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jouissaient par le passé, en vertu de la | cription de cet archipel dans un article constitution*. D'après cette constitution, particulier. plutôt traditionnelle qu'écrite, toute loi nouvelle ne peut être rendue qu'avec le concours de la diète, qui, comme en Suède, se compose des quatre ordres de la noblesse, du clergé, des bourgeois et des paysans. Le grand-prince convoque la diète quand il lui plait.

En Finlande, point de servage; les paysans sont ou propriétaires de leur hemmán, ou fermiers, soit de la couronne, soit des particuliers. Ils ont des mœurs, et les pasteurs s'efforceront sans doute d'y joindre des lumières par l'organisation de bonnes écoles.

La Finlande a son gouvernement à part, dont la chancellerie est cependant à Saint-Pétersbourg. Son premier corps administratif et judiciaire est le sénat, siégeant à Helsingfors, résidence du gouverneur général. Une ligne de douanes la sépare de la Russie; ses finances ne se confondent pas avec celles de l'empire, et les troupes qu'elle lui fournit sont organisées en bataillons séparés, sans que le recrutement russe y soit applicable. Le revenu de la couronne a été estimé être de 1,300,000 roubles en argent (5,200,000 francs).

Tout le pays se divise en 212 paroisses ou pastorats administrés par environ 300 pasteurs et prévôts (præpositus), ayant pour chefs l'archevêque luthérien d'Abo et l'évêque de Borgho.

Quant aux villes, outre l'ancienne capitale Abo et la nouvelle Helsingfors, qui a aussi remplacé l'autre comme siége de l'université finlandaise fondée à Abo, villes dont nous traitons dans des articles séparés, les principales sont Wiborg, entre le lac Ladoga et le golfe de Finlande, Bioerneborg, à l'embouchure du Koumo dans le golfe Bothnique, Wasa, située plus au nord et qui fait un peu de commerce, et Ouleaborg, au fond du golfe, qui en fait le plus après Abo. A Torneo, sur la frontière de la Laponie, se fait le commerce de la pelleterie. On sait qu'en juin il n'y a point de nuit.

Il nous resterait à parler du groupe des îles Aland, mais on a donné la des

(*) Voir ses Manifestes dans notre ouvrage Statistique générale de la Russie, p. 408 et suiv.

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Les meilleurs ouvrages sur la Finlande ont été écrits en suédois par Djurberg et par Rühs le dernier a été traduit en allemand sous le titre de Finland und seine Bewohner, Leipz., 1809. On consultera aussi avec fruit le voyage de M. F.W. de Schubert, intitulé Reise durch Schweden, Norwegen, Lappland und Finnland in den Jahren 1817 bis 1821, Leipz., 1823, in-8°o, t. II. J. H. S.

FINMARK, c'est-à-dire Marche finnoise de Norvège, province située à l'extrémité septentrionale de ce royaume, environ entre le 60° et 71° degré de latitude. La rivière de Tana la sépare de la Laponie russe; au nord et à l'ouest, elle est baignée par l'Océan glacial. A l'extrême limite du septentrion, le fameux cap du Nord est le point de l'Europe le plus avancé vers le pôle arctique; il est dans le cercle polaire même. Dans ce pays, long de 150 lieues et large d'environ 65, le sol, au midi, produit encore des pins, des saules, de l'orge et des pommes de terre; mais au nord on ne voit plus ni arbres, ni céréales, ni légumes. La végétation y est réduite à de l'herbe, des ronces et à quelques espèces d'arbustes rabougris. L'été, très court, y est remarquable par un jour pour ainsi dire continuel: aussi pendant l'hiver la nuit ne cesse presque point. Il n'y a pas 30,000 âmes dans le Finmark; encore cette chétive population est-elle obligée de tirer sa subsistance en grande partie du dehors. Les Lapons, pour la plupart nomades, entretiennent des troupeaux de rennes et se nourrissent de la chair et du lait de ces animaux, ainsi que de la chair des oiseaux aquatiques. En été, beaucoup de Lapons se portent sur la côte pour se livrer à la pêche, dont les produits sont exportés par un grand nombre de bateaux venant des ports de Russie et de la Norvège: les côtes et les golfes prennent alors un aspect animé.

