Page images
PDF
EPUB

etc. Ce dernier signala souvent M. Chézy comme un de ses élèves les plus distingués. Il a traduit du persan le poême Medjnoun et Leila, 1807, 2 vol. in18; et il a publié, en 1814, un épisode, tiré du shanskrit, intitulé: Yadjnadatta-Badha, ou la mort de Yadjnadatta, in-18. La chaire de langue shanskrite qu'occupe aujourd'hui M. Chézy, a été créée pour lui par Louis XVIII. S. M. l'a également nommé membre de la légion-d'honneur.

CHIAPPE (ANGE), et non pas André, comme l'appelle mal à propos la Biographie des hommes vivans, est né dans la Corse, et fut député par cette île, à la convention nationale. Dans le procès de Louis XVI, il vota pour l'appel au peuple, puis pour la détention de ce prince pendant la guerre et pour sa déportation à la paix. Enfin, il se déclara pour le sursis à l'exécution de son jugement. Le 20 avril 1793, il proposa à la convention de déclarer qu'elle ne retirait point sa confiance à vingt-deux de ses membres dénoncés par les sections de Paris. Le 21 décembre 1794, il fut élu secrétaire de l'assemblée. Envoyé en mission dans le Midi, il annonça l'insurrection terroriste de Toulon, à travers laquelle il s'était fait jour le sabre à la main. Un décret l'attacha ensuite spécialement à l'armée des Alpes; et au commencement de l'an 4, il annonça l'acceptation de la constitution par l'aile droite de l'armée d'Italie. Député au conseil des cinq-cents, il y parla dans la séance du 7 novembre 1795, contre le décret d'arrestation de plu

sieurs nouveaux députés, accusés d'avoir pris part à la révolte de quelques sections de Paris contre la représentation nationale, dans la journée du 13 vendémiaire. En l'an 5, il demanda l'envoi de la constitution dans les départemens du Golo et du Liamone, qui formaient alors les deux divisions de la Corse. Plus tard il fut envoyé en qualité de sous-préfet à Alba, département de la Stura. Après la restauration en 1814, il revint à Paris, qu'il continue d'habiter. C'est encore mal à propos que la Biographie déjà citée prétend qu'après la journée du 18 brumaire an 8 (9 novembre 1799), qui mit le général Bonaparte à la tête du gouvernement, il aurait été successivement juge et procureur impérial en Corse. Le fait est faux. M. Ange Chiappe n'a jamais été magistrat. On l'a confondu avec son frère PIERRE-FRANÇOIS, qui, étant juge avant la révolution, a toujours suivi la carrière de la magistrature, et est mort, en 1811, procureur-général à la cour impériale d'Ajaccio. JEAN-JACQUES CHIAPPE, fils de ce dernier, est officier du génie. Le 24 octobre 1814, le roi lui accorda la décoration de la légion-d'honneur, en récompense de services bien antérieurs, et sur un travail fait dans les bureaux du génie, d'après la demande de M. le maréchal duc d'Albuféra. Pendant les cent jours, Napoléon l'attacha à sa personne, et le nomma, le 29 mai 1815, officier d'ordonnance, puis chef de bataillon du génie, et officier de la légion-d'honneur. Il est maintenant employé à Lille, en qualité de capitaine du génie.

[ocr errors]

CHIARAMONTI (JEAN-BAPTIS TE), savant, qui a écrit avec beaucoup de philosophie. Il n'a produit que des notices détachées, mais où se trouvent beaucoup d'érudition et des aperçus neufs. Nous ne partageons pas entièrement les opinions qu'il émet dans sa dissertation sur le Gouvernement paternel des Romains. Ce gonvernement paternel achetait la liberté de Rome, au prix de l'esclavage du monde : merveille é tonnante sans doute, mais dont la grandeur disparaît devant l'énormité de son injustice. Le traité de Chiaramonti sopra il commercio, est digne des études des hommes qui se livrent à l'économie politique. Il a rassemblé et publié à Brescia, en 1765, tous ses opus cules, lus dans l'espèce d'académie qui se tenait chez le fameux Mazzucchelli. Il est né à Brescia, en 1731, et mort dans la même ville, en 1796.

