Page images
PDF
EPUB
[blocks in formation]

CARLETON (sir DUDLEY), homme d'état anglais, né en 1573, à Baldwin Brightwell, dans le comté d'Oxford, et élevé à l'université d'Oxford, fut, pendant vingt années, ambassadeur du roi Jacques, successivement à Venise, en Savoie et dans les Provinces-Unies. Il fut ensuite envoyé deux fois comme ambassadeur extraordinaire auprès de Louis XIII, et avec le même caractère dans les Provinces - Unies. Charles 1er., dès la deuxième année de son règne, le créa baron d'Imbercourt, dans le comté de Surrey, et, trois ans après, vicomte de Dorchester, dans le comté d'Oxford. Nommé vers le même temps l'un des principaux secrétaires d'état, il conserva cette place jusqu'à sa mort, arrivée en 1631, et fut enterré dans l'abbaye de Westminster. On a de lui divers écrits politiques, tant en français qu'en anglais, des discours au parlement, et des lettres imprimées dans divers recueils.

X-s. CARLETON (GEORGE), officier anglais, entra fort jeune au service, comme volontaire, et assista à la fameuse bataille navale qui cut lieu entre le duc d'York et Ruyter, en 1672, Pendant la campagne en Espagne, il fut fait prisonnier au siége de Denia, et resta ensuite sur sa parole, pendant trois ans, à Santa Clemenza de la Mancha. C'est là qu'il ent occasion d'observer le caractère, les mœurs et les usages des Espagnols, vivaut avec eux dans une grande fa

[ocr errors]

miliarité, et gagnant leur confiance par le respect qu'il portait à leurs opinions politiques et religieuses. Il a laissé, en anglais, des Mémoires contenant entr'autres plusieurs notices et anecdotes sur la guerre d'Espagne (de la succession) sous le commandement du comte de Péterborough. Cet ouvrage fut imprimé en 1745, et réimprimé en 1808, 1 vol. in-8°. Il en existe une traduction française par Gaspard Joel Monod, publiée sous ce titre : Lettres, mémoires et négociations du chevalier Carleton, 1759, 3 vol. in-12. A. B—t.

CARLETON (GUI), général anglais dans la guerre d'Amérique, fut nommé en 1774 gouverneur de Québec, et, lors de l'invasion du Canada, n'échappa aux Américains qu'à l'aide d'un déguisement. Arrivé à Québec, il mit la ville en état de défense, et, lorsque Montgomeri voulut s'en emparer, il fut repoussé avec perte, et périt dans l'assaut qu'il donna à cette place. Peu de temps après, Carleton chassa entièrement l'armée américaine du Canada. En 1777, il donna sa démission, et fut remplacé par Burgoyne. En 1782, il eut le commandement en chef des troupes anglaises en Amérique; et, après avoir conclu un traité, il retourna en Angleterre, où il est mort en 1808, âgé de quatrevingt-quatre ans. Z.

CARLETTI (FRANÇOIS), voyageur florentin, fils d'un commerçant, fut envoyé, en 1592, à Séville, pour apprendre la profession de son père. Après deux ans de séjour dans cette ville, il s'embarqua pour l'Afrique, où son père l'envoya pour la traite des noirs. Il passa ensuite dans l'Amérique espagnole. Après avoir vendu ses nègres à Carthagène, il se rendit à Lima, puis à Mexico, et passa peu de temps après aux îles Philippines, dans le

Ragionamenti di Francesco Carletti Fiorentino sopra le cose da lui vedute ne' suoi viaggi, sì dell' Indie occidentali e orientali come d'altri paesi, Florence, 1701, 2 vol. in-8o. L-IE.

CARLETTO. Voy. CALIARI.

CARLI DE PIACENZA ( DENIS), et MICHEL ANGELO GUATTINI, tous deux capucins missionnaires, le premier natif de Reggio, et le second de Plaisance, furent envoyés au Congo en 1666, avec quatorze autres capucins, par la congrégation de la Propagande, munis d'amples pouvoirs du Saint-Siége, qui les autorisa même à lire les livres défendus, excepté Ma chiavel. Ils se rendirent d'abord à Lis

