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ma grand'croix de l'ordre de la Réunion. Après s'être distingué aux attaques successives des positions de Fischbach, Capellenberg et Bischowerda, le général Charpentier rendit de nouveaux services, au mois d'août de la même année, en défendant le passage du Bober contre les Russes et les Prussiens. Il contribua au gain de la bataille de Waschau, le 16 octobre, en enlevant au pas de charge la redoute ennemie, dite Suédoise de Gustave, hérissée de canons; il donna de nouvelles preuves de valeur à la bataille de Hanau. Nommé commandant du 11 corps d'armée, sur la rive gauche du Rhin, il le réorganisa et fut appelé dans la garde impériale. En 1814, à la tête d'une division de la jeune garde, il chassa de Fontainebleau les Cosaques et la colonne autrichienne qui s'étaient emparés de cette ville. Le 9 mars, il enleva de vive force le village de Clacy, dans le département de l'Aisne, le défendit tout un jour contre sept attaques réitérées, et ne l'évacua que par ordre. Après l'abdication de Napoléon et le retour du roi, le lieutenant - général Charpentier fut chargé de l'inspection de l'infanterie de la division militaire; décoré de la croix de Saint-Louis le 8 juillet; et le 27 décembre suivant, nommé grand-officier de la légion d'honneur. M. Charpentier est aujourd'hui le plus ancien des chefs d'état-major de l'armée.

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CHARRIER DE LA ROCHE (LOUIS), évêque de Versailles, est né à Lyon, le 17 mai 1758, d'une ancienne famille originaire

d'Auverne un de ses ancêtres était échevin sous Henri IV. M. Charrier de La Roche, entré en bas âge dans l'état ecclésiastique, avait à peine atteint sa 11 année, qu'il fut pourvu d'un canonicat dans le chapitre noble d'Ainai de cette dernière ville; et après avoir fait avec distinction ses études théologiques à Paris, où il fat nommé docteur de Sorbonne, il revint à Lyon : l'archevêque de Montazet le nomma un de ses grands-vicaires, et ensuite son official métropolitain. En 1771, à la mort du prevôt du chapitre d'Ainai, en même temps curé de la paroisse, M. Charrier fut appelé à le remplacer, et ce choix fut applaudi. Très-charitable envers les pauvres, il recherchait tous les malheureux, visitait les prisonniers, et souvent accompagnait les condamnés au supplice. Associé au gouvernement d'un diocèse où les disputes entre les molinistes et les jansénistes étaient alors très-vives, M. Charrier eut la sagesse de n'adopter d'une manière exclusive aucune des opinions qui divisaient le clergé il ne cessa jamais d'estimer les ecclésiastiques distingués, et de bonne foi, quel que fût le parti qu'ils eussent embrassé. Il conserva jusqu'à la mort de l'archevêque de Montazet, la confiance et l'amitié de ce prélat. A la création des assemblées provinciales, il fut appelé à la présidence de celle de Lyon, et sut mériter, dans cette nouvelle administration, les éloges de ses concitoyens. Nommé député aux états-généraux, M. l'abbé Charrier qui était lié avec l'archevêque de Pompignan, le prit

