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des tyrans, et se rejouissaient de leur abaissement; et peut-être, sans espérer pour eux-mêmes des lois plus justes, ils se complaisaient à voir trembler à leur tour ceux devant lesquels ils avaient eux-mêmes tremblé. Lorsqu'ensuite le peuple, au lieu d'obéir au baron du château, dat transporter son allégance à un roi qu'il ne voyait jamais, à un roi l'ennemi de ses ennemis, à un roi dont le pouvoir était disproportionné avec tous ceux qu'il connaissait, il se fit de cet être presque abstrait une sorte de divinité. Il l'aima, parce qu'il le craignait, parce que la pompe dont son maître était entouré et la distance à laquelle il vivait l'empêchait de reconnaître ou sa faiblesse ou ses vices. Le peuple mit sa gloire, non dans les droits qu'il se réservait pour lui-même, mais dans ceux dont son idole était revêtu; il s'enorgueillit de ce que la volonté de ce roi était absolue, de ce qu'il devait le trône à un droit héréditaire, non au choix de ses sujets. C'est ainsi que la révolution commencée par Louis 1x fut accomplie avec l'assentiment national, et que la France applandit à la destruction des libertés féodales, quoique ce fussentles' seules dontelle se trouva en possession».

au

Les établissemens de Saint Louis, subordonnant le droit français droit romain, « les pandectes et le code de Justinien, dont ils avaient fait leurs oracles, avaient été compilés dans le temps de la plus grande servilité de la nouvelle Rome. Les légistes y trouvèrent toutes les maximes du pouvoir absolu, qu'ils firent bientôt passer dans leurs écrits: elles étaient conformes à leur intérêt... La monarchie française fut donc reconstruite par eux sur le modèle de Constantinople, et le livre des établissemens de Saint-Louis, qui fut probablement un recueil composé par ses ordres, doit être considéré comme la première tentative des légistes pour faire concorder le droit français en décadence avec le droit romain renaissant ». Nous invitons

le lecteur à accorder une attention soutenue à cette partie qui fixe ou modifie les lois civiles, et la différence de la législation, selon qu'elle se rapporte aux nobles ou aux roturiers. Il remarquera la confusion qui règne dans cet amas informe de lois civiles, criminelles et de procédures, qui venait se substituer aux anciens systèmes, et s'il est forcé de frémir de l'atrocité des peines, il apercevra au moins avec quelque satisfaction le jury actuel, maladroitement substitué à celui dont la raison publique veut que nous reclamions sans cesse la restitution. Mais les lois qui assurent à Saint-Louis la reconnaissance de la France, sont celles qui fondèrent les libertés de l'église gallicane; quoique le saint roi ait tenté sans succès d'assujétir le clergé à l'autorité civile. « La vraie résistance cependant aux empiétemens du clergé et de la cour de Rome, fut organisée par les légistes que Louis avait appelés dans ses tribunaux: comme il leur avait abandonné l'exercice de sa souveraineté, les légistes étaient plus zélés pour les prérogatives de cette souveraineté qu'il ne l'aurait été lui-même, et ils repoussaient avec plus de vigilance les usurpations des prêtres, parce qu'ils en connaissaient mieux les conséquences ». En suivant l'auteur, on ne peut résister à la justesse et à la profondeur de ses réflexions sur la conduite da faible Philippe 1, livré à l'ascendant de son barbier. Qu'il nous soit permis de citer encore une leçon qui peut être utile à tous les princes dans toutes les circonstances.«L'élévation d'un homme du peuple a un grand pouvoir, lorsqu'elle est la conséquence de ses vertus, et la récompense des services qu'il a rendus, relève aussi la classe d'où il est sorti, aux yeux de la nation' entière: elle enseigne que toutes les carrières sont ouvertes au mérite, elle excite une louable émulation parmi tous ceux qui sentent leurs propres forces, et le contraste entre la naissance du citoyen illustre et sa gran

