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BIOGRAPHIE GÉNÉRALE

DEPUIS

LES TEMPS LES PLUS RECULÉS
JUSQU'A NOS JOURS,

AVEC LES RENSEIGNEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES

ET L'INDICATION DES SOURCES A CONSULTER ;

PUBLIÉE PAR

MM. FIRMIN DIDOT FRÈRES,

SOUS LA DIRECTION

DE M. LE D' HOEFER.

Tome Huitième.

PARIS,

FIRMIN DIDOT FRÈRES, ÉDITEURS,
IMPRIMEURS-LIbraires de l'institut de frANCE,

RUE JACOB, 56.

M DCCC LV.

Ref 240.15 KF 19247(6)

BIOGRAPHIE

UNIVERSELLE

DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULES JUSQU'A NOS JOURS.

Les articles précédés d'un astérisque [*] ne se trouvent pas dans la dernière édition de la Biographie Universelle, et sont aussi omis dans le Supplément.

Les articles précédés de deux astérisques [*] concernent les hommes encore vivants.

CAAB. Voy. KAAB.

* CABACIUS RALLUS ( Manilius), poëte latin moderne, né à Sparte, d'une famille noble qui se distingua par une longue résistance contre l'oppression des Turcs, vivait dans la première moitié du seizième siècle. Il se réfugia, avec ses parents, en Italie, où il eut pour protecteur le cardinal Jules de Médicis. Il était déjà avancé en âge lorsqu'il publia Juveniles ingenii lusus; Naples, 1520, in-4°.

Catalogue de la Bibl. imp.

CABADES OU KAVADÈS OU KOBAD, roi de Perse, vivait dans la seconde moitié du cinquième siècle. Il succéda à son oncle en l'an 485, soumit les Ephthalites qui avaient envahi la Perse, changea la constitution du royaume au point qu'il permit, dit-on, la communauté des femmes, ce qui n'était pour lui qu'un prétexte d'assouvir toutes ses passions; enfin, il abolit les prérogatives de la noblesse. Celle-ci se révolta. Après onze ans de règne, Cabadès fut jeté dans une-tour, et Zamasphès, frère de Pérozès, fut élu à sa place. Comme on délibérait en présence du nouveau roi sur le traitement que l'on réserverait à Cabadès, et que les membres de l'assemblée répugnaient à ôter la vie à leur ancien souverain, un grand seigneur appelé Gusanastadès, qui était chamarange ou général des troupes placées sur la frontière des Ephthalites, prit un de ces couteaux dont les Perses se servent pour rogner leurs ongles, et dit : « Ce couteau suffirait pour arranger l'affaire sur laquelle nous délibérons; mais, si vous différez, vingt mille hommes parfaitement armés ne pourront pas en venir à bout. » Ce conseil homicide ne prévalut point. On décida que Cabadès serait incarcéré dans le château de l'oubli, ainsi appelé parce que tout s'y devait oublier, jusqu'au nom

NOUV. BIOGR. UNIVERS.-T. VIII.

C

du prisonnier. Pendant que le successeur de Cabades s'occupait à réparer les fautes de son prédécesseur, celui-ci parvint à s'évader. Ayant appris que sa femme avait inspiré une violente passion au commandant du château de l'Oubli, il permit qu'elle se prêtât à ses amours. Et comme elle obtint de la sorte d'entrer dans la prison et d'en sortir à son gré, Cabadès profita une nuit de cette facilité pour revêtir les habits de sa femme, et passer sans être reconnu au milieu des gardes trompés par ce déguiseinent. Arrivé chez les Ephthalites avec Séosès, qui lui était resté fidèle, il épousa la fille du roi de ce pays, rentra en Perse à la tête d'une armée considérable, se rendit maître de Zamasphès qui occupait son trône, lui fit crever les yeux, le jeta en prison, et condamna au dernier supplice Gusanastades, ce conseiller sévère et coupable. Menacé par les Ephthalites, devenus ses créanciers, et qui voulaient être remboursés, il s'adressa à l'empereur Anastase pour obtenir de lui un prêt. Sur le refus de l'empereur, qui le trouvait déjà trop puissant, Cabadès irrité pénètre, sans déclaration préalable, sur les terres des Arméniens, sujets des Romains, s'avance en Mésopotamie jusqu'à la ville d'Amide, qu'il assiége le 5 octobre 502. Après une assez longue résistance, il allait lever le siége lorsque les Amidéniens se mirent à le railler du haut de leurs murailles : des femmes de mauvaise vie allèrent jusqu'à se montrer aux assiégeants dans un état contraire à la pudeur. Les mages conseillèrent alors à Cabadès de renoncer à lever le siége, persuadés qu'ils étaient, par la conduite de ces femmes, que les assiégés montreraient bientôt aux Perses ce qu'ils avaient le plus caché. Cette prédiction se réalisa, et la place fut prise après une dernière attaque générale. Les représailles furent d'abord terribles; il y eut pillage et

