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parlement, et décrété d'accusation par les communes. Instruit de cette mesure, Capel écrivit aux communes que Fairfax, après lui avoir promis la vie sauve, en avait informé la chambre. On demanda une explication au général, et Fairfax répondit que la promesse de la vie sauve n'était relative qu'au traitement que les prisonniers auraient pu essuyer, suivant les lois de la guerre, à l'instant où ils se rendirent à discrétion; mais qu'il n'avait pu les garantir de l'action des lois civiles. Le parlement vota le bannissement de Capel et de quelques autres prisonniers; mais cette punition ne paraissant pas assez sévère, on l'enferma dans la tour de Londres, et le 1er. février 1649, on décréta que les lords Capel et Goring, et d'autres prisonniers, seraient les premiers auxquels on ferait le procès. Capel s'évada le même jour; mais des recherches rigoureuses, et la promesse d'une récompense de 100 liv. st. offerte à qui conque le ramènerait, le firent découvrir deux jours après. Amené devant la haute cour de justice, il fut accusé de haute trahison. Sa défense roula principalement sur la promesse qui lui avait été faite lorsqu'il se rendit; mais ce motif ne fut pas admis. Ramené devant la cour, la partie publique conclut à ce qu'il fût pendu, et son corps partagé en quatre; et, à la cinquième comparution, il fut condamné à être décapité. Sa femme présenta alors au parlement une pétition qui occasionna de grands debats. Plusieurs membres, et Cromwell même, firent le plus grand éloge des belles qualités de Capel; mais Cromwell ajouta que c'était précisément ce qui le rendait un homme dangereux, et qu'en conséquence il voterait contre la pétition. Yreton en parle aussi comme d'un homme dont il avait peur. Le 9 mars, jour fixé pour

l'exécution, Capel qui, depuis sa condamnation, était enfermé au palais de St.-James, avec le duc de Hamilton et le comte de Holland, fut conduit avec eux à l'échafaud dressé devant Westruinsterhall. Ses deux compagnons furent frappés avant Ini. Capel après avoir adressé aux spectateurs un discours touchant et rempli de sentiments de piété, presenta avec calme sa tête au bourreau. Tous les historiens se sont accordés pour rendre justice aux vertus éminentes de Capel, et surtout à son courage et à sa fidélité. Il laissa quatre fils et quatre filles. E-s.

CAPEL (ARTHUR ), fils aîné du précédent, naquit en 1635. Il ne reçut d'abord, à cause du désordre des guerres civiles, qu'une éducation assez négligée; mais parvenu à l'adolescence, il se livra à l'étude des langues savantes et des sciences avec tant d'ardeur qu'il fit de très grands progrès, surtout dans les lois et les mathématiques. Charles II, lors de son rétablissement, ayant égard à ce que son père avait souffert pour sa fidélité, le créa vicomte de Malden et, en 1661, comte d'Essex. Cependant il se montra opposé à la cour: Charles imputant cette conduite à quelque ressentiment secret, résolut de l'employer. Il l'envoya, en 1670, en ambassade en Danemark. Le gouverneur du château de Cronenbourg voulut exiger le salut du vaisseau qui portait le comte; celui-ci le refusa; le gouverneur fit tirer sur lui. Arrivé à Copenhague, le comte se plaignit ; le gouverneur fut condamné à lui adresser des excuses. Cette affaire mit Essex en grand crédit à la cour. De retour en 1672, le roi le nomma membre du conseil privé, et vice-roi d'Irlande. Sa conduite dans son gouvernement le fit généralement chérir. Il fut rappelé en

1677, parce qu'il se plaignait de ce que la régularité ne présidait pas à la gestion des finances de ce royaume. De retour en Angleterre, sa profonde connaissance des lois, son éloquence, sa réputation, le rendirent un des membres influents de la chambre haute. Il eut dans le conseil privé formé à la retraite du comte de Danby, une grande part à la conduite des affaires, et devint un des commissaires de la trésorerie. En 1679, lorsque l'on agita dans le parlement la question relative à l'exclusion du duc d'York, le comte d'Essex vota contre cette mesure; mais sa haine bien prononcée contre le pouvoir arbitraire et contre les principes religieux de ce prince lui firent proposer, pour le cas où il hériterait de la couronne, des restrictions qui l'empêcheraient de rien innover dans l'Etat ni dans l'Église. Il resta néanmoins attaché au parti de la cour jusqu'au moment où il jugea qu'elle prenait des moyens violents. Désigné alors comme complice du complot du baril de farine (Voy. CHARLES II), il résigna son emploi, et, depuis cette époque, se montra constamment opposé à la cour. Lorsque l'on présenta le bill d'exclusion pour la seconde fois, il le soutint avec chaleur, et proposa, dans le cas où on ne l'adopterait pas, de former une association entre les mains de laquelle on remettrait, durant la vie du roi, certaines villes comme sûretés des mesures que l'on prendrait. En 1681, il se réunit à quinze autres pairs pour présenter au roi une pétition, qu'ils avaient tous signée, pour supplier ce prince de ne pas assembler le parlement à Oxford, comme il l'avait annoncé. Il eut aussi des entrevues avec les personnes mécontentes du gouvernement. Toutes ces démarches le rendirent si odieux à la cour qu'il fut rayé de la liste du conseil privé.

