Page images
PDF
EPUB

et dans ce cas ils deviennent de véritables forts. C-TE.

FORTE, PIANO, deux mots italiens qui signifient fort et doucement, et qui sont employés dans la musique pour indiquer qu'il faut augmenter ou affaiblir le son.

inquiétudes, ont regardé les forts comme destinés, après une résistance de quelques jours, à tomber au pouvoir de l'ennemi, ainsi qu'il était arrivé en dé'cembre 1832 à la puissante citadelle d'Anvers, qui avait ouvert ses portes aux Français après 24 jours de tranchée ouverte et d'une défense très opiniâtre (voy. ANVERS). Dans ce cas, la capitale leur semblait exposée aux coups du vainqueur, qui,du haut des forts dont il serait maître, s'il n'atteignait pas le centre mème de la ville, pourrait bien la dévaster sur la plus grande partie de sa superficie. Malgré le rapport favorable fait à la chambre élective, le 22 avril 1833, par la commission qui avait été chargée de l'examen de la proposition du gouvernement, le projet ne fut pas adopté.

Il arrive souvent en campagne qu'un corps d'armée est destiné à conserver une position d'où il doit plus tard se porter en avant, et qui est propre à soutenir une retraite. On établit alors des forts de 'campagne qui défendent la position et mettent les gardes à l'abri de toute surprise. Ces ouvrages, quoique construits légèrement et avec rapidité, sont soumis, pour leur tracé, aux principes déterminés par l'art de la fortification (voy.). On les emploie à la défense d'un village, d'une rivière, d'une vallée, d'une route. On transforme souvent en fort de campagne un château, une église, un cimetière, ane simple maison, en élevant une banquette en terre derrière les murailles, en les perçant de créneaux et en barricadant les portes.

On donne le nom de fortin à de petits forts de campagne qui sont triangulaires, ou carrés, ou à étoiles. Ceux-ci sont entièrement fermés; les autres, appuyés à une rivière, à un marais, etc., restent ouverts à la gorge; ils servent à couvrir un passage ou à favoriser une retraite : ils sont alors soutenus sur leurs flancs par des batteries placées en arrière. Ces sortes d'ouvrages, qui ne sont bons que contre un coup de main, n'ont qu'une utilité momentanée: on ne les emploie souvent que quelques jours, ou tout au plus pendant le cours d'une campagne. Quand ils doivent avoir une plus longue durée, il faut les construire avec plus de solidité,

Quant à l'instrument appelé fortepiano parce qu'il se prête à rendre les deux degrés d'expression, il en sera traité au mot PIANO. Voy. aussi CLAVECIN. X.

FORTERESSE, terme générique qui s'emploie pour exprimer toute espèce de place forte, quelle que soit son importance. C'est dans cette acception la plus étendue que le maréchal de Saxe prend le mot quand il examine l'utilité d'une forteresse. « Elle sert, dit-il dans « ses Réveries, à couvrir un pays, à obli« ger l'ennemi à l'attaquer avant de pas« ser outre, à s'y retirer avec des troupes << pour les y mettre à couvert, y former « des magasins et y mettre en sûreté, pen<< dant l'hiver, de l'artillerie, des muni«<tions, etc. »> Ce grand capitaine s'élève hautement contre l'usage de fortifier les villes. Il veut que l'on place les forte

resses aux confluents des rivières ou dans des endroits déjà fortifiés par la nature, et qu'elles n'aient d'autres habitants que les militaires chargés de leur défense.

Maigret, ingénieur français, a publié, en 1770, un Traité de la sûreté et con

servation des états par le moyen des forteresses, dans lequel il discute leurs avantages et leurs inconvénients. Il s'attache à réfuter Machiavel, qui repousse les forteresses comme nuisibles à l'égard des ennemis tant extérieurs qu'intérieurs, en ce qu'elles absorbent une partie de l'armée active.

