Page images
PDF
EPUB

vice. I enseigna ensuite à l'école centrale de Saint-Girons, petite ville de l'Ariége, la physique et la chimie. Lors de la suppression des écoles centrales, il reprit la carrière militaire; il entra au service du roi Joseph en 1808. D'abord capitaine du génie, ensuite chef de bataillon, il fit les campagnes d'Espagne, et servit sous le maréchal Gérard durant la campagne de 1815. Mis en non-activité de service, il se livra à l'étude des sciences, et surtout de la littérature espagnole. Il passa ensuite au service de don Pedro, empereur du Brésil, en qualité de colonel du génie.

Après l'abdication de l'empereur don Pedro, et lors de la réaction qui se fit sentir contre les étrangers, la Beaumelle se vit dépouillé de son emploi, et peu de temps après il mourut à Rio-deJaneiro.

La Beaumelle, qui a laissé en manuscrit des ouvrages d'une étendue considérable sur l'histoire de la Péninsule et sur la statistique du Brésil, a publié les travaux suivants : De l'excellence de la guerre avec l'Espagne, 1823, broch. de 80 p.; Encore un mot de l'excellence de la guerre avec l'Espagne; mars 1823, broch. in-8° de 36 p.; Coup d'œil sur la guerre d'Espagne de 1808 à 1814; 1823, broch. in-8° de 124 pag.; De l'Empire du Brésil considéré dans ses rapports politiques et commerciaux; Paris, 1823, broch. in-8° de 260 P.; Arithmétique maternelle; Toulouse, 1841, in-12, ouvrage posthume; traductions de pièces dramatiques de Caldéron, Lope de Vega, etc., insérées dans les Chefs-d'œuvre des théâtres étrangers; Paris, 1822 (1). FERDINAND DENIS.

des

Mich. Nicolas, Notice sur la vie et les écrits de Laurent Angliviel de la Beaumelle, Paris, 1852, in-8°.

* BEAUMER (madame DE), femme littérateur, morte en 1766, se disant parente du maréchal de Belle-Isle. Elle résida longtemps en Hollande, et mourut pauvre. On a d'elle les Caprices de la Fortune; - le Temple de la Fortune;- le Triomphe de la fausse gloire ;— quelques poésies et deux allégories. Les ouvrages de madame de Beaumer ont été imprimés ensemble sous le titre d'Euvres. Le Journal des Dames paraissait sous son nom.

Histoire littéraire des femmes savantes.

BEAUMESNIL (Henriette - Adélaïde VILLARD, dite), comédienne, née le 31 avril 1748, morte à Paris le 15 juillet 1803. Elle parut sur la scène encore enfant, et à sept ans elle jouait des rôles de soubrette avec une intelligence qui promettait une habile actrice à la ComédieFrançaise. C'est à ce théâtre que mademoiselle Beaumesnil se destinait; mais les comédiens, par négligence ou par jalousie, lui témoignèrent

(1) La Beaumelle a laissé en manuscrit un beau travail sur la topographie du Brésil; ce travail a disparu lors de la mort de l'auteur, et a été vu, dit-on, il y a plusieurs années, dans une ville de la province de Minas-Geraes. (F. D.)

une froideur qui la rebuta; et comme elle était bonne musicienne, elle se tourna du côté de l'Opéra, où elle fit un brillant début, en 1766, dans la pastorale de Sylvie. Sa jeunesse, sa beauté, la grâce savante de son jeu, la précision de son chant, lui firent un parti nombreux dans le public; mais sa voix manquait d'étendue et de souplesse, et n'était pas assez docile dans les moments passionnés. Aussi l'ardeur des applaudissements diminua-t-elle bientôt, et fit place à l'estime. Cette actrice joua dans beaucoup de rôles; elle remplaça mademoiselle Arnould dans les opéras de Dardanus, de Castor et Pollux, d'Iphignénie en Aulide. Elle joua d'original dans le Carnaval du Parnasse et dans l'Union de l'Amour et des Arts. Mile Beaumesnil était bonne musicienne; elle avait appris l'harmonie et l'accompagnement sous la direction de Clément. On lui doit la musique des Saturnales, ou Tibulle et Délie, des Fêtes grecques et romaines représentées à l'Opéra en 1784. En 1792, elle fit jouer, au théâtre Montansier, Plaire, c'est commander, ou les Législatrices, opéra en 2 actes, dont le marquis de *** avait fait les paroles. Fetis, Biogr, universelle des Musiciens. Le Bas, Encyclopedie de la France.