Les Lapons (voy.) n'habitent que des cabanes et en ont quelquefois plusieurs où ils s'établissent successivement dans leurs émigrations. Les Quaines ou Finnois (voy.), qui ont émigré en Finmark depuis le commencement du xvIII° siè¬

flèches, auxquelles il adapte, faute de fer, des pointes en os. La chasse occupe et nourrit les hommes ainsi que les femmes; car celles-ci vont avec eux et réclament une partie du gibier. Pour mettre leurs enfants en sûreté contre les bêtes féroces et à l'abri des pluies, elles les cachent sous des branches d'arbres entrelacés: c'est là qu'au retour se rassemblent aussi les jeunes gens et que se retirent les vieillards. Cette manière de vivre leur paraît bien plus douce que de se fatiguer à labourer la terre, à construire des maisons, à se consumer entre l'espérance et la crainte pour son sort et pour celui d'au

sans peur à l'égard des dieux, ils en sont venus à un point très difficile à atteindre: c'est de n'avoir même pas de vœux à former.» (De morib. German., cap. 46.) On voit qu'à cette époque les Finnois, ceux du moins que désigne Tacite, étaient complétement sauvages, puisqu'ils n'avaient même pas de demeures et vivaient exclusivement de la chasse. Tels ne sont plus les Finnois d'aujourd'hui. Si une grande partie d'entre eux mène encore une vie nomade, au moins ont-ils des abris contre l'intempérie des saisons, et ne vivent-ils plus uniquement de la chasse, bien que cet exercice fasse encore l'occupation et l'amusement de quelques tribus.

cle, plus industrieux que les Lapons, pratiquent quelques métiers, ainsi que l'agriculture. Ils habitent Alten et quelques autres villages ou hameaux près de la mer. Dans l'intérieur, il n'y a point d'habitants rassemblés en nombre. Des îles hérissées de rochers sont disséminées dans les parages de Finmark: de ce nombre sont Senjen, Hvaloe et Mageroe; dans la dernière de ces iles vivent des troupes de rennes sauvages. D-G. FINNOIS. Cette race remarquable, répandue dans le nord de l'Asie et de l'Europe, et qui compte près de 3 millions d'individus, tire son origine, selon la conjecture de Klaproth, des versants destrui. N'ayant rien à craindre des hommes, monts Ouraliens, d'où elle se serait disséminée vers l'est et vers l'ouest. A dé-❘ faut d'écriture et de monuments historiques, et n'ayant conservé que quelques traditions, elle ne peut elle-même nous éclairer sur son histoire ancienne : ce n'est que chez les auteurs de plusieurs nations voisines qu'on trouve des traits épars de cette histoire; et c'est par l'analogie des langues, des mœurs et des caractères physiologiques que l'on est parvenu à rattacher à cette race diverses tribus qui en sont sorties. Il est probable que les Grecs ont confondu ce peuple avec d'autres peuples errants sous le nom vague et générique de Scythes. Mais pour les avoir connus ainsi, il faut que la race finnoise ait été alors plus répandue vers le midi qu'elle ne l'est maintenant : c'est aussi là en effet l'opinion des savants. Les Romains les ont connus sous le nom de Fenní, mais seulement en Europe. Tacite, en faisant connaître leurs mœurs, ne parait avoir eu en vue que les habitants de la Finlande, sans soupçonner que la race dont il parlait se trouvât encore à 6 ou 800 leues plus loin. En énumérant les traits par lesquels les Finnois se distinguent des Sarmates, errants comme eux, l'historien romain dit : « On est aussi porté à ranger les Finnois parmi les Germains, parce qu'ils se construisent des demeures, portent des boucliers et vont à pied. C'est un peuple singulièrement sauvage, et vivant dans une misère hideuse; il n'a ni armes, chevaux, ni pénates; il se nourrit d'herbes, se couvre de peaux, et couche sur la terre; toute sa ressource consiste dans ses

Les traits caractéristiques qui conviennent à tous les peuples de race finnoise sont : une taille moyenne, un corps robuste, un visage plat, un teint jaunâtre, une chevelure châtain-clair, peu de barbe, des yeux gris foncé, des joues caves. Ces traits sont ensuite modifiés par les divers climats et la manière de vivre, et par les mélanges avec d'autres peuples. Au moral, les Finnois sont amis du repos, graves, lents et persévérants; ils supportent patiemment de grandes privations, et tiennent peu à la propreté ni aux aisances de la vie. Comme tous les peuples peu éclairés, ils ont beaucoup de préjugés, de superstitions, et sont opiniâtrément atta➡ chés à leurs vieux usages et à leurs préventions. Il y a des peuples de race finnoise qui, ayant renoncé à la vie nomade dans les contrées où ils ont trouvé un sol fertile, sont devenus sédentaires, agricoles, et different peu des peuples d'autres ra

ces, tandis que le plus grand nombre reste | raissent à Rask avoir habité ancienne

fidèle à la vie errante de ses ancêtres.