deur, ne fait qu'ajouter à l'admiration qu'on accorde à la vertu qui lui a fait franchir cette distance; mais le valet qui, en caressant toutes les faiblesses, en flattant toutes les passions de son maître, est arrivé à un pouvoir honteux, ne saurait prétendre, même lorsqu'il a un grand talent, à la consi-, dération qu'on lui refuse. C'est pour lui que le nom de parvenu est inventé, avec toutes les idées accessoires d'insolence et d'illibéralité qui sont attachées à cette désignation; c'est de lui qu'il est vrai de dire qu'un favori n'a point d'amis, tandis qu'il offense les grands par son pouvoir, il fait honte aux petits par ses vices; sa grandeur ne satisfait personne, sa chute n'inspire point de pitié. ».

court à la vengeance; mais, contraint d'ajourner ses fureurs, il succombe à sa rage impuissante et à son dépit. Philippe 1 porte la guerre en Aragon; Elma est assiégé, ses habitans sont massacrés ; mais bientôt Philippe laisse le commandement de son armée détruite et celui de la ville de Gironne à Beaumarchais,qui, à peine instruit que le roi de France vient d'expirer, remet la place au roi d'Aragon, que son peuple proclame comme son libérateur, après l'avoir combattu.

L'histoire des Français, sous Philippe iv, présente un plus grand intérêt. Le règne de ce prince, les pontificats de Nicolas iv et de Boniface vir forment une époque unique et fameuse dans l'histoire des progrès de la civilisation. L'auteur s'est surpassé dans cette partie de son travail, dont nous rendrons compte dans un troisième article.

On admire l'impartialité de l'historien dans le portrait qu'il trace de Grégoire x, qui vient imprimer un mouvement nouveau à la politique, et attirer sur lui les yeux de l'Europe qui se détournaient du faible roi de France. Ce pontife avait déjoué les projets ambitieux de Charles d'Anjou, réconcilié la Grèce avec Rome, ressuscité l'empire d'Allemagne, dirigé les délibérations de l'église assemblée en concile vers un but honorable. On respirait, et l'on espérait quand la mort vint l'arrêter dans sa marche glorieuse. Sous ses successeurs tout rétrograde, les vêpres siciliennes, l'Italie en feu, l'Espagne en guerre, l'embrasement menace le monde; les traités sont déchirés, les papes délient les rois de leurs sermens, dépouillent les uns de leurs couronnes, que d'autres acceptent sans scrupule et sans honte. Charles d'Anjou, qui avait sacrifié tout ce qu'il y avait de plus sacré à sa fortune, ce frère de Saint-Louis, qui avait dirigé dans son intérêt la dernière croisade. et qui seul avait recueilli le fruit de la mort du saint roi et de la perte de plus de cinquante mille Français, ce prince vaincu, prêt à incendier Naples qu'il inonde de sang, comme un tigre altéré de nouveaux carnages, Journal général de la Littérature de France. 1825. No. 11.

HISTOIRE MILITAIRE.

Victoires, conquêtes, désastres, revers et guerres civiles des Français in-8. Chez Panckoucke. Tome XXVIII. (Guerre d'Espagne de 1823.) 6 fr. 50 c.

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Guerres des Vendéens et des Chouans contre la république française, ou Annales des départemens de l'Ouest pendant ces guerres, d'après les actes et la correspondance du comité de salut public, des ministres, des représentans du peuple en mission, des agens du gouvernement, des généraux, etc. Par un officier supérieur des armées de la république. Chez Baudouin frères. Tomes III et IV. Prix de chaque volume, 6 fr.

Cet ouvrage fait partie de la Collection des Mémoires relatifs à la révolution française.

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Choix des Lettres édifiantes écrites des missions étrangères, précédé de tableaux géographiques, historiques, religieux et littéraires des pays de mission. 2o édition, augmentée. in-8. Chez Grimbert. Tome V. 6 fr.

Ce volume contient : Missions du Levant, de la Syrie, de l'Egypte, de l'Ethiopie. L'édition aura huit volumes. BIOGRAPHIE.