BEAUMESNIL (Pierre DE), archéologue, vivait dans la deuxième moitié du dix-huitième siècle. Né de parents pauvres, il se fit comédien de province, afin de pouvoir plus aisément satisfaire son goût pour les voyages et les recherches archéologiques. Il parcourut aussi plusieurs provinces en dessinant et expliquant tous les monuments qu'il rencontrait. Quoique ses travaux puissent rarement supporter l'examen de la critique moderne, ils furent récompensés par le titre de correspondant de l'Académie des inscriptions et par une pension de 1,500 francs. I existe encore quelques cahiers de Beaumesnil à la bibliothèque Mazarine à Paris, à celle de la ville de Poitiers, et dans d'autres endroits. Cet archéologue est mort à Limoges, quelques années avant la révolution.

Feller, Dictionnaire historique, édit. de M. Weiss.

BEAUMETZ (Albert-Marie-Ausguste BRUNEAU, marquis DE), magistrat français, né à Arras le 18 janvier 1759, mort en 1824. Avant la révolution, il exerçait les fonctions de procureur général au parlement de Flandre. Il entra au corps législatif sous le gouvernement impérial, et fit, au nom de la commission de législation civile et criminelle, différents rapports sur les dispositions du code pénal. Il fit l'éloge le plus pompeux de Napoléon, ce qui ne l'empêcha pas, en 1814, de voter l'un des premiers sa déchéance. En 1815, Beaumetz siéga à la chambre des représentants comme député du Pas-de-Calais. Au retour de Louis XVIII, il fut nommé président du collége électoral de ce même département, et, peu de temps après, procureur général près la cour de Douai. Par suite de l'épuration de 1816, il rentra dans la vie privée.

Biographie des Contemporains.

BEAUMETZ (Bon-Albert BRIOIS, chevalier DE), membre de l'ancienne assemblée constituante, né à Arras le 24 décembre 1759, mort à Calcutta vers 1809. Il était premier président du conseil supérieur d'Arras, lorsqu'il fut élu presque à l'unanimité, par la noblesse de l'Artois, député aux états généraux. Il s'y montra d'abord opposé à la réunion des trois ordres ; mais lorsque cette réunion fut opérée, il se rangea dans la partie gauche de l'assemblée, parmi les députés qui formaient le parti constitutionnel. Lors de la discussion sur la sanction royale, il parla pour le véto suspensif, en exigeant que le roi fût obligé de faire connaître ses motifs. Le 29 septembre 1789, après un éloquent rapport sur la réforme de la législation pénale, il fit décréter la publicité des débats judiciaires, l'abolition de la torture; demanda qu'un conseil fût accordé à tout accusé, et appuya fortement l'institution du jury. En novembre il se prononça contre la vente des biens du clergé et contre l'éligibilité des juifs. Le 27 mai 1790, il fut nommé président de l'assemblée nationale; le 24 septembre, il proposa la création de huit cents millions d'assignats; quelques jours après, il fit accorder au célèbre La Grange un traitement de six mille livres. En octobre, quand les comités déclarèrent que les ministres avaient perdu la confiance de l'assemblée, Beaumetz demanda que Montmorin fût excepté de cette déclaration. En 1791, il présenta un nouveau projet de comptabilité, fit décréter l'établissement d'un comité de trésorerie, demanda l'insertion, dans la loi sur la responsabilité ministérielle, d'un article accordant au corps législatif le droit de provoquer le renvoi des ministres, et aux citoyens celui de les accuser criminellement après leur sortie du ministère; enfin il appuya la proposition de Robespierre, portant qu'aucun membre de l'assemblée ne pourrait accepter de place dans le ministère que quatre ans après la session. Il s'opposa d'abord à l'émission de petits assignats; mais, convaincu par les arguments de RabautSaint-Étienne, il appuya fortement cette mesure, et fut un des orateurs qui contribuèrent le plus à la faire adopter. Il fit ensuite un rapport sur la manière dont l'acte constitutionnel devait être présenté au roi; puis il fit adopter un décret sur la police de sûreté, et sur la procédure par jurés. Après la session il fut nommé membre du directoire du département de Paris, et appuya, en cette qualité, la pétition adressée au roi par les prêtres insermentés, pour qu'on leur accordat la pension promise aux membres du clergé, lorsque les biens de cet ordre avaient été déclarés propriétés nationales. Accusé, en 1792, de chercher à rétablir l'ancien gouvernement, il émigra, erra quelque temps en Allemagne, puis passa en Angleterre, de là aux États-Unis, et enfin aux Indes orientales, où il mourut. Suivant une autre opinion, il aurait obtenu, après le 18 brumaire, sa radiation de la liste des émi