Le grand Frédéric attachait une haute valeur aux forteresses. « Elles sont, dit-il « dans l'Anti-Machiavel, ainsi que les << armées, d'une utilité égale pour les « princes; car s'ils peuvent opposer leurs « armées à leurs ennemis, ils peuvent << sauver leurs armées sous le canon de « leurs forteresses; et le siége de cette « forteresse que l'ennemi entreprend leur << donne le temps de se refaire et de ra« masser de nouvelles forces. »>

Napoléon se prononce non moins positivement en leur faveur. « Elles sont,

« dit-il, utiles pour la guerre offensive « comme pour la guerre défensive. Sans << doute elles ne peuvent pas seules tenir « lieu d'armée, mais elles sont les seuls « moyens que l'on ait pour retarder, en<< traver, inquiéter un ennemi vainqueur.» Aussi consacra-t-il des dépenses considérables aux forteresses d'Alexandrie, de Palma-Nova, de Mayence, de Juliers, de Wesel, de Dantzig.

De nombreux exemples fournis par les guerres anciennes et modernes viennent à l'appui de cette opinion; mais elle a perdu beaucoup de sa consistance aux yeux de quelques militaires contemporains qui ont contribué à la rapide invasion de la Prusse et à celle des provinces d'Autriche, sans que les nombreuses forteresses de ces deux pays aient apporté des obstacles réels à leur marche triomphale*.

Vainement leur rappelle-t-on qu'en 1793, après la bataille de Neerwinde, les forteresses de la Flandre arrêtèrent les armées coalisées, et que leur vigoureuse résistance préserva la France de l'invasion dont elle était menacée; ils n'ont pas oublié qu'en 1799 la fortune du conquérant de l'Égypte vint échouer contre les murs de Saint-Jean-d'Acre, et que la résistance désespérée de cette forteresse changea peut-être les destinées de l'Orient; ils ne peuvent méconnaitre la puissante protection que l'Espagne, presque entièrement occupée par l'armée française, et qui semblait livrée sans défense à ses ennemis, reçut des forteresses dont le sol de la Péninsule était hérissé, lors

(*) C'est spécialement contre l'utilité des petites forteresses limitrophes que des doutes se sont élevés de toutes parts. Depuis que l'art de la guerre consiste surtout à avoir de bien gros bataillons, comme a dit Napoléon, on a vu investir ces forteresses au moyen de quelques milliers d'hommes, détachés d'un corps d'armée sans arrêter sa marche sur la capitale où devait se porter le coup décisif. On a pensé que si toutes les forteresses étaient de grandes villes comme Strasbourg, Metz, Magdebourg, Mayence impossibles à investir avec peu de monde, il n'en serait plus ainsi; car l'armée principale, en laissant derrière elle les forts détachements qu'exigent de telles villes, s'affaiblirait trop pour être en état de continuer ce qu'on a appelé sa pointe vers le centre de l'état envahi. Au reste, ainsi que notre auteur le fait sentir, il est des pays dont l'occupation de leur capitale n'entraîne pas encore la conquête,

J. H. S.

que ces masses inertes, défendues avec toute l'énergie du patriotisme, lui fournirent le moyen de résister pendant six ans aux vainqueurs de toute l'Europe; ils savent qu'il fallut assiéger successivement Roses, Sarragosse, Gironne, Astorga, Hostalric, Ciudad-Rodrigo, Almeida et une multitude d'autres forteresses dont la conquête fut achetée par d'énormes dépenses et par des flots de sang. Quelques autres, telles qu'Alicante, Carthagène, Tariffa, Cordoue, ne cessèrent pas de voir flotter sur leurs remparts le drapeau castillan, et les cortès espagnoles bravèrent, à l'abri des murs de Cadix, les menaces du vainqueur.

