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millions de pouds. Les lacs d'Astrakhan ont produit, de 1765 à 1774, 6,766,097 pouds. Le lac d'Indersk étant abandonné aux Kosaques de l'Oural, on ne pent en évaluer le produit avec exactitude. On a tiré des lacs de Kolyvan, depuis 1777 jusqu'en 1786, 4,856,312 pouds. Parmi les autres lacs, ceux de la Tauride, du Caucase et d'Irkoutsk, sont ceux qui rapportent le plus de sel: les premiers fournissent annuellement à peu près 3 millions de pouds.

Les

On tire le sel évaporé au feu ou des sources d'eau salée, ou de l'eau de la mer. sources les plus abondantes sont vers la Kama, dans les environs de Solikamsk, vers le Lovat près Staraia-Roussa, vers le Donez près de Bachmont et de Tor, vers le Volga près Totma et Balakna, dans la Tauride et dans l'isle de Taman, vers la Dwina près d'Oustioug, vers l'Angara près d'Irkoutsk et dans plusieurs autres lieux. Les salines les plus importantes sont dans les environs de Solikamsk, dans le gouvernement de Perm: depuis 1765 jusqu'en 1774, elles ont produit 25,897,815, et, dans les années 1784 et 1785, 11,361,477 pouds; ce qui fait annuellement

plus de 5 millions de pouds de sel: suivant le prix de la vente, en portant le sel à 35 -kopeks le poud, la valeur en argent sera de près de 2 millions de roubles. La plupart des salines de Perm appartiennent à des particuliers, surtout à la famille Stroganof. Dans les années 1784 et 1785, le produit des salines de la couronne était de 2,746,320 pouds; celui des salines des particuliers était de 8,615,157 pouds. Une livre d'eau salée contient dix et jusqu'à seize zolotniks de sel: on la laisse bouillir d'abord sans la graduer ou préparer; il y a cependant quelques salines où l'on a tâché depuis peu d'introduire une meilleure méthode. L'entretien d'une chaudière qui peut fournir annuellement 40 à 50,000 pouds de sel, coûte à la couronne, avec tous les ustenciles nécessaires et compris le payement des employés, 2,915 roubles 391 kopeks 70.

On transporte le sel de Perm dans douze différents gouvernements; on le charge sur de grands bâtimens plats, qui peuvent en con→ tenir 40 et jusqu'à 90,000 pouds, quoiqu'ils soient tous en bois, sans un seul clou de fer. Ces bâtimens descendent la Kama jusqu'à

Laichova et remontent ensuite le Volga jusqu'à Nijnei-Novogorod, où est le principal dépôt; de là on les conduit plus loin par eau

ou par terre.

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Les salines de Staraia-Roussa, dans le gouvernement de Novogorod, ont fourni en onze années, de 1777 à 1787, 1,526,778 pouds. Ce sont des marais dont l'eau est très-peu salée: on la laisse évaporer à l'air avant de la faire bouillir. Cette méthode, que l'on nomme graduation 71, est très-utile, parce qu'elle épargne beaucoup de bois : elle a été introduite depuis peu en Russie par le général Bawr, qui a suivi les conseils de Mr. Cancrin à qui on a confié dans la suite la direction de ces salines. On a tâché d'adopter cet usage dans les salines de Perm. Les évaporatoires, les poëles et les chaudières sont construits suivant la méthode usitée dans plusieurs parties de l'Allemagne. Les salines des gouvernements de Vologda, Kostroma, Viatka, Nijegorod, Irkoutsk, etc. fournissent aussi annuellement une grande quantité de sel.

On pourrait encore se procurer du sel de toutes les mers qui environnent la Russie", excepté la mer Caspienne qui est très-peu

salée; mais on ne tire du sel de la mer qu'à Arkhangel et au Kamtchatka. Arkhangel fournit annuellement à peu près 150,000 à 200,000 pouds de sel marin.

Depuis 1765 jusqu'en 1777, suivant des listes authentiques, on a vendu dans les seuls magasins de la couronne 81,046,370 pouds 37 livres; ainsi annuellement la vente du sel a excédé huit millions de pouds. Depuis quelques années la consommation du sel a beaucoup augmenté ; on a établi de nouvelles salines, on en a étendu d'autres: comme dans le calcul que nous avons fait, on n'a point compris le sel de Crimée et d'Indersk on peut au moins évaluer à 12 millions de pouds la consommation annuelle de l'empire. Le prix du sel a été fixé par-tout à 35 kopeks le poud: ainsi ce minéral rapporte annuellement 4,200,000 roubles, et le bénéfice de la couronne est au moins de deux millions.

Malgré la prodigieuse quantité de sel que la Russie retire de ses salines, elle n'est point suffisante pour en fournir toutes les provinces: c'est pourquoi on importe annuellement beaucoup de sel des pays étrangers dans la Livonie et la Finlande. Suivant le rapport

de Guldenstadt, l'année 1768, cette importatlon montait à 492,000 roubles; tandis que les ports de la Tauride n'exportaient en 1793 que pour 23,000 roubles de sel de Crimée. Cette observation suffit pour prouver que l'un des objets les plus importants de l'administration intérieure serait de soumettre à la meilleure régie possible les salines qui existent, et de tâcher d'en découvrir encore d'autres. Malgré les différentes réformes qu'on a faites et les changemens que l'on a introduits dans la manière d'exploiter le sel, il y en a encore plusieurs de nécessaires, comme on l'a pu juger par nos observations. Il y a au midi de la Russie plusieurs salines excellentes dont on ne se sert point, parce que le bois est rare dans ces contrées et que l'on en manquerait bientôt entièrement, si l'on continuait à faire évaporer l'eau au feu. Pour éviter cet inconvénient, il faudrait veiller à la conservation des bois et se servir de charbon de terre et de roseaux; il faudrait construire dans les sauneries des poëles qui donnassent plus de chaleur, et surtout faire évaporer l'eau salée sous des hangars et ne la point faire bouillir aussitôt qu'elle sort de la source. En suivant cette

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