grés, et serait mort en France vers l'an 1800. On a de lui: Code pénal des jurés de la haute cour nationale; Paris, in-12, 1792: livre fort estimé; - plusieurs articles et discours insérés dans la Bibliothèque de l'homme public, redigée par Condorcet, Chapelier, etc., dans le Choix des rapports, etc.; Paris, 1822, in-8°.

et

Biographie des Contemporains. Le Bas,Dictionnaire encyclopedique de la France. — Quérard, la France lit

teraire.

BEAUMONT (famille DE), ancienne famille française, originaire du Dauphiné. Elle remonte à Humbert Ier, qui vivait en 1080, et se divise en deux branches principales, subdivisées ellesmêmes en plusieurs rameaux. La première branche est celle des seigneurs de la Freyte, d'Autichamp, des Adrets et de Saint-Quentin. Elle descend d'Artaud IV, qui en 1326 fit son hommage à Amédée, comte de Genève. Le plus célèbre de ses membres est François II, qui combattit à la bataille de Verneuil, sous le règne de Charles VII. De cette branche est issu le rameau des seigneurs de Pelafol, Barbières, la BastieRolland et Autichamp. Le premier est Humbert III, mort vers 1436, dont le fils Jacques, baron de Sassenage, acquit beaucoup de gloire à la bataille de Montlhéry. On cite encore Claude de Beaumont, seigneur de Pelafol, etc., qui suivit Charles VII en Italie; Charles, seigneur de Mirabel, d'Onay et de Saint-Christophe, qui se distingua dans les guerres de Catalogne de 1645 à 1646, et à la bataille de Lens, et mourut en 1692. La seconde branche de la maison de Beaumont est celle des seigneurs de BeaumontMontfort en Dauphiné, de Pompignan en Languedoc, et de Payrar en Quercy. Elle descend d'Amblard de Beaumont, protonotaire de Humbert II, dauphin de Viennois (voy. BEAUMONT [Amblard de]), et se divise en deux rameaux celui des seigneurs de Pompignan et Villeneuve, qui descend de Jean-Laurent de Beaumont, mort en 1743; et celui des seigneurs du Repaire et de la Roque, issu de Charles de Beaumont, mort vers 1605.

Les Beaumont antérieurs au seizième siècle sont rangés ci-dessous, par ordre chronologique; les autres sont disposés par ordre alphabétique de prénoms.

BEAUMONT ( Geoffroy DE), évêque de Laon et pair, né à Bayeux au commencement du treizième siècle, mort en 1273. Il fut légat du saintsiége en Lombardie, et suivit, en qualité de chancelier, Charles d'Anjou, frère de saint Louis, au royaume de Naples. En 1265, il amena au roi de Sicile un secours de trois mille chevaux, qu'il avait réunis à Mantoue. Nommé à son retour évêque de Laon, il remplit la charge de pair, l'an 1272, au couronnement de Philippe le Hardi.

Anselme, Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France. Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de la France.

BEAUMONT ( Amblard DE), né, à la fin du

treizième siècle, dans les environs de Grenoble, mort en 1375, fut pour son siècle un savant légiste, et devint le ministre et le confident de Humbert II, dauphin de Viennois. Le Dauphin ayant perdu son fils, et désirant se décharger du fardeau de l'administration en cédant ses États à un prince assez riche pour payer les nombreuses dettes qu'il avait contractées, était disposé à faire cette cession au roi de Naples, à qui le Dauphiné, limitrophe de la Provence, convenait admirablement. De Beaumont, qui avait toute la confiance du souverain, le détermina à écouter de préférence les propositions de Philippe de Valois. Il fut envoyé par lui en ambassade auprès de ce prince; et après deux premiers traités qui n'accordaient au roi de France qu'une succession éventuelle, et sujette à bien des incertitudes, il signa enfin à Romans, le 29 mars 1349, une convention définitive, en conséquence de laquelle eut lieu immédiatement l'abdication de Humbert II et le couronnement de Charles V, surnommé le Sage, petit-fils de Philippe de Valois. Amblard ne perdit rien de son crédit auprès du nouveau Dauphin, et conserva toute la confiance de l'ancien. Il mourut après avoir administré les affaires du Dauphin pendant vingtdeux ans.

