ai connu trop tard: tels furent les adieux de Napoléon au vainqueur de Watignie; et le rocher de Ste-Hélène a souvent retenti des paroles d'estime prononcées -par l'ex-empereur au sujet du général républicain. Carnot, à différentes époques, publia les ouvrages ci-après Eloge de Vau-ban, discours qui a remporté le prix à l'académie de Dijon, 1784, in-8°; Essai sur les machines en général, 1786, in-8°; Observa

tions sur la lettre de M. Choderlos de Laclos contre l'éloge de Vauban, 1785, in-8°; Exploits des Français depuis le 22 fructidor an 1, 2 vol. in-18; OEuvres mathématiques, 1797, in-8°; Réflexions sur la métaphysique du calcul infinitésimal, 1797, in8°, deuxième édition, 1813, in-8°; Réponse au rapport fait sur la conjuration du 18 fructidor an 5, par J. Ch. Bailleul, par L. M. Carnot, citoyen français, 1799, in-8° et in-12, Hambourg et Paris. Il en a paru un supplément à Hambourg, qui n'est pas dans l'édition de Paris. De la CorréTation des figures de géométrie, 1801, in-8°; Principes fondamentaux de l'équilibre et du mouvement, 1803, in-8°; Géométrie de position, 1803, in-8°; Discours contre l'hérédité de la souverai→ neté en France, 1804, in-8°; Mémoire sur la relation qui existe entre les distances respectives de cinq points quelconques pris dans l'espace, suivi d'un Essai sur la théorie des transversales, 1806, in-4°, de 116 pages, fig.; de la Défense des places fortes, troisième édition, 1812, in-4°, traduit en anglais par le lieutenantcolonel Montalembert, Londres, 1814, in-8°; Mémoire adressé au roi en juillet 1814, in-8°; Exposé de la conduite politique de M. le lieutenant-général Carnot, depuis le 1° juillet 1814, in-8°. Carnot, au milieu de ses importans travaux et de ses méditations profondes, n'a pas dédaigné de sacrifier aux muses. On a publié de lui dans quelques recueils des pièces fugitives pleines de grâce et de gaieté. Carnot fut nommé deux

fois membre de l'institut (première classe), et en fut rayé deux fois après le 18 fructidor, par le directoire; en 1814, par les ministres du roi.

CARNOT-FEULINS (CLAUDE MARIE), frère du précédent, né à Nolay, le 15 juillet 1755, entra au service dans l'arme du génie : il était capitaine lorsque la révolu tion éclata. Établi dans le département du Pas-de-Calais, il en fut nommé administrateur en 1790. Président de l'assemblée électorale du même département, puis député à l'assemblée législative, en 1791, il reçut des divers gouvernemens qui se succédèrent en France, jusqu'au 18 brumaire, plusieurs missions militaires et civiles, dont il s'acquitta avec zèle et talent. Il dirigea les fortifications de Dunkerque, lorsque cette ville fut assiégée par les Anglais, se distingua à la bataille de Watignie; prépara le rétablissement du port d'Ambleteuse, et présenta, comme membre du comité des fortifications, des projets d'améliorations pour la défense des places, qui furent unanimement approuvés. Il partagea successivement les honorables disgrâces de son frère, sous le directoire et le consulat. Après le retour de Napoléon en 1815, le département de Saône-et-Loire le nomma député à la chambre des représentans. Il fut l'un des secrétaires de cette assemblée; et après les désastres de mont SaintJean, il proposa de décréter que l'armée avait bien mérité de la patric. Chargé par intérim du portefeuille de l'intérieur, il, le conserva jusqu'au retour du roi.

Mis en retraite, par suite d'une mesure générale, il fut arrêté au mois de juillet 1816, à l'occasion d'une correspondance interceptée entre lui et son frère, alors en Pologne.. Cette mesure était une émanation de 1815. CarnotFeulins remis en liberté, reçut, en 1817, le brevet de lieutenantgénéral. Toujours en retraite, il ik consacre sa vie à l'étude : il existe de lui, sur la politique, plusieurs ouvrages, dont quelques-uns ont été traduits en allemand.

