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qu'en 1794 il eut le commandement de l'armée d'Arragon, il se conduisit comme un officier-général de mérite. Quand la révolution précipita Ferdinand VII du trône, pour y placer Joseph Bonaparte, le prince de Castel-Franco resta quelque temps indécis sur le parti qu'il prendrait. Napoléon, par un décret du mois de novembre 1808, l'avait déclaré ennemi de la France et de l'Espagne; ce qui rendait sa position fort embarrassante. Soit qu'il cédât alors aux circonstances, soit qu'il obéît à la flexibilité de son caractère, il donna une pleine et entière adhésion à la constitution de Bayonne, et accepta les emplois que lui conféra le roi Joseph. Au retour de Ferdinand VII en Espagne, le prince de CastelFranco se trouva dans un nouvel embarras, mais de puissans amis et son nom l'aidèrent à sortir de cette position; le roi lui rendit le régiment des gardes Walonnes et son rang à la cour. Il n'en jouit que peu de temps, et mourut généralement regretté dans les miers jours de 1815.

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CASTELLAN (A. L.), est né à Paris, en 1772. Son père, qui était architecte, voulant qu'il marchât sur ses traces, le lança de bonne heure dans la carrière des beaux-arts. Le jeune Castellan partit pour Rome, et fit des progrès à l'école de cette ville. Il voyagea beaucoup dans la Grèce ancienne et moderne, et ne rentra en France qu'en 1808. Il y rapporta un portefeuille rempli d'observations intéressantes, dont il enrichit, à cette époque, les colonnes du Moniteur. Il fut char

gé, pendant quelque temps, de rédiger, dans cette feuille, les articles beaux-arts. Ces articles, joints aux ouvrages qu'il publia, en 1811 et 1812, et enfin son mémoire intitulé: Essai d'un procédé d'encaustique, ou de peinture à l'huile d'olive, sur une impression de cire, qu'il fit paraître, en avril 1815, lui donnèrent un rang parmi les savans. M. Castellan fut nommé, dans le même mois, membre libre de l'académie royale des beaux-arts. Il est également, depuis le 3 août 1816, membre amateur du conseil honoraire d'artistes et d'amateurs, que le roi a établi près du ministère de sa maison. S. M. lui a conféré, en récompense de ses talens et de ses veilles, la décoration de la légion-d'honneur. On doit à M. Castellan 1° Lettres sur la Morée et les îles de Cérigo, Hydra et Zante; 2° Lettres sur la Grèce, l'Hellespont et Constantinople; 3o Description d'une machine propre à puiser de l'eau, en usage dans le Levant; 4° Mœurs, usages et costumes des Ottomans, et abrégé de leur histoire.

CASTELLANE (LE COMTE BONIFACE-LOUIS-ANDRÉ DE ) est né le 4 août 1758. Sa famille, originaire de Provence, et l'une des plus anciennes de cette province, le destina de bonne heure à l'état militaire quand la révolution éclata, il était colonel d'un régiment de cavalerie. Député de la noblesse, il eut le courage de se réunir au tiers-état, vota pour la liberté des cultes, et la déclaration des droits de l'homme, et demanda l'abolition des prisons d'état (octobre 1789). On l'en

tendit ensuite proposer des mesures contre les détentions arbitraires, et s'opposer à l'exclusion des membres de l'assemblée, de toutes fonctions ministérielles. I fut élu secrétaire en février 1790; et combattit, le 27 du même mois, les lois portées contre l'émigration. Nommé maréchal-de-camp, en mars 1792, il donna sa démission après le 10 août, et jeté en prison, ne fut sauvé que par le 9 thermidor, qui cependant ne lui rendit pas la liberté. Il ne fut élargi que plusieurs mois après. Napoléon le nomma préfet des Basses-Pyrénées, en 1802. Le régime impérial lui fut favorable. Successivement candidat au sénat-conservateur, maître des requêtes, officier de la légiond'honneur, grand'croix de la couronne de Bavière, il donna, en 1814, son adhésion à la déchéance de l'empereur, et fut nommé, par le roi, chevalier de SaintLouis, et commandant de la légion-d'honneur. Pendant les cent jours, il protesta contre l'acte additionnel, et fut, au retour de Louis XVIII, nommé pair de France, président du collège électoral des Basses-Pyrénées, et lieutenantgénéral en 1816. Cependant ces diverses faveurs n'empêchèrent pas M. de Castellane de suivre la ligne constitutionnelle. Défenseur, en 1815, de l'inamovibilité des juges; en 1816, de la liberté individuelle et de la liberté de la presse, il manifesta dans toutes les occasions des principes sagement libéraux.