pour guide au milieu des orages politiques et religieux qui s'élevèrent à cette époque. Il ne se livra à aucun esprit de parti, et ne fut d'aucune coterie. Ses opinions à la tribune, et ses écrits, prouvent qu'il fut toujours l'ami de l'ordre, de la religion, de l'état et du roi. Comme membre de l'assemblée nationale, il parla en faveur de l'impôt territorial, et pour le maintien de l'impôt sur le tabac. Il s'opposa à la réunion du comtat Venaissin à la France : il s'éleva avec force contre la proposition de ne considérer le mariage que comme un acte civil, et vota pour l'institution du juri. En 1791, M. l'abbé Charrier prêta serment à la constitution civile du clergé; et en même temps, il publia dans ses écrits qu'il ne s'y était décidé qu'après avoir fait inutilement les plus vives instances auprès des ininistres du roi et du nonce du pape, pour savoir ce qu'il devait faire. Les électeurs du département de Rhône-et-Loire avaient manifesté l'intention de le nommer évêque métropolitain de Lyon il leur écrivit, et sa lettre fut rendue publique, qu'il ne consentirait jamais à monter sur le siége épiscopal du lieu de sa naissance. A cette époque, il fut nommé évêque métropolitain de Rouen il accepta; mais mécontent de la direction qu'on faisait suivre aux affaires ecclésiastiques, il donna sa démission, se retira à Lyon dans sa famille, et n'exerça plus dès lors les fonctions épiscopales. Arrêté et incarcéré après le siége de Lyon, en 1793, il alJait être traduit au tribunal révoJutionnaire de cette ville, lorsque

les pauvres de sa paroisse, qui n'avaient point oublié les bienfaits qu'ils avaient reçus de ce digne pasteur, se réunirent pour réclamer sa liberté, et l'obtinrent. Après la chute du directoire, et sous le consulat, M. l'abbé Charrier fut nommé évêque de Versailles, siége qu'il occupe encore aujourd'hui. Lorsqu'il en prit possession, il s'empressa de rassurer les inquiétudes de son troupeau, par la profession franche et publique de sa soumission et de sa doctrine. Il est à regretter que le même esprit d'indulgence n'ait pas toujours présidé à la rédaction de ses lettres pastorales. Le château de Saint-Cloud se trouvant situé dans le diocèse de Versailles, l'évêque fut invité, par le premier consul, à célébrer la messe dans cette résidence, ce qui lui valut tout naturellement par la suite le titre de son premier aumônier. Au retour des Bourbons, il témoigna son dévouement à Louis XVIII. Lorsqu'en 1815 Napoléon revint de l'île d'Elbe, M. l'évêque de Versailles, sur l'invitation qui lui en fut faite, se rendit aux Tuileries, dans l'intérêt de son diocèse; mais il ne reprit ni les fonctions ni le titre de premier aumônier. M. Charrier de La Roche a publié plusieurs écrits pour la défense de la constitution civile du clergé. Les principaux sont: 1° Refutation de l'instruction de M. Asseline, évê, que de Boulogne, 1791, in-8°; 2° Questions sur les affaires présentes de l'église de France, 1791, in-8°; 3° Examen des principes sur les droits de la religion, la juridiction et le régime de l'église

calholique; 4° Lettres à M. Mauttro sur la religion, 1791, in 8°; 5 Lettre pastorale aux fidèles de son diocèse, 1791, in-8°; 6 Quels sont les remèdes aux matheurs qui désolent la France ? 1791, in 8°. On aime à retrouver dans ce dernier ouvrage l'esprit de sagesse et de conciliation qui devrait caractériser tout ce qui sort de la plume d'un prélat.

re, tant à Grenoble que sur d'autres points de la province du Dauphiné. Le père succéda à l'aïeut dans cette partie à laquelle le fils fut aussi destiné. En effet, M. Sainneville, qui s'y livra dès que son éducation fut achevée, s'y fit tellement remarquer, qu'en l'année 1791 il fut nommé inspecteurgénéral; depuis il devint régisseur en chef à l'armée des Alpes. Il n'avait alors que 24 ans. Il était au grand quartier-général à Grenoble lorsque le siége de Lyon fut résolu en 1793. Mandé au quartier-général de la Pape, it éluda cet ordre; les représentans en mission décernèrent contre lui un mandat d'arrêt, et le firent enlever par la gendarmerie. Après la reddition de la ville de Lyon, ayant refusé de se rendre au quartier-général de la Pape, et accusé d'ailleurs d'avoir favorisé les assiégés, il fut dénoncé au tribunal révolutionnaire, et n'eut que le temps d'échapper aux recherches de ce redoutable tribunal qui avait ordonné son ar

