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en qualité de commandant de la 19 division militaire. Il fut accusé d'avoir créé des agens provocateurs pour organiser des conspirations, dans lesquelles furent enveloppés tout à la fois des hommes qui avaient marqué dans la révolution à différentes époques, beaucoup d'autres qui ne s'étaient fait connaître que par leur attachement à la charte, et un plus grand nombre d'hommes simples, que la misère avait rendus accessibles à de perfides suggestions. On lui reprocha d'avoir, dans ses rapports au ministère, converti en conjuration contre l'autorité royale les attroupemens que la disette des subsistances avait provoqués, et d'avoir, sous ce prétexte, envoyé à la mort, par l'organe d'une cour prévotale, de malheureux paysans qui demandaient du pain! Ces accusations, portées par des hommes courageux et amis de leur pays (voyez CHARRIER-SAINNEVILLE), engagerent le gouvernement à envoyer à Lyon un commissaire spécial, investi de grands pouvoirs, et chargé de recueillir sur les lieux les renseignemens les plus exacts sur cette affaire. M. le maréchal Marmont, duc de Raguse (voyez MARMONT), remplit cette mission extraordinaire avec justice et impartialité, et l'on ne trouva point, dans son rapport, l'apologie de la conduite du commandant Canuel, dont la nomination fut bientôt révoquée. Le colonel Fabvier (voyez FABVIER), qui, en sa qualité de chef d'état-major du maréchal, l'avait accompagné dans sa mission, fit paraître, sous le titre de Lyon en 1817, le récit

des événemens déplorables qui avaient affligé cette malheureuse ville sous le commandement de M. Canuel. Celui-ci attaqua en calomnie MM. Sainneville et Fabvier, au mois de juillet 1818, devant un tribunal de Paris, qui renvoya les parties. La discussion de cette affaire fut remise au mois de novembre suivant, à cause d'une accusation de conspiration portée par le gouvernement contre M. Canuel lui-même, qui fut détenu cinq mois pour ce fait. Enfin la cour d'appel condamna MM. Sainneville et Fabvier, qui se désistèrent sagement de leur pourvoi en cassation, parce que, suivant la législation actuelle, on est réputé coupable de calomnie, si les faits argués ne sont pas établis par jugement. Nous ferons observer toutefois que M. Canuel, présent à l'audience, ne répondit point à cette apostrophe vigoureuse et digne des Catilinaires, qui lui fut adressée par Me Fabvier, frère et défenseur du colonel: «Nous direz-vous, général, » comment il s'est fait que vous » ne vous soyez jamais battu que >> contre des Français ?» Voici, au surplus, comment s'exprime, au sujet des événemens de Lyon de 1816 à 1817, l'auteur aussi énergique qu'impartial de la Revue chronologique de l'histoire de France (pag.749): « Quoique bornés à des récits non officiels, il >>est bien peu de Français qui »n'aient su et qui ne restent pé»> nétrés que les troubles du Rhô»> ne ont été provoqués par les dé»lations d'agens subalternes, et

que plusieurs autorités plus ou » moins élevées, dont ces agens

» dépendent, auraient elles-mê» mes été complices involontaires » du plus lâche complot que puisse concevoir la perversité. » Le lieutenant-général Canuel a été depuis mis à la retraite, à laquelle son âge lui donnait droit.

CANZLER (JEAN-GEORGES), né le 19 janvier 1740, à Burkhardsdorf sur le Harz. Il fut d'abord secrétaire d'ambassade, et ensuite conseiller des comptes à Dresde. On lui doit plusieurs écrits sur l'histoire et la politique, publiés les uns en français, les autres en allemand, et parmi lesquels on distingue les Mémoires pour servir à la connaissance des affaires politiques et économiques du royaume de Suède, 2 vol. in-4°, 1776.

CANZLER (FRÉDÉRIC-THÉOPHILE), né le 25 décembre 1764, dans la Poméranie suédoise. Après avoir enseigné les finances à l'université de Gottingue, il fut nommé en 1800, professeur ordinaire à l'université de Greifs-Walde. Il a publié plusieurs ouvrages très-utiles sur la politique, la géographie et la statistique. Les principaux sont: Notices hebdomadaires des cartes géographiques, statistiques et historiques, ainsi que des ouvrages qui trai tent des sciences commerciales, Gottingue, 1788 1789, deux vol. in-8°; Traité de la géographie dans toute son étendue, ibid. 3 vol. in-8°; Archives universelles pour la littérature géographique, historique et statistique, etc. M. Canzler a aussi traduit plusieurs ouvrages anglais.

