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de Canaples, qui était à côté de son oncle, eut le visage brûlé et manqua de perdre la vue. Nommé gouverneur de Montreuil, il obtint en 1525 que le parlement de Paris sacrifiât six mois de ses gages pour l'approvisionnement de cette place. Il y fut assiégé l'an 1537 par les Anglais, que commandait Floris d'Egmond, comte de Bures. On avait retiré de Montreuil presque toutes les munitions, pour les mettre dans la place de Saint-Pol, que le général anglais venait d'emporter; il avait fait passer au fil de l'épée toute la garnison, et menaçait du même sort celle que commandait Canaples. Ce guerrier n'avait avec lui que mille légionnaires et deux cents gentilshommes de l'arrière-ban de Normandie; il manquait de munitions; cependant il attendit, pour demander à capituler, qu'une partie des remparts fût renversée par l'artillerie, et il obtint des conditions honorables. En 1552, le sire de Canaples fut un des volontaires qui, avec trois princes du sang, les deux fils aînés du connétable Anne de Montmorenci, les La Tremouille, les Mortemar, les Biron et un grand nombre de gentilshommes français, vinrent se réunir au duc de Guise pour défendre la ville de Metz contre Charles-Quint, et il se distingua dans ce siége mémorable. CANAPLES, mestre-de-camp du régiment des gardes, après la mort du maréchal de Créqui, son père, força, l'an 1627, le duc de Buckingham, qui avait débarqué dans l'île de Rhé avec trois mille Anglais soutenus de cinq cents Rochelois, à se rembarquer. Canaples n'avait avec lui que douze cents hommes.

V- -VE. CANAVERI (JEAN-BAPTISTE), évêque de Verceil, naquit le 25 septembre 1753, à Borgomaro, où son père exerçait la première magistratu

re. Il commença ses études à Giaveno, et les acheva dans l'université de Turin, où il fut reçu docteur à l'âge de dix-huit ans. Il entra chez les oratoriens de la même ville. Aucune science ne lui paraissait étrangère. Il était à vingt-cinq ans l'admiration des savants qui se réunissaient chez lui pour jouir de ses entretiens. Ce fut surtout dans l'éloquence de la chaire qu'il se distingua; il improvisait tous ses discours. Victor-Amédée l'honora de son estime. Canaveri établit, sous la protection de Mme. Victoire, sœur du roi, une maison pour les dames nobles qui désiraient se retirer du monde, et fit les plus sages réglements pour cette institution, qui existe encore. Nommé à l'évêché de Bielle en 1797, il fut sacré à Rome le 6 août. Sur l'invitation de Pie VII, il s'en démit, en 1804, à l'exemple de tous les prélats du ci-devant Piémont; et, lors de la nouvelle organisation des diocèses, il fut placé, le 1er. février 1805, sur le siége de Verceil, auquel se trouvait réuni l'évêché de Bielle. Bientôt après, il fut nommé premier aumônier de Madame Mère, et membre du conseil de la grande-aumônerie. Il mourut dans son diocèse, le 13 janvier 1811. Son oraison funèbre fut prononcée à Bielle et à Verceil. On a de J.-B. Canaveri des Panégyriques imprimés, entre autres ceux de S. Joseph, et de S. Eusèbe, évêque de Verceil; plusieurs Lettres pastorales en latin et en italien, sur l'obéissance due aux souverains, etc.; mais l'ouvrage le plus considérable de ce prélat est celui qui a pour titre : Notizia compendiosa dei monasterj della Trappa fondati dopo la rivoluzione di Francia, Turin, 1794, in-8°. L'auteur, dont le style est estimé, a laissé plusieurs manuscrits qu'on se propose, dit-on, de faire imprimer. V-VE

CANAYE PHILIPPE, sieur DE FRESNE DE), né à Paris en 1551, de Jacques de Canaye, célèbre avocat, qui avait été nommé pour travailler à la réforme de la coutume de Paris, fut élevé dans les principes du calvinisme. A l'âge de quinze ans, il voyagea en Allemagne et en Italie, et profita même d'une circonstance favorable pour se rendre en Turkie. Il écrivit la relation de son séjour à Constantinople, sous le titre d'Ephémérides, et revint à Paris, où il suivit le barreau pendant quelques années avec une assez grande distinction. Henri III le nomma conseiller d'état, place qu'il remplit de manière à se concilier l'estime des personnes mêmes qui ne partageaient pas ses opinions. Henri IV le fit président de la chambre mi-partie de Castres, et il s'acquitta de ses nouvelles fonctions avec beaucoup d'intégrité. Il fut ensuite employé à des commissions délicates, tant en Angleterre qu'en Allemagne, avec le titre d'ambassadeur. Chargé d'assister à la célèbre conférence qui eut lieu à Fontainebleau, en 1600, entre Duplessis Mornay, pour les calvinistes, et Du Perron, évêque d'Evreux, pour les catholiques, Canaye fut ébranlé dans sa croyance; il eut ensuite à Venise, avec le P. Possevin, des conférences qui le déterminèrent à abjurer le calvinisme. Le pape Clément VIII le félicita de sa conversion par une lettre fort obligeante, et ce fut probablement à cette circonstance qu'il dut d'être nommé, l'année suivante, ambassadeur à Venise, avec la commission de terminer les différends survenus entre cette république et la cour de Rome; il y réussit à la satisfaction des deux parties. Il mourut à son retour en France, le 17 février 1610. Ph. de Canaye était un honnête homme, voulant sincèrement le bien; mais il