Tant de services rendus par les forteresses seraient certes plus que suffisants pour convaincre leurs adversaires de leur utilité. Mais ils opposent aux exemples que l'on vient de rapporter la campagne de 1806 en Prusse, celle de 1813 en Saxe, celles de 1814 et de 1815 en France, et remarquent qu'à ces diverses époques les forteresses n'ont préservé ni la Prusse ni la France de l'invasion étrangère.

Sans doute, dans ces graves circonstances, les alliés ont franchi impunément la zone de nos forteresses; mais la double invasion de la France ne peut être attribuée qu'à l'excessive supériorité numérique des armées ennemies, qui leur permettait d'investir les forteresses sans arrêter pour cela leur marche vers la capitale, et surtout à des considérations politiques qui leur étaient favorables.

Au surplus, quelques bons esprits qui ont médité sur cette nouvelle manière de faire la guerre avec des armées innombrables ont été amenés à reconnaître la nécessité d'apporter quelques modifications au système de fortification suivi jusqu'à présent. Nous les ferons connaitre au mot FORTIFICATION. C-TE.

FORTERESSES FÉDÉRALES, ou de la Confédération germanique. Après le traité de Paris, de l'an 1815, les puissances alliées résolurent d'employer une partie des fonds provenant des contributions de guerre levées en France à construire une ligne de forteresses qui protégeraient l'Allemagne contre l'éventualité de nouvelles invasions françaises. Ce projet ne fut exé

cuté qu'en partie; on procéda dans les délibérations avec la lenteur ordinaire des diètes allemandes; on ne put s'accorder sur le choix des points à fortifier et en attendant se présentèrent des besoins plus urgents; on n'avait plus d'ailleurs les mêmes craintes à l'égard de la France que pendant l'époque de la révolution et sous le régime impérial. Par toutes ces raisons, il n'y eut point de système de forteresses. On s'est contenté de déclarer forteresses fédérales les places de Mayence, Luxembourg et Landau, et d'en réparer ou agrandir un peu les fortifications, quoique les plans, les délibérations et les rapports n'aient pas manqué. Mayence est gardée par des troupes autrichiennes, prussiennes et hessoises (grand-ducales); Luxembourg a une garnison prussienne et hollandaise; Landau n'a d'autre garde que les troupes du pays, c'est-à-dire bavaroises. Ces trois forteresses se lient naturellement à celles que la Prusse occupe à Wesel, Juliers, Saarlouis, Cologne, Coblentz et Ehrenbreitstein. Selon le projet, on devait fortifier aussi un point aux environs de Hombourg pour lier plus étroitement Luxembourg à Landau. Dans ces derniers temps, on a senti la nécessité de défendre le passage du Danube par une forteresse, sur l'emplacement de laquelle les avis n'ont pas été d'accord jusqu'à présent on a tour à tour proposé Manheim, Ulm, Germersheim et Rastadt. Il paraît pourtant que la dernière de ces localités réunit le plus de suffrages. Cependant comme les fonds français n'existent plus et que les frais de construction tomberaient à la charge de la Confédération, il est probable que, vu les temps de paix, on ne se pressera pas beaucoup de construire une forteresse nouvelle. D-G.

FORTIA. La maison de Fortia, l'une des plus anciennes du royaume d'Aragon, se divise en quatre grandes branches, de Fortia-Chailli, d'Urban, de Montréal et de Piles, qui ont formé en Languedoc, en Touraine, à Avignon, à Paris, dans le comtat Venaissin, en Provence, etc., diverses branches secondaires presque toutes éteintes aujourd'hui. Le nom de Fortia est connu depuis la fin du xe siècle; dans le xire, les membres de cette famille sont nommés très hauts seigneurs; en 1113,