CAPECELATRO, archevêque de Tarente. Ses talens naturels,

son esprit et ses études auraient pu, dans le cours d'une longue carrière, faire parvenir M. Capecelatro aux honneurs, peut-être même aux plus grandes dignités ecclésiastiques; mais, issu d'une des plus anciennes familles du royaume de Naples, le bonheur de sa naissance l'y fit arriver rapidement. Peu de temps après avoir été ordonné prêtre, il fut élevé à l'épiscopat et obtint l'archevêché de Tarente, auquel sont attachés le titre et les prérogatives de premier baron du royaume. Malgré ses dignités et sa qualité d'archevêque, il se montra partisan de la vérité et d'une saine philosophie. On le vit, combattant avec un zèle égal toutes les idées gothiques, tous les genres de superstition, écrire sous le voile transparent de l'anonime, contre les prétentions de la cour de Rome, sans cesser de montrer la piété qui convient à un prélat. Il s'est fait remarquer dans la société par la douceur de son langage, l'urbanité de ses manières et son caractère charitable. Il accueille les étrangers avec la bienveillance la plus aimable, et se plaît à leur montrer sa belle et riche collection de camées et de pierres gravées. Le roi Joachim acquit cette collection å un très-haut prix, mais il lui en laissa la jouissance en lui conférant le titre de directeur du Musée. Le roi Joseph avait nommé M. l'archevêque de Tarente conseiller-d'état, et l'avait décoré du grand-cordon de l'ordre des Deux-Siciles. En 1808, le roi Jaochim lui confia le ministère de l'intérieur, et peu de temps a

près, il fut fait premier aumônier de la reine. Il existe de ce prélat distingué un ouvrage d'un haut mérite, sur la religion; c'est sans doute pour cela qu'on ne peut se le procurer en Italie. La France sera plus heureuse: on assure qu'il va en paraître une traduction.

CAPELLE (GUILLAUME-ANTOINEBENOIT), baron, préfet, conseillerd'état, officier de la légion-d'honneur, est né, leg septembre 1775, à Sales-Curan, département de l'Aveyron, d'une famille qui a eu des emplois dans la magistrature. Quoique à peine âgé de 14 ans, il embrassa et proclama avec enthou siasme, en 1789, les principes du nouvel ordre de choses, qui se développèrent à cette époque. Ce premier élan patriotique le fit distinguer dans le district de Milhaud; il fut député par cette ville, à la fédération de juillet 1790. Nommé lieutenant de grenadiers, dans le 2 bataillon des Pyrénées-Orientales, il y resta pendant les années 1792 et 1795, et fut destitué, en 1794, pour cause de fédéralisme. De retour à Milhaud, M. Capelle s'y maria; il commanda la garde nationale jusqu'au 18 brumaire, époque à laquelle le gouvernement consulaire ayant été proclamé, la ville de Milhaud le chargea de la mission d'usage auprès du nouveau gouvernement. M. Capelle était recommandé à M. le ministre de l'intérieur Chaptal, et fut employé dans ses bureaux, au commencement de l'an g. A la fin de la même année, le ministre le fit nommer secrétaire-général du département des Alpes-Maritimes, d'où il passa, en l'an 13,

en la même qualité, dans le département de la Stura. Trouvant, peut-être, que les secrétariatsgénéraux de préfecture étaient au-dessous de ses moyens, M. Capelle ne resta que quelques mois à Coni, et se rendit à Paris, pour solliciter de l'avancement. Il attendit deux années, et, en février 1808, il devint préfet du département de la Méditerranée (Livourne). La nouvelle mission de M. Capelle semblait lui offrir de grandes difficultés dans son exécution. Sa préfecture confinait avec les états de la princesse de Lucques et de Piombino, princesse extrêmement jalouse de son autorité. M. Capelle trouva le moyen de se concilier sa bienveillance, sans rien sacrifier de ses devoirs. La meilleure intelligen- . ce régnait entre la souveraine et l'administrateur, lorsque l'empereur jugea à propos de changer la résidence de M. Capelle, en le nommant, le 30 novembre 1810, préfet du département de Léman (Genève), où il se signala également par une bonne administration. Il eut cependant quelque peine à se faire à certains usages des Génevois. Il y a dans leur ville, depuis un temps immémorial, un grand nombre de réunions, connues sous le nom de Cercles; et chaque cercle a un titre particulier. Il en existait un, sous le titre de Cercle de l'égalité. Cette dénomination déplut à M. le préfet. Il invita les membres à la changer, et comme ils s'y refusaient, il fallut un acte légal pour les y contraindre : ils prirent alors le titre de Cercle des mêmes. La ville de Genève s'étant ren

due aux alliés, en 1813, le baron Capelle fut accusé de n'avoir point fait les dispositions nécessaires pour armer la population. Un décret du 5 janvier 1814 le suspendit de ses fonctions, et le traduisit devant une commission d'enquête, composée des conseillers-d'état, Lacuée, Réal et Faure; ce dernier, chargé du rapport, disculpa le baron Capelle, qui cependant ne recouvra sa liberté qu'à l'époque de la restauration. Le 10 juin, le roi le nomma préfet de l'Ain, et dans le mois d'octobre suivant, S. A. R. MONSIEUR, passant à Bourg, lui donna la croix d'officier de la légion d'honneur. Au retour de Napoléon, en 1815, le baron Capelle quitta son département, et se rendit, le 13 mars, à Lons-le-Saulnier, auprès du maréchal Ney. N'ayant pas voulu déférer aux ordres qu'il en reçut, de retourner dans sa préfecture, il partit pour la Suisse, d'où il rejoignit le roi à Gand. Il eut l'honneur d'être admis plusieurs fois dans le conseil de ce prince. Rentré à la suite du roi, dans le mois de juillet, son zèle et sa fidélité lui valurent la préfecture du Doubs, et le titre de conseiller-d'état honoraire. Il vint de Besançon, en décembre 1815, pour déposer, comme témoin, dans le procès du maréchal Ney, et demeura à Paris, où, le 1" janvier 1816, il prit place au conseild'état, section de l'intérieur, comme conseiller en service ordinai