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ment une grande partie de cet empire. Les Finnois ont laissé aussi des traces de leur séjour au milieu des contrées habitées aujourd'hui par les Scandinaves, ainsi que le prouve le nom de finn, attribué à plusieurs localités, par exemple, finveden, finheden, finnsjoen, finnekumla, finn

Nous avons dit qu'on ignore l'histoire primitive des Finnois. S'ils sont réelle ment originaires des monts Oural (voy. ruce OURALIENNE), comme l'a pensé Klaproth, ils ont dû se répandre dans les quatre régions, car on les trouve en contact avec les Turcs, les Tatars, les Mand-crædja, finstad, finspaang, finnaaker, en chous, les Germains et les Scandinaves. Selon la remarque de Rask, qui a fait une étude spéciale des langues du Nord, et dont une série de mémoires sert de base à notre article*, les langues finnoise, touranique, mongole et mandchou appartiennent à une seule souche, qu'il appelle la souche scythique, et qui s'étendrait à travers toute l'Asie septentrionale, ainsi qu'à travers l'Amérique, jusqu'au Grænland. Ce savant se fonde sur l'identité de mots élémentaires et nécessaires qui ne peuvent être venus d'autres idiomes, et qu'un peuple n'emprunte jamais d'une nation étrangère, tels que le mot mantchou eme, mère, qui se dit emæ en finnois; na, terre, en finnois maa; tua, feu, en finnois tul ou tuli; æciga, père (en kalmuk), atjé en lapon. Il en est de même des mots ama, père, abka,ciel, inou, gens, etc. De plus, ces mots se composent de plusieurs syllabes, et cela paraît prouver que ce n'est pas le hasard qui a produit une identité semblable; les dérivés sont même formés de plus de syllabes encore, et pourtant se ressemblent dans les diverses langues de ces vastes contrées. Ces langues se distinguent évidemment du chinois, qui est une langue monosyllabique: aussi ne peut-on admettre une identité de races entre les Chinois et les peuples d'origine finnoise.

Aujourd'hui habitants du Nord et voisins des mers de ces contrées, les Finnois paraissent, après leurs premières émigrations de l'Oural, s'être portés d'abord plus au midi, dans des contrées où on ne les trouve plus actuellement. Ainsi, en Asie, il paraît qu'ils se sont avancés au sud jusque vers la mer Noire. En Europe, ils ont d'abord occupé, selon toutes les apparences, une grande partie de la Russie. Du moins les Lapons pa

(*) Voir le Recueil de ses écrits en danois : Samlede Afhandlinger, Copenhague, 1834, t. I. |

Suède. Ces mots signifient lande, lac, tombe, ville, champs, etc., des Finnois *. Il en est de même de plusieurs noms de personnes chez les anciens Scandinaves, tels que Finnbogi, Finngeir, Finnalfr, Kalfinna, Thorfinna, etc.; et comme on trouve ces noms chez les anciens Islandais, il est évident que les Finnois, de qui ils proviennent, se sont mêlés aux Scandinaves avant l'établissement de ceux-ci en Islande, c'est-à-dire avant le milieu du 1x siècle. Au reste, c'est vraisemblablement d'un mélange de peuples finnois avec des races asiatiques que sont provenus les Huns, les Avares (voy.) et d'autres peuples qui se sont avancés dans leurs incursions jusqu'au cœur de l'Europe. Renwall, savant de Finlande, pense que les Finnois sont venus de ce pays par le midi, tandis que les Karéliens sont arrivés par les lacs Ladoga et Onéga, probablement à l'époque où les Slaves fondèrent Novgorod; que les premiers occupèrent les côtes, tandis que les autres s'établirent dans les parties inférieures, et que des Lapons étaient établis au milieu d'eux dans l'intérieur du pays, comme dans la péninsule scandinave; mais ces Lapons furent dans la suite poussés vers le nord. Les anciens auteurs scandinaves les désignent sous le nom de Quenen, et dans les récits romanesques du moyen-âge ils figurent comme nains, comme habitants de l'intérieur des montagnes, comme sorciers, et comme habiles ouvriers en fer **.

Nous arrivons à l'affinité des peuples d'origine finnoise, affinité fondée sur celle des idiomes qu'ils parlent. Rask distingue d'abord les Finnois purs de ceux de

(*) Ceci nous paraît douteux : nous croyons que ces noms se rapportent plutôt au mot scan

diuave finn, qui siguific marais, et que les Fin

nois eux-mêmes n'ont point connu.

S.