de

Accusé, au mois de juin 1683,
complicité dans la conspiration de
Rye-House, ou le complot protestant,
on l'envoya à la tour, et, le 13 juillet,
on l'y trouva la gorge coupée avec un
rasoir. Le magistrat décida qu'il s'était
donné la mort; mais on crut générale-
ment qu'il avait été assassiné par son
domestique, instrument d'hommes
puissants. Il laissa de sa femme, qui
était fille du comte de Northumber-
land, un fils et une fille.
E-s.

CÁPELL ( ÉDOUARD), savant critique anglais, né en 1713, à Troston, dans le comté de Suffolk. On a fort peu de détails sur sa vie, absorbée par une étude infatigable des ouvrages de Shakespeare. Il entreprit, le premier, de donner une édition fidèle de ce poète; cette édition, qu'il publia en 10 vol. in-8'., est précédée d'une introduction écrite dans le vieux langage anglais, et qui est regardée comme un morceau très curieux. Il y promettait de faire imprimer par la suite quelques autres volumes pour servir de commentaires aux oeuvres du tragique anglais; mais comme il s'écoula beaucoup de tempsavant l'accomplissement de cette promesse, plusieurs écrivains le prévinrent, en donnant des éditions de Shakespeare avec des commentaires qui rendaient les siens moins intéressants. Ils parurent cependant après sa mort en 1783, en trois gros volumes in-4°., sous le titre de Notes et variantes de Shakespeare, suivies de l'Ecole de Shakespeare, ou extraits de divers livres anglais qui existaient imprimés de son temps, par lesquels on voit d'où il avait tire ses fables, etc. Cet ouvrage était le fruit de près de quarante ans de recherches et de travail. Capell est aussi l'éditeur d'un volume de poésies anciennes, appelées Prolusions. Il mourut en 1781. X-s.

CAPELLA (Martianus MinEUS

FELIX), auteur d'une espèce de petite encyclopédie en latin, mélangée de prose et de vers. L'époque à laquelle il écrivit n'a pas encore été bien déterminée; quelques- - uns la fixent à l'an 474 ou 490 av. J.-C., tandis qu'un critique récent recule le temps de son existence jusqu'au milieu du 3o. siècle, sous les deux Gordiens. Cassiodore nous dit qu'il était né à Madaure en Afrique, et lui-même se nomme nourrisson d'Elice, ville de l'Afrique propre. Sur les manuscrits de son ouvrage, il a le surnom de Carthaginois, et le titre de proconsulaire, vir proconsularis. Il est probable qu'il a résidé quelque temps à Rome. L'ouvrage qui nous reste de lui est intitulé Satyricon, et est divisé en neuf livres. Les deux premiers, qui forment une sorte d'introduction aux sept autres, sont remplis par un petit roman philosophique et allégorique assez bien imagine, mais dont le style est dur, obscur, et barbare. Il est intitulé: Des noces de la Philologie et de Mercure. On y trouve une description du ciel, qui prouve que les idées mystiques de la philosophie platonicienne se rapprochaient singulièrement, à cette époque, des vérités du christianisme. Les autres livres sont consacrés aux sept arts libéraux. Le troisième livre est intitulé: Grammaire; le quatrième, Dialec tique. Ce livre est divisé en deux parties, dont la première comprend ce que nous nommons la métaphysique, et la seconde, la logique. Le cinquième livre traite de la rhétorique; le sixième, de la géométrie, et Capella emploic ce mot suivant son sens étymologique; car ce livre contient un petit traité de géographie qui n'est qu'un court extrait de Pline et de Solin, et ce n'est qu'à la fin qu'on trouve quelques courtes généralités sur les lignes, les figures et les solides. Le septième est intitulé:

Arithmétique, et roule principale ment sur les propriétés des nombres. Le huitième livre est consacré à l'astronomie; il y fait tourner Vénus et Mercure autour du soleil, et, suivant Lalande, c'est là que Copernic a pris la

première idée de son systême. Le neuvième traite de la musique, et n'est guère qu'un extrait d'Aristide Quinti→ lien. L'édition la plus estimée de cet auteur est celle de Grotius, in-8°. Leyde, 1599. Elle est au nombre des prodiges littéraires, puisque Grotius, lorsqu'il l'entreprit, n'avait que quatorze ans, et seulement quinze lorsqu'elle parut. Il est probable qu'il fut aidé dans ce travail par Joseph Scaliger, qui le lui avait indiqué; mais il est certain qu'il le fut par son père luimême, comme il nous l'apprend : elle est. d'ailleurs, quoique très vantée, insuffisante, et pleine de fautes typographiques, Une bonne édition de cet auteur est encore à donner, et, comme il n'est pas tout-à-fait indigne de trou. ver un éditeur, nous croyons devoir indiquer toutes les éditions qui sont parvenues à notre connaissance: I. l'editio princeps est in-folio, imprimée à Vicence en 1499, Curá Francisci Vitalis Bodiani; cette édition fut réimprimée à Modène l'année suivante (1500), sous le même format; II. Bâle, in-fol., 1532, chez H. Pierre. La même a été réimprimée à Lyon en 1539, in-8°.; III. Bâle, in-fol., 1599; IV. Bâle, cum variis lectionibus et scholiis B. Vulcanii, in-fol., 1577, imprimée avec les Origines d'Isidore; V. vient ensuite, par ordre de date, l'édition de Grotius, dont nous avons parlé, et dont le titre est ainsi qu'il suit: Martiani Minei Felicis Capella, Carthaginiensis, viri proconsularis Satyricon in quo de nuptiis Philologiæ et Mercurii libri duo, et de septem artibus liberalibus libri singulares

omnes et emendati et notis sive februis Hug. Grotii illustrati : ex of ficina Plantiniana, 1599, in-8".; VI. Lyon, 1619, apud hæredes Simonis Vincentii, in-8°.; VII. le neuvième livre a été inséré dans le recueil des anciens auteurs relatifs à la musique, par Meibomius, Amsterdam, 1652; VIII. Lyon, 1658, in-8°.; IX. Berne, 1763, in-8., curd L. Walthardi. Cette édition ne renferme que les deux premiers livres, c'est-àdire l'ouvrage De nuptiis inter Mercurium et Philologiam ; X. Nuremberg, in-8°., 1794, edente Jo. Ad. Goetz. Cette édition, de même que la précédente, ne renferme que les deux premiers livres. Heinsius semble avoir fait une étude particulière de Martianus Capella, et a proposé, dans ses notes sur Ovide, beaucoup de corrections heureuses sur cet auteur. Munker, dans ses notes sur Hygin, etc, a donné beaucoup de variantes importantes prises d'un manuscrit de Levde. CAPELLA, poète élégiaque, a été mentionné avec éloge par Ovide (De Ponto, IV, 16, 36 ). Il ne nous reste rien de lui.

W-R. CAPELLA (GALEAZZO-FLAVIO-CAPRA, plus connu sous le nom de), né à Milan en 1487, se ditingua dans les lettres. Phil. Picinelli dit que son nom de famille était Capra, et que ce fut à raison de la pureté de ses inceurs et de l'étendue de ses connaissances qu'on le surnomma Capella. Son rare savoir lui mérita l'estime et l'amitié de François Sforze, duc de Milan, qui lui donna la place de secrétaire d'état, et le chargea d'écrire son histoire. Il l'employa aussi dans plusieurs négociations importantes. Capella fut orateur de l'empereur Maximilien, et conservé dans ses fonctions, lorsque Charles-Quint devint maître de Milan. La fidélité de Ca