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vivans des frères Michaud confond assez souvent les hommes et leurs actions. Par exemple, elle fait un seul article CAPELLEN (le baron Van-der), et lui accorde gratuitement le double titre de vice-amiral hollandais et de gouverneur-général des Indes orientales pour la Belgique. Les moindres inconvéniens qui résultent de semblables indications sont des anachronismes, des incompatibilités, et des invraisemblances. Au reste, ces sortes d'erreurs sont si fréquentes dans la biographie en question, que nous n'entreprendrons pas de les relever toutes; nous en signalerons quelques-unes seulement, de temps à autre, pour donner au lecteur la juste mesure de confiance qu'il doit accorder aux matériaux préparés pour l'histoire par des investigateurs aussi exacts et aussi consciencieux. Le baron Capellen, gouverneur - général des Indes orientales pour la Belgique, et non pas vice-amiral hollandais, est né à Utrecht; il est fils du colonel Alexandre-Philippe, le même qui, en 1787, à la tête du parti patriotique, s'enferma dans Gorcum, et soutint si vigoureusement le siége de cette place contre un corps prussien, entré en Hollande pour soutenir le parti de Guillaume V. Capellen fils reçut une éducation soignée, fit de bonnes études, à la suite desquelles, ayant été nommé secrétaire de la préfecture d'Utrecht, il y débuta par donner des preuves d'une grande perspicacité dans les affaires publiques. Ses talens ne restèrent pas long-temps enfouis dans ce premier emploi; le

roi Louis Bonaparte le nomma préfet de La Frise, en 1808. Le baron Capellen se fit tellement remarquer par l'habileté et la justice qu'il mit dans son administration, qu'il fut bientôt appelé à une place plus importante. Le roi avait conçu pour lui beaucoup d'estime et d'amitié; il désirait l'avoir auprès de sa personne, l'admit dans son conseil-d'état, et lui confia bientôt le ministère de l'intérieur de son royaume. Pendant que Capellen fut ministre, il se conduisit aveo une grande sagesse et la plus rare intégrité; il conserva son ministère jusqu'à l'abdication du rol, et il emporta les regrets de tous ceux qui l'avaient connu, soit comme homme public, soit comme simple particulier. Le baron Capellen n'étant point partisan du nouveau gouvernement que Napoléon venait de donner à la Hollande, ne voulut accepter aucun emploi. Pendant que Louis Bonaparte régnait, il avait donné à Capellen le titre d'ami, et ce fut en cette qualité que ce dernier alla lui rendre visite dans sa retraite en Allemagne. Ils y passèreat ensemble plusieurs mois dans la plus grande intimité. Les événemens de la fin de 1813 ayant donné un nouveau prince à la Hollande, ce souverain, qui apprit tout le mérite du baron Capellen, le nomma ministre des colonies. Lorsque, par le traité de Vienne, les Belges furent destinés à former avec les Hollandais le royaume des Pays-Bas, le prince jugeant que Capellen pourrait, par son influence et ses hautes qualités, lui concilier l'attache

ment de ses nouveaux sujets, lui donna le titre de secrétaire-d'état extraordinaire, et l'envoya à Bruxelles pour remplir cette honorable mission. Le baron Capellen s'en acquitta dignement et avec succès. Ce fut à cette époque et dans le temps où il était encore à Bruxelles, que le roi le nomma gouverneur-général des Indes orientales et commandeur de l'ordre du Lion-Belgique. Il partit du Texel pour sa nouvelle destination, en octobre 1815, à bord du vaisseau l'Amiral Evertzen, faisant partie de l'escadre commandée par le contre-amiral Bruyskes,

CAPELLEN (T. F. VAN). Il entra au service, en 1772, comme aspirant dans la marine de Hollande, et six ans plus tard il fut nommé lieutenant. Il reçut le grade de capitaine en 1782: c'était la juste récompense de sa bravoure dans le combat que la frégate le Briel avait livré à la frégate anglaise The Crepent, dont elle s'était emparée après une lutte opiniâtre. Chargé du commandement delaCérès, il fit diverses croisières jusqu'en 1792, époque à laquelle on lui confia quelques chaloupes canonnières pour agir contre l'armée française, qui tentait l'invasion de la Hollande. Il eut occasion de se signaler dans plusieurs circonstances durant cette guerre; mais, en 1799, quand les Anglais se présentèrent, il disposait en partie de la flotte qui se rendit sans combattre à l'amiral Mittehell. Traduit bientôt devant un conseil de guerre, et condamné à mort par contumace, il resta en Angleterre jusqu'au mois de

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