Encyclop, d. G. d. M. Tome XL

lorsque Raimond-Béranger vint prendre possession de la Provence et du Gévaudan, l'histoire nous apprend que deux frères, seigneurs de Fortia, accompagnaient ce prince. Sous le règne du roi d'Aragon Jacques Ier, surnommé le Conquérant, vers 1230, PIERRE de Fortia fut celui de tous les seigneurs catalans qui se signala le plus durant les guerres du belliqueux monarque. PHILIPPE de Fortia, commandant en Provence les troupes du même prince, illustra son nom par une brillante valeur. L'un de ses descendants, BERNARD, dit le chevalier de Fortia, commandait les armées de don Pèdre IV, lorsqu'il chassa le reste des Infidèles quí infestaient l'Espagne. SIBYLLE de Fortia, fille du chevalier Bernard, devint l'épouse de ce même roi, en 1381; IsaBELLE et ÉLÉONORE épousèrent, l'une don Jacques II d'Aragon, prince de la maison royale et dernier comte d'Urgel, l'autre Jean Ier, roi de Castille.

Les armes de la maison de Fortia sont d'azur, à la tour d'or crénelée et maçonnée de sable, posée sur un rocher de sept coupeaux de sinople, mouvant de la pointe de l'écu; supports deux lions; couronne ducale; devise: Turris fortissima, virtus, « La tour la plus forte, c'est la vertu. »> E. P-C-T.

FORTIA DE PILES. Les seigneurs et marquis de Piles, devenus barons de Baumes, puis ducs de Fortia, à Marseille, etc., forment la sixième branche de la maison de Fortia dont on vient de faire connaitre l'origine. PAUL de Fortia, troisième du nom, né en 1633, en est la tige; il fut seigneur et de Piles, seigneur de Peyruis, Auges, Montfort et autres places. Reçu chevalier de Malte en 1640, Paul de Fortia fut pourvu en 1660 du gouvernement des places du château d'If, de Pomègues et des îles de Marseille. Son fils aîné, LOUIS-ALPHONSE, né en 1676, laissa comme lui six enfants. TousSAINT-ALPHONSE, l'aîné de tous, né en 1714, fut d'abord marquis de Piles et porta ensuite le titre de duc de Fortia. A 9 ans, il était déjà gouverneur viguier de Marseille; le 1er mai 1726, il fit son entrée publique dans cette ville en qualité de capitaine gouverneur. Il servit dans l'armée d'Italie comme aide de camp du ma

20

réchal de Villars, après la mort duquel | il remplit les mêmes fonctions auprès du prince de Conti, dans l'armée d'Allemagne. Il mourut en 1801. Son fils unique, ALPHONSE - TOUSSAINT-JOSEPH de Fortia, né en 1735, porta le titre de comte de Piles. Comme son père, Toussaint de Fortia fut gouverneur viguier de Marseille. En 1762, il fut nommé colonel au régiment des grenadiers de France. En 1780, il fut élevé au grade de brigadier des armées du roi, et l'année suivante à celui de maréchal des camps et armées. Il laissa à sa mort (1791) quatre fils, dont l'ainé, ALPHONSE-TOUSSAINT-JOSEPH

ANDRÉ-MARIE-MARSEILLE, Comte de Fortia de Piles, le dernier membre de la sixième branche des Fortia, naquit à Marseille, le 18 août 1758. Dès l'âge de 9 ans, il fut pourvu de la charge de viguier de Marseille en survivance de son père. Il fut reçu et fit son entrée en cette qualité en 1779. En 1790, il émigra, et en 1801 il hérita, du moins légalement, du titre de duc accordé à son grand-père et à ses descendants par une bulle du pape Pie VI en 1776. M. de Fortia a publié un grand nombre d'ouvrages d'histoire, de littérature et de politique; le principal est le Voyage de deux Français dans le nord de l'Europe, en Allemagne, Danemark, Suède, Russie, Pologne, qu'il fit durant son émigration de 1790 à 1793 (Paris, 1796, 5 vol. in-8°). Il le composa avec le chevalier de Boisgelin, mort en 1816, qui avait été son compagnon de voyage. Cet ouvrage se distingue par beaucoup d'exactitude, qualité si rare parmi les voyageurs français. Le comte de Piles fit aussi représenter sur le théâtre de Nancy, de 1784 à 1785, 4 opéras dont il était l'auteur, ainsi que de quelques ouvrages de musique. Il mourut le 18 février 1826, et en lui s'éteignit, ses deux fils étant morts avant lui, la branche des Fortia de Piles, comme celle des Fortia d'Urban doit s'éteindre un jour avec notre vénérable collaborateur dont il sera parlé dans l'article suivant. Les autres branches de cette illustre maison sont éteintes depuis longtemps. E. P-c-T.