dessein de former de nouvelles spéculations; mais ne trouvant pas les circonstances favorables, il s'embarqua, en 1597, pour se rendre au Japon, où il fit un séjour de neuf mois, et passa ensuite à la Chine, où il resta pendant près de deux ans. Il continua sa route par Goa, et s'embarqua enfin pour l'Europe, en 1601, sur un bâti ment portugais, qui, ayant relâché à l'ile Ste.-Hélène, fut pris par les Hollandais. Ainsi, Carletti se trouva dépouillé en un instant de toutes les richesses qu'il avait amassées, et ne put se les faire restituer, malgré la protection spéciale de son gouvernement. On lui remit seulement, par grâce, une très faible somine. Débarrassé de ces affaires, qui le retinrent long-bonne, ensuite au Brésil, et du Brésil temps en Hollande, il avait formé le projet d'entreprendre un second voyage, lorsqu'il fut appelé à Paris par le ministre de France, pour négocier, avec le consentement de son souverain, une affaire qui intéressait les deux cours. Cette négociation n'ayant pas eu de suite, Carletti renonça projet de voyage, et se retira à Florence, où il rédigea l'histoire de ses voyages, d'après l'invitation du grandduc Ferdinand Ier., qui lui fit un accueil favorable, et le nomina maître de sa maison. Carletti avait perdu tous ses papiers; mais, doué d'une heureuse mémoire, il a décrit avec autant d'exactitude que de vérité tout ce qu'il avait observé. On est étonné que, sans avoir reçu aucune éducation littéraire, il ait su peindre avec une si grande exactitude les mœurs et les productions des pays dont il parle. Il a donné avant les autres voyageurs des notions exactes sur la cochenille, sur le coco des Maldives, et sur le musc. Son ouvrage, qui est écrit avec beaucoup de simplicité, et qui ne fut publié que plus d'un siècle après sa mort, porte pour titre:

son

au Congo. Ils visitèrent St.-Philippe de Benguela et Loanda. Le vicaire apostolique du Congo leur ordonna d'exercer leur zèle dans les royaumes de Bamba et de Sonho, situés sur la côte entre le fleuve Zaïre et la rivière Danda. Ils baptisèrent trois mille enfants durant le cours de leurs missions, et firent quelques conversions; mais le plus grand obstacle qu'ils éprouvaient était de persuader les nègres de l'obligation de se contenter d'une seule femme. Michel Angelo mourut au Congo; Denis Carli fut assez heureux pour résister aux fatigues et aux dangers de sa mission, et pour triompher d'une longue et cruelle maladie. Il se mit en route pour revenir en Europe, s'embarqua sur un vaisseau qui partait pour le Brésil, et de là fit voile pour Lisbonne. Il visita Cadix, fit un pèlerinage à St.-Jacques en Galice, se rembarqua de nouveau pour retourner à Cadix; mais le vaisseau sur lequel il se trouvait, après avoir livré combat à un corsaire, entra dans le port d'Oran, et revint ensuite à Cadix. De là Cari traversa l'Espagne, et se

rendit à Barcelone, où il s'embarqua pour la Sardaigne; il éprouva une violente tempête, fut rejeté sur la côte de Roussillon, traversa le midi de la France, et se rendit ensuite à Bologne, où il rédigea la relation des voyages de son compagnon et des siens. La plus grande partie est remplie par de longues descriptions des souffrances de ces missionnaires et par des contes ridicules. Les renseignements sur la géographie et l'histoire naturelle qui s'y trouvent sont vagues, et décèlent l'ignorance des auteurs; mais il y règne une sorte de naïveté et de bonhomie religieuse qui en rend la lecture intéressante, et le peu de relations que l'on a de ce pays a fait rechercher celle-ci et d'autres du même genre avec plus d'empressement qu'elles ne méritent. La première édition des voyages de Carli a été imprimée sous ce titre : Il Moro trasportato in Venezia, ovvero raconti de' costumi riti e religione de' popoli dell' Africa, America, Asia ed Europa, Reggio, 1672, in-12. Elle fut reimprimée en 1674 à Bologne, in-8°. et in-12; et en 1687, à Bassano, in-4o. Une nouvelle édition de ce voyage parut à Bologne en 1678, in12, sons le titre suivant: Viaggio di D. Michel Angiolo di Guaitini e del P. Dionigi Carli nel regno del Congo, descritto per lettere con una fidele narration del paese. En 1680, il en parut une traduction française, imprinée à Lyon chez Amaulry, in-12. Le P. Labat l'a réimprimée dans sa Relation historique de l'Éthiopie orientale, t. V, pag. 91-268. La première traduction anglaise a paru dans Churchill, Collections of voyages and travels, pag. 613-650. Dans la collection d'Astley (vol. III, pag. 143 à 166), on en a donné un extrait, qui a eté reproduit dans l'Histoire générale

VII.

des voyages, de Prévôt, livre XII, ch. 2, et dans Allgemeiner historię der Reisen, b. 4. s. 551. Il a paru une traduction allemande de la relation de Carli, Augsbourg, 1695, in4°., faite sur une des premières édi tions italiennes. WR.