CHIARI (L'ABBÉ), l'un des plus célèbresauteurscomiques italiens, est né à Brescia, et y mourut en 1788. Rival deGoldoni, il n'a de cé dernierni la franchise de dialogue, ni la vérité de pinceau. On pour rait trouver quelque ressemblance entre lui et Aristophane. Il met habilement et audacieusement la satire sur la scène, mais ses personnages sont moins des portraits que des personnifications de vices, de nations et de caractères; il y a trop d'allégorie dans son talent. Molière, et souvent Goldoni, peignent un homme vicieux ou ridicule, par l'habile rapprochement des circonstances qui for

cent son caractère à se trahir. Chiari, à l'exemple d'Aristopha

ne, présente, en quelque sorte, l'abstraction et non l'action, l’idée et non la vie ; pour pénétrer ces peintures ingénieuses, on est forcé à quelque travail d'esprit ; et la vérité de la nature, déjà si altérée par les combinaisons théâtrales, disparaît presque entièrement sous le voile nouveau de la plus spirituelle allégorie. Chiari aime aussi à tracer des portraits, non de l'homme mais de la profession; non des penchans primitifs de notre nature, mais des modifications imprimées par telle ou telle position dans la société. Chiari a fait près de trois cents comédies, pleines de gaieté, de sel, de burlesque, de travestissemens, d'extravagances, d'énigmes et de talent. Il excellait à rendre piquans sur la scène, les patois nombreux des nombreux dialectes de l'Italie. Il saisissait la circonstance, flattait le goût du moment, captait l'amour populaire par une imitation grotesque et vive de ce qui plaisait davantage au peuple, et voyait cent représentations de ses pièces se succéder, et l'édition tomber dans l'oubli. On aurait de la peine à composer un petit volume de celles de ses pièces de théâtre qui méritent de survivre à la vogue qu'elles ont presque toutes obtenue dans leur nouveauté.

CHIFFLET (N.), membre de la chambre des députés de la trop mémorable session de 1815, qui termina ses travaux le 29 avril 1816, a été réélu en 1821, pour compléter la députation du département du Doubs, d'après les dispositions de la nouvelle foi des élections du mois de juin 1820, qui augmente le nombre des députés.

[ocr errors]

M. Chifflet est un de ces hommes qui se refuseront toujours aux concessions demandées par ceux qui connaissent le mieux leur siècle. On connaît son amour violent pour l'ancien régime, amour qui se trouve rarement uni à quelques talens; ajoutons que M. Chifflet est loin d'en manquer. M. Chifflet arriva à la chambre de 1815 avec des idées tellement exagérées, qu'on peut affirmer que le même degré d'effervescence, chez ses collègues, eût certainement perdu la cause royale, et les aurait eux-mêmes ren→ dus victimes de leur opiniâtreté. Le dévouement le plus louable a besoin d'être dirigé : celui de M. Chifflet dépassait toutes les bornes; il allait toujours plus loin que les ministres. Lorsque ceuxci proposèrent la loi d'amnistie adoptée le 12 janvier 1816, il établit dans la discussion du projet que les biens de ceux qui seraient condamnés, devaient être confisqués. Peu de temps après, il chercha à prouver qu'il était indispensable que le clergé redevînt propriétaire et qu'il fît un corps dans l'état, tandis que M. de Castelbajac luimême demandait seulement, au nom de la commission dont il était rapporteur, que le clergé fût autorisé à recevoir les donations qui seraient faites en sa faveur. La proposition de M. de Bonald, pour la suppression du divorce, fut soutenue, par M. Chifflet, de la manière la plus étrange : il parla de religion sans aborder la question civile; et la loi qui prononce l'abolition du divorce, loi si importante pour la société, semble avoir été discutée, grâces à sa logique,

par des théologiens, et non par des législateurs. Cette grande question résolue par M. Chifflet chargé d'examiner la proposition, fut suivie d'une loi contraire à l'opinion des plus grands. légistes. Il compte, parmi ses ancêtres, plusieurs membres du parlement de Franche-Comté. Il vient d'être nommé premier président de la cour royale de Besançon (novembre 1821).

