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dans les gouvernemens d'Oufa, de Kazan, Voronėje, Cathérinoslaf, Kharkof, Bratslaf, etc. ainsi que dans la Petite-Russie, où le sol est humide et fertile. Dans quelques-unes de ces provinces, il y a encore d'autres plantes sauvages semblables à la garance 35; mais, excepté la grande garance des marais (cruciata palustris maxima), qui est assez connue des Kosaques du Don, elles ne méritent pas une mention particulière.

La guède est, après l'indigo, la matière qu'on emploie principalement pour teindr en bleu; on achète annuellement en Russie de l'un et de l'autre pour des sommes considérables. La plante qui produit l'indigo ne croît que dans l'Inde, et exige par conséquent un climat beaucoup plus chaud que celui des provinces les plus méridionales de la Russie: il serait donc d'autant plus utile de multiplier la guède, que non-seulement elle peut remplacer l'indigo dans beaucoup de cas, mais que même le bleu de la guède mérite la préférence.

Ce qui fait espérer que la culture de cette plante réussirait en Russie, c'est que l'on trouve de la guède sauvage (isatis tinctoria) dans les gouvernemens méridionaux, ainsi qu'une

qu'une autre espèce de cette plante, le pastel portugais (isatis Lusitanica). La premièrė croît naturellement sur la rive gauche du Volga, près de Sizran, auprès de Penza, d'Orusk en Sibérie, et surtout dans l'Ukraine et les environs de Mozdok: on trouve la dernière espèce sur les rives de l'Oka, de la Soura et du Volga. On a déjà semé de la guède depuis plusieurs années dans les gouvernemens de Penża, Saratof et Voronėje; il est vraisemblable que la graine de cette plante est assez commune pour qu'on puisse la multiplier.

Le safran que l'on emploie tantôt pour la teinture, tantôt comme épicerie, est aussi un objet d'importation: on en trouve du sauvage sur le Térek, dans les gouvernemens de Voronėje et de Cathérinoslaf, en Tauride, et surtout dans les montagnes du Caucase. Le safran printanier qui croît dans ces lieux convient peu à la teinture, et ne peut servir comme épicerie; mais le safran d'automne, qui croît sur le Caucase, est trèspropre à ces deux usages: on pourrait donc faire venir des oignons de ces lieux et de la Perse, et ils réussiraient certainement dans les cercles méridionaux des gouvernemens du

On fait à

Caucase et de la Tauride. peu près la même consommation de saflor; les teinturiers en soie l'emploient pour la couleur de chair et rose. La Russie achète toujours cet article des étrangers; cependant cette plante réussit très bien dans les jardins de Toropets, de Moscou, de Tsaritsyn, de Poultava et dans d'autres lieux: on pourrait la cultiver partout, excepté dans les provinces les plus septentrionales.

Outre ces quatre espèces de plantes principales, il y en a encore un grand nombre d'autres plus communes qu'on pourrait employer à la teinture. Par exemple, on tire de l'écorce de frêne une couleur bleue, que l'on devrait essayer de préparer de différentes manières; cet arbre croît partout, et il y a des lieux où il est très-commun. On trouve encore en Russie une très - grande quantité de matières qu'on peut employer pour teindre en rouge, et un bien plus grand nombre de plantes pour teindre en jaune; la plupart croissent sans culture. On peut, par le mélange de ces différentes couleurs, les nuancer: on pourrait se servir de la garance pour teindre en couleur d'orange, l'une

des plus chères de celles que l'on tire des pays étrangers.

Entre les plantes propres aux fabriques et aux manufactures, le houblon et le tabac forment un article important, à raison de leur grande consommation. On les cultive toutes les deux en Russie; mais ce n'est point en assez grande quantité pour pouvoir suffire à l'industrie des habitans et à leur consommation. Le houblon croît non-seulement dans les jardins et dans les champs; mais il vient encore naturellement dans la plus gran- · de partie de la Russie et de la Sibérie, surtout dans la Petite-Russie, les monts Ourals, ceux d'Altai et dans la Tauride; cependant on en importe annuellement. Suivant les moeurs russes, les dernières classes du peuple ne font point usage de tabac 36; cependant la consommation en est assez considérable, et l'importation de cette plante excède de beaucoup la quantité qu'on en exporte. En 1793, l'importation à St. Pétersbourg seulement était de 47,000 roubles, et l'exportation ne montait qu'à 20,000. Il y a cependant lieu de croire que la culture du tabac a beaucoup augmenté dans l'intérieur

de la Russie, puisqu'en 1768 Guldenstädt portait l'exportation à 21,000 roubles, et toute l'importation à 108,000. Mais il faut faire réflexion que, depuis 1763, on s'est occupé avec soin de la culture d'une plante que le préjugé et l'habitude ont rendu intéressante pour l'industrie et le commerce: le gouvernement a distribué de la graine, accordé des primes, et publié la meilleure manière de le cultiver. On récolte maintenant une assez grande quantité de tabac dans les gouvernemens de la Petite - Russie, où l'on s'est d'abord le plus appliqué à sa culture: cependant cette plante croît aussi naturellement sur le Volga et la Samara: les Kosaques qui habitent les lignes frontières d'Orenbourg et de Sibérie s'occupent avec activité des moyens de la multiplier. La plus grande partie de la graine de tabac vient d'Amérique; on en tire aussi de la Turquie et de la Perse. On peut encore étendre beaucoup les plantations dans la plupart des gouvernemens méridionaux.

La culture des plantes propres à faire de l'huile devrait être un article important de l'agriculture enRussie,à cause de la consommation

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