d'une composition assez simple, est aussi plus agréable à l'œil; mais, de même que le double tirage en lettres rouges et noires, autrefois si fort de mode, cette double impression a ses difficultés, et pour être faite avec soin, elle seroit, je crois, plus dispendieuse que le procédé usuel de la · gravure sur étain. Aussi, dans ces belles pages de musique imprimée en lettres, je ne vois de remarquable que le talent de l'artiste.

Un discours préliminaire de madame Bodoni, en vingt-sept pages, d'un très bel italique, vient à la suite de la dédicace à l'archiduchesse Marie Louise. Il fait l'éloge de Bodoni, mais sans exagérations hyperboliques, et du ton le plus convenable. On trouve ensuite, en soixantedouze pages, la préface qu'avoit faite Bodoni lui-même. On y reconnoît bien l'homme plein de son sujet, passionné pour son art, qui en disserte avec enthousiasme, et en maître habile. Au commencement est son portrait, fort bien gravé par Rosaspina.

Madame Bodoni n'ayant pas oublié les rapports d'amitié, et de goût pour les arts, qui avoient existé entre son mari et moi, a eu l'obligeante prévenance de m'envoyer en cadeau ces deux beaux volumes, et j'ai du plaisir à lui en réitérer ici les expressions de ma reconnoissance. Premier Mémoire sur l'impression en lettres, suivi de la Description d'une nouvelle Presse exécutée pour le service du Roi, et publiée par ordre du gouvernement. Par M. Anisson le fils. Paris, Moutard, 1785, in-4. Pap. vél. fig. br.

Description d'une nouvelle Presse exécutée pour le service du Roi, et publiée par ordre du gouvernement, (par Anisson le fils.) Paris, imprimerie royale, 1783, in-4. Pap. vél. br.

Feu Anisson avoit le désir de faire faire des progrès à l'art typographique, mais il auroit pû être plus heureux sur les moyens d'y parvenir. Ces deux brochures sont très peu de chose, et n'ont produit aucun résultat. C'étoit aussi un amateur passionné des beaux livres, mais trop souvent il prenoit pour beau ce qui étoit extraordinaire ou bizarre. La Galerie de Versailles et plusieurs autres ouvrages à estampes, d'une dimension non moins excessive, ne lui parurent point encore assez majestueux dans leur grandeur, et il imagina de les faire encadrer daus du papier d'une dimension presque double, ainsi qu'on peut le voir sur son catalogue imprimé. Nos entrepreneurs modernes de grands livres semblent avoir hérité de son goût, par les marges démesurées que sans au

cun motif ils donnent à certains volumes, sans apercevoir que par cette fausse magnificence ils les rendent beaucoup trop chers, et surtout de l'usage le plus incommode. Sans doute les marges un peu amples ne déplaisent pas dans un livre de luxe, mais en tout il est de justes bornes dans lesquelles le bon goût sait se contenir. Le Musée, quatre volumes grand in-fol., n'en seroit pas moins beau si au lieu¡d'être du format nommé Colombier, il étoit sur Nom de Jésus, c'est-à-dire, de la grandeur des Voyages en Grèce, à Naples, etc. on répugneroit moins à le feuilleter, on en liroit davantage le texte, et certaines estampes un peu petites y feroient bien meilleure figure.

Description d'une nouvelle Presse d'imprimerie, par M. Pierres. Paris, imprimé chez l'auteur, par sa nouvelle presse, 1786, in-4. fig. br.

M. Pierres étoit plus fort en imprimerie que M. Anisson, ainsi qu'on le peut juger par ce Mémoire et par la presse qui en est l'objet.

Toutes les éditions qu'a publiées cet estimable imprimeur sont d'une exécution très soignée.

Premiers Essais de stéréotypage et de polytypage. In-12, mar. bl. moire, riche rel.

Ce volume contient les essais les plus curieux des divers procédés au moyen desquels le stéréotypage a été amené à sa perfection actuelle. On y voit des épreuves des plus anciennes pages solides, tant de France, où ont été faites les premières, que de la Hollande, où l'on a imaginé de souder les lettres par le pied, de l'Écossois Ged, de Hoffman, de Boudier, de Carez de Toul, des cartouches et autres ornements polytypés, des pages stéréotypes de MM. Didot, et leur prospectus, des assignats de diverses sommes, dont un de 100 fr. et un de 500 fr., chefs-d'œuvre de gravure et de typographie, si supérieurs aux insignifiants billets de la banque d'Angleterre *, quelques petites estampes imprimées avec des planches polytypées sur taille-douce, essai qui n'a pas eu de suite. Mais ce qui donne à ce volume un véritable intérêt, c'est qu'il réunit des essais de chacun des pas que fit Herhan dans la découverte, l'application et le perfectionnement de son ingénieux procédé ; et ces épreuves ayant été recueillies au moment et dans l'atelier même, ou envoyées par Herhan comme témoignages de ses progrès, presque toutes sont maintenant uniques. On trouve de plus dans ce volume le beau commence

* Si les divers billets de banque de l'Angleterre étoient mieux faits, ils tenteroient moins la cupidité des contrefacteurs.

ment d'une édition stéréotype de Salluste, dont il n'a été fait que le Catilina, première et l'une des plus belles productions d'Herhan, de laquelle les feuilles tirées à plusieurs milliers ont été toutes détruites, la réserve de quelques exemplaires donnés en cadeau.

Volume contenant des feuillets pour échantillon de la plupart des premiers stéréotypes de Didot, in-12. Papier vél. br. en carton.