Allard, Histoire généalogique du Dauphiné, t. III; Grenoble, 1680, in-4o. — Bourchenu, Mémoires pour servir à l'histoire du Dauphiné.

*BEAUMONT ( Jean DE), dit le Deramé, seigneur de Clichy et de Courcelles-la-Garenne, mort à Saint-Omer en juillet 1318. Il fut nommé maréchal de France en 1315, à la place du sire Miles de Noyers, qui venait de se démettre de cette dignité, et reçut le gouvernement de l'Artois. Désigné dans la même année comme arbitre dans le différend qui s'était élevé entre la comtesse Mahaud, veuve d'Othon IV, comte de Bourgogne, et les nobles du comté de l'Artois, il sut faire respecter les conventions qui avaient été arrêtées entre les parties, et rendit de grands services dans les guerres que Philippe V, dit le Long, eut à soutenir en Flandre de 1317 à

[blocks in formation]

Pinard, Chronol. milit., t. II, p. 119. — Anselme, Hist. gênéal. et chron. de la maison royale de France, t. VI, p. 658-659.

BEAUMONT (Jean DE HAINAUT, sire DE), célèbre capitaine français, que Froissart présente comme un héros, mort en 1356. Il était frère cadet de Guillaume 1er, dit le Bon, comte de Hainaut. Il soutint vaillamment la maison d'Angleterre, représentée alors par Édouard II et par Édouard III. Ce dernier, en reconnaissance de ce dévouement, épousa la nièce du sire de Beaumont, qui resta en Angleterre jusqu'à la mort de Guillaume. En 1345, il entra dans le parti de Philippe de Valois, qui lui offrit des avantages dignes de lui. Jean de Beaumont se conduisit avec l'intrépidité du lion à l'affaire de Blanchetaque et à la bataille de Crécy. Voyant Philippe renversé avec son cheval, qui venait

d'être tué, il saute de dessus sa monture qu'il offre à Philippe, et combat à pied à ses côtés. Colin de Hainaut, poëte de sa maison, a célébré le courage de Beaumont dans un poëme sur la bataille de Crécy.

Froissart, Chroniques.

BEAUMONT (Antoine-François, vicomte de), officier de marine, né le 3 mai 1753 au château de la Roque, en Périgord; mort à Toulouse le 15 septembre 1805. Il était chef d'escadre en 1781, et se fit remarquer dans le combat du 11 septembre de cette année, où il se rendit maître de la frégate anglaise le Fox. Nommé en 1789 député de la noblesse de la sénéchaussée d'Agen aux états généraux, il vota constamment avec le côté droit de l'assemblée constituante, s'opposa à la réunion des trois ordres, et protesta contre le décret du 19 juin 1790, qui abolissait la noblesse. Il se retira, après la session, en Angleterre, et ensuite en Russie. Rentré en France lors du gouvernement consulaire, il se fixa à Toulouse, où il mourut.

Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de la France. Biographie des Contemporains.

*BEAUMONT ( Basile ), amiral anglais, né en 1669, célèbre par sa mort tragique arrivée en 1703. Entré de bonne heure dans la marine sous le patronage de lord Darmouth, il fut nommé lieutenant du Portsmouth en 1688. Il se distingua d'abord par ses exploits contre les corsaires, dont il capturait les bâtiments quand il ne les détruisait pas. Sa conduite militaire fut remarquée dans le blocus du port de Dunkerque, et dans les divers engagements qui eurent lieu avec la flotte hollandaise. Beaumont, qui avait commencé à servir sous le règne de Guillaume, fut promu par la reine Anne à la dignité de contre-amiral. Ayant reçu l'ordre de quitter l'escadre qui était devant Dunkerque, pour revenir à Rotterdam, il rentra dans les dunes avec le pressentiment de sa fin prochaine. En effet, il s'éleva, le 26 novembre 1803, une tempête telle que, de mémoire d'homme, disent les historiens, on n'en avait vu une pareille. Les arches du pont de Londres furent enlevées par les vagues, et la ville de Bristol submergée. Trente vaisseaux furent engloutis avec quinze cents marins, au nombre desquels se trouva le contreamiral Basile Beaumont.

