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ter Clément et l'avertir de ne pas prêter l'oreille à toutes les propositions des Français. Clément répond« que la chrétienté était fort désunie, tant par la multiplication des luthériens en tous endroits que par la révolte du roi d'Angleterre; que pour la réunir, l'alliance d'un si grand roi lui était du tout nécessaire, et après, qu'il avait baillé sa nièce aux Français comme une femme qui brouillerait tout leur état, Ces motifs de l'union de Rome avec la cour de France, bien connus et constatés, on peut croire que la mission de Catherine a été de travailler de tous ses moyens, si bien appréciés par son oncle, à l'extinction de l'bérésie. Rome fut le génie qui inspira Catherine, et l'auteur en convient lui-même chaque page. Pourquoi donc a-t-il prétendu justifier la religion des assassinats de la SaintBarthélemy? Qui oserait l'accuser de cette borrible journée ? les hérétiques... Mais l'évangile des Romains est celui des huguenots... Les philosophes? mais ils ont toujours élevé leur voix puissante et généreuse contre le fanatisme, le plus implacable ennemi de la raison..... Qui oserait accuser la morale du Christ, sans être à l'instant confondu par son exemple et ses leçons, prodigués au monde et que le monde n'a pas compris, illum non cognovit. L'évangile, ce code divin, avec lequel lois et constitutions seraient inutiles, si les hommes étaient unis par les liens de la fraternité évangélique, la religion se justifie elle-même. L'enfer seul a pu couvrir ses fureurs du manteau de la religion. • Médicis a eu recours à l'assassinat pour sauver quelques lambeaux de son pouvoir expirant. » L'auteur, qui veut donner à la Saint-Barthélemy des causes purement politiques, convient cependant que depuis longtemps Catherine avait façonné son fils à n'obéir qu'à elle, il n'était plus qu'un misérable histrion (page 46). Elle en a fait le fourbe execrable que l'auteur a peint lui-même sous de si horribles traits. C'était l'extermination des pro

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testans au profit de Rome que voulait Catherine..... L'ambition peut dévaster les états, ruiner les cités, renverser les empires, les passions des tyrans peuvent incendier le monde, mais le lâche assassinat de trente mille victimes endormies et désarmées ne peut être que le crime d'une femme, d'une femme inspirée, qui croit aveuglément au pouvoir des clefs, d'une femme qui, « à minuit, au moment que la SaintBarthélemy allait commencer, craignant un changement dans l'esprit du roi,lui dit en présence de Guise, de Nevers, Birague, Tavannes et de Retz, tous menés là par Monsieur : « Vaut-il pas mieux déchirer ces membres pourris', que le sein de l'église, épouse de Notre-Seigneur ? » Appuyant cet affreux blasphème de l'autorité de l'évêque de Bitanto qui avait prêché: « che pieta sar fer crudele, che crudelta sar pietosa.» Enfans! lisez l'histoire de la Saint-Barthélemy et de ces malheurenx temps, quand les souverains s'affrontaient avec le fer et le poison, quand le démon de midi faisait exécuter son propre fils, condamné par des prêtres, et qu'il ordonnait et payait le meurtre du taciturne..., quand nos rois se succédaient avec la rapidité des ombres fugitives. Grâces enfin à de nombreux et de généreux écrivains, grâces à la religion bien comprise tous les jours, aujourd'hui vaut mieux. qu'hier. La religion redevenue principe ne peut plus être employée comme moyen par ses oppresseurs politiques et sacrés, car les peuples ne veulent plus. se combattre, se suicider et s'avilir dans l'intérêt de la triple couronne, ni d'aucun despotisme. L'auteur de l'histoire de la Saint-Barthélemy, qui vend lui-même ses livres, sait mieux que personne ce qu'ils valent et ce que le public pense de l'auteur, qu'il a placé depuis long-temps au rang des libraires honorables qu'on ne saurait confondre avec ces débitans de Mémoires, dernier asile de l'immoralité chassée des romaus, qui, interrogés, s'ils connaissent les poisons qu'ils exposent, répondent, je suis

libraire, Ce livre est écrit avec élégance et clarté; produit d'une immense èrudition, il offre des pages dramatiques, dignes de Tacite, que l'auteur connaît très-bien, et qu'il paraît avoir pris pour modèle.

Mémoires de M. le comte de Montlosier sur la révolution, le consulat, l'empire, la restauration et les principaux événemens qui l'ont suivie, 1755-1830. 2 vol. in-8. Chez Dufey.