CARLI JEAN-JÉRÔME ), naquit dans les environs de Sienne, en 1719, d'un père cultivateur, qui lui fit faire de bonnes études. Il embrassa l'état ecclésiastique, fut plusieurs années professeur d'éloquence à Colle en Toscane, et ensuite à Gubbio, dans les états du pape. Sa renommée s'étendit bientôt dans toute l'Italie; tous les savants, les littérateurs, les naturalistes s'empressaient d'entrer en relation avec lui sur des sujets relatifs ou aux sciences ou aux arts mécaniques, dont il était fort instruit. Les habitants de Gubbio avaient une si grande estime pour lui, qu'ils le consultaient dans toutes les affaires difficiles. Ils le chargèrent de plusieurs missions délicates et importantes. Après un séjour de dix huit ans, il fut obligé de retourner à Sienne, et, peu de temps après, nommé secrétaire perpétuel de l'académie des sciences, arts et belles-lettres de Mantoue. Il remplit cette place avec distinction jusqu'à sa mort, arrivée le 29 septembre 1786. On dut à son zèle et à ses lumières, pendant le séjour de treize ans qu'il fit à Mantouc, l'activité rendue aux sciences, aux arts, aux manufactures, l'établissement du musée et de la bibliothèque publique. L'estime générale des savants fut la récompense de ses travaux ; il recut même des témoignages de celle de l'impératrice Marie-Thérèse et de Joseph II, son fils. Carli parcourut en différents temps presque toute l'Italie pour rassembler des livres, des médailles, des antiquités, des échantillons d'histoire naturelle, etc., et il parvint

10

à en former une collection considérable. Il a laissé plusieurs ouvrages, par mi lesquels on en distingue un de critique, intitulé: Scritture intorno a varie toscane e latine operette del dottor Giov. Paolo Simone Bianchi di Rimini, che si fa chiamar Giano Planco, vol. I, contenente la relazione di due operette composte dal sign. Planco in lode di se medesimo, con molte notizie ed osservazioni sopra questi ed altri opusculi dello stesso autore, Florence, $749. A Mantoue, il publia deux dissertations d'un intérêt plus général, sous ce titre : Dissertazioni due dell' abate Girolamo Carli; la prima sull' impresa degli Argonauti ed i fatti posteriori di Giasone e Medea; la seconda sopra un' antico bassorilievo rappresentante la Medea d'Euripide, conservato nel museo dell' accademia, Mantoue, 1785, in8. Le comte Carli, qui avait écrit dans sa jeunesse sur le sujet des Argonautes, fit, sur cet ouvrage de Jérôme Carli, des Observations dans lesquelles il en parle avec estime, et que l'on trouve à la suite de sa première dissertation, dans le 10. volume de ses œuvres (Voy. l'article suivant). Jérôme Carli a aussi enrichi d'excellentes notes un Choix d'élégies de Tibulle, de Properce et d'Albinovanus traduites en terza rima par François Corsetti de Sienne, Venise, 1751. On lui doit encore des notes sur le discours de Celso Cittadini Dell'antichità dell' armi gentilizie, Lucques, 1741, in-8°. Il a de plus laissé un grand nombre d'ouvrages de littérature qui n'ont pas été publiés. Après sa mort, les habitants de Gubbio, qui ne l'avaient point oublié, firent célébrer en son honneur de magnifiques obsèques. On y prononça son oraison funèbre, et l'on consacra à sa mémoire une élégante

[ocr errors]
[blocks in formation]