CARNOT (JOSEPH-FRANÇOISCLAUDE), frère des précédens, né à Nolay, le 22 mai 1752, fut reçu au parlement de Dijon, en juillet 1772. Nommé successivement membre du comité municipal de Dijon, officier de la garde bourgeoise, commissaire national près le tribunal du district, commissaire du directoire près le tribunal civil et criminel de la Côte-d'Or, puis commissaire du gouvernement près la cour d'appel du même département en l'an 8, il se distingua dans ces diverses fonctions, par un esprit de justice et de fermeté à toute épreuve; et durant les jours orageux de la révolution, il s'opposa avec courage aux mesures ultra-révolutionnaires de quelques agens de la convention. Nommé, en l'au 9, juge au tribunal de cassation, il occupe encore cette place honorable: M. Carnot est membre de la légion-d'honneur, et de l'académie de Dijon. On a de lui un ouvrage fort estimable, intitulé : De l'Instruction criminelle, considérée dans ses rapports généraux et particuliers, avec les lois nouvelles et la jurisprudence do

la cour de cassation. Un quatrième CARNOT (Claude-Marguerite), né en 1754, après avoir occupé divers emplois civils et judiciai res à Dijon, fut nommé, en l'an 8, procureur général près la cour de justice criminelle du départe ment de Saône-et-Loire. Il est mort dans l'exercice de ses fonc tions, le 15 mars 1808. Généralement chéri, il fut généralement regretté. Sa présence d'esprit ne le quitta pas un instant : environné de ses meilleurs amis, et voyant sa fin approcher, il leur fit des adieux touchans. Prêt à ́rendre le dernier souffle, il leur dit: Vous allez voir comment l'on passe de la vie à la mort ; et il expira. Napoléon, alors chef du gouvernement, manifesta sur la perte de ce magistrat, des regrets, qui seuls suffisent à son éloge.

CARO (DONVENTURA), frère du fameux marquis de La Romana. Il fit avec honneur son apprentissage dans le métier des armes, en 1793, lorsque les Espagnols envahirent un moment le Roussillon. Au commencement de la guerre d'Espagne, le général Caro prouva que l'humanité est presque toujours unie au vrai courage; il protégea les troupes françaises contre la fureur du peuple, qu'irritaient les événemens de Bayonne. Il donna, en plusieurs occasions, des preuves d'une grande valeur, surtout dans un combat qui eut lieu auprès de Valence, où, à la tête de sa cavalerie, il sabra les canonniers jusque sur leurs pièces. Il est parlé de ce fait d'armes, dans les rapports officiels du maréchal duc d'Albufera.

CAROLINE-AMÉLIE-ELIZA

BETH DE BRUNSWICK-WOLFENBUTTEL, née le 17 mai 1768, épousa le prince de Galles, aujourd'hui roi d'Angleterre, et mourut en 1821 c'est à ce peu de mots que se bornerait l'histoire de cette princesse, si les malheurs et les persécutions qui l'entourérent pendant sa vie, n'ajoutaient à l'éclat du rang qu'elle a occupé, la déplorable célébrité des événemens qui se rattachent à son nom. Son père, le duc de Brunswick-Wolfenbuttel, commandait, contre la France, cette première coalition armée qui expia l'insolence de ses manifestes dans les plaines de la Champagne, en 1792. Élevée à la cour de son père sous la tutelle de ses tantes, Caroline passa les premières années de sa jeunesse dans une liberté douce et heureuse; à 20 ans elle était regardée comme l'une des princesse de son temps les plus spirituelles et les plus belles. « Une physionomie à la »fois mobile et prononcée; des » yeux remplis de feu et de ma»jesté; un sourire plein de bien»>veillance; une démarche qui >> rappelait le mot de Virgile : In»cessu patuit dea; quelque chose » de doux, de noble et d'attirant » dans le regard;» tel est le portrait qu'un noble anglais, qui la vit à Brunswick, a laissé d'elle dans ses mémoires. Jusqu'à l'âge de 27 ans, elle ne quitta pas cette cour allemande, où régnait une sévère pureté de mœurs, jointe à quelque fierté nobiliaire et à quelques idées romanesques. Alors George III, roi d'Angleterre, désirant mettre un terme aux erreurs de la jeunesse fougueuse de

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