CHARRIER - SAINNEVILLE (SÉBASTIEN-CLAUDE), maître des requêtes au conseil - d'état, officier de la légion d'honneur, membre du conseil - général du département du Rhône, ci-devant lieutenant de police à Lyon, est l'un des hommes de l'époque qui ont le plus à se plaindre des calomnies de certains écrivains. On ne lui a pas pardonné l'honorable conduite qu'il a tenue lors des événemens de Lyon en 1817. M. Charrier Sainneville est né à Grenoble le 12 février 1768. Sa famille, des plus anciennes de la bourgeoisie, est aussi l'une des plus recommandables du dépar-restation. M. Sainneville parvint tement de l'Isère. Son père, son aieul et son bisaïeul ont rempli avec honneur les fonctions du notariat, et jouissaient d'une haute considération. L'aïeul de M. Sainneville avait épousé une parente des célèbres frères Pâris, qui peuvent être considérés comme les fondateurs du système administratif des subsistances militaires, et qui avaient réalisé la maxime du grand Frédéric, auquel on entendait dire assez souvent:

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à se réfugier en Suisse, et passa dans le canton de Berne vers la fin de 1793. Il ne revint en France qu'en 1795, sous la protection de la loi qui rappelait les Lyonnais fugitifs. A son retour dans sa patrie, il épousa M Charrier-deGrigny, d'une famille honorable, et se fixa définitivement à Lyon. Depuis cette époque M. Sainneville a consacré tout son temps et ses soins au service de son pays; c'est l'un des hommes qui se sont le plus fait remarquer à Lyon dans l'administration pendant les 20 dernières années. Depuis l'an

1800, il a été successivement employé dans les fonctions gratuites et municipales de la ville de Lyon. Il a été administrateur des bureaux de bienfaisance; et pendant une longue suite d'années, administrateur et président de l'administration de l'Antiquaille. Cet hospice était depuis longtemps abandonné et sans ressources. M. Sainneville conçut l'utile pensée de le reconstituer et de l'agrandir sur de nouvelles bases. Grâces à ses soins et au zèle de ses collègues, il réussit dans ce projet, et forma l'un des plus beaux établissemens philantropiques de France, et l'un des plus importans de la ville de Lyon. En 1805 il fut nommé adjoint à la mairie, dont M. Fay de Sathonay était le chef. Il contribua puissamment à la destruction des jeux de hasard; et, secondé par le préfet du Rhône, M. d'Herbouville, aujourd'hui pair de France, il surmonta tous les obstacles qui s'opposaient à cette mesure salutaire. Chargé de la partie municipale en sa qualité d'adjoint, il organisa cette branche si importante de l'administration. Il s'occupa aussi avec succès des fabriques de soie, et ne perdit jamais de vue qu'un administrateur de la ville de Lyon doit se proposer pour but principal la prospérité de l'industrie. En 1812, M. Sainneville présidait une commission de subsistances créée par M. de Bondy, dans le cours de cette année qui fut marquée par la disette. La nouvelle commission rendit de grands services; elle manquait de fonds, et en obtint par son propre crédit. Le conseil