n'était pas grand politique; aussi ses lettres et ses mémoires, relatifs aux diverses ambassades dont il avait été chargé, présentent peu d'intérêt. Ces pièces ont été recueillies par le P. Robert (Regnault), minime, avec un sommaire de la vie de Philippe de Canaye, Paris, 1635-36, 3 vol. in-fol. Les pièces les plus importantes sont, au rer. volume, le procès du maréchal de Biron, rédigé par de La Guesle, procureur général, et au 3o., l'histoire des démêlés de la république de Venise avec les papes Clément VIII et Paul V. W-s.

CANAYE (JEAN ), jésuite, né à Paris en 1594, professa les humanités dans cette ville, au collège de Clermont, fut ensuite recteur du collége de Moulins, puis de celui de Blois; s'acquit quelque réputation comme prédicateur, et parvint à être nommé supérieur des hôpitaux de l'armée de Flandre. Il est moins connu par ses talents et par les emplois qu'il a exercés que par un petit ouvrage inséré dans les œuvres de St.-Évremond intitulé Conversation du mar échal d'Hocquincourt et du P. Canaye. Quelques-uns attribuent ce morceau à Charleval. L'auteur a eu pour but de jeter du ridicule sur les principes des jésuites, concernant la grâce. Rien de plus ingénieux que le ca dre qu'il a imaginé. Les caractères des deux interlocuteurs sont parfaitement soutenus, et le contraste de la franchise un peu grossière du vieux guerrier avec la circonspection et l'embarras du jésuite est très plaisant. Le P. Canaye est auteur: I. d'un Recueil de lettres des plus saints et meilleurs esprits de l'antiquité touchant la vanité du monde, Paris, 1628, in-8°.: l'abbé de Marolles faisait cas de ce recueil, ce qui ne prouve rien pour son mérite; II. des Vers

français et latins, imprimés dans le volume intitulé: Ludovici XIII triumphus de Rupellá capta, Paris, 1628, in-4°. Il est mort à Rouen, le 26 février 1670.

W-s.

CANAYE (ÉTIENne de), arrièrepetit-neveu de Philippe, et cousin germain de Jean, dont on vient de parler dans les deux articles précédents, naquit à Paris, le 7 septembre 1694. Il était fils et petit-fils de deux doyens du parlement. Après qu'il eut fait son cours de théologie au séminaire de St.-Magloire, son père le pressa de prendre une charge de conseiller-clerc, et ce fut pour se soustraire à ses importunités qu'il entra, en 1716, dans la congrégation de l'Oratoire, dont le P. de Latour, son proche parent, était général. Il professa la philosophie avec beaucoup de distinction au college de Juilly, en sortit en 1728, pour complaire à sa famille, et fut reçu, la même année, de l'académie des inscriptions. Le recueil de cette compagnie ne renferme que trois mémoires de lui; ils sont écrits avec un ordre, une précision et une élégance qui les font lire avec le plus grand intérêt, et donnent du regret qu'il n'en ait pas multiplié le nombre. Quand ses amis lui reprochaient, à cet égard, de ne pas enrichir le public du fruit de ses études : « Je veux toujours » demeurer dans la foule, leur répon» dait-il. En littérature, comme au >> théâtre, le plaisir est rarement pour » les acteurs. » Le premier de ces mémoires est sur l'Areopage. Il y recherche l'origine et la fondation de ce tribunal, examine les qualités des juges, la forme de l'instruction et le jugement des affaires. La connaissance profonde qu'il avait de la langue grec. que et son goût décidé pour les matières philosophiques l'avaient déterminé à débrouiller le chaos de l'an