pella envers son premier maître est digne d'être remarquée dans les diverses révolutions qu'éprouva sa patrie. Il mourut d'une chute de cheval dans une rue de Milan, après deux ans de souffrances, le 25 février 1557. On a de cet écrivain : I. De rebus nuper in Italia gestis et de bello Mediolanensi tibri VIII, Nuremberg, 1532, in-4°., Paris, 1533, in-8'., Venise, 1555, in-4°. Cet ouvrage a été réimprimé encore plusieurs fois. On le trouve aussi dans le Thesaurus antiquit. de Grævius, tom. 11, et dans les Scriptores rerum Germanicarum, de Simon Schardius, tom. II. Il a été traduit en allemand, et en italien, par Fr. Philipopoli, Venise, 1559, in-4°. C'est l'histoire des guerres du Milanais, de 1521 à 1530. Elle est écrite avec intérêt ; mais on sent qu'il aurait été difficile à l'auteur d'être impartial. I. Historia belli Mussiani; c'est l'histoire de la guerre faite près de Musso, sur le lac de Côme, par le fameux capitaine Jean-Jacques de Médicis: elle fait suite à l'ouvrage précédent, et fut imprimée dans l'édition de Strasbourg, 1538, in-8.; on la trouve aussi dans le Trésor des antiquités de Grævius, tom. 111, et avec l'Histoire des Médicis de Henri Du Puy, Anvers, 1654, in12; III. Viennæ Austriæ à sultano Solimanno Turcorum tyranno obsessa historia, Augsbourg, 1550, in-4°.; IV. De rebus gestis Franc. Sfortia II, ducis Mediolani, Venise, 1555, in-4°.; V. l'Antropologia overo ragionamento della natura umana: la quale contiene le lodi e excellenza degli uomini, la dignità delle donne; la miseria d'amendue, et la vanità degli studj loro, Venise, Alde, 1555, in-8'., ouvrage rare et recherche. On a encore du même des Harangues mili

CAP

64 taires, imprimées à Francfort, en 1573. W-s et V-VE. CAPELLEN (ALEXANDRE van der). Voy. AARTSBERgen.

CAPELLO (BLANCHE), seconde femme de François de Médicis, grandduc de Toscane. Elle était fille de Barthelemi Capello, un des nobles les plus considérés de Venise, nièce de Grimani, patriarche d'Aquilée, et alliée à toute la première noblesse; mais en 1563 elle fut séduite par Pierre Bonaventuri, jeune florentin qui apprenait le commerce à Venise dans la maison de banque de Salviati. L'oncle de Bonaventuri était le chef du comptoir de Salviati, sa maison était tout proche de celle des Capello, et Bonaventuri, qui n'avait ni fortune ni famille, se donna pour parent des Salviati, et pour associé à leur commerce. Les charmes de sa figure, et son adresse séduisirent Blanche, d'autant plus facilement qu'elle était alors sous l'empire d'une belle-mère qui la haïssait. Les deux amants se donnèrent, à l'aide de fausses clefs, plusieurs rendez-vous nocturnes; mais, craignant ensuite d'être découverts, ils s'échappèrent de Venise au mois de décembre 1563, emportant avec eux les joyaux les plus précieux de la maison de Capello. Les parents de Blanche, et plus encore ceux de sa belle-mère, manifestèrent l'indignation la plus violente, lorsqu'ils apprirent cet enlèvement. Ils prétendirent que tout le corps de la noblesse vénitienne avait été insulté ils firent arrêter comme complice Jean-Baptiste Bonaventuri, oncle du ravisseur, qui mourut en prison; ils obtinrent du sénat un ordre de courir sus à Pierre, avec une récompense de deux mille ducats pour celui qui le tuerait; enfin, ils envoyèrent sur ses traces des assassins qui

en eux;

CAP

le suivirent à Florence, où Bonaven→ turi s'était retiré avec sa maîtresse. A cette époque, Cosine Ier. de Médicis régnait encore; mais dégoûté du pouvoir suprême qui avait été pour lui un constant exercice de dissimulation et de perfidie, il avait confié tous les soins du gouvernement à son fils François, dont le caractère était plus sombre encore, et plus sévère que le sien. François devait épouser Jeanne, archiduchesse d'Autriche; mais cette princesse avait trop d'orgueil et de froideur pour pouvoir inspirer de l'amour. Bonaventuri, dès la première semaine de son arrivée à Florence, se mit sous la protection de François, et l'ambition ou l'avarice faisant taire en lui tout autre sentiment, il permit entre ce prince et sa femme une liaison scandaleuse. François chercha cependant à la dérober aux yeux du public jusqu'après son mariage avec l'archiduchesse, le 16 décembre 1565; mais dès-lors, croyant n'avoir plus rien à déguiser, il introduisit Blanche dans son palais, en nommant Bonaventuri son intendant. La liaison de François avec Blanche blessait également, et Cosme Ier., et la cour d'Autriche que les Médicis devaient ménager, et le peuple qui se plaignait de l'insolence et de l'avidité de la favorite. Son mari, dont l'arrogance devenait insupportable aux courtisans, et gênante pour elle-même, fut assassiné en 1570, par des gens que François avait apostes. Blanche cependant savait captiver toujours davantage le prince par les charmes de son esprit, le piquant de ses manières, et l'enjouement de son caractère. Plus Médicis était sombre et sévère, plus il avait besoin d'être distrait par la vivacité et les grâces de la Vénitienne. Cosme Ier. mourut en 1574; François avait deux. frères qu'il détestait, et auxquels il

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