Burchet, Naval History, V, 15.

BEAUMONT ( Christophe DE), archevêque de Paris, né au château de la Roque, en Périgord, le 26 juillet 1703; mort à Paris le 12 décembre 1781. Entré de bonne heure dans les ordres ecclésiastiques, il devint successivement chanoine de Lyon, évêque de Bayonne, puis archevêque de Vienne; enfin, en 1746, archevêque de Paris. Jamais peut-être ce poste élevé dans la hiérarchie ecclésiastique ne fut plus difficile à remplir qu'à cette époque. La fameuse bulle Unigenitus, dirigée, comme on sait, contre les Réflexions morales du P. Quesnel, après avoir longtemps

divisé le corps épiscopal français, avait été acceptée par la Sorbonne et par la majorité des évêques. Mais la conversion était loin d'être générale; un grand nombre de prêtres résistaient encore, plusieurs évêques se montraient réfractaires ; et M. de Beaumont, qui, comme archevêque de Paris et proviseur de la Sorbonne, se croyait obligé par devoir de soutenir la bulle, fut entraîné à des rigueurs que ne tempéra pas toujours son caractère charitable. Ce n'est pas tout pendant que ces controverses religieuses faisaient rétrograder les esprits jusqu'à la controverse du moyen âge, la philosophie avait ses hardis missionnaires, qui réclamaient avec force, avec éloquence, les droits imprescriptibles de la raison humaine. Ici, la lutte que M. de Beaumont eut à soutenir fut autrement vive et opiniâtre. Les cent une propositions du livre du P. Quesnel étaient tout à fait inoffensives pour la foi chrétienne, comparées à des livres tels que le Système de la nature, le Traité de l'esprit, etc. Ni les foudres du Vatican, ni les censures de la Sorbonne, ni la thèse de l'abbé de Prades (contre l'Emile, Bélisaire, etc.), ne purent en arrêter la propagation et en prévenir les effets. Les philosophes répondirent à ces condamnations par des attaques plus vives encore. Tout le monde connaît la lettre de Jean-Jacques Rousseau à monseigneur l'archevêque de Paris. Le prélat résista de toutes ses forces; mais la lutte était par trop inégale. L'orage qui s'amoncelait contre M. de Beaumont devint plus menaçant par la mésintelligence qui s'éleva entre lui et le parlement; et l'archevêque fut exilé au château de la Roque, puis à Conflans, ensuite à la Trappe. La fermeté de caractère qu'il avait déployée dans cette longue lutte ne l'abandonna pas dans la disgrâce. Le ministère le voyant résolu à combattre de tous ses moyens les nouvelles doctrines, chercha à lui faire donner sa démission, et l'y engagea par l'offre séduisante des distinctions les plus honorifiques de l'État et de l'Église : le prélat fut inflexible, et refusa tout. La devise de la maison de Beaumont était : Impavidum ferient ruinæ ; l'archevêque s'y montra fidèle jusqu'à sa mort. Si l'on peut reprocher à l'archevêque de Beaumont quelques actes d'intolérance, toujours funestes à l'Église, et un zèle dont l'ardeur alla quelquefois presque jusqu'à la violence, l'histoire s'accorde à lui reconnaître les plus nobles et les plus douces vertus que la morale de l'Évangile ait inspirées : l'oubli des injures et la charité. Nous nous contenterons de citer deux exemples. Un jour que madame de Marsan était allée lui rendre visite, elle vit sortir de son cabinet un homme qu'elle reconnut pour un des ennemis acharnés du prélat. « Je parie, monseigneur, ditelle à l'archevêque, que cet homme est venu vous demander de l'argent? »> (Et, en effet, le solliciteur en avait obtenu quinze mille francs.) « Mais vous ne savez donc pas qu'il est l'auteur

