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Sur les rives méridionales de la Kama et dans le gouvernement de Kazan, on trouve la meilleure espèce de brebis. La laine de ces animaux a dans ces lieux toutes les qualités que l'on peut exiger; on la nettoie aisément et on en tire la meilleure soie: elle croît autour du cou et de la poitrine des brebis, sans aucun mélange de crins. Quand elles ont atteint leur taille, elles sont plus grandes que les brebis ordinaires des autres provinces de Russie, et presque aussi grosses que celles de l'Ukraine.

11 faut cependant remarquer que la meilLeure laine de Russie peut servir à faire des draps; mais il serait difficile de l'employer à faire des camelots ou d'autres étoffes qui ne sont point foulées. La laine d'Espagne fine et longue est absolument nécessaire dans ces manufactures. Il serait donc très-important d'établir et de multiplier en Russie des races étrangères: la laine s'améliorerait infiniment. Une brebis d'Espagne de bonne race et d'une bonne taille donne ordinairement quatre fois plus de laine soyeuse que la meilleure brebis de Russie.

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Si l'on voulait transporter en Russie des brebis étrangères, il faudrait donner la préférence à celles d'Angleterre et d'Espagne, qui sont déjà établies en Suède et en Allemagne, et dont les laines ne sont propres qu'à la fabrication des étoffes fines. Le climat de la Suède et de l'Allemagne ayant beaucoup. de rapport avec la plus grande partie des contrées de la Russie, les races qui sont déjà acclimatées réussiraient mieux et pourraient ne pas dégénérer. D'ailleurs le prix de ces animaux est très - inférieur dans ces lieux à celui auquel on les vend en Espagne et en Angleterre. La société économique de St. Pétersbourg a développé dans ses mémoires, d'une manière très - instructive, la méthode qu'il faudrait suivre pour transplanter dans tout l'empire des races étrangères. On pourrait, par de plus grands soins, améliorer l'espèce régnicole dans les lieux où la transplantation des brebis étrangères occasionnerait de trop grandes difficultés. La rigueur du climat et la mauvaise qualité des pâturages sont sans doute des obstacles; mais c'est principalement le défaut de soins qui diminue la valeur de ces animaux et leur produit,

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Les chèvres sont aussi un animal domestique très-commun, non-seulement en Russie, mais même chez les peuples nomades, quoique leurs troupeaux soient peu nombreux relativement aux autres espèces d'animaux. Les chèvres des Kirguises ont une figure singulière; la plupart sont sans cornes; elles ont de longues soies flottantes, sont communément tachetées et ont les oreilles pendantes: on ne les estime qu'à cause de leur lait et de leur peau. Les Kalmouks ont aussi des chèvres dans leurs troupeaux, mais en petit nombre: elles ressemblent à celles des Kirguises. La peau de ces animaux est trèsutile: on la prépare de différentes manières; elle forme un article de commerce assez intéressant. La transplantation des chèvres d'Angoury en Russie serait un objet d'industrie très-important; leur poil filé ou tissu sert à faire des bas et des étoffes, que l'on importe en assez grande quantité. On trouve ces animaux dans l'Anatolie: il serait donc facile de les faire venir par la mer noire; et il est vraisemblable qu'ils réussiraient dans les pâturages qui sont aux environs de Taganrok, Mozdok, etc, parce qu'ils sont très

élevés. On pourrait encore retirer un grand avantage des laines fines que les chèvres de la Tauride perdent au printems: on a négligé cet objet jusqu'à présent; il serait aisé de se procurer ces laines, en peignant ces animaux l'hiver. Cette sorte de duvet surpasse, pour l'élasticité et la finesse, les plus belles laines on l'emploie principalement dans les challes précieux que l'on reçoit du Kachemire et du Tibet. On pourrait envoyer cette marchandise brute en Angleterre, où elle est plus recherchée et à un plus haut prix que la soie.

On élève aussi en Russie beaucoup de porcs, dont on fait une grande consommation. Quoique ces animaux trouvent la nourriture qui leur convient dans les bois, les gras pâturages et dans les environs des fermes et des brasseries, cependant, peut-être par un effet du climat, ils parviennent rarement à une grosseur considérable. La chair de porc gelé est la principale nourriture des peuples septentrionaux: on la transporte l'hiver dans des lieux très-éloignés. Les soies de cochon sont un article d'exportation très-considérable: en 1793, on en vendit pour 742,000 roubles.

Nous ne parlerons pas de différentes espèces d'animaux domestiques et de volailles, qui ne servent qu'à la consommation intérieure. Les bêtes de charge et de trait sont plus remarquables et plus dignes d'attention, et l'on trouve en Russie une grande diversité parmi ces animaux.

Le plus commun et le plus utile de cette classe est le cheval. Cet animal vigoureux, qui résiste à tous les climats, paraît destiné à alléger les maux qui accablent l'espèce humaine. Presque sur toute l'étendue du globe, il partage avec l'homme les travaux de l'agriculture: à la chasse et à la guerre il est son compagnon courageux et fidèle; sous le rapport du luxe et de la commodité, il est devenu indispensable aux nations les plus civilisées de notre hémisphère. L'empire de Russie en nourrit une quantité prodigieuse dans ces steppes vastes et fertiles que l'avidité ou la nécessité de l'homme ne lui ont pas encore rendu tributaires, les chevaux abandonnés à la nature vivent encore dans une entière liberté; et, même chez les peuples nomades où ils sont réunis en troupeaux, leur joug léger contraste avec

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