(**) Aux yeux des Russes, les Finnois en géné. ral étaient sorciers: de là le nom de Tchoudes qu'ils leur donnaient, de tchoud, merveille. S.

la race iougrique, race dans laquelle les dants de ces Khazars (voy.) qui ont joué Finnois ne sont entrés que comme mé- un si grand rôle dans l'histoire de l'Eulange, et qui comprend les Hongrois, les rope orientale pendant le moyen-âge. Vogouls et les Kondiens (appelés à tort, 3o Finnois Permiens, qui habitent l'anselon Rask, Ostiaks de l'Obi) ou peuple cienne Permie, entre 62 et 76° de longides bords de la Konde, affluent de l'Obi. tude, et 55 et 65° de latitude boréale. C'est aussi par mélange que les Finnois se Ils paraissent avoir occupé d'abord l'octrouvent dans la race biarmienne, c'est- cident du mont Oural et avoir été pousà-dire celle des Zyriènes, des Permiens, sés plus vers l'ouest par les Vogouls et les des Votiaks. Restreignant donc le nom Ougoriens. Au nord, le territoire de cette de Finnois à ceux qui sont restés sans mé- race touche aux Samoïèdes ; à l'ouest et au lange, du moins sans mélange sensible, sud-ouest, il se confond avec celui des le même savant divise leur race en trois Finnois du Volga. A cette branche apparbranches: 1° la branche méridionale, tiennent les Votiaks, entre la Viatka et la comprenant d'abord les Ingriens, les Ka- Kama, les Zyriaines sur la haute Kama reliens et les Oloniens, puis les Esthoniens, et la Vouitchegda, et les Permiens qui se qui ne sont pas des Finnois tout-à-fait confondent avec les Zyriaines, habitant, purs, et enfin les anciens Livoniens ou comme ceux-ci, le long de la haute Kama Lives (voy. LIVONIE). Il est clair que l'au- et ayant pour voisins les Votiaks vers teur n'appelle ces Finnois méridionauxque l'ouest, et les Vogouls à l'est. 4° Finnois par rapportaux autres; 2o la branche sep- Ougoriens, comprenant les Vogouls, les tentrionale, comprenant les Lapons ainsi Hongrois et les Ostiaks de l'Obi. que les Finlaps et les nomades de la Laponie suédoise et russe; 3o la branche orientale, qui aurait pu s'appeler aussi la bran-destruction du grand empire des Huns, che asiatique, et sous laquelle on range les Tchérémisses, qui se rapprochent le plus des véritables Finnois, et les Mordouans.

Voici comment notre auteur rattache les Hongrois à la race finnoise. Après la

vers l'an 462 de notre ère, l'Europe fut infestée par les peuples ougriens venant d'au-delà du Volga; parmi eux, les Onogours paraissent avoir été les plus puissants: ils sont appelés plus tard Ougours, Quigours et Hongrois ou Hongriens. Apparemment une partie de ce peuple était restée dans ses premiers établissements; car Ruysbroek (Rubruquis), qui visita ces contrées au milieu du x111* siècle, les y trouva: aussi dit-il que la langue qu'on parle dans le pays de Pascatir (des Baschkires) est la même que le hon

Klaproth a établi une autre division des Finnois en les partageant en quatre branches*, savoir: 1o Finnois germanisés ou les habitants de la Finlande, les Esthoniens, les Karéliens, les Oloniens et les Lapons, qui tous, à l'exception des derniers, sont compris dans les annales russes sous la singulière dénomination de Tchoudes. L'auteur cherche à justifier sa division en disant que l'idiome de tous ces peuples, celui des Finlandais surtout (voy.grois; et Du Plan-Carpin, autre voyaFINLANDE), présente un mélange du finnois avec beaucoup de mots germaniques. Cependant les Lapons n'ont jamais été en contact qu'avec les Scandinaves et les Slaves, et ils n'ont certes rien de germain. 2° Finnois du Volga, ou Mordouans, Moktchanes et Tchérémisses. La langue de ces peuples, observe l'auteur de l'Asia polyglotta, est fortement mélangée de turc. C'est peut-être dans cette branche qu'il faut chercher les descen

Klaproth dit cinq, mais dans le fait il ne Dotse que quatre classes des peuples finuois. Four son Asia polyglotta. Paris, 1823, in-4o, pag. 184 et suivantes.