d'un libelle publié contre vous?»« Je le savais,» répondit l'archevêque. - Dans un temps de disette, le lieutenant de police Sartine eut recours à la charité du prélat pour soulager un peu la misère publique. Beaumont offrit cinquante mille écus : « Tenez, dit-il; mais qu'est-ce qu'une somme si modique pour tant d'infortunés? » L'illustration de sa naissance, son savoir, et surtout la noble fierté de son caractère, lui firent une réputation européenne. Plusieurs souverains voulurent lier avec lui un commerce épistolaire; mais nul ne lui témoigna plus d'admiration que Frédéric. C'est ce prince qui, en apprenant l'exil de l'archevêque, disait : « Que n'est-il venu dans mes États, j'aurais fait la moitié du chemin! » Les lettres nombreuses que lui avaient adressées le roi de Prusse, l'impératrice de Russie, et tous ses augustes correspondants, paraissent s'être égarées; mais la famille de Beaumont conserve encore la correspondance du prélat avec Marie-Louise de France. On a de lui un Recueil de mandements de 1747 à 1779, en 2 vol. in-4°. Son tombeau, détruit pendant la révolution, fut rétabli en 1811 dans l'église de Notre-Dame.

L'abbé Ferlet, Oraison funèbre de Mgr. de Beaumont, Paris, 1784. Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de la France. Chaudon, Dictionnaire historique.

BEAUMONT (Claude-Étienne), architecte, né à Besançon en 1757, mort à Paris en 1811. Il vint fort jeune à Paris, et y étudia l'architecture sous la direction de Dumont, professeur à l'Académie. Après avoir travaillé quelque temps dans les bureaux de Couture, il fut, à la création du département de Paris, attaché au bureau des domaines; puis, sous l'empire, Chaptal, ministre de l'intérieur, le chargea de la construction de plusieurs monuments publics. Mais de tous ses travaux, celui qui lui fit le plus d'honneur fut la salle du tribunat, pour laquelle le jury des prix décennaux lui accorda une mention honorable. Le gouvernement ayant décidé que la Madeleine serait convertie en temple de la Gloire, ouvrit un concours sur les changements à faire à cet édifice. Les plans de Beaumont furent préférés, et payés d'une indemnité de 10,000 francs; mais un autre fut chargé de la construction. Beaumont fit ressortir cette injustice dans une Lettre à un ami sur un monument public, brochure in-4" (de 23 pages). On lui doit aussi le plan du théâtre des Variétés.

Heinecken, Dictionnaire des Artistes, etc.

* BEAUMONT ( Claudio-Francesco), peintre, né à Turin en 1694, mort le 21 juin 1766. On ne sait de qui'il fut élève en peinture; mais, d'après son style, on peut croire qu'il étudia les œuvres du Solimènes, ou de quelque autre maître un peu maniéré. Étant allé à Rome, Beaumont reconnut la faiblesse des maîtres vivants de l'école romaine; aussi, s'étant lié d'amitié avec le Trevisani, il se mit à étudier avec lui les anciens, surtout Raphaël, le Corrége et le Guide. De retour à Turin, grâce à l'appui de Filippo Svara, archi

tecte de la cour, il obtint des secours qui lui permirent de continuer ses études, et il partit de nouveau pour Rome, d'où il envoya à son souverain plusieurs tableaux qui lui méritèrent le titre de peintre du roi. En 1727, l'académie de Saint-Luc lui décerna celui d'académicien d'honneur, espérant l'engager ainsi à se fixer à Rome. Beaumont résista, et revint dans sa patrie, où il fut nommé premier peintre du cabinet, avec un traitement de 3000 livres. Ce fut alors qu'il peignit dans le palais du roi les Vertus des princes, les Quatre dges de l'homme, le Jugement de Paris, et l'Enlèvement d'Hélène. Ces ouvrages furent justement appréciés. Directeur de l'Académie de dessin, il donna à cet établissement une impulsion toute nouvelle, forma un grand nombre d'élèves dans tous les arts du dessin, et put se vanter d'avoir inauguré une nouvelle ère de l'école piémontaise. Ce fut lui aussi qui introduisit dans son pays la fabrication des tapisseries pour l'usage de la cour. Enfin, en 1736, il termina la grande galerie du palais qui porte encore son nom, et dans laquelle il peignit l'histoire d'Énée; outre 10,000 livres, elle lui valut un magnifique brillant que le roi Charles-Emmanuel passa lui-même au doigt de

l'artiste.

Les ouvrages de Beaumont sont nombreux à Turin. Pour apprécier son mérite à sa juste valeur, il faut voir ceux qui datent du milieu de sa carrière, tels que les fresques du palais royal, qu'il exécuta en concurrence avec les premiers maîtres des autres écoles d'Italie et de France, le Saint Sépulcre de l'église Sainte-Croix, et le Saint Pierre de l'église des Minimes, un des moins maniérés de ses tableaux. Il ne faudrait pas le juger sur les œuvres de sa vieillesse, car son talent déclina avec l'âge, et Beaumont mourut à soixante-douze ans.

