Page images
PDF
EPUB

cularités très-intéressantes. L'ambassade étoit escortée par des troupes dans lesquelles M. Percival avoit un commandement. Un corps considérable de Candiens armés, et l'un des premiers ministres de Candy, ennemi'secret des Anglais, surveilloient la marche de l'ambassade et la suivoient sur une ligne à-peu-près parallèle. Les montagnes qu'il fallut franchir, et dont quelques-unes ont des volcans, l'épaisseur des forêts et des jonchaies qu'on avoit à traverser, rendirent la marche très-pénible. Dans le cours de cette marche, on régla d'avance l'étiquette qui devoit avoir lieu lors de l'audience, et l'on stipula que le chef de l'ambassade seroit dispensé de se prosterner devant le roi de Candy. L'entrée dans la capitale et l'audience n'eurent lieu, suivant l'usage immémorial, que la nuit et à la lueur des flambeaux. La partie de la salle où étoit le roi demeuroit dans l'obscurité, tandis que le reste étoit éclairé de la manière la plus brillante. Deux autres audiences eurent encore lieu dans la dernière, : l'ambassadeur reçut des présens d'une valeur bien inférieure à ceux qu'avoit envoyés la compagnie anglaise.

Un des objets de la négociation étoit d'obtenir le percement d'un chemin de Trinquemalay à Colombo, à travers les états du 10i de Candy: cette concession fut nettement refusée. M. Percival garde le silence sur les autres points qui furent accordés ou refusés.

La surveillance des Candiens sur l'ambassade fut si active durant son séjour dans la capitale, qu'on ne put recueillir que de foibles renseignemens sur l'administration du royaume de Candy. Ce que M. Percival nous en apprend, il l'a recueilli par d'autres voies.

La distinction des castes, comme je l'ai déjà remarqué, est sévèrement observée à Candy. Le gouvernement est purement despotique ; mais il existe des loix fondamentales auxquelles le roi lui-même est tellement soumis, que s'il les violoit, il s'exposeroit à être déposé ou mis en jugement et puni de mort : il y en a plusieurs exemples. Une ́ de ces loix rend la monarchie élective, dans le cas qu'on

K

vient d'énoncer. Le peuple peut choisir le successeur dans les branches les plus éloignées de la famille royale régnante, ou appeler même un étranger.

:

Le roi de Candy d'ailleurs exerce un pouvoir illimité sur ses sujets. Il prend les titres les plus extravagans, let que celui de fils du soleil, et ne se montre à son peuple prosterné à terre, que dans l'appareil le plus imposant. Depuis l'époque où Knox a publié sa relation, dans laquelle il fait un tableau effrayant de la tyrannie qui régnoit alors, le roi de Candy gouverne ses sujets avec plus de modération, mais ils sont encore très-souvent vexés par ses officiers subalternes il a deux premiers ministres qui jouissent réellement de tout le pouvoir, parce qu'il ne voit que par leurs yeux. On ne peut néanmoins infliger aucune peine capitale que l'affaire n'ait été exposée devant le roi, qui prononce exclusivement les sentences de mort. Les supplices, à Candy, sont très-barbares. Les condamnés sont, ou mis en pièces par les éléphans, ou empalés, ou broyés dans un mortier. On ne connoit point l'emprisonnement, la plus terrible des peines pour les Candiens, et digne, disent-ils, de la cruauté des Européens.

Le commandant en chef des troupes disposant de toutes les forces de l'Etat, devient souvent très-redoutable à son maître. Ce prince néanmoins a une garde nombreuse composée de Malabars, de Malais, d'étrangers de toute nation, de déserteurs, qui, attendant tout de lui, font sa plus grande sûreté.

Les approches de la ville de Candy sont gardées avec les plus sévères précautions. La disposition du sol fait la principale défense du pays. On n'a pratiqué dans les forêts que des sentiers étroits, qui suffisent aux communications, parce que les habitans ne vont jamais qu'à pied, le monarque seul ayant le droit de monter à cheval, et en usant même rarement.

ISLE DE SUMATRA.

DESCRIPTION de l'île de Sumatra, particulièrement sous les rapports du commerce, etc.... par Adolphe Eschelskron, avec une carte: (en allemand) Beschreibung der Insel Sumatra, besonders in Ansehung des Handels, etc... von Adolph. Eschelskron. Hambourg, 1781, in-8°.