FORTIA D'URBAN. JEAN ou JEANFRANÇOIS de Fortia, 3e du nom, est le chef de cette branche. Il naquit à Mont

pellier en 1477, fut seigneur d'Orthez en Languedoc, et épousa, en 1505, Françoise de Vitalis, de noble maison romaine, ce qui valut à son mari l'admission à toutes les charges et dignités de la ville d'Avignon, alors soumise au pape. Il se distingua dans les guerres que le roi Louis XII eut en Italie pour le Milanez, et mourut à Avignon, à l'âge de 78 ans, laissant quatre fils et deux filles. MARC, l'aîné de tous ces enfants, devint co-seigneur de Caderousse, petite ville du comtat Venaissin, et viguier d'Avignon; ainsi que ses frères, il avait été naturalisé par lettres-patentes du roi Henri II, enregistrées le 15 juillet 1550 au parlement de Provence. Il mourut le 22 septembre 1582, laissant une riche succession et beaucoup d'enfants. L'aîné, GILLES de Fortia, né le 10 septembre 1552, fut trois fois nommé viguier d'Avignon, et Henri IV, roi de France, le nomma d'abord capitaine de ses galères et ensuite gentilhomme de sa chambre. Ce fut ce Gilles de Fortia qui acheta de Truphémond de Raymond, de Modène, le 17 mars 1584, le fief et territoire foncier d'Urban; il mourut en 1617. LOUIS de Fortia, l'aîné de ses fils, né en 1597, fut seigneur d'Urban, de Caderousse, etc. En 1621, il fit hommage de la terre d'Urban à la chambre apostolique; il devint viguier d'Avignon, et mourut en 1696. Le douzième de ses dix-sept enfants, FRANÇOIS de Fortia, se distingua au service de France, dans le combat du faubourg Saint-Antoine de Paris, le 2 juillet 1652; au siége d'Étampes, à ceux de Montmédi, de Dunkerque, de Gravelines, à la bataille des Dunes, etc. Élevé successivement aux grades les plus honorables de l'armée, il reçut et posséda jusqu'à sa mort le gouvernement de Mont-Louis, en Roussillon. Lors de la conquête de la Catalogne, Louis XIV le remit en possession du château de Fortia, qui y est situé, et qui avait appartenu à ses ancêtres. Son frère aîné, PAUL de Fortia, dit marquis d'Urban à cause de l'érection de cette terre en marquisat,épousa, le 4 mai 1681, Marie - Esprit de Vissée de la Tude de Ganges, et, par cette union, la famille de Fortia se trouve alliée à celle de saint Louis; en effet, la marquise de Fortia dont il est ici question descendait du

saint roi par Diane de Joanis de ChâteauBlanc, femme de Charles de Vissée, marquis de Ganges. Le marquis de Fortia d'Urban fut élu de la noblessé, premier * consul et viguier d'Avignon; il mourut en 1734, laissant huit enfants, dont l'aîné, FRANÇOIS de Fortia, marquis d'Urban, né le 10 janvier 1685, et mort en 1733, avait été successivement page du roi et vice-légat d'Avignon. Son fils ainé, HERCULE-PAUL-CATHERINE, né en 1718, fut viguier d'Avignon en 1755 et mourut victime de la révolution en mai 1790. Il avait eu deux enfants: 1o PAULINE de Fortia, née en 1753 et morte en 1794, sans avoir été mariée; et 2o AGRICOLE de Fortia, marquis d'Urban, depuis la mort de sa mère (1816); jusque-là il avait porté le titre de comte. Nous devons à ce noble vieillard, érudit très renommé et l'un de nos plus savants collaborateurs, une notice plus étendue.

