Page images
PDF
EPUB

sans qu'on sût d'abord de quel côté il avait dirigé ses pas. De cette régence de huit jours, il n'est resté, pour l'instruction des peuples, que le souvenir des actes dont nous venons de parler, l'occupation d'Alexandrie et de tout le Piémont par les troupes autrichiennes, et les sanglantes exécutions de Turin, qui conti

buent.

CARION-DE-LASCONDES (MARTIN-JEAN-FRANÇOIS), maréchal-de-camp, né en 1762, d'une famille noble, originaire d'Espagne, servait, au moment de la révolution, dans le régiment de Champagne, infanterie. En 1791, il fut nommé capitaine au 1o bataillon des grenadiers du Pas-deCalais, et successivement commandant de bataillon, colonel en second, et colonel-commandant des troupes de nouvelle formation: il fit en cette dernière qualité les campagnes de Flandre et de Hollande, et fat particulièrement remarqué à la bataille de Nerwinde il y reçut les félicitations du général en chef Dumouriez et du duc de Chartres, aujourd'hui duc d'Orléans, sous les ordres immédiats desquels il se trouvait dans cette journée, où la fortune trahit le succès et non la gloire des armes françaises. Après la malheureuse retraite de la Belgique, en 1792, il fut nommé général de brigade, et commandait à Bergues pendant le siége de eette ville. Le général Carion-deLascondes venait de combattre avec distinction à Fleurus, lorsqu'en qualité de noble, il reçut, en 1795, l'ordre de rentrer dans ses foyers; la persécution l'y sui

et

vit; il fut emprisonné. Mis en liberté après le 9 thermidor, réintégré dans son grade, il ne put obtenir d'y être employé qu'au commencement de l'an 14, où it fut envoyé en Hollande : il y resta jusqu'en l'an 1813, époque à laquelle il vint prendre le commandement des gardes nationales du Pas-de-Calais, qu'il conserva jusqu'à la restauration. Persécuté de nouveau en 1815, cet officier-général n'a pu même obtenir le traitement de retraite que lui méritaient ses services; et chargé d'une nombreuse et intéressante famille, il vit maintenant à Oignis dans une honorable pauvreté.

CARION-DE-NISAS, voyez

CARRION.

CARLES (JOSEPH-ANTOINE), né à Rives, département de l'Isère, le 18 juin 1741, d'une ancienne famille de maîtres de forges, fit ses études à Grenoble et à Marseille ehez les jésuites, et se livra spécialement à l'étude des mathématiques et de la physique. Envoyé à Paris à l'âge de 22 ans, il y fut nommé premier secrétaire du doyen des maréchaux de France, lequel, en cette qualité, présidait le tribunal du point d'honneur. De retour dans son pays, après la mort du maréchal, il se retira dans sa famille, à la côte SaintAndré, où ses concitoyens le chargèrent de l'administration de la commune sous le titre de consul, qui avait remplacé celui de maire dans le ressort du parleinent de Grenoble. Au bout de deux ans, les circonstances le ramenérent à Paris, 'où il se livra sans réserve à ses premiers goûts pour

l'étude des sciences physiques, et suivit avec assiduité les cours du célèbre Fourcroy et de Parcieux. L'ère de la révolution s'avançait; Carles fut envoyé aux états de Romans pour y représenter, aux élections, la commune de la côte Saint-André; il s'y fit connaître si avantageusement qu'il fut ballotté deux jours de suite pour la députation aux états-généraux. Appelé successivement à la présidence du district de Vienne, à celle de la municipalité collective du canton de la Côte, composé de treize communes, et enfin à la place de membre de l'administration centrale du département de l'Isère, c'est là que les électeurs le nommèrent représentant du peuple au conseil des cinqcents en l'an 7 (1799). Le 18 brumaire ne lui laissa pas le temps de se livrer aux travaux vers lesquels son activité naturelle, ses connaissances et son expérience l'eussent entraîné; il ne monta qu'une fois à la tribune, et signala avec énergie les déprédations de l'administration de la guerre, qui causèrent en grande partie les désastres et les revers de notre armée d'Italie. De retour dans ses foyers, il y reprit sa place de membre du conseil-général de département, qu'il a remplie pendant dix années consécutives, et dans l'exercice de laquelle il a trouvé à 69 ans le terme d'une vie honorable.

CARLETON (GUI), général anglais, né en 1724, est mort en 1808. Il a fait la guerre dans le Canada avec des succès divers. On attribua à son incurie l'invasion de cette contrée par les A

méricains en 1774. Peu s'en fallut qu'il ne devint leur prisonnier. Un déguisement le sauva. II alla s'enfermer dans Québec, dont il était alors gouverneur; il opposa aux assaillans une défense vigoureuse et bien concertée, et finit par les repousser entièrement du Canada. Remplacé, en 1777, par Burgoyne, il revint en 1782 prendre le commandement en chef des troupes anglaises en Amérique, ne fit aucune action militaire très-remarquable, et demanda sa retraite peu de temps après. Officier sage et expérimenté, courageux par réflexion, peu hardi dans les vastes entreprises, il était fait pour assurer le succès de l'action partielle qui lui était confiée.