CARLI (JEAN-RENAUD, comte), appelé aussi quelquefois Carli-Rubbi, du nom de sa femme, naquit, d'une famille noble et ancienne à Capo-d'Istria, en avril 1720. τί y fit ses premières études, et, dès l'âge de douze ans, il composa une espèce de drame, dont il se souvenait encore avec plaisir dans sa vieillesse. Il alla ensuite à Flambro, dans le Frioul, étudier sous le savant abbé Bini. Il y apprit la physique et les éléments des sciences exactes. Son goût pour la recherche des monuments du moyen âge s'y déclara, et, cultivant avec la même ardeur les belles-lettres, il publia à dix-huit ans une dissertation sur l'aurore boréale, et quelques poésies. Il se rendit l'année suivante à Padoue, et continua d'étudier à la fois les mathématiques, particulièrement la géométrie, et les langues grecque et latine. Il apprit aussi l'hébreu. A vingt

ans,

il fut reçu de l'académie des Ricovrati. Il commença dès-lors à se faire connaître par des discussions littéraires avec les célèbres antiquaires Fontanini et Muratori, et par plusieurs ouvrages de divers genres qu'il publia presque à la fois; des observations sur différents auteurs grecs; d'autres sur le théâtre et sur la musique des anciens et des modernes; une tragédie d'Iphigénie en Tauride, une traduction de la Théogonie d'Hésiode, un savant traité, en quatre livres, sur l'expédition des argonautes, etc. Le

sénat de Venise, voulant alors mettre sa marine sur un pied respectable, créa une chaire d'astronomie et de science nautique, dont Carli, qui n'avait que vingt-quatre ans, fut nommé professeur. Il ne se borna point à ses leçons; on le vit dans cet arsenal célèbre donner des conseils, diriger les travaux, réformer les dessins, et faire adopter de nouveaux modèles pour la construction des vaisseaux de guerre. Gela ne l'empêcha pas de se jeter dans des recherches d'un genre très éloigné des sciences exactes, à l'occasion d'un écrit qui lui avait été communiqué par l'auteur. Cet auteur était l'abbé Tartarotti, et son ouvrage avait pour titre: Il congresso notturno delle lamie. Il niait l'existence des sorcières, mais il admettait celle des magiciens, au moyen d'un pacte avec le diable. Carli répondit par une dissertation, dans laquelle il démontrait également la fausseté des magiciens et des sorcières, et où il dévoilait toutes les ruses employées chez les anciens et chez les modernes par les charlatans des deux sexes qui se font passer pour tels. Tartarotti, à qui il l'envoya, eut l'indiscrétion de la faire imprimer avec la sienne, et d'y joindre une réponse très âcre, où il taxait d'hérésie l'opinion de Carli. Le savant Maffei prit la défense de ce dernier. Tartarotti répondit à Maffei, qui répliqua. Quatorze différents écrivains, les uns théologiens, les autres légistes, prirent le parti du diable: quatre seulement s'armèrent contre lui; ce fut, selon l'expression de Carli lui-même, une guerre dont le diable parut être l'Hélène. Elle ne s'apaisa qu'environ dix ans après. Un dernier écrit de Maffei, intitulé: la Magia annichilata, réduisit enfin au silence les avocats du diable. Depuis long-temps Carli les laissait se débattre, et s'occupait de sujets plus

importants. Il adressa en 1747, à Maffei, une savante dissertation sur l'emploi de l'argent, qui prouve qu'il méditait dès-lors son grand ouvrage sur les monnaies. Une autre disserta

tion, adressée au savant Gori, sur les vaisseaux armés de tours des anciens, fut suivie de celle où il traite de la géographie primitive et des cartes géographiques des anciens; et, dans le même temps, il composait et récitait dans l'académie des Ricovrati, dont il avait été nommé président, un poëme philosophique en trois chants, intitulé: Andropologia, ou della Società, dans lequel il entreprend de prouver, 1°. que la société, telle qu'elle est, dérive de la nature de l'homme; 2°. que l'homme est heureux dans la société heureuse et bien réglée ; 3°. enfin, qu'il l'est encore dans la société corrompue. Carli s'était marié en 1747; il ne le fut que deux ans. Des affaires multipliées, suites de la mort de sa femme, qui lui laissait un fils à élever et une grande fortune à administrer, le forcèrent de se démettre de sa chaire de science nautique et d'astronomie, qu'il ne quitta qu'avec beaucoup de regret. Il partit pour l'Istrie avec le naturaliste Vitaliano Donati. Ni les chagrins, ni les affaires, ne détournèrent Carli de rechercher avec l'attention la plus active les antiquités dont l'Istrie était remplie, et qui n'avaient point encore été décrites. L'édition qu'il donna en 1751 à Venise, in-8°., de la relation de ses découvertes dans l'amphithéátre de Pola, avec des dessins et des plans, lui assurent la priorité qu'on a vainement prétendu lui disputer longtemps après. Les monnaies étaient dès ce temps-là le principal objet de ses études. Il publia cette année même (1751, à Venise, sous le titre de la Haye) ses deux premières disserta

« PreviousContinue »