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plus robustes que les Amboniens. Ils sont nus, à l'exception d'une grosse ceinture qu'ils portent à l'entour des reins. Leur vue est très-perçante, et leur agilité telle, qu'ils peuvent atteindre et abattre un sanglier en pleine course. Ils vivent du gibier que leur fournit la chasse, et se nourrissent même quelquefois de serpens. Par un usage aussi abominable qu'il est ancien parmi eux, ils ne peuvent épouser une femme, ou bâtir une nouvelle salle de conseil, qu'ils n'ayent apporté la tête d'un ennemi domestique ou étranger. Celui qui a abattu le plus de têtes tient le premier rang parmi eux. Leurs femmes sont assez blanches et d'une figure qui n'a rien de désagréable.

Parmi les Alphouréens, il se trouve un peuple plus sauvage encore qu'eux. Les individus de cette nation n'habitent que sur le figuier d'Adam ou sur d'autres arbres dont ils savent si artistement entrelacer les branches, qu'ils peuvent y demeurer à l'aise, chaque arbre servant de refuge à une famille. La méfiance qu'ils ont les uns des autres leur a fait imaginer cette espèce d'habitation : ils ne cherchent qu'à se surprendre mutuellement, et tuent sur→ le-champ ceux qui tombent en leur pouvoir. Stavorinus a puisé ces détails dans une description d'Amboine par Rumphius, qui y a demeuré long-temps et a publié un Herbier de ce pays, composé de 7 volumes in-fol.

La figure et la couleur des Ammoniens, dont les traits, dans les deux sexes, sont réguliers, semble indiquer, qu'anciennement établis dans l'île, ils descendent de quelque autre peuple. Le peu d'analogie de leur caractère moral avec celui des Alphouréens vient encore à l'appui de cette conjecture. Ils sont paresseux et efféminés. La contrainte seule et le besoin peuvent les engager au tra→ vail; leurs femmes ont plus d'activité. Dans l'état du mariage ou jeunes filles encore, elles sont très-adonnées à l'amour. Il n'est pas rare de voir ces dernières donner des marques de leur fécondité avant d'être mariées; et loin que cet accident les empêche de trouver un mari, c'est au contraire, pour elles, un titre qui leur fait obtenir la

préférence sur leurs compagnes. Les hommes ne sont pas moins adonnés que les femmes à une insatiable lasciveté. La religion dominante des Ammoniens est le mahométisme. Quelques-uns ont embrassé le christianisme : mais l'un et l'autre culte est mélangé de beaucoup de superstitions qui tiennent à l'idolâtrie, l'ancienne religion du pays.

Chaque négrerie, ou village, est communément gouvernée par un chef particulier; mais il en est beaucoup qui sont réunies sous un chef supérieur qui prend le titre de rajah. Outre quelques petites corvées que les habitans sont obligés de faire pour leurs chefs, ceux-ci reçoivent certains honoraires affectés sur le prix des clous de girofle que la compagnie paye aux Amboniens.

Les Chinois n'étant communément attirés dans l'Inde que par l'agriculture et le commerce, qui sont presque nuls à Amboine, ce peuple n'y est qu'en très-petit nombre. Il occupe dans la ville une rue qui porte son nom, et y tient des boutiques de comestibles et d'autres marchandises. Jamais les Chinois ne s'allient avec les Amboniens. Ou ils forment entre eux l'union conjugale, ou ils prennent pour concubines des filles boniennes ou macasses.

Entre les Européens d'Amboine, on remarque quelques descendans des Portugais qui demandèrent à rester dans l'île, lorsque les Hollandais s'en emparèrent sur cette nation.

Comme le climat, le sol, les productions, l'administration publique, les mœurs et les usages, soit des indigènes, soit des Européens, sont, à peu de chose près, les mêmes dans la totalité de ces îles, an pourra, sous les rapports que je viens d'indiquer, prendre une idée de la totalité de ces îles, par la description abrégée que je viens de donner de l'île d'Amboine, d'après Stavorinus.

Des relations sur les Moluques répandues dans les divers ouvrages que j'ai précédemment indiqués, il résulte que', outre le gouvernement d'Amboine, il en est deux autres qui embrassent avec celui-là, la totalité des îles Mo

luques. Ces gouvernemens sont celui de Ternate, la plus considérable de toutes les Moluques, et où l'on cultive, comme à Amboine, le giroflier; et le gouvernement de Banda, où la culture du muscadier est exclusive. Les plus considérables des îles que ces deux gouvernemens embrassent, sont Timor, Motir, Tidor, Machian et Bachian.