On admira avec raison le Virgile in-12, stéréotype de MM. Didot, que l'opinion des amateurs plaça aussitôt au rang des plus jolies éditions, tant pour la perfection du caractère que pour la netteté et la régularité du tirage. Cet élégant volume fut suivi de quelques autres dont l'exécution étoit presque aussi belle, Phaedrus, Cornelius Nepos, Fables de La Fontaine, Racine, etc. On ne fut pas médiocrement étonné de voir très peu de temps après des exemplaires de ces mêmes livres, dans les mêmes formats, dont le caractère, quoique toujours de bonne impression, avoit perdu cet éclat qui d'abord avoit charmé les connoisseurs. La différence étoit encore plus sensible dans les in-18; et l'on peut voir maintenant quelle distance existe entre les premiers exemplaires du Virgile à 15 sols, et les volumes en papier commun d'impression récente. Il y a moins de différence entre le beau Virgile, le beau César des Elzevier, et les réimpressions que l'on en connoît sous les mêmes dates.

Ces premiers exemplaires dont les amateurs ont aussitôt fait le discernement, et qui déjà même ont presque pris rang parmi les curiosités bibliographiques, sont, ainsi qu'on l'a su dans le temps, le résultat d'un tirage fait pendant que le caractère avoit toute sa fleur et tout son brillant, avant l'enfoncement des pages mobiles dans les épaisses plaques de plomb qui servent à tirer ou estamper les reliefs solides destinés aux impressions stéréotypes. De même, et pour d'autres causes, si l'on veut choisir quelques-uns des plus beaux volumes d'Herhan, lesquels furent sans exception tous stéréotypes, et par la nature de son procédé ne pouvoient se tirer autrement, on doit préférer ceux qu'il imprima lui-même, les premiers exemplaires in-12, pap. vélin, de Bernis, Chaulieu, Gresset, Bernard, Crébillon, etc. Quant au La Bruyère, le premier tirage in-12 est très beau, mais le second, aussi in-12, que j'ai fait faire en 1816, ne lui est pas inférieur.

An Introduction to logography: or, the art of arranging

and composing for printing with words intire, their

radices and terminations, instead of single letters. By Henry Johnson. London, 1786, in-8. v. m.

Rêverie impraticable et plusieurs fois mise en avant. Certes, il seroit bien plus pénible et plus dispendieux d'employer pour la composition une immense collection de lettres liées et combinées suivant le système présenté dans cet ouvrage, que d'assembler l'une après l'autre chaque lettre avec cette prestesse qu'y savent mettre les compositeurs même les moins habiles.

Nouveau Système typographique, dont les expériences ont été faites en 1775, par Don Francisco Barletti de SaintPaul. (Paris, de l'imprimerie royale), 1776, in-4. br. en carton, avec les deux pièces suivantes.

Ouvrage dans le goût du précédent, et présentant de même, comme d'une exécution économique de temps et d'argent, des procédés que leur complication rend impraticables.

Essai historique sur la Typographie orientale et grecque de l'imprimerie royale, par M. de Guignes. (Ibid.) 1787. Principes de Composition typographique, pour diriger un Compositeur dans l'usage des caractères orientaux de l'imprimerie royale. Par M. De Guignes. (Ibid.) 1790. Le titre de la première de ces deux brochures sembleroit devoir la placer dans l'histoire littéraire; mais comme c'est plutôt l'histoire du matériel de l'imprimerie, elle ne doit point être séparée de l'ouvrage du même auteur sur l'usage des caractères orientaux.

Oratio de egregiis Typographiae commodis quam in publica panegyri, D. 21 martii anni 1721, habuit J. J. Bernstorf. Helmstadi, Salom. Schnorr. in-4. cart.

BEAUX-ARTS.

Ouvrages didactiques sur les arts du Dessin.

Dictionnaire des Arts de peinture, sculpture et gravure, par Watelet et Levesque. Paris, Prault, 1788, 3 vol. in-4. pap. de Holl., dont un de planches, rel. à dos de

mar. r. n. r.

C'est un des dictionnaires de l'Encyclopédie méthodique, duquel Prault l'imprimeur a tiré quatre ou six exemplaires en papier de Hollande. Enciclopedia metodica critico-ragionata delle belle arti dell' Abate D. Pietro Zani Fidentino. Parma, dalla stamperia ducale, 1817, gr. in-8. br.

La seconde partie de ce grand ouvrage se publie avant la première. Elle donne l'histoire des ouvrages de gravure; et ses notices sont pour l'art de la gravure ce que les livres de bibliographie sont pour la science des éditions. Si l'ouvrage se continue bien, il sera d'un intérêt réel. La première partie doit traiter de la peinture et des arts du dessin, en général.

Le grand Livre des peintres, ou l'art de la Peinture consi déré dans toutes ses parties, et démontré par principes; avec des réflexions sur les ouvrages de quelques bons maîtres, et sur les défauts qui s'y trouvent, par Gérard de Lairesse, auquel on a joint les principes du dessin du même auteur. Trad. du hollandois sur la seconde édition. Paris, Panckoucke, 1787, 2 vol. in-4. fig. pap. de Hollande, rel. à dos de mar. n. r.

Fort rare en papier de Hollande. J'ai ajouté six à huit bonnes gravures analogues, par B. Picart, Cochin, Saint-Aubin, etc.

Excellent recueil de préceptes et avis énoncés d'une manière simple, familière même, mais toujours judicieuse.

Trattato della Pittura di Lionardo da Vinci, in-4. mar. r. riche dorure ancienne, avec étui, 162 feuillets. En 1815, parmi les livres de James Edwards, ancien libraire, fut vendu