Le Pasteur Oberlin, ou le Ban de la Roche. Par Me Félicie T***.

Strasbourg. in-12. avec fig. Heitz. A Paris, chez Treuttel et Würtz. 1 fr. 25 c.

Cette petite brochure nous montre une grande admiration pour la vertu, et doit faire augurer favorablement de son auteur. Il est fâcheux qu'elle ait paru après plusieurs ouvrages sur le même sujet et plus importans. Nous recommandons aux personnes qui voudront connaître le Ban de la Roche et l'Alsace, les Promenades alsaciennes par P. M. volume, in-8. avec portraits et lithographies, qui se vend chez Treuttel et Würtz. Cet ouvrage leur peindra les vertus et les bienfaits qui ont signalé chaque instant de la longue carrière du vénérable Oberlin; elles y trouveront aussi des descriptions fidèles et des nouvelles intéressantes,

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Vie de Marie-Thérèse d'Autriche, impératrice douairière, archiduchesse d'Autriche. in-32. avec portr. et fig. Chez Lefuel. 4 fr. Biographie universelle et chrono

logique des souverains qui ont péri de mort violente, ou Histoire abrégée de leur règne, des causes et des circonstances de leur mort. Nouv. édition, augmentée. 2 vol. in-12. Chez Mongie aîné. 6 fr.

Biographie des Hellènes. in - 8. Chez Delaunay. Cah. II. Contenant la vie de Marcos Botzaris. fr. 50 c.

Mémoires inédits de Mme la comtesse de Genlis, sur le xvir siècle et la révolution française, depuis 1756 jusqu'à nos jours. 8 vol. in-8. Chez Ladvocat.

Nous avons attendu que Mme e de Genlis eût terminé ses Mémoires pour en rendre compte dans un seul article.

« Pour être plus que femme elle se croit quelque chose. » Le monde entier a besoin de savoir quelles furent ses inclinations, de connaître le lieu de sa naissance, les dangers qu'elle a courus, la singularité de son caractère; il doit apprendre qu'elle a été la négociatrice des amours de sa tante et du duc d'Orléans, dont elle a reçu les confidences, ainsi que celles de Mme la duchesse de Chartres; qu'elle a été logée au PalaisRoyal; qu'elle ne dit pas tout sur ses liaisons avec M. de Custine. Il faut savoir qu'elle a appris l'anglais; qu'elle a eu trois ou quatre fois la rougeole; qu'elle a été en Hollande; qu'elle a été gourmande; qu'elle a voyagé en Suisse ; qu'elle a logé toute sa famille au PalaisRoyal; qu'elle n'aime niVoltaire,ni Raynal,ni Rousseau,et qu'elle a été brouillée avec tous les écrivains de quelque mérite; qu'elle a vu l'empereur Joseph 11, qui lui a fait l'honneur de se faire inscrire chez elle; qu'à l'école du Palais-Royal, elle a été dans la nécessité d'apprendre à cacher les impressions qu'elle ressent; il en était temps, il était tard—; qu'elle a vu l'Italie, où elle a fait la conquête d'un descendant dis