municipal vota des remercîmens à cette commission, qui se composait de MM. Sainneville, Cazenova, Champanhet et de Laurencin. En 1814, époque où les événemens furent si remarquables et si difficiles, M. Sainneville, ainsi que tout le corps municipal, remplit ses devoirs d'adjoint avec un zèle infatigable; et jusqu'au dernier moment, toujours empressé d'agir dans le sens qui lui semblait favorable aux intérêts de son pays, il se prononça en faveur des Bourbons, et servit franchement la cause royale; la ville de Lyon était alors occupée par près de 20 mille hommes de troupes étrangères. Le roi fut à peine arrivé dans Paris, que le maire, les adjoints et plusieurs membres du conseil municipal de Lyon s'empressèrent de porter au nouveau chef de l'état l'hommage de la cité. M. Sainneville demeura seul chargé du poids de l'administration municipale; il eut à pourvoir à la tranquillité de la ville, à ses besoins, à ceux des troupes alliées. Il défendit avec force et avec succès les intérêts des administrés contre les prétentions exorbitantes des étrangers, et il fut assisté dans cette tâche pénible par M.Alexis de Noailles, commissaire du roi. Ces services et ceux que M. Sainneville avait précédemment rendus, services consignés dans un ouvrage intitule Campagne de Lyon en 1814 et 1815, par M. Guerre, avocat, et membre du conseil municipal, où se trouve le passage suivant: (l'auteur parle de l'administration municipale): « Dans de telles cir»coustances, dit-il, M. Charrier

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» Sainneville, magistrat, dont les talens éprouvés, les sages con»seils, l'activité et la fermeté >> rendit à la ville les plus émi>> nens services et la sauva sou>vent des plus grands dangers; ces services, disons-nous, lui avaient acquis des droits si positifs à la reconnaissance de ses concitoyens, que le conseil municipal de Lyon, par une délibération du 13 juin 1814, lui vota des remercîmens solennels, et lui décerna une épée avec cette honorable inscription: A M. Charrier-Sainneville, adjoint, la ville de Lyon reconnaissante, 1814. M. Sainneville ne voulut remplir aucune fonction pendant les cent jours. A la seconde restauration, la ville de Lyon fut encore occupée par l'étranger. On se souvint de ce que M. Sainneville avait fait l'année précédente. Le vœu général des habitans l'appela aux fonctions de lieutenant de police, qu'il n'accepta qu'avec beaucoup de peine. Il les a remplies depuis le mois de juillet 1815 jusqu'au mois d'octobre 1817. Cette époque était celle des passions. Tous les soins de M. Sainneville eurent pour but de prévenir de sanglantes réactions, et il y réussit. A la fin de 1815, des réfugiés de Nîmes vinrent à Lyon chercher un asile. M. Sainneville les accueillit avec intérêt, et veilla à leur sûreté. Son compte rendu prouve encore les résistances qu'il fallut vaincre, les difficultés qu'il eut à surmonter. Seul, il ne craignit pas de se mettre à la brèche dans ces temps d'orages, et constamment il s'est montré le défenseur de ses concitoyens. Les

malheureux événemens de juin 1817 arrivèrent. M. Saioneville se trouvait à Paris; il retourna à Lyon en toute hâte, et se livra, avec un zèle infatigable, à rechercher tout ce qui s'était passé, afin de bien établir la mesure et le but de ces événemens. Il constata l'existence des agens provocateurs et les fit arrêter; il réclama vivement contre la compétence de la cour prevôtale, et osa se mettre en opposition avec d'autres autorités qui ne voyaient pas les choses sous le même point de vue. Ce fut sans doute cette opposition qui décida le gouvernement à envoyer à Lyon un commissaire extraordinaire avec de grands pouvoirs. M. le duc de Raguse, chargé de cette mission, s'en acquitta avec impartialité, et en fit connaître les résultats avec franchise. Bientôt des attaques. imprudentes déterminèrent le colonel Fabvier à publier sur les événemens de Lyon ce qui était venu à sa connaissance. Sa brochure produisit une grande sensation. M. Sainneville avait aussi pris l'engagement d'écrire sur les mêmes faits. Il publia un ouvrage ayant pour titre Compte rendu: cet ouvrage, remarquable sous tous les rapports, honora M. Sainneville, et acheva de jeter le plus grand jour sur les événemens de Lyon, en justifiant les assertions du colonel Fabvier. M. Sainneville et M. Fabvier furent attaqués en calomnie par le général Canuel. Ce procès fut le plus célèbre du temps. Le tribunal de 1 instance renvoya en quelque sorte les parties. Le général Canuel appela de ce juge

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