CHINARD (J.), sculpteur, né le 12 février 1756, et mort à Lyon le 19 mai 1813, remporta à Rome le premier prix de sculpture le 12 juin 1786, honneur que n'avait encore eu aucun Français. Il a laissé un grand nombre de bustes et de statues qui sont estimés des connaisseurs. On remarqua au salon de 1806 deux bustes sortis de son ciseau : celui de l'impératrice Joséphine, et celui du prince Eugène. Il a eu quelque part aux sculptures de l'arcde-triomphe de la place du Carrousel. Il était membre de l'académie et du cercle littéraire de Lyon.

CHOFFARD (FIERRE-PHILIPPE), dessinateur et graveur, naquit à Paris, en 1730, d'une famille peu favorisée de la fortune. Orphelin dès l'âge de 10 ans, il fut placé chez d'Heuland, graveur de géographie. Mais bientôt, trouvant ce genre trop circonscrit pour son génie qui commençait à se développer, il s'occupa de la composition et de la gravure des cartouches qui ornent les cartes et les plans. Il se livra avec ardeur à l'étude du dessin, parvint à composer et à graver des vignettes destinées à orner les belles éditions de nos auteurs anciens et

modernes, et entreprit même de graver deux jolies gouaches de Beaudouin, peintre alors fort à la mode; ces deux estampes obtinrent un grand succès. Si nous considérons Choffard comme compositeur, nous ne pourrons disconvenir qu'il est en quelque sorte créateur d'un nouveau genre. Rien de plus ingénieux et de plus poétique que les vignettes, fleurons, etc., qu'il a composés, soit pour les Métamorphoses d'Ovide, l'Histoire de la maison de Bourbon, de Désormeaux, etlesContes de La Fontaine, de l'édition dite des fermiersgénéraux. Les vignettes qu'il a dessinées pour l'ouvrage du prince de Ligne, intitulé les Préjugés militaires, présentent dans un petit espace un vaste champ, aussi riche que varié. Comme graveur, cet artiste qui s'est formé lui-même, ne mérite pas moins d'éloges. Une pointe fine et spirituelle, qui anime tout ce qu'elle trace, forme le caractère de son talent. Le seul reproche qu'on pourrait lui faire serait celui d'avoir mis souvent trop de goût et de détails dans ses productions, ce qui détruit le large et le grandiose qu'on aimerait quelquefois à y rencontrer. Doué d'un caractère doux et obligeant, d'une belle figure et d'un esprit orné, Choffard était accueilli, et même recherché dans toutes les bonnes sociétés : il est mort à Paris le 7 mars 1809. On a de lui une Notice historique sur la gravure, imprimée in-8°,

en

1805, et réimprimée en 1809, dans laquelle on remarque des observations aussi utiles que judicieuses. Il existe deux notices sur cet artiste, par M. Ponce, beau

coup plus étendues, imprimées, l'une dans les mémoires de l'Athénée des arts, et l'autre dans l'annuaire de la société des arts graphiques.