CASTERA. On connaît trois écrivains de ce nom; le premier est auteur d'un Manuel des éco

les primaires et des écoles secondaires en méthode raisonnée pour enseigner et pour étudier l'art de lire, vol. in-12. Le second a publié un Traité de la navigation sous-marine, et les Mémoires de la Société d'agriculture de la Rochelle. Le troisième, et le plus connu de tous, JEAN CASTERA, est né en 1755. Traducteur extrêmement laborieux, il a donné des versions du Voyage de Bruce aux sources du Nil, en Nubie et en Abyssinie, 5 vol. in-8°; de la Vie du capitaine Cook, par Kippis, 2 vol. in-8°; du Voyage de lord Macartney, en Chine et en Tartarie, publié par Staunton, 5 vol. in-8°; de la Vie de Franklin, écrite par lui-même, suivie de ses œuvres morales et littéraires, 2 vol. in-8°; de l'ouvrage de W. Eton, sur l'empire ottoman, 2 vol. in-8°; du Voyage de Mungo-Parc, dans l'interieur de l'Afrique, 1 vol. in-8°; du Voyage de Brown, dans la Haute et la Basse-Égypte, dans le Darfour et en Syrie, 2 vol. in-8°; de la Relation de l'ambassade anglaise, envoyée en 1795 dans le royaume d'Ava, ou l'empire des Birmans, par le major M. Symens, 3 vol. in-8°; de la Relation de l'ambassade au Thibet et au Boutan, par Turner, 2 vol. in-8°; de Mélanges d'histoire et de statistique, sur l'Inde, 3 vol. in-8°; d'un Voyage dans l'intérieur de l'Amérique septentrionale, par Mackensie, 3 vol. in-8°; d'un Tableau historique et politique du commerce des pelleteries dans le Canada, depuis 1608 jusqu'à nos jours par le même auteur vol. in-8°; d'un Voyage en Chi

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ne, par Banow, 3 vol. in-8°; d'un voyage fait par l'ordre de l'impératrice Catherine II, dans le nord de la Russie, par le comodore Billings, 2 vol. in-8°; et d'un roman de Marshall, intitulé Edmond et Éléonore, ce qui fait, dans l'espace d'environ quinze années, près de quarante volumes. M. Castera a coopéré, en 1773, à la rédaction du Mercure de France; il publia, en 1785, un recueil d'odes. Le plus célèbre de ses ouvrages, est l'Histoire de Catherine II, impératrice de Russie, en 3 vol. in-8°. Dans son rapport sur les livres admis au concours pour le prix décennaux, en 1810, l'institut signala cette histoire comme un ouvrage estimable, par une narration élégante et facile, mais en même temps comme peu exact et souvent partial. Les circonstances politiques ont dû influer sur ce jugement. Il est difficile de justifier, sous le rapport des mœurs, Catherine, surnommée la Grande. N'est-ce pas assez que, par l'avantage de leur position, les auteurs de ces grands attentats politiques soient hors de l'atteinte de la justice contemporaine, et leur mémoire du moins ne doit-elle pas rester justiciable de la postérité ?