geur et contemporain du précédent, appelle le pays des Bastarques ou Baschkires la Grande-Hongrie. Au moyen-âge, les contrées ouraliennes jusqu'au laik portaient donc le nom d'ougriennes ou hongriennes, et le nom d'Ougorie convient aux bords de l'Obi jusqu'au golfe dans lequel se jette ce fleuve, et jusqu'à la mer Blanche; encore aujourd'hui les habitants du pays, c'est-à-dire les Vogouls et les Ostiaks de l'Obi, parlent une langue qui, de toutes les langues finnoises, ressemble le plus au hongrois, au moins les racines des mots. Cette affinité entre le hongrois et le finnois a depuis

par

longtemps été prouvée par Gyarmathi | sortit de l'université de Helsingfors et du dans sa dissertation Affinitas linguæ Hungaricæ cum linguis Fennicæ originis grammaticè demonstrata, Gottingue, 1799.

gymnase de Wiborg, le finnois et le suédois reprennent le dessus. Il se forme même une littérature nationale dont nous parlerons tout à l'heure. Les Finnois de l'Ingrie, province dans laquelle est bâtie la capitale de la Russie, sont inférieurs,

Si nous considérons le sort politique de la race finnoise, nous trouvons qu'en général il n'a pas été heureux. Ses voi-sous les rapports intellectuels et moraux,

sins ont réussi peu à peu à la subjuguer, et nulle part elle n'a pu maintenir son indépendance. En Europe, elle a été soumise à la domination des Russes, des Scandinaves et des peuples germaniques. Elle a adopté en partie la religion, le costume, les habitudes de ses vainqueurs, et ce n'est qu'en Asie qu'elle pratique encore le culte de ses ancêtres et vit à leur manière, grâce aux immenses déserts qui là sont à sa disposition, et où la domination étrangère est difficile à exercer. Ces peuples étant l'objet d'articles spéciaux, nous allons restreindre nos observations aux Finnois d'Europe.

Dans l'empire russe, en Europe, nous trouvons les Finnois établis principalement dans trois provinces, la Finlande, l'Ingrie et l'Esthonie. Ils y ont tous adopté la croyance luthérienne; du reste, on remarque des différences entre eux. En Finlande, où le gouvernement suédois leur a laissé beaucoup de liberté, mais en les réduisant à la condition de laboureurs, ils ont développé leur intelligence, quoiqu'il n'y ait d'écoles que dans les villes. Ils savent pour la plupart lire, et se montrent laborieux, honnêtes, pleins de moralité, et animés de sentiments hospitaliers. Depuis que la Finlande tout entière est soumise à la Russie, le gouvernement de Vouibourg, que les Russes appellent la Vieille-Finlande, a été réuni au reste, pour être soumis à la même administration et aux mêmes lois, c'est-à-dire à celles qu'ils tiennent des Suédois, et que le gouvernement russe a peu modifiée (voy. FINLANDE). Il existe une bonne traduction finnoise de ces lois. Auparavant, le suédois, parlé par les gens bien élevés, l'allemand, enseigné à Dorpat, dont Wiborg dépendait pour l'enseignement, et le russe introduit par les troupes, menaçaient le finnois d'une altération complète; mais actuellement, comme l'enseignement res

aux habitants de la Finlande; paresseux, laids, malpropres et ivrognes, ils sont très peu estimés des Russes, avec lesquels ils sont perpétuellement en contact, et leur nom est à Pétersbourg presque une injure*. Il y a un village finnois dans l'île Vassili-ostrof, auprès de cette capitale. Les Finnois pratiquent des usages assez singuliers qu'a décrits M. Sjogren dans le recueil des Mémoires de l'Académie de Pétersbourg, 1834. Ils se servent de la Bible en finnois, et les pasteurs prêchent dans cet idiome mêlé pourtant de beaucoup de mots russes. Les Karéliens dans le gouvernement de Wiborg, dit Rask, ne sont pas dégénérés comme les Ingriens; cependant la différence entre eux et les habitants du reste de la Finlande est frappante: dès qu'on quitte ce dernier pays pour entrer dans le Wiborg et surtout dans l'Ingrie, on voit des paysans pauvres et misérables, des chevaux chétifs, de mauvaises auberges, etc. Les Ingriens sont encore au-dessous des Esthiens ou Esthoniens**, qui, ayant gémi pendant plusieurs siècles sous l'oppression la plus dure, la plus révoltante, exercée par la noblesse allemande de l'Ordre teutonique, présentent aussi une grande dégénération morale et intellectuelle. Les Esthoniens, depuis longtemps séparés des autres Finnois, peuvent pourtant se faire comprendre d'eux, quoique avec quelque peine, à peu près comme les Danois se font comprendre des Suédois, ou les Allemands des Hollandais. Écrits, les deux dialectes diffèrent davantage, parce que la langue des Esthiens est plus germanisée que le finnois proprement dit.

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