CHOISEUL STAINVILLE (LE DUC Claude-Antoine-Gabriel DE), succéda au titre et à la pairie du célèbre duc de Choiseul, dont le ministère a jeté beaucoup d'éclat sur quelques années de la fin du règne de Louis XV. Reçu pair à l'âge de 25 ans, en 1787, il commença sa carrière politique aux séances mémorables du parlement, lors des arrestations de MM. d'Esprémenil et de Montsabert, et s'y fit remarquer par la franchise et la noblesse de ses opinions. Colonel en second des dragons de La Rochefoucauld, et ensuite colonel du régiment royal dragons, le duc de Choiseul fut choisi, avec le marquis de Bouillé et le comte de Farsen, pour préparer la fuite de Louis XVI, en 1792, et assurer son voyage jusqu'à Clermont. Arrêté avec la famille royale à Varennes (dont le poste ne lui avait pas été confié), il fut, après d'imminens périls, emprisonné à Verdun, et de là transféré dans les prisons de la hautecour nationale d'Orléans, sur un décret d'accusation de l'assemblée constituante. On assure que les détails exacts de cet événement seront un jour publiés par lui, et que cette intéressante relation rectifiera plus d'une erreur. Sorti des prisons d'Orléans après l'acceptation de la constitution par le roi Louis XVI, M. de Choiseul retourna près de ce prince, partagea ses périls et ceux de la reine, dont il fut nommé cheva

lier-d'honneur en 1792, exposa généreusement sa vie dans les journées du 20 juin et du 10 août, pour sauver la leur; et quand tous les courtisans abandonnaient l'auguste famille, il fut du très-petit nombre de ceux qui restèrent fidèles à ses malheurs. M. de Choiseul ne s'en sépara qu'au moment où le roi fut transféré à la tour du Temple. Mis hors la loi et sa tête à prix, il ne sortit de France qu'après les massacres de septem bre, avec un passe-port et sous un uniforme espagnols. Notre impartialité nous fait un devoir de retracer avec d'autant plus de fidélité la vie honorable de M. de Choiseul, que dans le cours de la révolution, la classe des émigrés français, au milieu desquels les événemens le forcèrent à se réfugier, ne nous fournira peut-être pas une autre preuve des vertus dont il a donné l'exemple. Dépouillé de tout, jeté sur la plage étrangère, sans autre ressource que son épée et son courage, en proie à la plus profonde douleur, par la mort du roi qui l'avait honoré de sa confiance et de son amitié, M. de Choiseul leva un régiment de hussards, qui porta son nom, et qui devint l'asile d'un grand nombre de Français proscrits. Il fit brillamment la guerre à leur tête, fut fait une première fois prisonnier, en mars 1795, et conduit à Dunkerque; il s'échappa de la prison où il avait été renfermé, et alla rejoindre des étendards qui n'étaient malheureusement pas ceux de la France. La neutralité du Hanovre ayant été reconnue, il fit avec le gouvernement anglais une capitulation

pour passer aux Indes-Orientales avec le superbe corps qu'il avait formé, et s'embarqua à Stades, le 12 novembre 1795: le 17 du même mois, trois de ses vaisseaux de transport se brisèrent sur la côte de Calais, beaucoup d'hommes périrent; il fut du nombre de ceux qui se sauvèrent à la nage. Ici commence pour M. de Choiseul une série de périls et de malheurs qui le mit chaque jour en présence de la mort, pendant près de cinq ans que dura sa détention. Traduit comme émigré rentré devant une commission militaire qui jugeait sans appel, l'arrêt qui l'acquittait n'en fut pas moins attaqué par le directoire, à la cour de cassation, et ensuite au corps législatif. L'opinion publique se révolta contre un déni de justice et d'humanité, par lequel on s'efforçait d'appliquer à des hommes jetés par la tempête sur les côtes de France, une loi qui punissait de mort les Français émigrés qui y rentraient volontairement. M. de Choiseul et ses compagnons d'infortune, si connus alors sous le nom de Naufragés de Calais, passèrent de longues années dans l'attente du supplice sans cesse offert à leurs yeux. Ce procès fameux, malgré une loi favorable, rendue avant le 19 fructidor sur les rapports éloquens de Camille Jordan, au conseil des cinq-cents, et de Portalis, au conseil des anciens, recommença de nouveau avec plus d'animosité après cette époque. Nous laissons aux éditeurs des Causes célèbres à recueillir les divers épisodes, à stigmatiser du nom qui lui convient,

« PreviousContinue »