-

héros de M. de Villemain. Le pape l'a bénie; elle n'oublie jamais les nombreux services qu'elle a rendus ; elle a été à la Trappe, elle est entrée dans le couvent. Elle a horreur des excès populaires et assiste aux séances des Cordeliers; elle fait recevoir le jeune duc de Chartres à la Société philanthropique; lord Gordon lui donne des fêtes en Angleterre, honorées de la présence du prince régent; elle est liée avec Barrère et Pétion; elle va aux Jacobins et à l'Assemblée nationale, retourne en Angleterre marier Paméla; elle court l'Allemagne, habite Hambourg, où elle reçoit la visite de M. de Talleyrand qui lui fait présent de la Sagesse... de Charron. Après bien des vicissitudes elle revient à Paris, où elle trouve tout changé; elle refuse les offres du premier consul et se fait re. bénir par le pape aux Tuileries; elle reçoit de l'empereur une pension de 6,000 fr., et en fait donner à tous ses amis et ses parens; elle refuse de faire l'éducation des enfans de la reine de Naples, qui ne laisse pas de lui accorder une pension de 3,000 francs; elle parvient à faire rendre à la rue Helvétius le nom de Sainte-Anne; elle exerce ses doigts sur une table; elle écrit que la fin du monde n'est pas éloignée; on l'enferme dans une chambre, elle en sort pour visiter mademoiselle Gabarus ; elle compose un discours pour M. de Valence à la chambre des pairs; elle veut refaire l'Encyclopédie; elle prêche les indulgences, travaille à la conversion des Arabes, et se décide à partir pour la Terre Sainte; mais elle fait connaissance avec le baron Trouvé, et disserte sur les chaufferettes, les petits tabourets, et fait des vers sur es briquettes; elle trav aille au journal du Dimanche et exerce sa une bûche et un cadran solaire; elle voit de sa fenêtre la maison des bossus; enfin la Sybille ne veut pas quitter son temple sans en prévenir le public qui doit s'intéresser aux moindres particularités de son démenagement, et qui ne doit

verve sur

pas ignorer que M. Ladvocat, «dans cette circonstance comme dans toutes les autres,» a eu pour elle d'excellens procédés; le voilà nommé dans ses immortels Mémoires, il ira droit à la postérité avec Mme Candeille Simon si judicieusement accolée à mesdames de Staël et de Souza, etc., etc. Ces Mémoires écrits, comme tous les ouvrages de Mme de Genlis, avec un charme de style qui lui est particulier à n'en sont pas moins le monument le plus extraordinaire élevé à la fatuité.

GÉOGRAPHIE. TOPOGRAPHIE.

Le parfait Parisien, ou Indicateur général, contenant les noms, le nombre, l'étendue, la situation des rues, ruelles, passages, etc., qui divisent la capitale de la France; l'origine et la description des places, promenades, édifices, etc., etc. Par P. H. Vauquelin. in-32. avec un plan de Paris enluminé. Chez Vauquelin. 2 fr. 50 c.

Dictionnaire géographique universel. Par une Société de géographes. in-8. Chez Kilian. Tome II. Partie II. fr. 7

L'ouvrage aura huit volumes, ou seize parties.

L'Alsace. Nouvelle description historique et topographique des deux départemens du Rhin. Par J. F. Aufschlager. in-8. avec 9 pl. 2 cartes et un plan. Strasbourg. Chez Heitz. Tome II.

CARTES GÉOGRAPHIQUES. Nouvel Atlas de la France. Cartes des quatre-vingt-six départemens et des colonies françaises, avec des tableaux statistiques et historiques. Publié par Duprat

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vérité, exprimés par un génie de flamme, voilà le livre qui ne peut manquer de faire un effet prodigieux dans le monde. Nous en donnerons l'analyse.

ÉDUCATION. INSTRUCTION.

L'Expérience du jeune âge, ou Leçons/ d'une mère à ses enfans. Par Me de Courval. 4° édition. 2 v. in-12. avec fig. Chez Brianchon.

L'Etude du cœur, ou les Leçons paternelles. Par Et. Milon. 2 édition, augmentée. in-12. avec fig. Chez Imbert, 4 fr. Conseils à l'enfance et à Padolescence, ou Recueil de nouvelles appropriées à différens âges. Par Me Julie Delafaye-Brehier. 4 vol. in-18. avec 16 gray. Chez Eymery. 8 fr.

L'Ange protecteur de la jeunesse, ou Histoires amusantes, etc. Trad. de l'allem. de Salzmann, par Cohen. in-12. avec fig. Chez Blanchard. 2 fr.

Julien, ou l'Enfant industrieux. Par Louise Langlois. in-18. avec fig. Chez Eymery. 1 fr.

50 C.

Le parfait Jeune Homme, ou le Modèle des bons fils. Histoire instructive et morale. Par P. C. 2 vol. in-12. avec fig. Chez Dabo jeune. 6 fr.

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