La génération actuelle tressait. des couronnes pour M. de Montlosier; il avait eu le courage de se jeter en avant contre le parti-prêtre et les jésuites, qui reprenaient successivement leurs positions; les roquets de sacristie aboyaient victoire, et l'armée noire, avec-le gouvernement déplorable en réserve, sonnait la charge. Déjà ils coupaient les vivres au noble comte; il vint s'appuyer au parti constitutionnel, qui arrêta d'abord la fougue de l'ennemi, et battit complètement ses réserves. La plupart pensaient, qu'instruit par une longue expérience et de sérieuses réflexions, cet écrivain courageux avait renoncé à ses vieilles erreurs, et qu'enfin il était passé par conviction dans les rangs des amis sincères de la liberté. Bon chréțien et même religieux, il s'était distingué dans le combat contre la milice que Léon X, Clément VII et leurs successeurs avaient lancée contre les novateurs; l'évangile, le code de M. le comte, proclame charité et mensuétude, M. de Montlosier veut donc avec nous maintenir l'égalité et nos libertés constitutionnelles. Ami du trône, fondé sur la Charte, il chérit la religion, source intarissable de douces inspirations et de salutaires espérances. Il n'est plus, aux yeux des patriotes, le député aristocrate de la minorité de l'assemblée constituante; il ne rêve plus féodalité; converti sincèrement à la révolution, source féconde de tant d'améliora

tions, il a abjuré les eutopies qu'il avalt soutenues autrefois... Eh bien! il n'en est rien. Lisez les deux volumes que le noble comte vient de publier, et vous retrouvez le seigneur de paroisse tout prêt à opprimer les vilains et à s'enivrer de nouveau d'encens et d'eau bénite. M. de Montlosier est né d'une famille noble, à Clermont en Auvergne; si l'on remarque son humeur passionnée, son génie bizarre et son imagination ardente, on voit qu'il a été élevé dans les cratères des anciens volcans du Puy-de-Dôme; son grandpère a été assassiné par la multitude insurgée, et lui-même a failli subir le même sort, parce que de sots paysans le regardaient comme sorcier. Son pèrc aimait beaucoup plus la chasse que sa femme, dont il eut cependant douze enfans. Sa mère était spirituelle, et sensible, et cependant elle s'occupait de sa famille plutôt par devoir que par sentiment. Avant l'âge de sept ans, le jeune comte avait déjà lassé et rebuté un gouverneur et un précepteur. On l'envoya au collège de Clermont, dirigé par les jésuites, et quoiqu'il n'y fût entré que quelques mois avant la proscription des RR. PP., il regrette cependant encore leurs leçons, leurs caresses et le prix de grec qui lui était promis. M. le comte était déjà grec à l'âge de six ans ; il ne faut donc pas s'étonner s'il plaisante la majeure partie de l'assemblée constituante sur son ignorance de la langue d'Homère, et de ce qu'elle ne savait pas que le mot monarchie dérive du grec, et signifie le bienheureux gouvernement d'un seul. L'écolier n'aime pas ses nouveaux régens, il quitte Ludovicus rex, le que retranché et le lexicon, pour le chevalier de la triste figure, Gil Blas et Robinson Crusoé; comme ces héros, il veut courir le monde : il ne s'agit plus que de se procurer l'argent nécessaire au voy age; il force une armoire, les écus qu'il y trouve l'épouvantent, et il part quand même. Après une nuit passée dans une ferme, il revient à la maison, d'où il fut conduit

sans retard chez les moines augustins, qu'il peint d'une manière hidense. Ces augustins valaient cependant beaucoup mieux dans ce temps que les sales capucins, qui veulent faire violence à la civilisation. L'anteur, sorti vierge des mains des augustins, entra pensionnaire, au collège de Clermont, où il devint, en, peu de temps, chef de voleurs, général, d'armée, et enfin sorcier et magicien. Mais le bienheureux fouet de nos pères. opéra bientôt sa conversion, et à treize ans il était saint. Cependant ses sentimens religieux étaient accompagnés d'un bourdonnement vague d'amour; il dévore le Formosum Pastor Corydon, il le traduit, il est dans chacun de ses camarades, et l'on ne voit plus circuler dans le collége que des déclarations d'amour; il arrive jusqu'à l'extase;. mais, o nouveau prodige! il a rencon-, tré les oiés du père de Philippe, et il s'écrie: solum anserem volo. 11 parvient à saisir une oie, et le remords succède au bonheur; il croit lui échapper par la fuite, il vient à Paris. Il voit le monde et les princes qui en font un officier de milice. Il a suivi à la fois un cours de chimie, un autre d'anatomie, un autre de droit public, il s'est jeté à corps perdu dans la métaphysique pour arriver enfin au sublime de la science, à l'incrédulité. C'est ainsi que, gentilhomme et philosophe, il met à la raison un curé qui refuse l'encens à une noble dame, sa parente, veuve et riche; elle lui offre sa fortune et sa main, qu'il aurait acceptées si, âgée de quarantedeux ans, elle n'avait pas exigé le don de son cœur. Une autre veuve du même âge, mais moins riche et moins exigeante, lai apporta en dot une jolie ferme que son père avait aliénée, et où il avait passé les jours fortunés de son enfance. Là, au milieu des villageois dont il décrit les mœurs, et nous redit les proverbes, il visite les gentilshommes ses voisins. Il fait la connaissance du père de M. de Barante et de celui de MM. de Chabrol, il occupe sou temps à l'agriculture, à la lecture des philoso