cienne philosophie. Il donna deux mémoires sur Thalès, chef de l'école ionienne, et sur Anaximandre, son disciple. On y trouve des recherches intéressantes sur leurs vies, leurs découvertes en astronomie, leur systême touchant les causes premières; et, de l'examen approfondi de ce systême, considéré sous tous ses rapports, il tire des conséquences peu favorables à la doctrine de l'école ionienne. Sa paresse naturelle, son indifférence pour la gloire littéraire, le désespoir de jamais pouvoir tirer quelque chose de satisfaisant de l'ancienne philosophie, la crainte peut-être de se voir engagé dans la guerre qui commença vers cette époque entre les philosophes et les théologiens, le déterminèrent à quitter cette carrière, et sa retraite fut l'objet d'un mémoire très piquant, qu'il lut à l'académie; mais qu'il n'a pas jugé à propos de rendre public. Cette retraite ne fut pourtant pas entièrement oisive. C'est ce qu'attestent ses livres, chargés de notes savantes, surtout son Homère, pour lequel il avait une telle passion, qu'il le savait presque tout par cœur. L'auteur de son éloge, parmi ceux de l'académie des inscriptions, dit qu'il avait fait, dans sa jeunesse, des notes intéressantes sur Florent Chrétien, qui furent perdues, à son grand regret, par la inaladresse de ses domestiques, qui n'en connaissaient pas le prix. L'anecdote est rapportée d'une manière bien différente par l'abbé de St.-Léger: il dit que Florent Chrétien, grand-oncle de l'abbé Canaye, avait rempli un tonneau de corrections et de remarques sur les auteurs grecs, écrites sur de petites bandes de papier; que Canaye, enfant et fort espiègle, ayant découvert le tonneau dans le coin d'un cabinet, s'amusa, avec ses frères, à brûler, déchiqueter, faire voler ces morceaux

de papier, de sorte que le tonneau fut bientôt vide. L'abbé de St.-Léger ajoute, ce qui supposerait une indifférence peu honorable dans un homme de lettres, que Canaye, à quatre-vingts ans, riait encore aux éclats de cette espieglerie de son enfance, qui avait causé une perte irréparable. Le même bibliographe raconte que d'Alembert, ami de l'abbé Canaye, auquel il a dédié son Essai sur les gens de lettres, lui ayant présenté le manuscrit du Discours préliminaire de l'Encyclopédie, l'abbé, après l'avoir parcouru, le jeta au milieu de la chambre, en disant: «Fi donc ! cela ne vaut rien ; » qu'ensuite il l'apostilla, le retoucha, fit des retranchements, et de nombreuses additions, lui donna de la couleur, de la vie, et en fit un chef-d'œuvre Rem. à la suite de la notice de MercierSt.-Léger, par M. Chardon de la Rochette). L'abbé de Canaye portait dans la société les qualités les plus propres à rendre un homme aimable, intéressant, et surtout une singulière indifférence pour tout ce qui n'est bon qu'à flatter la vanité. On rap porte à ce sujet, qu'un de ses amis, voyant dans la chapelle de son château de Montercau, diverses armoiries, et lui demandant quelles étaient les siennes, il lui fallut recourir à son cachet pour satisfaire à la question, et que c'était pour la première fois de sa vie qu'il avait pensé à l'examiner. Son excellente constitution et la régularité constante de sa vie lui conservèrent une santé ferme et vigoureuse jusqu'à la fin de sa longue carrière. Il mourut des suites d'une attaque d'apoplexie, le 12 mars 1782.

T-D.

CANDACE. On donnait ce nom à la mère du roi, dans l'île de Méroé, au-dessus de Syéné. Il est question dans l'histoire de quelques reines de ec nom, qui gouvernaient sans doute

pendant la minorité de leurs fils. Plusieurs auteurs anciens prétendent que c'était la coutume des Éthiopiens d'être gouvernés par des reines qui s'appelaient Candaces (Voy. les ouvrages de Pline, Eusèbe, Strabon, Ptolémée, etc.) Suidas parle d'une Candace qui fit prisonnier Alexandre-le-Grand, ce qui est sans doute une fable. Une autre CANDACE, privée d'un ceil, fit une irruption en Égypte, sous le rè→ gne d'Auguste, l'an 20 avant J.-C. Elle prit et pilla toutes les villes sur son passage, jusqu'à Éléphantine; mais T. Petronius, préfet de l'Égypte, s'étant mis à sa poursuite, pénétra dans ses états qu'il pilla à son tour, ce qui la força de rendre le butin qu'elle avait fait et de demander la paix. Il est question dans les Actes des apôtres, ch. VIII, v. 27, d'une autre CANDACE, reine d'Éthiopie, dont l'un des eunuques fut baptisé par S Philippe. C-R.

S.