CARLI (JEAN-RENAUD, COMTE DE), naquit à Capo d'Istria dans le mois d'avril 1720. Sa famille était noble et ancienne. Il fit ses études dans sa ville natale; composa, à 12 ans, un drame dont il se souvenait avec plaisir dans sa vieillesse. Il alla dans le Frioul, où il eut pour professeur le savant abbé Bini, qui lui enseigna la physique et les élémens des sciences exactes. Il prit un goût décidé pour la recherche des monumens du moyen âge, mais il n'en cultiva pas moins les belles-lettres, et publia à 18 ans quelques poésies, et une dissertation sur l'aurore boréale. Il quitta le Frioul pour aller à Padoue, ville renommée pour les sciences, et il y étudia les mathématiques, la géométrie, le grec, le latin et l'hébreu. A l'âge de 20 ans, Carli, devenu membre de l'académie des Ricovrati, commença à se faire connaître par des discus

sions littéraires avec les célèbres antiquaires Fontanini et Muratori, par des observations sur quelques auteurs grecs et sur le théâtre et la musique des anciens et des modernes. Il publia une tragédie d'Iphigénie en Tauride, une traduction de la Théogonie, d'Hésiode, un traité sur l'expédition des Argonautes, etc., et s'acquit bientôt une grande réputation. La ville de Venise créa pour lui une chaire d'astronomie et de science nautique : le nouveau professeur dirigea avec beaucoup de zèle et de talent les travaux de l'arsenal et la construction des vaisseaux de guerre, auxquels il fit donner une nouvelle forme, d'après les modèles qu'il avait imaginés. Il adressa à Maffei, en 1747, une savante dissertation sur l'emploi de l'argent; on reconnaît dans cet écrit, que Carli méditait déjà le grand ouvrage sur les monnaies, qu'il publia quelques années après. La mort de sa femme, qui lui laissait une grande fortune à administrer et un fils à élever, l'obligèrent de renoncer à sa chaire de science nautique, et de retourner en Istrie. Il se rendit dans ce pays avec le naturaliste Vitiliano-Donati, et s'occupa de la manière la plus active de la recherche des antiquités dont cette province était remplie. La relation curieuse de ses Découvertes dans l'amphithéâtre de Pola, publiée à Venise, en 1751, lui assure la priorité qu'on a voulu lui contester long-temps après. Le principal objet des études de Carli était les monnaies; et lorsque dans ses Voyages à Turin, à Milan, et au

tres villes d'Italie, il semblait s'occuper de recherches étrangères à son but, il n'en poursuivait pas moins cette grande entreprise, qu'il termina dans l'espace de neuf ans. Son ouvrage a été imprimé en trois volumes : le premier parut, en 1754; le second, en 1757; et le troisième, en 1760. Il a pour titre Delle Monete, etc., etc. Ce livre fit une grande sensation en Italie; les savans, les économistes et les corps politiques y applaudirent. Il eut en peu de temps plusieurs éditions. Les cours de Turin, Milan et quelques autres en adoptèrent les principes dans leurs essais monétaires; la cour impériale les prit pour base dans ses paiemens; enfin le Traité des monnaies de Carli servit de règle dans toute l'Italie, pour les jugemens et règlemens sur cette matière. La mort de son père l'ayant rappelé à Capo-d'Istria, il voulut rendre le service à son pays natal d'y transporter un établissement de commerce et de manufacture de laine que sa femme lui avait transmis. Il employa ses soins et sa fortune à le faire prospérer; mais des contrariétés de tout genre renversèrent son travail et ses projets, et un procès acheva sa ruine. La cour impériale de Vienne établit à la fois, à Milan, le conseil suprême du commerce et celui des études, et choisit Carli pour présider l'un et l'autre. Cet événement releva ses espérances et sa fortune; il se rendit à Vienne, où il avait été appelé secrètement par le prince de Kaunitz pour concerter avec lui le système du double établissement dont il a

vait été nommé président, et revint également satisfait des égards du ministre, des bontés de l'impératrice, et de l'accueil distingué qu'il avait reçu des savans d'Allemagne. Le séjour de Joseph II à Milan ayant offert à Carli une nouvelle occasion de faire briller ses talens, l'empereur lui té moigna sa satisfaction par une augmentation de traitement et la concession du titre honorifiqué de conseiller-privé d'état. Le comte Carli obtint encore la présidence du nouveau conseil des finances, créé à Milan en 1771. Au milieu de ses graves occupations, il fit paraître son livre intitulé l'Uomo libero, fruit de ses travaux philosophiques, et les Lettere americane, qui prouvent son goût pour les recherches savantes. Sa santé se trouvant altérée, il obtint sa retraite en conservant les honoraires de ses emplois, et s'occupa de la publication de son dernier ouvrage. Delle Antichità italichè, qui assigne à l'auteur, parmi les antiquaires, le même rang qu'il occupait déjà parmi les écrivains qui ont traité de l'économie politique. Le comte Carli joignait à ses rares talens des vertus personnelles qui l'ont fait généralement regretter. Il est mort, en 1795, âgé de 75 ans.