ERNEST BRETON.

Lanzi, Storia Pittorica. Della Valle, Note alle vite di Vasari. Ticozzi, Dizionario dei Pittori.

*BEAUMONT (Clément-Guillaume), médecin français, vivait dans la première moitié du dix-septième siècle. On a de lui: Tractatus de Peste; Toulouse, 1629, in-8°.

Carrère, Bibliothèque littéraire de la médecine.

BEAUMONT ( Élie DE). Voy. ÉLIE de Beau

mont.

BEAUMONT (Étienne), avocat et philosophe, né à Genève en 1718, mort en 1758 dans sa ville natale. On a de lui un ouvrage anonyme, intitulé Principes de Philosophie, Genève, 1754, in-8°, faussement attribué à Diderot, qui a, en effet, traduit les Principes de Philosophie morale par Shaftesbury. C'est au même Beaumont que sont adressées des Lettres sur le Danemark, signées par un de ses amis, nommé Roger.

Senebier, Histoire litteraire de Genève, t. III, p. 92. *BEAUMONT (Félix-Bellator, comte DE), sénateur, ancien député de la Somme, ex-représentant à la constituante et à la législative, né

à Paris le 25 décembre 1793. Élève à l'école militaire de Saint-Cyr en 1811, il en sortit l'année suivante, pour entrer comme sous-lieutenant dans un régiment d'infanterie, avec lequel il fit la campagne de Russie, qui lui mérita, le 23 mars 1813, le grade de lieutenant. Fait prisonnier à la bataille de Dresde, il ne sortit des prisons de l'ennemi qu'au commencement de 1815. Au retour de Napoléon de l'île d'Elbe, M. de Beaumont s'empressa d'aller rejoindre son drapeau, et assista à la bataille de Waterloo. Il entra, en 1816, dans la légion des Ardennes, devenue 1o léger en 1820, passa avec le grade de capitaine dans le 61° régiment d'infanterie le 19 février 1823, et fut mis en non-activité sans solde le 6 janvier 1826. - Rentré dans la vie privée, il se livra entièrement à l'agriculture dans une de ses terres, près de Péronne. Nommé membre du conseil général du département de la Somme, ses concitoyens l'élurent, en 1839, pour les représenter à la chambre des députés, où il alla siéger dans les rangs de l'opposition. Dévoué aux principes consacrés en 1789, il y défendit avec énergie les intérêts nationaux et agricoles du pays. Membre du conseil général de l'agriculture en 1841, les électeurs de Péronne lui accordèrent, en 1842, les honneurs d'une double réélection à la chambre des députés et au conseil général du département. Resté fidèle à la ligne politique qu'il s'était tracée, ses commettants lui confièrent en 1846 un troisième mandat législatif, et il revint s'asseoir sur les bancs de la gauche. Après la révolution de Février 1848, M. de Beaumont, qui, dans les premiers jours de la république, avait rendu de grands services au parti de l'ordre, fut élu à l'assemblée constituante par 138,453 suffrages; il s'y montra, comme dans les assemblées précédentes, ami de l'ordre et de la liberté, toujours dévoué aux intérêts populaires et agricoles. Réélu en 1849 à la législative par 88,582 suffrages, ses convictions politiques ne se démentirent point, et il vota constamment avec le parti modéré, qui était en grande majorité dans cette dernière assemblée.

M. de Beaumont, qu'une rare modestie avait toujours tenu éloigné des affaires, a été appelé à siéger au sénat par décret présidentiel du 26 janvier 1852. Il doit cette brillante position à ses talents administratifs et à ses honorables antécédents. Il saura y acquérir de nouveaux titres à l'estime de ses concitoyens. SICARD. Biographie des Senateurs. — Sarrut, Biographie des Contemporains.

*BEAUMONT (George HoWLAND), paysagiste et amateur d'arts, né dans le comté d'Essex le 6 novembre 1753, mort le 7 février 1827. Il entreprit des voyages artistiques en France, en Italie, en Suisse, et en rapporta des objets d'art curieux. En 1790 il fut nommé membre du parlement; mais il donna bientôt sa démission, et se mit de nouveau à voyager sur le continent, à la recherche des catalogues de tableaux

« PreviousContinue »