CANDALE (HENRI DE NOGARET D'ÉPERNON, duc DE), fils aîné du fa meux duc d'Epernon, fut gouverneur de l'Angoumois, de la Saintonge et de l'Aunis, en survivance de son père, en 1596. En 1612, entraîné par de mauvais conseils, il s'éloigna de son père, et se rendit, l'année suivante, à la cour de l'empereur. Il offrit ses services au grand-duc de Toscane, qui armait contre les Turks, et il s'embarqua sur la flotte de ce prince, à Civita-Vecchia. Il fit des prodiges de valeur à l'attaque d'Agliman, forteresse importante dans la Caramanie: on lui dut le succès de cette expédition. La forteresse fut prise, pillée et ruinée par les Florentins. En 1614, il fut fait premier gentilhomme de la chambre du roi Louis XIII. Quelques mois après, emporté par le dépit, il prit le parti des princes, parut embrasser le calvinisme, et, dans une assemblée des calvinis

de

tes de Nîmes, en 1615, il fut déclaré général des Cévennes. Rendu bientôt après à sa religion et à son père, il rentra dans le devoir. La guerre se ralluma en 1621, entre l'Espagne et la Hollande; il servit sous le prince d'Orange, général des Hollandais, en qualité de colonel d'un régiment d'infanterie. En 1622, il se jeta dans Bergue, assiégée par Spinola, et se si gnala à toutes les attaques où il se trouva. Il se démit alors des gouvernements d'Angoumois, de Saintonge et d'Aunis. Il commanda les troupes la république de Venise dans la Valteline, en 1624. Il fut en 1630 général de l'infanterie vénitienne; chevalier des ordres du roi en 1633. Mécontent de n'avoir pas obtenu le bâton de maréchal de France, aigri contre le cardinal de Richelieu, il retourna à Venise, dont la seigneurie l'élut généralissime de ses armées. Le cardinal de La Valette, son frère, ménagea son raccommodement avec le cardinal de Richelieu. Il revint en France, et fut, en 1636, lieutenant-général de l'armée de Guyenne, sous le duc d'Epernon, son père, puis de l'armée de Picardie, et enfin de celle d'Italie, sous le cardinal de la Valette; il y commanda jusqu'à sa mort, arrivée à Casal, le 11 février 1639. Il avait quarante-huit

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CANDALE (LOUIS-CHARLES-GASTON DE NOGARET DE FOIX, duc DE), né à Metz en 1627, était fils de Bernard de Nogaret, duc d'Epernon, et de Gabrielle-Angélique, légitimée de France, fille naturelle de Henri IV, petit-fils du fameux duc d'Epernon, et neveu du précédent. Il eut en 1649 un régiment d'infanterie de son nom, commanda les troupes en Guyenne, sous le duc d'Epernon son père, qui consentit en 1652 à lui céder la charge de colonel-général de l'infante

rie française. Il fut pourvu, la même année, du gouvernement d'Auvergne sur la démission du cardinal Mazarin, et commanda l'armée de Guyenne après le comte d'Harcourt en 1632. Licutenant-général de l'armée de Catalogne sous le prince de Conti et le maréchal d'Hocquincourt en 1654, il concourut à la prise de différentes villes. Après le départ du prince de Conti, il commanda en chef cette même armée; mais le peu de troupes qu'il avait et des pluies continuelles ne lui permettant pas de tenir la campagne, il revint en France, et tomba malade à Lyon, où il mourut le 28 janvier 1658. Son oraison funèbre fut prononcée par le P. Jacques d'Autun (de Chevanes), capucin, Dijon, 1658, in-4°., et par plusieurs autres. On peut voir dans Saint-Evremont un portrait intéressant de ce brillant chevalier, qui passait pour le personnage le plus galant de son siècle. Suzanne-Henriette de Foix de CANDALE se rendit recommandable par sa piété. Son neveu Belsunce a écrit sa vie (Voy. BELSUNCE). D. L. C.

CANDAMO ( FRANCISCO BANDES Y), auteur dramatique espagnol, d'une famille noble dans le royaume des Asturies, travailla pour le théâtre de Madrid, reçut de Charles II une pension qui cessa d'être payée pendant la guerre de la succession, et mourut dans l'indigence en 1709. Suivant Vélasquez, les pièces de Candamo méritent le succès qu'elles obtinrent à la fin du 17o. siècle : « La vrai» semblance y est, dit-il, conservée; » les incidents sont naturels, les carac» tères bien tracés, le dialogue spirituel »et le style élégant. » En-deçà des Pyrénées, cet éloge peut paraître exagéré. Une des meilleures pièces de Candamo est sa comédie héroïque, intitulée: el Esclavo en grillos de oro

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