ISLES PHILIPPINES.

Indépendamment des relations particulières aux Philippines, dont je vais donner la notice, les Lettres édifiantes, les Voyages de La Pérouse autour du monde, de Legentil dans les mers de l'Inde, que j'ai précédemment indiqués; ceux de Sonnerat et de Forêt que je ferai connoître ultérieurement, nons fournissent sur ces îles des notions précieuses.

HISTOIRE des îles Mindanao, Iolo et autres îles adjacentes, du progrès de la religion et des armes catholiques dans ces îles, par François Combes : (en espagnol) Franc. Combes, Historia de las islas Mindanao, Iolo y sus islas adjacentes, progressus de la religion y armas catholicas. Madrid, 1567; ibid. 1669, in-fol.

SUCCÈS obtenus par les Espagnols dans les îles Philippines, par Antoine Morgas: (en espagnol) Successos de las islas Filippinas, etc.... por Antonio Morgas. Mexique, 1609; Madrid, 1699, in-fol.

RELATION de (Ferdinand de los Rios Coronel) procureur général des Philippines, où il est traité de ce qui concerne ces îles, et du régime qu'il convient d'adopter pour les Moluques : (en espagnol) Relacion del (Ferdinand de los Rios Coronel) Procurador general de las Filippinas, donde su halle lo que pertinese à essas islas, de lo que conveniente

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remedio en las islas de Moluco. Madrid, 1621, in-4°.

Cette relation a été traduite par Melchisedech Thevenot, sous le titre suivant :

RELATION et Mémorial de l'état des îles Philippines. (Insérée dans sa Collection, 2o partie.)

DIVERSES RELATIONS concernant les îles Philippines (en espagnol) Relaciones diversas de las islas Filippinas. Manille, 1632, in-4°.

HISTOIRE de la conquête des îles Philippines, par le P. Gaspard Fray: (en espagnol) Conquesta de las islas Filippinas, por padre Gaspard Fray. Madrid, 1654, in-4°.

RELATION des îles Philippines, par l'Amirante Don Jérôme de Bauvalos y Carrillo: (en espagnol) Relacione de las islas Filippinas,. compuesta por Amirante D. Hieronimo de Bauvalos y Carrillo. Manille, 1638, in-8°.

Cette Relation a été traduite par Melchisedech Thevenot, sous le titre suivant:

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RELATION des îles Philippines, faite par l'Amirante D. Hieronymo de Bauvalos y Carillo. (Insérée dans sa Collection, 2o partie.)

MÉMOIRE Sur la conservation et le commerce des îles Philippines, dédié à l'illustre révérendissime seigneur Don Juan de Palafon et de Mederiza, conseiller de Sa Majesté au conseil royal des Indes, évêque de la Puebla des Anges, par Don Juan Gram de Montfalcon, procureur général des îles Philippines, agent de la principauté de Catalogne, et

N

syndie de la ville de Barcelone : (en espagnol) Justificacion de la conservacion y comercio de las islas Filippinas, à l'illustrissimo y reverendissimo seiñor Dom Juan de Palafon y Mederiza, del conseio de Su Majestad en el real de las Indias, obispo de la Puebla de los Angelas, por Don Juan Gram Montfalcon, procurador general de las islas Filippinas, agente del principiado de Catalona, y syndico de la ciudal de Barcelona. Madrid, in-4°.

Cet ouvrage a été traduit par Melchisedech Thevenot, sous le titre suivant:

MÉMOIRE pour le commerce des Philippines, par Don Juan Gram y Montfalcon, procureur général des îles Philippines, dédié à Don Juan de Palafon y Mederiza, évêque de la Puebla de los Angelos. (Inséré dans sa Collection, ibid.)

RELATION de la mission de Sainte-Croix dans la province de Panay (l'une des îles Manilles), etc... traduite de l'espagnol (en italien) Ragguaglio della missione di Santa-Cruce nella provincia di Panaqui (Panay), etc... tradotta dal spagnuolo. Madrid, 1741, in-8°.

le

HISTOIRE de la province des Philippines, par P. Rodriguez Murillo Villarde: (en espagnol) Historia de la provincia de Filippinas, por el Padre Rod. Murillo Villarde. Manille, 1749, in-fol.

Cet ouvrage est recherché.

Voici le rapide apperçu de ce que renferment ces relations.

Les Philippines forment un archipel si considérable, que les écrivains espagnols ne sont pas d'accord sur le nombre des îles qu'il renferme : quelques-uns les portent

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