ce, et le pape le nomma colonel des milices d'infanterie dans le comtat Venaissin. Ayant, presque à la même époque (1785), contracté un mariage qui assura son bonheur domestique, et augmenté sa fortune très considérable par le gain de son procès, il avait une heureuse et paisible existence, lorsqu'arriva la Révolution.Appelé d'abord à faire partie de la première municipalité constitutionnelle d'Avignon, en 1790, par les suffrages de ses concitoyens, il s'éloigna dès qu'il vit le parti révolutionnaire triompher, et se rendit à Paris. Quoique religieux et royaliste, le comte de Fortia n'émigra point lors de la Terreur, mais il vécut retiré dans les environs de la capitale, occupé de ses travaux scientifiques dont dès lors il ne se sépara plus. Occupé à d'infatigables recherches, soit pour accélérer la publication de quelque grand ouvrage d'un haut intérêt, soit pour reculer les limites AGRICOLE-JOSEPH-FRANÇOIS-XAVIER des sciences exactes et historiques, il renPIERRE-ESPRIT-SIMON-PAUL-ANTOINE, dit aux sciences et aux lettres des servi

marquis de Fortia d'Urban, naquit le 18 février 1756 et dut la multiplicité de ses prénoms à cette circonstance qu'il eut pour parrains tous les magistrats de la cité d'Avignon, son père en ayant été nommé viguier l'année précédente. Amené fort jeune à Paris, il fit ses premières études à Passy, dans une maison d'éducation, et n'en sortit que pour passer au collège de La Flèche, d'où il fut transféré, en 1771, à l'École militaire de la capitale. En 1774, il entra, avec le grade de souslieutenant en second au régiment du Roi, infanterie. Cependant son amour pour l'étude, joint à son goût prononcé pour l'indépendance, donnaient à M. de Fortia peu d'inclination pour la carrière militaire: aussi quitta-t-il bientôt son régiment pour se livrer, avec tout l'entraînement d'une véritable vocation à l'étude des mathématiques. Bientôt appelé à Rome par le soin de sa fortune, un procès important pour lui étant pendant au tribunal de la Rote, il passa quelques années dans la capitale du monde chrétien, partageant les moments que lui laissaient ses affaires entre l'étude des beaux-arts, celle des antiquités et les mathématiques.

Les hautes relations qu'il y entretint le décidèrent à quitter le service de Fran

ces qui recommandent son nom à la reconnaissance de tous ceux qui les cultivent. Aussi les sociétés savantes les plus estimées ont-elles tenu à honneur de compter M. de Fortia au nombre de leurs membres. L'Institut de France lui ouvrit ses portes en 1830; il fut appelé à occuper la place laissée vacante à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres par la mort de M. Dambray, ancien grandchancelier de France.

Longue est la liste des publications de ce vénérable savant, soit qu'on y comprenne tous les ouvrages dont il fut simplement l'éditeur, mais toujours en les enrichissant de quelque travail nouveau, soit qu'on la réduise à ceux dont il fut lui-même l'auteur. Nous nous bornerons à en mentionner les principaux. En 1781, M. de Fortia débuta par un Traité d'arithmétique, ouvrage remarquable contenant des vues profondes et nouvelles, et qui eut trois éditions. Il fut suivi du Traité des progressions, par additions, 1793.On doit ensuite au même auteur une Vie de Xenophon, 1795; une Histoire d'Aristarque de Samos, suivie de la traduction de son ouvrage sur les distances du soleil et de la lune, 1810 et 1823; des Mémoires pour servir à l'histoire

« PreviousContinue »