CASTEX (LE BARON BERTRANDPIERRE), lieutenant-général, commandant de la légion-d'honneur, l'un des bons et braves officiersgénéraux de l'armée française, naquit en Languedoc le 29 juin 1771. Sa carrière militaire commença avec la révolution. Entré fort jeune encore comme simple soldat dans le régiment de chasseurs à cheval, sa bonne condui

te, ses talens, le poussèrent successivement jusqu'au grade de major. Les brillantes charges qu'il exécuta à la bataille d'Iéna, à la tête de son régiment, l'ayant fait remarquer, Napoléon le nomma colonel du 20 régiment de la même arme, où il venait de s'illustrer par sa bravoure. Le baron Castex ne se distingua pas moins aux batailles d'Eylau et de Friedland; ce fut là qu'il mérita les titres d'officier et de commandant de la légion d'honneur. Nommé général de brigade en 1808, il donna des preuves réitérées de sa valeur dans la campagne de Russie, en 1812, notaminent à Ostrowno et à Polotsk. Le général Castex rendit de nouveaux services devant Dresde, les 26 et 27 août 1813; les bulletins d'alors le signalèrent de la manière la plus honorable. Il se trouva encore à la fameuse journée de Leipsick, d'où, après avoir vaillamment combattu, il se retira sur Anvers. Il défendit vivement les abords de cette place contre la cavalerie ennemie, jusqu'au moment où il fut contraint de s'y renfermer. Castex rentra en France avec la garnison d'Anvers; il ne fut point compris dans le nombre des généraux employés par Louis XVIII, il en reçut néanmoins la croix de Saint-Louis. Lorsque Napoléon reparut en 1815, le lieutenant-général Castex eut le commandement d'une division du corps d'armée du Jura sous les ordres de Lecourbe il établit son quartiergénéral dans la petite ville de Mulhausen. Le général Castex commande depuis trois ans le département du Haut-Rhin.

CASTI (JEAN-BAPTISTE). Après avoir fait ses études au séminaire de Montefiascone, il y fut professeur, et il ne tarda pas à être nommé chanoine de la cathédrale de cette ville. Dans un voyage à Florence, il se lia étroitement avec le duc de Rosemberg, le gouverneur du prince Léopold, qui fut depuis empereur d'Autriche. Cette circonstance engagea l'abbé Casti à se rendre à Vienne, où l'empereur Joseph II l'accueillit honorablement, et l'admit plusieurs fois à des entretiens particuliers. L'abbé Casti songeait peu à s'élever, mais il était jaloux de s'instruire; il profita de la faveur que lui obtenait déjà son mérite pour visiter diverses cours de l'Europe. Sans fonctions, sans titres particuliers, il y était introduit comme attaché à l'ambassade de Vienne. Son unique intention était d'étudier les hommes, d'observer les intrigues des courtisans, et les tristes ressorts de la politique des cabinets: il rassemblait ainsi les matériaux du poëme qui a fait sa célébrité. Après avoir vu, entre autres cours, celles de Pétersbourg et de Berlin, et même le divan; après avoir reçu de Catherine II des témoignages d'estime, il revint à Vienne, où le duc de Rosemberg obtint pour lui une place qui existait alors, et qui donnait un titre bizarre, celui de poëte de l'empereur, Poeta Cesareo. Casti succédait à Métastase. Après la mort de Joseph II, il demanda sa retraite; il se retira à Florence, où il commença son grand poëme, et acheva une partie de ses autres ouvrages. En 1798, il vint à Pa