CARLISLE (FREDERIC-HOWARD, COMTE DE), oncle et tuteur du célèbre lord Byron, est né le 28 mai 1748. Il fit ses études à Éton et à Cambridge, termina son tour d'Europe (complément nécessaire de l'éducation anglaise); reçut en 168, à Turin, des mains du roi de Sardaigne, la décoration du Chardon; revint

en Angleterre, où il fut nommé conseiller - privé, trésorier de la maison du roi, et choisi pour un des commissaires chargés de concilier les prétentions de l'Angleterre, avec les droits de l'Amérique septentrionale. En vain chercha-t-il à les concilier, et à identifier les intérêts de ces colonies avec ceux de la métropole. Un de ses écrits, intitulé Union et ruine, cut un succès littéraire, qui ne put ni changer les vues du gouvernement, ni assurer le succès politique de sa mission. Nommé ensuite premier commissaire du commerce et des plantations, et lord - lieutenant d'Irlande, il ne tarda pas à être remplacé dans ce poste brillant par le duc de Portland: Carlisle s'en vengea en se jetant dans l'opposition, qui ne parut lui tenir aucun compte d'une conversion que le dépit lui avait conseillée. Il s'était de tout temps occupé de littérature; mais ses drames et ses vers l'ont rendu bien moins célèbre dans ces derniers temps, que sa querelle avec son redoutable pupille, lord Byron. Ce dernier lui avait dédié un recueil de poésies, informes essais de sa jeunesse, où cependant on pouvait déjà découvrir quelques indices de son talent futur. Attaqué brutalement par des critiques de profession, outragé par une foule insolente d'écrivains, jaloux de son rang et de sa fortune, Byron ne trouva dans son noble tuteur, à qui l'ouvrage était dédié, qu'un défenseur faible ou même perfide. Byron ressentit son injure avec la violence de son caractère et la force de son génie, et tira de lord Car

la mort de Gray. Depuis, le comte de Carlisle a publié des vers sur la mort de lord Nelson, 1806, et des Réflexions sur l'état actuel du théâtre, et sur la construction d'une nouvelle salle, 1808, in-8° (sans nom d'auteur). On trouve dans quelques-unes des poésies du comte de Carlisle, du mouvement, de la force, et de la sensibilité.

CARLYLE (JOSEPH Dacres), savant théologien anglais, naquit à Carlisle, en 1759, et mourut en 1804. L'étude des langues orientales devint l'objet de son application: il s'attacha particulièrement à la langue arabe, dont il acquit rapidement une grande connaissance, grâces aux soins d'un savant du Bengale, nommé David Zabio, résidant à Cambrigde. Après avoir passé dix ans dans le collége de cette ville, il y reçut le degré de bachelier; il se maria, vint s'établir à Carlisle, où le docteur Craven, professeur d'arabe, lui résigna sa chaire. Il l'occupait en 1794; en 1795, il eut une place à la chancellerie; en 1799, il suivit lord Elgin, qui se rendait en qualité d'ambassadeur à Constantinople. Ce voya

lisle la plus cruelle vengeance, en l'associant aux victimes qu'il immola dans une satire qui fit redouter sa plume à l'égal du poignard. «Nous avons (dit-il) quelques lords poëtes; il faut leur en savoir gre; c'est un mérite, quand on est noble, de savoir ou de daigner écrire; mais que dirai-je de toi, muse paralytique de Carlisle? Que dirai-je de toi qui lui inspires des vers plus froids et plus pâles, à mesure que ses cheveux blanchissent? Pair bigarré ! Honneurs hétérogènes; Carlisle est à la fois lord et petit-maître; pamphlétaire et ministre ; receveur et politique, etc. » Une note acerbe, ajoutée à ces vers, comblait la mesure du ridicule. L'oncle et le neveu ne se sont jamais revus. L'un s'est retiré dans une de ses terres, où il est parvenu à se faire oublier; l'autre, en parcourant l'Europe et l'Asie, est arrivé à la gloire, sans avoir trouvé le repos et le bonheur. Carlisle a publié divers ouvrages d'abord, un recueil de poésies en 1773, réimprimées à la suite des tragedies et poëmes, Londres, 1801, in-8°. Cette nouvelle édition, imprimée par Bulmer, est très-ge facilita à Carlyle le moyen de belle, et ne laisse rien à désirer sous le rapport de l'exécution typographique; les principales pièces qu'elle contient, sont : deux tragédies, dont l'une est intitulée la Vengeance d'un père, sujet tiré de Boccace, dans l'histoire de Tancrède et Sigismonde; l'autre est la Belle-Mere (the Step-Mother); une traduction de l'épisode du Comte Ugolin, du Dante; uno Ode sur

faire des découvertes de la plus haute importance pour les sciences, puisqu'il parcourut successivement l'Asie-Mineure, l'Égypte, la Syrie, la Palestine, et put consulter un grand nombre d'ouvrages, qui ne se trouvent que dans les bibliothéques des Orientaux. Il appliqua une partie de ses laborieuses et savantes recherches, à découvrir exactement le lieu où s'élevait jadis la célèbre

« PreviousContinue »