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L'évangile, pour un trembleur,
N'est pas de plus grande valeur,
Qu'une espèce de concordance,
Pour expliquer sa conscience.
Chez eux, c'est grandement pécher,
Que de parler sans tutoyer; (68)
Oter son chapeau, l'on estime,
Comme le meurtre, illégitime;
Ils ne veulent point de serment,
Parce que c'est leur sentiment
Que le vrai toujours on doit dire;
Et, si l'on vient à leur prescrire
D'agir contre leurs volontés;
Comme des mules, obstinés
Ils vont rester tout court en place,
Malgré les coups ou la menace.

Mais, hélas! que ces pauvres gens
Sont sots et faibles, à mon sens!
Et qu'ils ont peu de connaissance
Jusqu'où vont droits de conscience!
C'est du diable tentation,
Qui fait la mauvaise action;
Mais l'esprit des saints les dispose
A faire en bien la même chose,
Qui dans les méchants est péché,
Comme par le diable inspiré.
L'action, pourtant, est contraire,
Comme saint de méchant diffère.

No faith is to the wicked due;
For truth is precious and divine,
Too rich a pearl for carnal swine.

Quoth Hudibras, All this is true; Yet 'tis not fit that all men knew Those mysteries and revelations; And therefore topical evasions

Of subtle turns and shifts of sense,

Serve best with th' wicked for pretence,

Car, comme il n'est point ici-bas
Bête terrestre qui n'ait pas

Dans la mer poisson qui l'exprime: (69)

De même méchant n'a de crime

Dont le saint ne soit entiché;

Mais ce qui dans l'autre est péché,
Dans le saint est œuvre pieuse;

Et la chose n'est point douteuse;
Car ridicule et sot serait,
Qui dirait que le saint devrait
Etre esclave de conscience,

Ou même d'aucune ordonnance. (70)
Votre dame, à ce que je crois,
A ses habits, sa mine et voix,
De ces méchants pourrait bien être;
La chose est facile à connaître ;
Et quoique nous ayons souvent
Dans nos églises différend;

L'opinion des deux reçue,

Est qu'aux méchants foi n'est point due. (71)

La vérité leur prodiguer,

C'est perles aux pourceaux jeter.

Nous sommes d'accord sur les choses,

Dit Hudibras, que tu proposes;

Mais je crois qu'il faut se garder
Tels mystères de publier.

Car ces évasions subtiles,

Ces tours de l'esprit sont utiles,'

Such as the learned Jesuits use,

And presbyterians for excuse,

Against the protestants, when th' happen
To find their churches taken napping:
As thus a breach of oath is duple,
And either way admits a scruple,
And may be ex parte of the maker
More criminal than th' injur'd taker;
For he that strains too far a vow,
Will break it, like an o’er-bent bow:
And he that made, and forc'd it, broke it,
Not he that for convenience took it.
A broken oath is, quatenus oath,
As sound t' all purposes of troth,
As broken laws are ne'er the worse,

Nay, till th' are broken have no force:
What's justice to a man,
or laws,
That never comes within their claws?
They have no power, but to admonish,
Cannot control, coerce, or punish,
Until they're broken, and then touch
Those only that do make 'em such.
Beside, no engagement is allow'd,
By men in prison made, for good;
For when they're set at liberty,

Et sont des prétextes puissants,
Pour servir contre les méchants;
Le presbytérien, le jésuite,

En savent tous deux le mérite;
S'en servent contre protestants,
Quand ceux-ci les prennent dormants.
Par exemple: serment qu'on casse
A toujours une double face;
Et chaque face de l'objet,
Egalement scrupule admet ;
Celui qui le serment impose,
Péche plus que qui casser l'ose.
Car enfin tout serment forcé

Se rompt, comme un arc trop bandé.

Ceux qui forcent un vœu,

j'estime

Devoir être chargés du crime,
Plutôt que celui qui se rend,

Et pour son intérêt le prend.
Serment, comme serment, je pense,
Est bon, malgré qu'on se dispense
Pour des raisons de le garder;
Et l'on peut bien le regarder
Comme la loi qui, transgressée,
N'en est pas pour cela lésée;
Qui n'a même aucune vigueur,
Que lorsqu'il vient un transgresseur.
L'homme, des lois n'a rien à craindre,
S'il ne vient pas à les enfreindre:

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