phes et des Saints-Pères de l'église; il pâlit sur les vieilles chroniques, où il puisa tant de connaissances et de jouissances féodales. Quelquefois couché sur une belle pelouse à la cime des volcans éteints, il passe des journées entières à chercher à l'horizon les tours de l'artique demeure de son amie, puis le clocher de l'église qui domine sa tombe; il verse de douces larmes; mais le bonheur est fugitif! Le tonnerre lui tue quarante moutons; ses chiens, ses pores et ses vaches deviennent enragės; › le deuil est dans la ferme et les alarmes dans le voisinage, tout cela ne passait pas pour naturel. On l'avait vu gravir les montagnes avec des instrumens extraordinaires. Un prêtre avait lu sur sa table le titre d'un livre diabolique : il était donc sorcier; ce n'était pas toutes pertes, son odeur satanique écartait les voleurs. Cependant sa réputation faillit lui devenir funeste, c'était à l'aurore de la révolution; survint une fièvre contagieuse, et cette maladie et ses discours anti - populaires le firent regarder comme une peste publique. Deux cents vilains armés étaient en marche pour aller démolir sa maison, quand un bienheureux orage les mit en fuite; et comme si tout le monde devenait fou en l'écoutant, pendant que ses voisina le prenaient pour un sorcier, sa femme se mit en tête que le Saint-Esprit, las d'occuper le petit espace qu'il remplissait, s'était emparé de la personne de son mari; elle lui confia l'éducation d'une nièce qu'il se mit à corriger et à endoctriner. Mais un jour il parut si ému après une leçon ou une punition, que madame la comtesse se hâta de renvoyer sa nièce à ses parens. Enfin la bonne tante mourut, et M. de Montlosier, tout en la regrettant, se trouva entraîné vers la petite nièce, qui tomba malade. 11 la soumit au magnétisme, a ses beaux yeux se fermèrent, et toute sa personne physique sembla s'anéantir, son âme tout entière se réunit à celle du comte..... Bientôt elle se mit à répondre elle-même à des pensées

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qu'il ne lui confiait pas. Ecoutez: Me souvenant alors de ce que je savais avoir été pratiqué par d'autres, je me mis, avec une curiosité indiscrète, si elle n'était pas coupable, à lui commander mentalement les niaiseries qui me passaient par la tête, et qu'elle exécutait tristement, mais avec précision au moment même. Cette première scène fut suivie de beaucoup d'autres, qui se succédèrent pendant un mois. » L'aperçu de la vie privée du noble comte reviendra à l'esprit du lecteur, quand il lira sa vie politique, le tableau qu'il a tracé de l'assemblée constituante en trempant sa plume dans l'encre de Malet-Dupan, de Royou, de Pelletier, Durozoy, et de tant d'autres écrivains spirituels, détracteurs de l'immortelle assemblée constituante, qui, comme l'astre du jour n'en poursuivait pas moins sa brillante carrière. Ce tableau est une mauvaise charge. Est-ce par reconnaissance et en mémoire de ses liaisons intimes avec le père de MM. de Chabrol, qu'il réimprime aujourd'hui cette épigramme de Lepelletier ?

Juste Chabrol ne craignez pas Que de deux noms la ressemblance Donne au public quelqu'embarras, De Chabrol à Chabroud, chacun sait la distance,

Il est entre vous deux la même diffé

rence

Qu'entre Saint-Jude et Judas. » Et ces vers de M. de Champcenetz, que M. de Montlosier aurait pu prendre de préférence pour l'épigraphe de ses mémoires :

« Un des législateurs français Parlant avec un grand succès, Mille bravos venaient sans cesse l'interrompre.

Tandis qu'on l'applaudissait,

Un aristocrate disait :

Bon Dieu! que ne peut-on applaudir

à tout rompre.»