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et s'adressant aux rebelles il les poussa à détruire les corps des nizam-djedid, à défendre les règlements établis par Hadji-Bektach, et à châtier les ministres qui les avaient foulés aux pieds. Excités par cette allocution, les yamaks massacrèrent les individus portés sur la liste des proscrits, dressée par le kaïm-mekam. Le bostandji-bachi, également désigné à leur fureur, s'était retiré au sérail. Rassemblés devant la porte impériale, les soldats mutinés demandèrent à grands cris la tête de ce fonctionnaire. Sultan Sélim repoussa les instances de ses ministres, qui le conjuraient de sacrifier cette victime au rétablissement de la paix publique; et le bostandji lui-même offrit généreusement sa vie. « Puisque tu consens à ce douloureux sacrifice, meurs, ô mon fils, dit alors le sultan, et que la bénédiction d'Allah t'accompagne! » A peine ces mots étaient-ils prononcés, que la tête du bostandji

massacre. Mais l'intercession d'un prêtre vénérable arrêta l'ardeur homicide de Cabadès. Les habitants furent vendus, et Cabadès mit garnison dans la ville. Informé du siége d'Amide, l'empereur Anastase avait fait partir de Constantinople une armée de cinquante-deux mille hommes. Cabadès, campé près de Nisibe, rencontre et détruisit presque entièrement une des divisions impériales. Une irruption des Huns dans ses États l'obligea de se porter an secours des provinces envahies. Ce fut alors au tour des Romains d'assiéger Amide; ils attirèrent hors de la ville le commandant et une partie de la garnison perse, et les massacrèrent; le fils du commandant ne se retira de la ville qn'après avoir obtenu des conditions honorables. Une trêve de sept ans mit fin à la guerre. Cabadès eût voulu dès lors assurer la couronne après lui à Chosroès, l'un de ses trois fils légitimes, et faire sanctionner ce choix par les Romains; mais ceux-ci n'eurent garde⚫bachi roulait sous le sabre de l'exécuteur; et, jetée

d'y souscrire. La faute en retomba sur Séosès, chargé de la négociation par Cabadès. Celui-ci oublia les services passés de ce seigneur; et, feignant d'obéir à la loi du pays, il sacrifia Séosès à la haine de ses ennemis, qui l'avaient fait condamner à mort pour avoir fait enterrer sa femme, contrairement à la défense portée par la religion mage. De nouvelles guerres éclatèrent alors entre les Romains et les Perses. La première fut amenée par la destruction que les Perses avaient faite des fortifications romaines élevées autour de la ville de Mindone lors de l'avénement de Justinien. Les Perses furent d'abord battus par Bélisaire; plus tard, ils réparèrent ce premier échec, les soldats de Bélisaire ayant été obligés de livrer bataille prématurément. Cependant Azaréthès, qui cominandait l'armée de Cabadès, ne sut pas profiter de la victoire; il avait d'ailleurs perdu beaucoup d'hommes, comme cela résultait du dénombreInent des flèches restées dans le panier rempli au départ par les soldats, et dont une grande partie ne fut pas retirée, comme c'était l'usage, par les guerriers revenus sains et saufs du combat. Pendant que Sittas, qui succéda à Bélisaire, négociait un traité avec Mermeroès, autre général de Cabadès, celui-ci mourut, après avoir désigné Chosroès pour son successeur.

Agathias. Procope. Gibbon, Decline, etc. - Du beux, la Perse, t. II, dans l'Univers pittoresque.

CABAKDJI OU KABAKDJI-OGLOU, fameux rebelle turc, mort en juillet 1808. Officier dans le corps des yamaks en 1807, il fut choisi par eux pour les commander contre les nizam-djedid, leurs rivaux, et plus favorables qu'eux aux innovations militaires introduites par sultan Selim. Kabakdji marcha à la tête des yamaks, au nombre de 600, sur Constantinople, et il y massacra le defterdar, le zarad Khané-Emini, et d'autres hauts personnages. Ses forces s'étant accrues, et les nizam-djedid ayant été consignés dans leurs casernes, il s'établit sur la place de l'Atmeidan, fit apporter les marmites des ortas,

par les créneaux, elle était saisie par les yamaks, qui allèrent la hisser parmi les dix-sept têtes des principaux dignitaires, rangées sur une ligne parallèle à celle des kazam. Après deux jours de massacres, Sélim supprima les nizam-djedid. Mais les chefs cachés des conjurés voulaient un sacrifice plus éclatant; il leur fallait la déchéance ou la mort du sultan lui-même. Cabakdji-Oglon se chargea de ce nouveau crime. Après avoir peint, dans une harangue, sultan Sélim comme l'ennemi des janissaires, il proposa à ses soldats de poser au mufti la question suivante : « Le padichâh qui par sa conduite et ses règlements combat les principes religieux consacrés par le Koran, est-il digne de rester sur le trône? » Le mufti joua d'abord la douleur et l'abattement, plaignit son souverain, égaré, disait-il, par de mauvais conseils; puis il répondit: Olmaz (Cela ne se peut pas), en ajoutant les termes consacrés We allahou allem (Mais Dieu fait ce qui vaut le mieux). On voit que le tartuffe est de tous les pays. Cabakdji n'eut garde d'interpréter cet oracle dans un sens favorable au sultan : il le déclara déchu du pouvoir, et proclama à sa place sultan Moustapha, fils d'Abdoul-Hamid. Le mufti se chargea de porter cet arrêt à Sélim. Le sultan était assis sur un sopha dans la grande salle du palais. Autour de lui se trouvaient réunis ses officiers et domestiques. Se prosternant alors aux genoux de son maître, le chcik-ul-islam lui déclara, avec tous les dehors de la plus profonde affliction, la volonté du peuple. A ce discours hypocrite le sultan se leva, jeta un regard ému sur les assistants, et s'alla retirer dans le Kafess. Il rencontra et embrassa le sultan Moustapha, qui en sortait; puis il lui recommanda de se consacrer au bonheur du peuple. Les nizam-djedid furent supprimés par le nouveau sultan, et leurs casernes furent pillées par les soldats de Cabakdji-Oglou.

Cette révolution opérée par leurs armes, et leur gratification une fois touchée, les yamaks retournèrent aux châteaux du Bosphore, dont le

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