HISTOIRE de Sumatra, contenant une relation du gouvernement, des loix, des usages et des mœurs de ses habitans indigènes, avec une description de ses productions naturelles, et une relation de l'ancien état politique de cette île, par Guillaume Smarden: (en anglais) History of Sumatra, con taining an account of the government, laws, customs and manners of the natives inhabitants, with a description of the natural productions, and a relation of the ancient political state of the islands. Londres, 1783, in-4°.

Cet ouvrage a été traduit en français sous le titre sui

vant :

HISTOIRE de l'île de Sumatra, dans laquelle on traite du gouvernement, des arts, des loix, des coutumes et des mœurs des habitans, des productions naturelles, et de l'ancien état politique de cette île, par M. William Smarden, ancien secrétaire du président du conseil du fort Marlborough à Sumatra; traduit sur la deuxième édition, avec des cartes par M. Perraud. Paris, Buisson, 1788, 2 vol. in-8°.

Sur cette île, dont l'étendue surpasse celle de l'Angle

terre et de l'Ecosse réunies, nous n'avions guère d'autres lumières que les notions qui nous en ont été données par Baulieu, dans sa relation traduite par Melchisedech Thévenot, et qui laisse beaucoup à desirer. Celle de Smarden nous a fait connoître dans un grand détail tout ce que le titre de l'ouvrage annonce.

Les habitans de Sumatra paroissent tenir le milieu entre les nations sauvages et les peuples civilisés. Smarden a vérifié, et il ne le rapporte qu'avec le sentiment de l'horreur, qu'il existe à Sumatra une peuplade appelée les Battas, qui est anthropophage.

L'île est divisée, comme celle de Ceylan, en plusieurs royaumes, dont le principal est celui d'Achem. Les Hollandais ayant expulsé de Sumatra les Portugais, y ont formé plusieurs établissemens qui leur donnent une grande influence dans les révolutions politiques de l'intérieur du pays. Les Anglais y ont établi des factoreries protégées par quelques forts. Outre ces deux nations qui font un grand commerce à Sumatra, et principalement à Achem, les Portugais y entretiennent encore quelques relations, et les Danois en ont formé aussi quelques-unes.

De toutes les productions de l'île, le poivre est la plus abondante. Smarden en décrit soigneusement les différentes espèces, la manière de le cultiver et de procéder à sa récolte. L'île donne aussi plusieurs gommes précieuses, telles que le benjoin, le camphre, etc.... deux espèces de colon, et du café d'une qualité assez médiocre. C'est de Sumatra qu'on tire principalement la Cassia, espèce de canelle grossière fort répandue en Europe. Il y croît des roseaux qui donnent ces cannes connues parmi nous sous le nom de jet. Les forêts renferment une grande variété de bois excellens, propres à toutes sortes d'usages. Enfin Sumatra renferme de l'or, de l'étain, plusieurs autres métaux, de la cire, et c'est dans cette île qu'on trouve ces nids d'oiseaux si recherchés dans l'Orient comme un mets très-délicat, particulièrement pour les Chinois.

HISTOIRE de l'île de Sumatra, par Shelbeare: en anglais) History of the Sumatra, by Shelbeare. Londres, 1787, in-8°.

Cette relation de Sumatra est bien inférieure à celle de Smarden.

DESCRIPTION de l'île de Sumatra sous le rapport du commerce, traduite de l'allemand de Van Schirach (en hollandais). Harlem, Tetmans, 1789, in-8°.

DÉTAILS sur les habitans des îles Poggy, voisines de celle de Sumatra, par Jean Crisp (en anglais). (Insérées dans les Recherches asiatiques.)

Plusieurs petites îles entourent Sumatra. La plus remarquable est celle de Banca, particulièrement célèbre par ses mines d'étain. Le traducteur de Stavorinus observe que ces mines n'ont été découvertes qu'en 1710 ou 1711; et quoique les Hollandais en tirent environ trois millions de livres pesant, la mine semble inépuisable.

ISLES DE LA SONDE.

-

ISLE DE JAVA.

Les îles de la Sonde sont Java, Bornéo, Célèbes. L'ile de Java y tient le premier rang, non point par son étendue, car l'île de Bornéo est quatre fois plus considérable, et celle de Célèbes l'est deux fois plus, mais par la belle colonie de Batavia, que les Hollandais ont formée à Java.

Les relations particulières à cette dernière île, sont en petit nombre. Java est beaucoup mieux connue par les Voyages où on l'a décrit avec divers autres pays de l'Inde : tels sont la Description de Java, par Valentyn ; les Lettres écrites par de Wurmb et Wolzogen, pendant leurs voyages en Afrique et aux Indes orientales; le Voyage de Thunberg au Japon; et enfin sur-tout ceux de Stavorinus: où

« PreviousContinue »