M. de Montlosier est beaucoup plus passionné que M. le marquis de Ferrières, il a malheureusement répété, et

souvent mot pour mot, les diatribes publiées en 1796, avec autant de légèreté que d'imprudence, par l'auteur famélique de l'histoire de la conjuration de Louis Philippe Joseph d'Orleans. It a omis des faits essentiels, il en a rapporté d'apocryphes, il en a tronqué et défiguré beaucoup d'autres; il a déchiré tous ses collègues sans exception, ceux mêmes qu'il nomme ses amis. Et cependant en prenant les Mémoires de M. le comte tels qu'ils sont, ils ont fourni à ses adversaires de nouveaux et de puissans moyens d'augmenter ex concessis. Mais cette controverse est terminée; l'ouvrage de M. de Montlosier n'offre plus à la curiosité publique qu'un vieux conte d'un écolier, cultivateur, précepteur et magnétiseur de filles, philosophe, législateur, sorcier.

Mémoires de madame la marquise de Montespan. in-S. Chez Mame et Delaunay-Vallée. Tomes I. II. 15 fr.

Amours et galanteries des rois de France, mémoires historiques sur les concubines, maîtresses et favorites de ces princes, depuis le commencement de la monarchie jusqu'au règne de Charles X. Par Saint-Edme. 2 vol. in-8. Chez 4. Costes. 15 fr.

ANTIQUITÉS.

Essai sur les anciennes assemblées nationales de la Savoie, du Piémont, etc. Par le comte Ferdinand del Pozzo. in-8. Chez Ballimore. Tome I.

Mémoire sur les antiquités de Marsal et de Moyenvic. Par Dupré. in-8. Impr. de Gaultier-Laguionie.

Voyage archéologique dans l'ancienne Etrurie. Par Dorow. Trad. de l'allemand sur le manuscrit inédit de l'auteur, par Eyriès. in-4. avec 16 pl. Chez Merlin. 12 fr.

Artistes de l'antiquité, ou Table alphabétique, contenant, jusqu'au 6 siècle de notre ère, tous les noms de statuaires, sculpteurs, peintres, architectes, fondeurs, graveurs en pierres fines que nous ont transmis les auteurs anciens et les monumens. Par le comte de Clarac. in-8. Toulouse.

Cérémonies des gages de batailles, selon les constitutions du bon roi Philippe de France, représentées en onze figures, suivies d'instructions sur la manière dont se doivent faire empereurs, rois, ducs, marquis, comtes, vicomtes, barons, chevaliers, avec ·les avisémens et ordonnances de guerre, publiées d'après le manuscrit de la bibliothèque du roi. Par G. A. Crapelet. in-8. avec 11 planches. Chez Crapelet. 20 fr.

Mémoires et Dissertations sur les antiquités nationales et étrangères, publiés par la Société royale des Antiquaires de France. in-8. Chez Selligue. Tome VIII. avec 19 pl. 8 fr.

Contenu Rapport sur les travaux de la société dans les années 1826 et 1827. -Recherches sur le culte de Bacchus ; par Rolle. Sur les monumens druidiques du département du Morbihan; par de Fréminville. · Notices sur des antiquités du département de la Lozère, de la forêt de Fontainebleau, etc.

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Sur une inscription latine du musée de Toulouse, et quelques inscriptions

hébraïques découvertes à Narbonne ; par Dumège. Sur les anciens établissemens des Juifs du Gévaudan; par Ignon. Explication de deux monumens, dont l'un est un tombeau d'Italie; par Lapret. Bas-relief curieux, en bois, qui paraît se rapporter au temps de la ligue; par Romagnesi. Sur les procès et jugemens relatifs aux animaux dans le moyen âge; par Berriat de Saint-Prix.-Quelques chansons anciennes avec la musique. Sur les usages et traditions du Poitou par Guerry. Et cetera.

GÉOGRAPHIE. TOPOGRAPHIE.

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Mémoire sur les îles Loyalty. Par J. Dumont-d'Urville. Partie bydrographique du voyage de l'Astrolabe. in-8. Chez Tastu. Numéro I.

Nouvel Itinéraire portatif de France, renfermant les routes de poste, etc. Par de Simencourt. 3 édition. in-18. avec 5 cartes. Chez Langlois. 4 fr.

Nouvel Itinéraire portatif de la Grande-Bretagne, etc. Par L'Quetin. 2° édition. in- 18. avec 6 cartes. Chez Langlois. 6 fr.

Histoire de la ville et du château de Saint-Germain-en-Laye, suivie de recherches historiques sur les dix autres communes du canton. in-8. Chez Ledoyen.

Recherches statistiques sur la ville de Paris et le département de la Seine. Recueil de tableaux dressés et réunis d'après les ordres de M. le comte de Chabrol. in-4. de 51 feuilles avec 51 tableaux imprimés. Impr, royale.

C'est le quatrième de la collection.

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