ris, où il termina sa carrière, cinq ans après, à l'âge de 82 ans. Il ne ressentait aucune des infirmités que donne ordinairement la vieillesse; mais un jour, au sortir du diner, il fut saisi par le froid, et frappé d'une attaque subite à laquelle il succomba. Doué des qualités les plus précieuses, il fut regretté de tous ceux qui avaient eu avec lui quelque liaison. Une parfaite connaissance du monde ajoutait à l'amabilité de son esprit malin et de son caractère exempt de fiel. Vive, animée, spirituelle, sa conversation faisait les délices de la société. Dans un âge avancé, il conservait l'activité ou même la chaleur de la jeunesse, et lorsqu'il travaillait, il avait encore besoin de recourir à des moyens artificiels pour calmer le feu de son imagination. Il publia à Paris, en l'an 10, son principal ouvrage, le poëme des Animaux parlans, qui est surtout remarquable par une grande indépendance d'esprit. Des réflexions profondes s'y cachent sous un badinage agréable et soutenu, mais que des critiques d'une gravité sévère doivent trouver licencieux. Tantôt noble et élevé, tantôt simple jusqu'à la familiarité, le style en est toujours convenable au sujet. Les vices et les ridicules y sont peints avec une force et une vérité auxquelles se joint le charme d'une versification facile et brillante. Les complaisans du pouvoir absolu n'y sont pas épargnés, et l'imprudence des démagogues n'y est pas traitée avec beaucoup plus de ménagement. Les principes de l'auteur sont libres, mais sages; c'est un républicanisme sans passion

comme sans préjugés. La Décade philosophique a donné une traduction en vers, attribuée à M. Andrieux, de quelques fragmens de ce poëme; et en 1818, M. Paganel l'a publié, traduit en prose, Liége, 3 vol. in-18. Des autres ouvrages de Casti, le plus important est un recueil de Nouvelles. L'édition la plus complète en renferme quarante-huit; c'est celle qu'on fit à Paris, en trois volumes, un an après la mort de l'auteur. On remarque surtout parmi ces nouvelles : l'Apothéose, la Papesse et l'Origine de Rome. La verve et l'originalité distinguent généralement ces compositions; le mélange des idées philosophiques et des peintures les plus libres leur donne beaucoup d'analogie avec quelques-uns des contes de Voltaire. Casti a fait un poëme satirique en douze chants, sous le titre de Poema Tartaro; il l'a composé à son retour de Russie, et la cour de Catherine en a fourni le sujet. On a aussi de lui trois opéras bouffons le roi Théodore à Venise rappelle un épisode de l'Optimiste de Voltaire, et effectivement il en est tiré : c'est Joseph II qui l'avait indiqué. Secondé par la musique de Paesiello, cet ouvrage, dont ce n'est pas le seul mérite, a eu beaucoup de succès en France. La Conjuration de Catilina est le second sujet bouffon destiné par Casti à la scène lyrique; le Quousque tandem de Cicéron ne paraissait pas absolument plaisant, et toutefois il a fourni à l'auteur des incidens pleins de gaieté jusqu'à la fin de la pièce. Le dernier de ces trois opéras est la Grotte de Trophonius. Casti

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CASTILHON (JEAN ET JEANLouis), frères, nés à Toulouse, de 1718 à 1720. Tous deux avocats et membres de l'académie des jeux floraux, ont enrichi la littérature française d'un grand nombre d'ouvrages. Le premier a publié, sous le voile de l'anonyme, la Bibliothèque bleue, le Spectateur français, et précis historique de la vie de Marie-Thérèse. Il a travaillé avec son frère au Journal encyclopédique et au Journal de Trévoux, et a été l'un des auteurs du Nécrologe des hommes célèbres de France. Il mourut en 1799. Son frère, Jean-Louis, a publié avec d'autres auteurs, le Dictionnaire universel des sciences morale, économique, politique et diplomatique. Il a coopéré à la traduction de l'Histoire universelle, par une société de gens de lettres, et a fourni beaucoup d'articles au supplément de l'Encyclopédie. Cet écrivain, philosophe et laborieux, dont l'érudition embrassait plusieurs genres est l'auteur des Essais sur les erreurs et les superslitions; de l'Histoire générale des dogmes et opinions philosophi→ ques, depuis les plus anciens temps jusqu'à nos jours; il a imité Plu tarque dans des essais de philasophie et de morale; il a composé, d'après l'ouvrage d'Espiar de La

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